Rolex Grand Slam of Show Jumping

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INTERVIEW AVEC CHRISTIAN KUKUK

Crédit photo : Thomas Lovelock / Rolex Grand Slam Crédit photo : Thomas Lovelock / Rolex Grand Slam

Vous avez fait de très bons résultats cette année. Pourriez-vous nous parler de votre équipe et de son rôle dans votre réussite ?

Pour réussir comme cavalier, il est essentiel d’être accompagné d’une bonne équipe. Entre la gestion des chevaux, les trajets et l’entraînement, le saut d’obstacles demande énormément de travail. Il faut pouvoir se reposer sur des personnes fiables. En l’absence d’une équipe solide, ce serait extrêmement difficile pour moi de faire de bonnes performances.

 

Il est évident que vous partagez une vraie complicité avec Checker 47. Qu’est-ce qui fait de lui un cheval pas comme les autres, et comment avez-vous réussi à former un couple uni ?

Ce cheval n’a pas son pareil. Cela fait quatre ans que je le monte, et durant cette période nous avons bâti une relation qui était destinée à réussir aux Jeux olympiques de Paris 2024. Le parcours des Jeux n’était pas simplement conçu pour les cavaliers émérites ou les chevaux au talent éprouvé : les deux parties devaient faire preuve d’une grande expérience. Il fallait connaître son cheval sur le bout des doigts, et inversement. C’est pour cette raison que le parcours était idéal pour les couples tels que Checker 47 et moi, ou Beauville Z et Maikel [van der Vleuten], ou encore Dynamix de Belheme et Steve [Guerdat], car nous avons tous une certaine bouteille ! 

Ces quatre dernières années, Checker 47 et moi avons progressé ensemble et fait de très bons résultats. L’an passé, nous avons remporté la finale de la Coupe des nations de saut d’obstacles de la FEI, puis un Grand Prix à Riyad et enfin une troisième place au Rolex Grand Prix du CHI de Genève. Cette année, nous avons décroché le Rolex Grand Prix du Winter Equestrian Festival 2024 à Wellington et le Grand Prix de Madrid. Au début de l’année déjà, j’ai commencé à avoir l’impression que nos efforts des trois dernières années commençaient à vraiment porter leurs fruits. Lors de chaque Grand Prix auxquels nous participions, je savais exactement de quoi il était capable, et il me vouait une confiance absolue. Cette familiarité mutuelle est le fondement essentiel de toute relation solide entre cheval et cavalier.

 

Quel est le facteur le plus important à prendre en compte dans son entraînement pour faire progresser un cheval jusqu’à un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping ?

C’est une bonne question. Il y en a plusieurs. À chaque stade, il faut pouvoir se focaliser sur une chose différente, par exemple les capacités physiques du cheval, le côté psychologique, ou simplement le fait d’apprendre à connaître mieux sa monture. Mais il faut avant tout s’assurer que le cheval veuille bien vous suivre dans vos objectifs. On a beau travailler sur les aspects physiques autant qu’on veut (gros obstacles, diversité des parcours, etc.), ce qui compte le plus c’est que votre cheval vous fasse confiance et respecte votre méthode et votre style d’équitation. Si le cheval n’est pas de votre côté, tout s’écroule.

L’entraînement physique est bien sûr fondamental, mais il est tout aussi important de comprendre le mode de pensée de votre monture et ses besoins. Il faut savoir quand lui apporter un soutien complémentaire et quand au contraire relâcher la pression en se contentant de le longer ou de l’emmener en balade. Les très bons cavaliers savent trouver cet équilibre entre les aspects physiques et psychologiques.

 

Vous avez grandi dans une famille férue d’équitation, et pourtant vous n’avez commencé à monter à cheval que relativement tard. Qu’est-ce qui vous a décidé ?

C’est vrai que j’ai grandi entouré de chevaux, dans une famille de passionnés. Petit, j’accompagnais les membres de ma famille aux écuries, car je ne voulais pas rester seul à la maison. J’apportais un ballon de foot pour jouer avec quelqu’un ou même tout seul. À un moment donné, mon père n’avait pas de groom pour l’accompagner en concours et m’a demandé de l’aider ponctuellement. Si je n’avais pas de match de foot ce jour-là, je l’accompagnais pour l’aider et je le regardais concourir. Au fil du temps, et à force de le regarder, j’ai commencé à m’intéresser. J’analysais ses performances, je me demandais ce qu’il faisait bien et ce qu’il aurait pu faire autrement. Au final, j’en suis arrivé à un point où j’ai voulu essayer par moi-même. C’est comme ça que j’ai commencé. Ceci dit, j’ai vite compris que tout cela n’était pas aussi facile que je le pensais !

 

Le CHI de Genève se tient sur la plus grande piste équestre indoor au monde, devant une foule de passionnés. Que ressent-on en tant que cavalier y participant ?

Le CHI de Genève est l’un des meilleurs concours indoor au monde. Chaque Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping est unique, et Genève a son style particulier. L’énorme piste comprend un gros monticule au milieu ainsi qu’un double sur bidets utilisé lors du Rolex Grand Prix, ce qui lui donne un air de concours en extérieur. Mais le plus beau au CHI de Genève, c’est l’atmosphère : le public est incroyable. On a toujours l’impression de l’avoir derrière soi, et lorsqu’on fait un sans faute et que la foule explose de joie, c’est un sentiment indescriptible, un moment unique qui ferait l’émotion de tout cavalier. La finale du Top 10 du Rolex IJRC vient encore plus attiser l’excitation du public et fait du CHI de Genève l’un des concours hippiques les plus exaltants de l’année.

 

Vous êtes arrivé troisième au Rolex Grand Prix du CHI de Genève l’an passé : dites-nous ce que ce résultat représente pour vous.

Ce podium représentait beaucoup pour moi. Deux ans plus tôt, j’avais participé au Rolex Grand Prix avec Checker 47, et cela ne s’était pas très bien passé. À l’époque, le couple que nous formions n’était pas prêt à concourir à ce niveau. L’an passé, par contre, j’ai eu une toute autre impression initiale. Le concours avait bien commencé pour moi et je me suis présenté confiant au départ du Grand Prix. J’étais très heureux de notre troisième place. J’ai su alors que Checker 47 était prêt à concourir en championnat. Avec les Jeux olympiques de Paris 2024 en vue, ce résultat dans un Rolex Grand Prix m’a confirmé qu’il était bien prêt. C’est là que j’ai décidé de planifier l’année en fonction des Jeux.

 

Quelles leçons avez-vous tirées du Rolex Grand Prix du CHI de Genève de l’an passé, que vous pourrez utiliser cette fois-ci ?

J’ai appris que les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping attirent les plus grands talents de la planète. Le cavalier comme le cheval doivent être prêts à faire face à n’importe quelle situation durant leur parcours. J’ai toujours voulu faire partie des dix concurrents de la finale du Top 10 du Rolex IJRC, et suite à cette troisième place au Rolex Grand Prix du CHI de Genève l’an passé, je savais qu’une année très spéciale nous attendait. J’ai travaillé très dur dans cet objectif, tout en veillant à m’entourer d’un solide piquet de chevaux, afin de pouvoir participer à la finale du Top 10 du Rolex IJRC, qui avec les Jeux olympiques étaient mes objectifs principaux. L’avenir est prometteur : il reste un mois seulement avant le Majeur, et je suis actuellement numéro 5 mondial. J’ai donc bon espoir de faire partie des cavaliers en lice pour la finale du Top 10 lors du CHI de Genève. Ce serait le rêve !

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping comprend aussi le CHIO d’Aix-la-Chapelle. Pour beaucoup de cavaliers, son Rolex Grand Prix est l’épreuve qu’ils rêvent de remporter. Quelle importance revêt ce Majeur se déroulant dans votre pays ?

Le CHIO d’Aix-la-Chapelle et son Rolex Grand Prix sont évidemment très importants pour tous les cavaliers, mais pour tout particulièrement pour les cavaliers allemands. En dehors des Jeux olympiques et des Championnats, gagner le Rolex Grand Prix d’Aix-la-Chapelle est l’objectif ultime des cavaliers de haut niveau. Cette épreuve m’occupe en tout cas beaucoup l’esprit.

 

De quelle manière adaptez-vous votre stratégie quand vous participez aux quatre Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping ?

C’est là tout l’intérêt du Rolex Grand Slam of Show Jumping. Pour remporter les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping (le Dutch Masters, le CHIO d’Aix-la-Chapelle, le CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ ou le CHI de Genève), il ne suffit pas de réaliser une excellente performance sur une grande piste en herbe aux obstacles monstrueux. Il faut aussi réussir sur les pistes de moindre taille, comme celle de Bois-le-Duc [Dutch Masters]. Seuls les meilleurs chevaux au monde sont capables de s’adapter à tout type de piste et de situation. Par exemple, Checker 47 est arrivé troisième au Rolex Grand Prix du Dutch Masters et celui de Genève, sans oublier sa très belle performance à Aix-la-Chapelle. Peu de chevaux savent affronter différents types de parcours. Certains cavaliers ont la chance d’avoir plusieurs chevaux, dont certains sont plus friands de grandes pistes en herbe et d’autres des petites pistes en sable. Mais il est rare que le cheval sache tout faire.

Pour preuve, jusqu’ici, seul un couple a réussi à décrocher le Rolex Grand Slam of Show Jumping, Scott Brash et Hello Sanctos. Le fait qu’ils restent après toutes ces années les seuls à avoir accompli cet exploit montre bien la difficulté. Mais c’est aussi ce qui fait l’intérêt de cet événement pour nous autres cavaliers : nous rêvons tous de remporter le Rolex Grand Slam of Show Jumping une fois dans notre carrière.

 

En dehors du saut d’obstacle, quels autres sports vous intéressent ?

Je regarde le foot, car je suis depuis toujours fan du Bayern Munich. Je m’y intéresse d’autant plus de nos jours car Thomas Müller, l’un des joueurs les plus célèbres du Bayern, est l’un des propriétaires de Checker 47. Lui et moi avons un rapport privilégié. Thomas suit ma carrière équestre et je suis son parcours footballistique. Le ballon rond est certainement mon intérêt principal en dehors du saut d’obstacles.

 

Avez-vous appris des choses l’un de l’autre qui vous aident à progresser dans vos sports respectifs ?

Je ne sais pas si nous apprenons des choses pratiques l’un de l’autre, mais le fait qu’il soit un sportif de haut niveau renforce nos liens. Il sait qu’en saut d’obstacles comme au foot, la réussite ne vous attend pas chaque semaine. Cette expérience commune nous aide à gérer les moments de déception. Notre relation est à la fois émotionnelle et rationnelle. Nous sommes remplis de joie à chaque réussite, mais nous acceptons aussi que la réussite ne puisse par tout le temps être au rendez-vous et que la déception fait partie du sport.

Au foot comme dans le saut d’obstacles, il est important de ne pas trop s’attarder sur les défaites ni sur les victoires, car il est déjà temps de se préparer pour le prochain match ou la prochaine épreuve. Le fait d’avoir joué au foot, enfant, m’a préparé à la compétition, à la pression et à l’importance de rester présent. Un cavalier de concours hippique doit rester concentré pendant moins longtemps (60 à 80 secondes sur la piste, plus 30 à 45 minutes de détente) qu’un footballeur, mais il faut être pleinement présent avec son cheval. Cette expérience du foot m’a vraiment aidé en tant que cavalier de haut niveau, car ma capacité à rester concentré a fait une grosse différence.

 

Quel conseil donneriez-vous à un jeune cavalier qui veut parvenir au plus haut niveau?

De prendre son temps, car créer une vraie relation de confiance avec son cheval ne se fait pas immédiatement. D’essayer de ne pas se morfondre dans les inévitables moments de déception. De voir les choses du bon côté, même en cas de déception, et d’en tirer les leçons qui s’imposent.

GENÈVE, AU CŒUR DU SPORT

Crédit photo : © Genève Tourisme Crédit photo : © Genève Tourisme

Lovée dans son magnifique écrin alpin, entre les Alpes et le Jura, la deuxième plus grande ville de Suisse est aussi le décor de certains des plus grands événements sportifs au monde. Le sport fait partie intégrante de l’histoire de cette ville très internationale, qui accueille régulièrement des compétitions sportives de haut niveau (saut d’obstacles, tennis, voile), mais aussi le siège de nombreuses instances sportives mondiales.

L’un des points forts de l’histoire du sport de la ville est bien sûr le CHI de Genève. Organisé chaque année en décembre dans l’emblématique Palexpo, qui a déjà accueilli par le passé la Laver Cup et la Coupe Davis, cet événement attire les meilleurs chevaux et cavaliers au monde qui viennent y briguer le Rolex Grand Prix. Le CHI de Genève est l’un des quatre Majeurs du monde équestre, avec le CHIO d’Aix-la-Chapelle, le CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ et le Dutch Masters, qui constituent le plus gros défi de l’univers du saut d’obstacles : le Rolex Grand Slam of Show Jumping. Comme les grands tournois de tennis et de golf, les Majeurs qui composent le Rolex Grand Slam of Show Jumping sont considérés comme les événements les plus prestigieux et les plus renommés de la discipline. À eux quatre, ils cumulent 300 ans d’épreuves sportives.

En plus du Rolex Grand Prix, le CHI de Genève accueille également la finale du Top 10 IJRC Rolex. Souvent comparée aux Masters de tennis comme le Nitto ATP Finals ou le WTA Finals, cette épreuve prestigieuse et unique en son genre vient récompenser les cavaliers ayant fait des bonnes performances toute l’année durant.

Sophie Mottu-Morel, l'organisatrice du CHI Genève, déclare : "Genève n'est pas seulement au centre de l'Europe avec son propre aéroport international, mais elle abrite de nombreuses organisations internationales, ce qui crée un mélange très intéressant de cultures et d'intérêts. Accueillir de grands champions, comme nous le faisons pour le Rolex Grand Slam de saut d'obstacles, est extrêmement gratifiant pour nous en tant qu'organisateurs, mais aussi pour notre public, nos bénévoles et nos partenaires. C'est également important pour la Ville et le Canton de Genève, car grâce à nos différents canaux de communication et nos émissions télévisées, Genève est sous les projecteurs dans le monde entier."

En plus des concours hippiques, la ville accueille de nombreuses autres manifestations sportives, comme le Gonet Geneva Open qui se tient chaque année en mai. Ce tournoi qui a lieu sur terre battue dans le site du Tennis Club de Genève permet aux joueurs de se préparer pour Roland Garros, deuxième tournoi du Grand Chelem de tennis de l’année. Souvent vu comme le tournoi ATP 250 le plus compétitif du calendrier, il a été dominé ces dernières années par le norvégien Casper Ruud qui a décroché ce printemps un troisième titre en l’espace de quatre ans seulement.

« Depuis 2021, le Gonet Geneva Open a vu participer trois des quatre joueurs du Big Four : Roger Federer, Novak Djokovic et Andy Murray, déclare Thierry Grin, directeur du tournoi Gonet Geneva Open. La présence de ces champions et d’autres joueurs de très haut niveau a participé à la réputation croissante du tournoi et de la ville. L’infrastructure de Genève et son cadre en font un lieu idéal pour les compétitions sportives. Depuis quelques années, le lac et le port de plaisance ont établi une excellente réputation pour les événements sportifs. » 

M. Grin s’est aussi exprimé sur l’importance des grands tournois dans le sport : « Dans tous les sports, les Majeurs sont à la base de la compétition, l’objectif ultime des athlètes. Il s’agit désormais d’une tradition de longue date qui résistera à mon avis aux tentatives de changement. »

La voile fait évidemment partie de la culture genevoise : le Bol d’Or Mirabaud, plus importante régate du monde en bassin fermé, fait participer chaque juin sur le lac Léman plus de 500 bateaux et 3 500 équipiers. Toujours dans le registre de la voile, Genève nous offre SailGP : renommée pour être la course nautique la plus exaltante au monde, elle sera le cadre du premier Rolex Switzerland Sail Grand Prix qui aura lieu sur le légendaire lac Léman les 20 et 21 septembre 2025. SailGP fait participer les meilleurs équipiers au monde, issus de dix équipages nationaux, dans des catamarans F50 à foils supuissants, tous identiques, qui peuvent atteindre près de 100 km/h. Des milliers de spectateurs sont attendus sur l’eau comme sur le rivage.

Pour Sebastien Schneiter, skipper de Sail GP Switzerland, « Genève a toutes les qualités pour accueillir de gros événements sportifs internationaux. Elle est située en plein centre de l’Europe, ce qui facilite le trajet pour les compétiteurs venant d’autres compétitions sur le continent. Je pense que la ville sera très accessible pour les fans de Sail GP, car la compétition se déroulera près du rivage, et tout le monde pourra venir y assister gratuitement.  Genève est une ville très internationale, qui propose de nombreuses opportunités commerciales et autres, pour notre équipe mais aussi pour les autres équipes et pour la ligue en général. »

La ville sera une fois encore le décor du Championnat d'Europe féminin de football de l’UEFA l’été prochain. Cinq matches auront lieu au Stade de Genève, dont l’une des demi-finales. Les gradins pouvant accueillir 30 000 fans de foot devraient être pleins.

Mottu-Morel, qui en plus de son rôle au CHI Genève siège également au conseil d'administration du Championnat d'Europe féminin 2025, a ajouté : "La planification pour l'Euro féminin progresse bien - 2025 est juste au coin de la rue. L'impact sur la Ville et le Canton sera majeur. Bien sûr, nous ne pouvons pas le comparer à un Championnat d'Europe masculin, mais il attirera beaucoup de monde au stade et par conséquent dans la Ville. Parallèlement aux matchs, de nombreux événements seront organisés pour célébrer cet événement majeur. Notre objectif est également de laisser un héritage après le tournoi - l'idée est que les activités menées devraient durer."

Genève reçoit également nombre d’autres événements sportifs à ne pas manquer, comme le Tour de Romandie (cyclisme), la Tour Genève Triathlon, le marathon de Genève et le Swiss Open Geneva. S’y trouvent aussi les sièges de nombreuses organisations sportives internationales, comme celui de la FIA, l’autorité régissant les sports automobiles, et celui de la Fédération internationale de basket-ball. Genève joue dans ce cadre un rôle essentiel dans l’évolution des politiques sportives mondiales.

Des compétitions amateurs au plus haut niveau, le sport est au cœur-même de Genève, une ville moderne et dynamique où il est possible d’assister à de nombreux temps forts du calendrier sportif mondial. Avec le retour du Rolex Grand Slam of Show Jumping à Genève, du 11 au 15 décembre, les amateurs auront inévitablement droit à des moments mémorables.

ENTRETIEN AVEC MATHILDE SCHMIDT

Crédit photo : Ashley Neuhof / Rolex Grand Slam Crédit photo : Ashley Neuhof / Rolex Grand Slam

Pourriez-vous d’abord vous présenter et nous dire quel est votre métier ?

Je m’appelle Mathilde et je suis la groom de Kevin Staut. Mon rôle est de m’occuper des chevaux, de les préparer pour la compétition, de les y emmener, et une fois là-bas, de m’assurer qu’ils soient prêts à concourir au bon moment.

 

Comment votre carrière a-t-elle commencé ?

J’ai toujours voulu travailler dans les sports équestres, mais je ne savais pas par où commencer. Il y a une école en France où l’on peut se former aux différents métiers dans ce secteur. J’y ai suivi une formation de groom équin, et à la fin de mon cursus, l’un de mes professeurs m’a parlé d’un poste à pourvoir dans les écuries de Kevin. J’y suis allée pour essayer, et cela fait maintenant trois ans que je travaille pour lui.

 

Quel a été le plus beau moment de votre carrière jusqu’ici, et quels ont été les aspects les plus difficiles ?

Les beaux moments sont nombreux, mais le meilleur a sûrement été la victoire de Kevin au Rolex Grand Prix Ville de Dinard. Le cheval a tout donné, et c’est là que se forment des souvenirs impérissables. C’était aussi particulièrement mémorable parce que ça s’est passé en France. J’en garderai un souvenir très spécial. 

Quant aux moments les plus difficiles, je dirais qu’ils surviennent en cas de grosse pression, parfois en raison de l’importance du concours, mais aussi dans les cas où les chevaux, surtout ceux que l’on sait pleins de talent, ne réalisent pas les performances escomptées.

 

Est-ce important pour vous, en tant que groom, de former une vraie complicité avec les chevaux dont vous vous occupez ?

Oui, c’est très important pour moi, mais aussi pour les chevaux. Tout comme pour nous les hommes, il est vital pour eux de nouer ces liens. Il est aussi important d’instaurer une routine, pour qu’ils sachent quand il est l’heure de travailler et l’heure de se reposer.

Chaque cheval est différent et a des qualités et un caractère bien à lui. Pour lui donner les meilleures chances de réussite, il faut le connaître par cœur.

 

Que faites-vous pour que vos chevaux soient en top forme au moment des Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping, en particulier lorsqu’ils doivent faire un long trajet ?

Il faut tout d’abord s’assurer qu’ils fassent bon voyage et qu’ils soient à l’aise pendant le transport qui peut être fatigant pour eux. Nous faisons tout notre possible pour que le trajet se passe bien, pour qu’ils n’aient ni trop froid ni trop chaud et qu’ils aient suffisamment de foin, et nous faisons des arrêts réguliers.

Lors de l’arrivée au concours, le plus important est de faire en sorte que leur box soit aussi accueillant que possible pour qu’ils puissent se détendre et se reposer.

 

Kevin a réalisé des performances extraordinaires lors de divers Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping. Qu’est-ce que ces concours ont de particulier, selon vous ?

Ils font partie des meilleurs concours au monde. De la piste aux box, tout est de premier rang. Notre travail de groom est beaucoup plus facile lorsque tout a été conçu pour le confort des chevaux, ce qui est le cas à tous les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping. Les chevaux sont détendus et libres de se concentrer sur leur travail.

C’est très émouvant de les voir entrer sur la piste d’un Majeur. J’ai toujours une montée d’adrénaline, surtout que ces concours suscitent toujours une atmosphère électrique. C’est une grande émotion de participer à de telles compétitions, en particulier quand l’équipe fait un bon résultat.

 

Quel est votre Majeur préféré, et pourquoi ?

Le CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ ! L’endroit, l’ambiance, les épreuves, l’histoire du lieu : tout est fantastique. Et puis c’est génial de se rendre à l’autre bout du monde : cet été a marqué mon premier séjour à Spruce Meadows, c’était magique.

Les grooms entretiennent des liens très forts, ce qui fait que l’on partage aussi tous ces moments avec ses amis.

 

Selon vous, qu’est-ce qui fait de Kevin un cavalier à part ?

Kevin adore ses chevaux, il travaille très dur à la maison comme en concours. C’est un vrai passionné de saut d’obstacles et de chevaux. Il leur donne tout, et en retour ceux-ci se donnent entièrement.

 

Le Rolex Grand Slam est le summum des concours hippiques. Comment gérez-vous votre stress et celui des chevaux lors de ces événements ?

J’essaie de ne pas trop y penser ! À vrai dire, j’essaie de faire en sorte que la pression ne pénètre pas du tout dans l’écurie, pour ne pas stresser les chevaux avant la compétition. Au moment de seller le cheval en préparation pour la détente, la pression monte toujours un peu, mais on n’y peut plus grand chose à ce moment-là. Dès l’instant où ils entrent sur la piste et jusqu’à la fin du parcours, je ne fais que trembler : les vidéos que je prends ne sont pas terribles !

 

Si vous pouviez donner un conseil à un groom en herbe, quel serait-il ?

De croire en lui ou elle, quelle que soit la situation. C’est en tout cas le refrain que mes amis grooms et moi avons décidé d’adopter ! 

DEUX VICTOIRES CONSÉCUTIVES POUR MARTIN FUCHS AU GRAND PRIX CPKC « INTERNATIONAL » , PRÉSENTÉ PAR ROLEX

Photo credits : Tiffany Van Halle Photo credits : Tiffany Van Halle

Troisième Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping de l’année, le CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ a une fois encore été le cadre d’une lutte acharnée lors du Grand Prix CPKC ‘International’ présenté par Rolex. Les meilleurs couples au monde étaient inscrits au départ de l’emblématique piste Internationale, dans l’espoir d’inscrire leur nom dans les annales de l’un des prix les plus convoités au monde.

Parmi les concurrents se trouvaient André Thieme, Prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping, ainsi que les gagnants des trois dernières éditions de l’épreuve, Martin Fuchs (2023), Daniel Deusser (2022) et Steve Guerdat (2021).

Tout comme le dernier Majeur en date, celui du CHIO d’Aix-la-Chapelle, l’épreuve comprend deux manches et un barrage. Au départ de la première manche, 38 couples sont en lice, dont les douze premiers seront qualifiés pour la seconde. Les concurrents à départager par la suite devront passer par un barrage chronométré afin de définir le vainqueur.

Le Brésilien Yuri Mansur est le premier à affronter le parcours ambitieux aux énormes obstacles de Leopoldo Palacios, et signe le sans faute dans le temps imparti. Les difficultés du parcours représentant un vrai défi pour ces cavaliers de très haut niveau, il faudra attendre le passage du onzième concurrent, Daniel Deusser (Témoignage Rolex), pour assister à une deuxième qualification. Le chrono serré pose problème à de nombreux cavaliers : Steve Guerdat, Tim Gredley et Juan Manuel Gallego récoltent tous trois une fâcheuse pénalité de temps. À la fin de la première manche, on ne compte que quatre sans faute, dont celui de Ben Maher, médaillé d’or par équipes aux Jeux olympiques de Paris 2024. Conformément aux règles, certains couples ayant écopé d’une pénalité de temps ou de quatre points avec un chrono rapide restent donc en lice.

Sur les dix-huit cavaliers restants, seul Martin Fuchs, gagnant en titre de l’épreuve, parvient à rejoindre le club très select des cavaliers ayant signé un sans faute sans pénalité. Le sort ne sourit malheureusement pas à André Thieme, Prétendant actuel au Grand Slam, qui fait tomber deux reprises des barres. L’Allemand ne sera donc pas le deuxième cavalier de l’histoire à remporter le Rolex Grand Slam of Show Jumping. Et à la déception générale, les canadiennes Tiffany Foster et Erynn Ballard ne parviennent pas à se qualifier pour l’étape suivante devant leur public.

Alors que se monte le parcours de la deuxième manche, Linda Southern-Heathcott, PDG de Spruce Meadows, annonce une excellente nouvelle : l’an prochain, pour fêter 50 ans de compétition internationale sur le site, le Grand Prix CPKC ‘International’ présenté par Rolex sera doté d’une récompense de 5 millions de dollars canadiens.

Max Kühner s’élance en premier dans la seconde manche et réussit à ne pas ajouter de pénalités à ses quatre points initiaux. Il montre ainsi l’exemple aux autres cavaliers, et Richard Vogel, tout récent Témoignage Rolex, lui emboîte le pas aux rênes de son formidable étalon United Touch S. Le Britannique Tim Gredley sur Medoc De Toxandria laisse lui aussi toutes les barres où elles sont pour ne conserver que sa pénalité de temps de la première manche, tout comme le Suisse Steve Guerdat.

Martin Fuchs produit le premier double sans faute de la journée, et l’Irlandais Darragh Kenny fait rapidement de même, pour le plaisir du public qui sait qu’il aura désormais droit à un barrage. Yuri Mansur et Ben Maher laissent tous deux une barre au sol. Dernier à partir, Daniel Deusser fait le sans faute et se qualifie ainsi pour l’étape finale.

Les cavaliers se présentant au départ dans le même ordre qu’à la seconde manche, c’est Martin Fuchs qui revient le premier sur la piste baignée de soleil. En selle sur son célèbre hongre gris, Leone Jei, il montre la voie avec un chrono impressionnant de 40,22 secondes, pénalisé de quatre points seulement. Kenny ne parvient pas à faire aussi vite que Fuchs, et écope de quatre points plus deux pénalités de temps. Le gagnant de l’édition 2021 se retrouve alors dans l’obligation d’assurer un sans-fautes, mais il fait tomber deux obstacles, et Fuchs s’adjuge donc une deuxième victoire d’affilée dans cette épreuve. Cela signifie également que Leone Jei est le seul cheval à avoir remporté deux fois un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping au même endroit.

Après sa victoire, Fuchs s’est déclaré « un peu choqué et surpris d’avoir gagné : quand on a deux des meilleurs cavaliers au monde derrière soi, on ne s’attend pas à l’emporter. Mais c’était mon jour de chance, et je suis ravi. C’était difficile de passer en premier au barrage, l’attente m’a mis les nerfs en pelote ! »

Le cavalier suisse ajoute ensuite : « Leone Jei est un cheval formidable, au coup de saut incroyable. Il fait toujours de très bonnes performances aux Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping. C’est le partenaire de mes rêves. Les parcours que nous affrontons ici sont parmi les plus difficiles au monde, ils représentent un vrai défi pour les chevaux comme pour les cavaliers. Pour gagner, il faut être hyper attentif et faire preuve d’assurance pour avoir le courage de sauter ces obstacles énormes. J’adore venir ici, c’est un endroit très spécial à mes yeux. »

 

Interview avec Lillie Keenan

Photo credits : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof Photo credits : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof

Nous voici aujourd’hui au CSIO Spruce Meadows ‘Masters’. Quel est le sentiment en tant que cavalier/ère de participer à cet événement ?

À chaque fois que nous avons l’occasion de participer à un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping, c’est une émotion intense, car il s’agit des plus grands temples du monde des concours hippiques. Spruce Meadows est un lieu prestigieux, avec une longue histoire. Les meilleurs couples au monde sont venus ici pour se disputer le titre ultime. C’est déjà un honneur d’y participer.

Ce n’est pas ma première fois au ‘Masters’, mais c’est la première fois que je participe au Grand Prix CPKC ‘International’ présenté par Rolex. Ceci étant, j’ai déjà pris part à quelques autres Grands Prix Rolex dans le cadre du Rolex Grand Slam of Show Jumping. C’est surréaliste de se retrouver dans ce cadre à l’atmosphère électrique : on se croirait dans un jeu vidéo !

 

Parlez-nous de votre cheval de tête du moment et de ses caractéristiques.

Mon cheval de tête actuel s’appelle Argan De Beliard. C’est lui que je vais monter lors du Grand Prix CPKC ‘International’ présenté par Rolex. C’est aussi lui qui m’a accompagnée dans tous les Grand Prix Rolex cette année. C’est un vétéran des circuits qui connaît son travail sur le bout des sabots. Chez nous, on le surnomme ’Mr Consistency’ (Monsieur Régulier), car il se bat toujours pour faire le sans faute et il sait ce qu’on attend de lui. Beaucoup des meilleurs chevaux au monde comprennent leur rôle dans le sport, et il en fait partie.

En raison de cette régularité, ses performances ne sont pas forcément exaltantes, mais je pense que c’est ce qui fait sa force. Ces Grand Prix posent des difficultés et enjeux particuliers auxquels il faut trouver des solutions. Le fait d’avoir un compagnon aussi fiable me rend la tâche infiniment plus facile.

 

Quelle importance revêt le fait de bâtir un véritable partenariat avec son cheval ?

Notre sport a une spécificité par rapport aux autres, en ce que deux êtres concourent plutôt qu’un. Il faut savoir travailler de concert, et on ne peut pas s’énerver contre un cheval comme on le ferait par exemple avec un coéquipier humain. Avec chaque cheval, il faut concevoir d’autres moyens de communiquer et trouver un langage commun. Pour cela, il est vital de passer du temps avec lui et de faire preuve d’empathie.

L’équitation fait partie des rares disciplines où la compétition est mixte. Les femmes ont, je trouve, une capacité de communication particulière par rapport aux hommes. Comme dans tout sport, il faut savoir utiliser les atouts à sa disposition. Selon mon expérience, lorsqu’on bâtit des liens solides avec un cheval, on sait que l’on peut se reposer entièrement sur lui, et vice-versa.

Cela fait plusieurs années que je monte Argan De Beliard, mais nous avons été en mesure d’affronter de gros parcours très tôt dans notre relation. Je lui ai rapidement voué une confiance totale, et lui aussi m’a fait l’honneur de se fier à moi. Étant donné les risques que l’on prend au plus haut niveau, plus l’on fait confiance à son cheval, mieux c’est.

 

Vous êtes diplômée d’Harvard. Dans quelle mesure cette prestigieuse éducation vous aide-t-elle dans votre carrière ?

J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir poursuivre à la fois mes études et ma carrière de cavalière professionnelle, et cela m’a énormément apporté. Beaucoup de gens doivent choisir entre les deux, mais j’ai eu la bonne fortune de pouvoir faire les deux, grâce à ma famille.

J’ai toujours su que j’irai à l’université, mais avec l’équitation, j’ai eu le choix. Dans un sens, comme j’ai bénéficié de ce soutien, j’ai l’impression d’avoir plus de choses à prouver. Je suis très reconnaissante au destin de m’avoir donné cette chance, et je ne veux pas la gâcher.

L’avantage d’aller à l’université avec d’autres jeunes gens qui ne savaient absolument rien du saut d’obstacles, c’est que je pouvais tomber de cheval en plein Grand Prix comme gagner l’épreuve la plus prestigieuse, cela ne changeait rien : le lundi, j’étais de nouveau en cours avec mes camarades de classe qui n’avaient rien vu et me traitaient comme d’habitude. C’était merveilleux.

Dans n’importe quel sport ou activité qui vous passionne vraiment, il est facile de développer une véritable obsession. La plupart des cavaliers de haut niveau ont besoin de faire de bons résultats pour se sentir exister, et ça peut être très dangereux. Mes études m’ont permis de relativiser : quels que soient les résultats, la vie continue et j’ai déjà la chance immense de travailler aux côtés des animaux, à l’extérieur, et de faire ce qui me plaît.

Évidemment, j’ai aussi beaucoup appris dans le cadre des mes études elles-mêmes, et pour moi qui adore apprendre, c’était super. Cela me manque d’ailleurs un peu, mais dans une optique globale, la chose la plus positive a été le recul que ça m’a donné : je remercie le destin chaque matin quand je pars monter à cheval.

 

Quel est le meilleur conseil que vous ayez jamais reçu dans votre carrière, et qui vous l’a donné ?

J’ai reçu beaucoup de bons conseils dans ma carrière, mais deux choses en particulier me viennent à l’esprit. Premièrement, ma mère m’a toujours dit que ce que je faisais était un choix que je devais assumer. Quand je suis déçue d’une performance, elle ne manque jamais de me le rappeler. Cela m’aide beaucoup : j’ai effectivement fait un choix que je ne regrette pas du tout.

Le second me vient de McLain Ward. Il a commencé à m’aider à un moment où j’avais perdu confiance en moi et en mes capacités de cavalière. Je parle de mes difficultés parce que je pense que c’est utile de savoir ça pour les jeunes cavaliers. On a tendance à regarder et à admirer les cavaliers de haut niveau, sans forcément voir les moments de doute qu’ils peuvent traverser. En tant que femme, en particulier, je veux insister sur le fait que c’est tout à fait normal.

Quand j’ai commencé à travailler avec McLain, il a dû me rappeler que j’ai les capacités pour évoluer au plus haut niveau et que je mérite d’être ici. À chaque fois que j’ai l’impression d’avoir pu mieux faire, je me répète ses paroles. ’S’il croit en moi, c’est que je suis assez bonne.’ Je lui fais plus confiance qu’à moi-même !

 

Comment restez-vous concentrée et comment gérez-vous la pression avant d’entrer sur la piste ?

Je suis quelqu’un qui a tendance à me dépasser dans les situations difficiles ; c’est quelque chose que je me suis entraînée à faire. À mon premier concours sur poney, ma mère m’a dit d’imaginer que je participais au barrage pour la médaille d’or aux Jeux olympiques. Personne ne me croit quand je leur dis ça, mais c’est vrai ! Vous pouvez vérifier auprès de ma monitrice de l’époque.

L’idée est de s’habituer à la pression pour en tirer avantage et pour ne pas se laisser écraser par elle. Il y a bien sûr des jours où la pression se fait trop sentir et on y succombe. Mais je travaille dur à ce que cela n’arrive pas trop souvent. J’essaie de profiter de chaque opportunité qui m’est offerte de concourir à ce niveau.

J’avais dix-sept ans seulement lorsque j’ai participé à mon premier concours cinq étoiles. Du coup, même si je ne suis pas vieille, j’ai déjà dix ans d’expérience à ce niveau. Ceci dit, j’ai encore de longs jours devant moi. L’important, c’est de s’entraîner encore et encore et d’assumer ses responsabilités. Quand j’étais enfant, je pleurais avant chaque contrôle ou examen, parce que je ne supportais pas l’idée de ne pas réussir. C’est dans ma nature. Mais cela m’a aussi habituée à la pression.

 

Quel conseil donneriez-vous à un jeune cavalier qui veut parvenir au plus haut niveau?

Deux choses : premièrement, de continuer ses études aussi longtemps que possible. Tout le monde n’est pas d’accord avec moi. Bien sûr, j’ai eu des opportunités qui ne se présentent pas à tout le monde, mais depuis le Covid, il existe beaucoup plus de formations en ligne. Je continue à y faire appel aujourd’hui pour approfondir mes connaissances. Personnellement, je trouve cela très important de connaître des choses sur divers sujets. Avant que j’aille à l’université, nombre de cavaliers m’ont posé des questions : « Mais pourquoi tu t’embêtes ? Tu as le talent nécessaire et tu vas finir par être cavalière professionnelle, alors pourquoi ne pas te contenter de cela ? » Mais je savais que le sport m’attendrait, et les chevaux aussi. Pour que notre sport se développe, et qu’il évolue en même temps que le reste de la société, c’est important de suivre une éducation.

Le deuxième conseil que je donnerai à un jeune cavalier.e, c’est de ne pas avoir peur de contacter quelqu’un qu’on admire pour lui demander quelque chose. Au pire, il vous dira non ! De nos jours, avec le streaming, on peut regarder presque n’importe quel Grand Prix dans le monde, en direct ou en différé. Et si vous allez à un concours, allez assister à la détente. Les gens oublient souvent que c’est possible. C’est là qu’on peut vraiment étudier les cavaliers. Les meilleurs d’entre eux montent divers types de chevaux. Regardez-les et si vous le pouvez, posez des questions ! Vous serez étonné du nombre de cavaliers de très haut niveau qui sont prêts à aider les jeunes cavaliers.

 

À votre avis, quelles sont les qualités requises d’un cheval et de son cavalier pour remporter un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping ?

Les deux parties du couple doivent se faire confiance l’un à l’autre, vouloir gagner et être sûrs de leurs capacités. Ce sont là les trois clés de la réussite. Différents types de chevaux et de cavaliers peuvent remporter un Majeur. Mais à eux deux, le cavalier et sa monture doivent former un couple solide doté de ces trois qualités.

 

Selon vous, quelle importance a revêtu le Rolex Grand Slam of Show Jumping dans le développement du saut d’obstacles ?

Nous voulons tous que notre sport soit aussi populaire que le tennis ou les autres grands chelems que l’on regarde à la télévision, dont les athlètes sont admirés de tous. Dans l’univers des concours hippiques, le public respecte les chevaux et cavaliers évoluant à un niveau équivalent. C’est donc un immense honneur que de voir une marque telle que Rolex parrainer et soutenir notre sport, comme cela le serait pour toute autre discipline.

Chaque cavalier aimerait participer aux gros championnats, mais seuls les meilleurs arrivent à faire des étincelles sur plusieurs événements : il est très difficile ne serait-ce que de se qualifier pour l’un des quatre Majeurs. Mais comme ils ont lieu chaque année, les cavaliers ont toujours un objectif en tête.

Les sports équestres ont pour particularité le fait que non seulement le cavalier doit être prêt le jour J, mais le cheval doit lui aussi être en pleine forme. Cela demande parfois de la chance. S’il est facile de rater une qualification pour les Jeux olympiques ou les Championnats du monde, on peut toujours viser le prochain Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping, à condition d’avoir un super cheval et une relation spéciale avec celui-ci. Les Majeurs représentent vraiment le nec plus ultra du saut d’obstacles.

 

Interview avec Alejandro Azorin

Photo credits : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof Photo credits : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof

Pourriez-vous vous présenter et nous dire en quoi consiste votre métier ?

Je m’appelle Alejandro, et je suis le groom de compétition d’Erynn Ballard. J’ai commencé à travailler pour elle il y a huit mois, et auparavant j’ai travaillé pour Darragh Kenny. Mon rôle est de prendre soin de ses chevaux et de voyager avec elle pour tous les concours. J’essaie de faire de mon mieux dans tous les aspects de mon travail !

 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir groom dans le sport équestre, et comment avez-vous commencé ?

Mon grand-père s’occupait de chevaux, et nous avons toujours eu des chevaux là où j’ai grandi, en Espagne. J’ai commencé à monter également mais j’ai eu un grave accident qui m’a contraint à rester à l’hôpital un long moment. Après cela j’ai décidé d’arrêter de monter et de prendre soin des chevaux puisque je ne pouvais plus les monter. Devenir groom était donc une suite naturelle pour moi, cela m’a permis de continuer à travailler avec les chevaux.

 

Travaillant avec une cavalière canadienne, Spruce Meadows doit être une expérience particulièrement spéciale pour vous, pouvez-vous nous en dire plus ?

C’est effectivement très spécial. Nous voulons toujours que les chevaux réussissent, mais ici, au CSIO Spruce Meadows ‘Masters’, où Erynn entre sur le terrain sous les applaudissements et les encouragements du public, c’est une expérience incroyable.

Spruce Meadows est ma compétition préférée de tout le circuit, et bien sûr, c’est encore mieux quand nous avons de bons résultats.

 

Pouvez-vous nous parlez des installations disponibles ici, à Spruce Meadows ?

Les installations ici sont exceptionnelles, il n’y a rien à dire. Il y a des paddocks pour les chevaux, de nombreux prés, de multiples pistes pour le plat, des ronds de longe, et les écuries sont superbes - il y a des points d'eau partout, une bonne ventilation dans les écuries, et de l'eau chaude le matin. Je pourrais continuer comme ça à vous parler de toutes les installations que nous avons ici.  

 

À quoi ressemble une journée type pour vous à Spruce Meadows pendant une compétition ?

Nous avons notre routine qui reste toujours la même, bien que nous changions parfois les heures de monte en fonction des concours, mais la routine reste la même. J’arrive pour voir comment vont les chevaux, je leur donne du foin et du grain. Nous essayons de rester aussi constants que possible. À mon avis, la constance est primordiale ! Si vous commencez à changer les habitudes, les chevaux n’ont plus d’aussi bonnes performances. Nous essayons de faire en sorte que tout reste simple. 

 

Pouvez-vous nous parler des traits de personnalité uniques ou des bizarreries des chevaux avec lesquels vous travaillez ?

Nous avons trois chevaux avec nous cette semaine. Le premier est un charmant étalon nommé De Flor 111 Z Santa Rosa, il est très gentil, doux et bien élevé, il ne fait jamais rien de mal. Nous avons ensuite un hongre de neuf ans nommé Fave D’Authuit. Je les adore tous mais il est vraiment spécial. Mais il est frileux, s'il fait froid, il peut se montrer un peu excentrique et effronté. Enfin, il y a l’homme de la maison, Gakhir. C’est le numéro un, tout le monde l’adore, et il ne fait jamais rien de mal, quoi qu’il fasse, il a toujours raison. Il est véritablement unique.

 

Quelle est la méthode d’Erynn pour travailler avec l’équipe et avec les chevaux, et en quoi est-elle particulièrement talentueuse ?

Erynn est la cavalière la plus charmante avec qui j’ai pu travailler ! Je ne peux rien dire de négatif sur elle. Elle est parfaite ! Elle prend soin de tout le monde. Elle s’enquiert toujours des chevaux, de toute l’équipe et demande comment nous allons, si notre vol s’est bien passé, si nous avons une voiture de location ; elle pense à tous les détails.

 

Qu'est-ce qui pour vous est le plus gratifiant dans le fait de travailler dans les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping comme Spruce Meadows ?

Quand vous travaillez au jour le jour avec les chevaux, c’est extrêmement gratifiant de voir leurs progrès. Par exemple, avec notre étalon alezan, De Flor 111 Z Santa Rosa, que nous avons acquis récemment, nous avons sauté dans les petites épreuves, et hier il a fait un sans faute dans l’épreuve de haut niveau. C’est un sentiment extraordinaire de voir les chevaux progresser et s’améliorer à chaque fois.

 

Quelles sont selon vous les compétences ou les qualités nécessaires à votre métier ?

Je pense qu’il s’agit d’abord de passion et d’amour, vous devez vraiment aimer ce que vous faites. Ce travail demande beaucoup de sacrifices, et vous devez vous y consacrer totalement. Il faut travailler dur, les heures ne se comptent même plus, et vous êtes toujours entre deux avions ou deux camions d’un concours à l’autre. Je pense que travailler dur est un aspect essentiel du métier.

 

Comment continuez-vous à apprendre et à renforcer vos compétences en tant que groom ?

Il faut poser des questions ! Si vous avez une question, demandez toujours aux autres grooms et ils vous aideront. C’est ce qui rend notre communauté si spéciale, tout le monde est prêt à rendre service car nous aimons tous les chevaux. Il est également important d'interroger l'ensemble de l'équipe, les vétérinaires, les grooms, les maréchaux-ferrants et les entraîneurs.

Bien entendu, vous apprenez à travers vos propres expériences, vous voyez ce qui marche bien avec un cheval, et vous essayez de l’adapter à un autre. Les chevaux vous apprennent beaucoup ! Si vous croyez que vous savez tout, vous ne progresserez jamais !

Vogel s'impose encore une fois dans la Cana Cup

Photo credits : Spruce Meadows Media Photo credits : Spruce Meadows Media

Pour ce troisième Majeur de l’année, le Rolex Grand Slam of Show Jumping traverse l’océan Atlantique, direction le CSIO Spruce Meadows 'Masters'. C’est là que du 4 au 8 septembre, les meilleurs couples se réunissent pour cinq jours de compétition internationale acharnée dans un cadre saisissant.

L’une des manifestations les plus attendues du calendrier hippique et épreuve phare de ce jeudi,  la CANA Cup a rassemblé 44 couples désireux de nous montrer leur agilité, précision et endurance. Ces cavaliers de renommée mondiale souhaitaient non seulement briguer la victoire dans cette prestigieuse épreuve mais espéraient aussi se qualifier pour le Grand Prix CPKC ‘International’ présenté par Rolex de dimanche.

Dans ce parterre de célébrités du monde équestre, on trouvait notamment André Thieme, actuel prétendant au Rolex Grand Slam of Show Jumping, mais aussi Ben Maher, triple médaillé d’or olympique, sans oublier le Suisse Martin Fuchs, gagnant en titre du Grand Prix CPKC ‘International’ présenté par Rolex, encore une fois accompagné de Leone Jei.

Pour le plus grand plaisir du public, c’est la Canadienne Erynn Ballard qui dompte en premier le magnifique parcours de Leopoldo Palacios. Sa compatriote Tiffany Foster la rejoint bientôt dans la liste de départ du barrage, après un sans-faute. À la première pause, ce sont huit cavaliers qui ont signé le sans faute, dont Kevin Staut et Daniel Deusser, tous deux Témoignages Rolex, et les Américains Mclain Ward et Lillie Keenan.

Les sans faute s’accumulent, comme celui de Richard Vogel, déjà gagnant de l’épreuve l’an passé. Cependant, plusieurs favoris ne font pas les résultats attendus, comme le Britannique Scott Brash, seul cavalier à avoir déjà remporté le Rolex Grand Slam of Show Jumping, ou le numéro un irlandais Daniel Coyle, qui écopent respectivement de pénalités de temps et de quatre points.

Au total, 17 cavaliers franchissent la ligne d’arrivée du parcours à 1,55 m sans accrocs, dont l’un (Armando Trapote) choisira de ne pas participer au barrage. Les cavaliers étant appelés à entrer en piste dans le même ordre qu’à la première manche, c’est Erynn Ballard qui se présente et qui donne une fois encore le ton avec un sans-faute en 43”41. Renommé pour sa rapidité, le Britannique Matthew Sampson et son étalon gris Daniel semblent être sur le point de battre ce chrono. Mais l’ajout de foulées en amont du dernier oxer marqué CANA leur vaudra une seconde place provisoire.

Ballard parvient à s’accrocher en tête du palmarès jusqu’à l’entrée de Max Kühner sur la célèbre Piste internationale. Celui-ci franchit la ligne d’arrivée 0,76 seconde plus vite que la Canadienne. Mais il ne retient la première position qu’un bref moment : le prochain à se présenter est Richard Vogel, Témoignage Rolex, accompagné de son étalon United Touch S qui use de son énorme foulée pour gagner plus d’une seconde au chrono. Parmi les trois cavaliers encore en lice se trouvent Steve Guerdat et Ben Maher, numéro 2 et numéro 3 mondiaux. Mais même ceux-ci ne pourront pas égaler la performance du jeune Allemand qui décroche donc une deuxième victoire consécutive dans cette épreuve.

Heureux, Vogel nous confie : « United Touch S a été formidable, il adore l’atmosphère et la piste ici à Spruce Meadows. Je l’ai senti en forme, j’espère qu’il le sera toujours pour le Grand Prix de dimanche. Je n’ai pas besoin de trop le pousser dans le barrage, car il a une foulée très puissante et il se retrouve très vite au grand galop. C’est notre plus grand atout : il est capable de sauter en suivant son rythme naturel. Nous essayons d’en tirer parti le plus possible, et aujourd’hui cela nous a réussi. »

Interview with Leopoldo Palacios

Photo credits : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof Photo credits : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof

Pouvez-vous nous expliquer ce qui fait du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ un concours vraiment unique?

Spruce Meadows est un site respectueux de la tradition des sports équestres. L’équipe s’évertue à garder un environnement aussi naturel que possible, en recyclant autant que possible et en protégeant le cadre. Avec leurs longues barres, les obstacles du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ sont différents de ceux des autres concours hippiques. Ici, les chevaux ont tendance à bien sauter et les couples à aller plus vite que d’habitude.

En ce qui me concerne, Spruce Meadows est l’un des plus beaux lieux de concours pour un chef de piste. La famille Southern, qui est propriétaire et qui exploite le site, est passionnée par le saut d’obstacles, et ça se voit. Rolex a apporté son soutien à Spruce Meadows il y a déjà très longtemps, avant même que naisse le Rolex Grand Slam of Show Jumping en 2013. J’adore dessiner des parcours pour le Rolex Grand Slam, et j’ai la chance d’avoir été présent la seule fois où quelqu’un a décroché le titre, Scott Brash ici-même en 2015. C’était l’un des plus beaux jours de ma vie professionnelle. J’ai aussi dessiné des parcours lors de deux éditions des Jeux olympiques, et travaillé pour d’autres, mais la victoire de Scott ce jour-là reste l’un de mes meilleurs souvenirs. L’atmosphère qui régnait autour de la Piste internationale était électrique. Scott était le dernier à sauter et durant son passage, on aurait pu entendre voler une mouche. Quand il a passé le dernier obstacle pour gagner le Rolex Grand Slam of Show Jumping, la foule a explosé. J’en avais la chair de poule.

 

Vous avez reçu un certain nombre d’obstacles en provenance des Jeux olympiques de Paris 2024, dont le Pont Alexandre III, pour les utiliser lors de cette édition du ‘Masters’. Parlez-nous de ces obstacles et des emblématiques éléments à votre disposition à Spruce Meadows.

Le Spruce Meadows ‘Masters’ a la meilleure collection d’obstacles au monde. La famille Southern a collectionné ceux-ci au fil des ans. Certains datent des Jeux olympiques des années 1970 et ont été si bien entretenus que nous les utilisons toujours aujourd’hui. Depuis, nous avons reçu des obstacles de la majorité des Jeux olympiques et Championnats du monde, et la collection a grandi. Sur cette grande piste, nous usons de barres longues fabriquées spécialement pour les obstacles. Cette année, j’ai hâte de pouvoir utiliser les obstacles des Jeux olympiques de Paris 2024.

 

Le CPKC ‘International’ Grand Prix présenté par Rolex du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ est souvent vu comme l’un des parcours les plus complexes au monde. Qu’est-ce qui en fait la particularité ?

Je suis un chef de piste relativement traditionnel. J’use de diverses distances : court, long, moyen... et j’inclus à la fois des obstacles ’lourds’ et ’légers’ pour mettre à l’épreuve les aptitudes du cheval et du cavalier à toutes les étapes. Les outils à ma disposition pour le Grand Prix CPKC ‘International’ présenté par Rolex sont parfaits pour cela. La collection d’obstacles est extraordinaire, et mon équipe fantastique. Cela fait plus de vingt ans que je travaille avec certaines personnes. Ensemble, nous formons un véritable orchestre où chacun a un rôle à jouer.

Cela me permet de créer un parcours complexe pour le Grand Prix CPKC ‘International’ présenté par Rolex, qui est pensé pour mettre les chevaux à l’épreuve sans jamais les mettre en danger. Trouver le juste équilibre entre la difficulté du parcours et le bien-être des chevaux, c’est là ma priorité absolue. Je garde toujours en tête la sécurité des chevaux. Si je peux me permettre de créer ce type de parcours, c’est grâce au talent des cavaliers et chevaux qui viennent concourir ici et qui sont prêts à affronter un parcours de concours hippique qui selon certains serait le plus difficile au monde.

Durant toute la semaine du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’, je prépare les couples au Grand Prix du dimanche en les habituant progressivement à la piste et aux obstacles. Mon but n’est pas de faire peur aux chevaux, mais plutôt de leur faire gagner en confiance en amont de l’épreuve. Je suis connu pour mes parcours difficiles, en particulier le Grand Prix CPKC ‘International’ présenté par Rolex, et cela fait penser au public que tous mes parcours sont épineux. Mais ce n’est pas le cas ! Je connais simplement très bien cette piste et les obstacles à ma disposition, et je sais comment utiliser chaque recoin.

 

Parlez-nous du parcours que vous avez créé pour le Grand Prix CPKC ‘International’ présenté par Rolex ?

Le dimanche venu, pour le Grand Prix CPKC ‘International’ présenté par Rolex, nous utiliserons davantage de larges oxers que n’importe quel autre concours. C’est en raison des longues barres qui permettent aux chevaux de sauter plus large. Ils volent carrément !

Je suis d’avis qu’en intégrant de plus grosses largeurs, on rend le parcours plus ambitieux. L’épreuve de dimanche aura pour autre caractéristique l’utilisation d’obstacles naturels. Par exemple, nous avons un vrai bidet et une rivière naturelle, contrairement aux éléments artificiels utilisés dans d’autres concours. C’est ce qui fait du Grand Prix CPKC ‘International’ présenté par Rolex une épreuve très spéciale.

Cette année, lors de la première manche, et entre autres tracés difficiles, le triple se trouvera à un endroit délicat. Dans la seconde manche, qui fait participer les douze meilleurs couples, je monterai le parcours en fonction de la forme des chevaux et des conditions météo. Aujourd’hui par exemple, il fait très beau : ciel bleu, aucun nuage, bonne luminosité. Dans ces conditions, les chevaux sautent mieux. Dimanche, je devrai voir en fonction de comment se passe la première manche avant de définir le niveau de difficulté de la seconde.

 

Quels sont les principaux points à prendre en compte et les objectifs à atteindre lorsqu’on dessine un parcours ?

La base de tout parcours, c’est les chevaux. Lorsqu’on dessine un parcours de concours hippique, il faut avant tout se souvenir que certains chevaux sautent mieux sur la rêne droite, d’autres sur la reine gauche. Par conséquent, il faut bâtir un parcours équilibré. Certains chevaux préfèrent les verticaux, d’autres les oxers. Je ne répète donc jamais les mêmes combinaisons. Les grands chevaux aiment une plus grande distance entre les obstacles, les plus petits affectionnent les intervalles plus réduits. Je mêle donc courtes, longues et moyennes distances. Je tente de mettre les couples à l’épreuve de différentes manières, en faisant attention à ne pas privilégier un aspect plutôt qu’un autre.

 

À votre avis, comment le CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ est-il devenu l’un des plus grands lieux de concours en Amérique du Nord ?

Ron Southern était un précurseur, et peut-être même l’une des personnes qui a su voir le plus loin. Il a toujours pensé à l’avenir et essayé de faire de son mieux pour Spruce Meadows. Linda et le reste de sa famille continuent dans ce sens et font tous les efforts possibles pour faire de Spruce Meadows le meilleur lieu de concours au monde. C’est ce qui en fait un endroit à part. Ron m’a beaucoup appris, tout comme Linda. Ils ont eu la générosité de partager avec moi des idées que je n’aurais jamais eu tout seul. Linda a toujours en tête les dix prochaines années, et c’est comment cela que s’est développé Spruce Meadows. Toute l’équipe souhaite en faire le meilleur lieu de concours au monde. Ce sont ces efforts qui font l’excellence du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’. Pour rendre un lieu aussi spécial, un effort collectif est nécessaire.

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping est né en 2013, il y a maintenant plus de dix ans. À votre avis, quel a été l’impact du Grand Slam sur le monde du saut d’obstacles ?

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping a complètement transformé notre sport. Avant sa naissance, le saut d’obstacles était un sport intéressant mais quelque peu figé. Le Rolex Grand Slam a eu un impact profond, car les quatre Majeurs diffèrent des autres concours. Ils représentent le nec plus ultra de notre sport. Rolex a toujours joué un rôle important dans le monde du sport équestre, et cela même avant la naissance du Rolex Grand Slam of Show Jumping, mais cette initiative a marqué une hausse sensible du niveau. Elle pousse les cavaliers à viser les meilleures performances possibles sur les quatre concours.

Chacun des quatre Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping (le Dutch Masters, le CHIO d’Aix-la-Chapelle, le CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ et le CHI de Genève) ont tous leurs particularités. C’est cette diversité qui en fait le piquant. On ne sait jamais qui sera le gagnant, tout le monde a une chance. Très peu de cavaliers arrivent à remporter régulièrement l’un de ces Grand Prix. 

 

En dehors des concours hippiques, quelles sont vos passions ?

En dehors de mon métier, ma plus grande passion est ma famille. J’ai trois petits-enfants, un par mon fils et deux par ma fille, qui font ma joie. Je plaisante parfois en disant à mes amis que c’est dommage de devoir être père pour avoir le plaisir d’être grand-père ! J’aime aussi aller à la pêche et faire de la voile. Je n’ai plus beaucoup le temps, mais dans le passé j’étais un vrai passionné, je participais même à des régates de voile. Quand j’étais jeune, j’avais davantage le temps de faire des choses que maintenant ! 

Interview avec Will Lyles

Photo credits : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof Photo credits : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof

Pourriez-vous vous présenter et nous dire en quoi consiste votre métier ?

Je m’appelle Will Lyles et je suis l’un des grooms de concours de Rodrigo Pessoa. Mon métier consiste à accompagner ses chevaux aux concours partout dans le monde et de m’en occuper une fois sur place.

 

Comment votre carrière a-t-elle commencé ?

J’ai commencé comme cavalier de concours, avant de réaliser que si je devenais groom pour un cavalier de haut niveau, je pourrai voyager partout dans le monde et me rendre aux plus beaux concours hippiques. J’ai donc changé de trajectoire et aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir accompagner Rodrigo aux meilleurs événements équestres, comme ici à Spruce Meadows.

 

Parlez-nous un peu des installations qui sont mises à la disposition des chevaux mais aussi des grooms au CSIO Spruce Meadows ‘Masters’...

C’est la première fois que je viens ici, mais pour l’instant je trouve que les aménagements pour les chevaux sont d’excellente qualité, avec de nombreuses aires de douche. Quant à nous les grooms, nous avons accès à tout ce dont nous avons besoin pour assurer le bien-être des chevaux. De plus, l’hôtel réservé aux grooms est tout près, c’est pratique.

 

Parlez-nous des chevaux dont vous vous occupez actuellement et des qualités de chacun…

Premièrement, on a Major Tom, le cheval de tête de Rodrigo. Ils ont concouru ensemble aux Jeux olympiques de Paris 2024 il y a deux semaines de cela. Il a beaucoup de caractère, il aime bien être le centre d’attention ! Mais avec tout le talent qu’il a, il le mérite bien.

Nous avons aussi avec nous cette semaine Dhalida, une jument de dix ans. Malgré sa taille impressionnante, elle va très vite. Et elle est très facile au box.

Quand je suis tout seul, il est plus simple de gérer deux chevaux seulement : leurs plannings ne se chevauchent pas trop, et je peux leur prodiguer les meilleurs soins en évitant la précipitation.

 

Comment faites-vous pour que les chevaux soient en top forme le jour J, en particulier après un long trajet ?

Je tente de faire en sorte qu’ils ne soient pas stressés, et je me tiens à leur routine habituelle, où que nous soyons et quel que soit le planning. J’essaie de garder les choses simples et comme elles sont d’habitude.

 

Avez-vous des habitudes ou gestes superstitieux bien ancrés au moment de la compétition ?

Je ne suis pas trop superstitieux, mais c’est vrai que si le premier cheval fait un sans-faute, j’ai tendance à réutiliser le même tapis de selle avec le deuxième ! Mais c’est tout, je le jure.

 

Rodrigo [Pessoa] est une légende du saut d’obstacles. Selon vous, qu’est-ce qui fait son succès ?

Il adore ses chevaux et son sport le passionne. Il a l’esprit de compétition, mais jamais au détriment de ses montures. Et il a tendance à ne pas compliquer les choses si elles n’ont pas besoin de l’être.

 

Quelles leçons avez-vous tirées de votre expérience à ses côtés ?

La principale leçon que Rodrigo m’a inculquée, c’est de ne pas faire trop compliqué. Par exemple, pendant la détente, il n’est pas nécessaire de sauter de très gros obstacles : l’objectif est simplement d’échauffer les muscles du cheval.

 

Quel conseil donneriez-vous à un groom en herbe ?

De se faire plaisir dans son métier, et de ne pas trop se prendre la tête après les journées difficiles !

 

En tant que groom, quelle importance revêt pour vous les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping ?

Ce sont des concours formidables. Étant donné leur renommée et l’attente de résultat qui en découle, la pression est toujours un peu plus grande. Le CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ est l’un des concours que je souhaitais absolument faire dans ma carrière, et je suis très heureux de pouvoir enfin exaucer ce vœux. J’espère maintenant pouvoir me rendre à d’autres concours importants. C’est magique de pouvoir emmener nos chevaux à des concours aussi prestigieux que le ’Masters’, dans l’espoir de faire une bonne performance.

Éléments clés du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’

Photo credits : Mike Sturk / Spruce Meadows Media Photo credits : Mike Sturk / Spruce Meadows Media

Une fois encore, le Rolex Grand Slam of Show Jumping traverse l’océan Atlantique pour investir l’un des hauts lieux des sports équestres en Amérique du Nord, pour le troisième Majeur de l’année, le CSIO Spruce Meadows ‘Masters’. Du 4 au 8 septembre, les meilleurs couples au monde se rendront au pied des Rocheuses dans l’espoir de décrocher le Grand Prix CPKC ‘International’ présenté par Rolex. Celui qui y parviendra deviendra le nouveau Prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping. Le public, lui, aura droit non seulement à cinq journées d’épreuves exaltantes, mais aussi à de nombreux restaurants, boutiques et manifestations de qualité.

L’édition 2024 du concours accueillera un certain nombre de médaillés olympiques des Jeux de Paris, tels que le Suisse Steve Guerdat, médaillé d’argent en individuel, et les Britanniques Scott Brash et Ben Maher, médaillés d’or par équipes. Spruce Meadows sera également l’occasion de découvrir ses derniers obstacles en date : en provenance directe des Jeux olympiques de Paris, le Pont Alexandre-III sera utilisé durant le Masters sur les parcours toujours ardus de Leopoldo Palacios. D’autres obstacles des Jeux joueront également un rôle l’an prochain, lors du 50e anniversaire du concours.

Pour les amateurs de shopping, les espaces MARKT vous propose 175 boutiques réparties à divers endroits du site (Equi-Plex, Village Shops, Horizons Pavilion, Founders Plaza), sans compter que Spruce Meadows accueillera une fois de plus les championnats du monde de maréchalerie. Lors de ce prestigieux événement, des maréchaux-ferrants des quatre coins du globe se disputeront le titre de meilleur maréchal-ferrant au monde. Différentes rencontres auront lieu chaque jour portant sur les travaux de la forge : fabrication de lames, soudage...

Pendant ce temps, sur la scène Scotiabank Stage, se dérouleront des concerts de musique dont la qualité viendra rivaliser avec celle des performances sportives. Au cœur de l’International Plaza, une multitude de danseurs et de musiciens talentueux raviront le public, qui pourra notamment admirer la fanfare militaire de la Household Cavalry ou écouter Matt Blais, chanteur-compositeur natif de Calgary. Pendant ce temps, sur la piste Deloitte, diverses manifestations grisantes auront lieu, comme le défilé des blindés du Lord Strathcona's Horse (Royal Canadians), le concours canin des Spruce Meadows Prairie Dogs, de remarquables démonstrations de voltige et de dressage et bien sûr la Corgi Cup, la course préférée du public !

La Piste internationale accueillera de nouveau cinq jours de saut d’obstacles d’un niveau inégalé. Pour garantir la qualité sans pareille de ces épreuves, celles-ci ont été peaufinées comme jamais. L’obstacle de terre a été retiré pour donner aux chefs de piste une plus grande liberté dans leur travail, et de grands écrans vidéo ont été mis en place pour permettre au public de mieux voir le spectacle.

Les épreuves de CSIO 5* commenceront le mercredi 4 septembre avec la TELUS Cup et la Cardel Homes Cup, et se termineront le dimanche 8 septembre par l’épreuve-phare, le Grand Prix CPKC ‘International’ présenté par Rolex. Avec ses deux manches et son barrage, ce dernier mettra à l’épreuve le courage, l’agilité et la forme physique des chevaux comme des cavaliers. La victoire sera âprement disputée par des concurrents de haute volée, tels que André Thieme, Prétendant actuel au Grand Slam, ou Martin Fuchs, Témoignage Rolex et gagnant en titre.

Ceux qui ne seront pas en mesure de se déplacer pour voir l’événement de leurs propres yeux pourront regarder le Grand Prix CPKC ‘International’ présenté par Rolex, en live et gratuitement, depuis le site Web du Rolex Grand Slam of Show Jumping. 

Les cavaliers à suivre lors du tournois de Spruce Meadows 'Masters'

Photo credits : Spruce Meadows Media Photo credits : Spruce Meadows Media

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping reviendra du 4 au 8 septembre 2024 à l’emblématique CSIO Spruce Meadows 'Masters' pour ce troisième Majeur de l’année. Les meilleurs couples au monde se réuniront dans l’un des plus grands sites de sports équestres d’Amérique du Nord. Les cinq jours d’épreuves de renommée mondiale se concluront le dimanche 8 septembre par le très attendu CPKC 'International' présenté par Rolex.

Suite à sa formidable victoire au CHIO d’Aix-la-Chapelle aux rênes de son intrépide jument DSP Chakaria, André Thieme est le Prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping. Le cavalier allemand pense bien continuer sur sa lancée et remporter un deuxième Majeur afin de retrouver le cercle très fermé des cavaliers ayant déjà réalisé cet exploit. À Aix-la-Chapelle, son audacieux barrage avait valu à Thieme de passer la ligne d’arrivée 1,25 seconde plus tôt que l’Américain McLain Ward, qui a quand même ajouté une médaille olympique à son impressionnant palmarès lors des Jeux de Paris 2024. Ward, un cavalier à l’esprit de compétition aiguisé, cherchera une fois encore à décrocher les étoiles.

Parmi les favoris, on trouve le Martin Fuchs, champion en titre, qui fait une très belle saison : deux victoires aux Rolex Grand Prix du Royal Windsor Horse Show et du Dublin Horse Show sur, respectivement, Leone Jei et Conner Jei. Le Suisse continue de bâtir un parcours impressionnant, qui fait déjà de lui le seul cavalier à avoir gagné deux Rolex Grands Prix consécutifs (au CHI de Genève de 2019 et 2021) ou la Finale de la Coupe du monde FEI 2022.

En plus de Fuchs, Spruce Meadows accueillera plusieurs Témoignages Rolex, comme Steve Guerdat, autre cavalier suisse actuellement classé 4e mondial. Guerdat, médaillé olympique à trois reprises, est arrivé en troisième place (derrière Fuchs) au Royal Windsor Horse Show et a décroché une médaille d’argent en individuel aux Jeux olympiques de Paris 2024, aux rênes de Dynamix De Belheme. Porté par sa dernière performance au ‘Masters’, Guerdat tentera de réitérer son succès au Grand Prix CPKC 'International' présenté par Rolex de 2021. Notons que depuis la naissance du Rolex Grand Slam of Show Jumping en 2013, le Suisse n’a pas manqué un seul de ces Majeurs.

Ces trois dernières années, les témoignages Rolex ont dominé le Grand Prix CPKC 'International' présenté par Rolex, comme par exemple Daniel Deusser en 2022. Désireux de reconquérir son titre, Deusser sera présent à Calgary cette année, ainsi que quatre de ses compatriotes, dont Richard Vogel. Vogel a eu une saison 2024 très réussie, avec une troisième place au Rolex Grand Prix d’Aix-la-Chapelle et plusieurs victoires en 5* sur ce même site.

Le Britannique Scott Brash fera lui aussi une apparence très attendue, après sa victoire historique à Spruce Meadows en 2015, date à laquelle il est devenu le premier (et jusqu’ici le seul) cavalier à remporter le Rolex Grand Slam of Show Jumping, après trois victoires consécutives dans un Majeur. Récemment médaillé d’or par équipes aux Jeux de Paris 2024, Brash arrivera confiant. Il rejoindra son compatriote Ben Maher, adversaire redoutable et champion olympique médaillé d’or à trois reprises.

Actuel numéro 2 mondial, Maher a fait une formidable saison. Il aura faim de victoire et avec son palmarès, il représente un vrai danger pour ses concurrents,

Kevin Staut, autre témoignage Rolex, fait lui aussi partie des cavaliers à suivre. Il a remporté le Grand Prix Rolex de Dinard en juillet, et on a pu le voir sur de nombreux autres podiums cette année. L’ancien numéro 1 mondial fera tout pour ajouter un énième titre à son palmarès.

Le public sera ravi de voir concourir plusieurs cavaliers canadiens, dont Tiffany Foster, qui occupe actuellement la première place du classement national. Foster a déjà remporté un CSI 5* ici-même cet été, et sait très bien ce qu’il faut faire pour dompter l’impressionnante Piste internationale. Parmi les autres cavaliers du pays hôte, on trouve Amy Millar, dont le père Ian est le dernier Canadien à avoir décroché le Grand Prix CPKC ‘International’ présenté par Rolex (en 2014 sur Dixson), ainsi que Erynn Ballard, qui occupe la deuxième place du classement canadien.

Six cavaliers seront présents pour représenter l’Irlande, dont Conor Swail et Daniel Coyle, deux membres de l’équipe gagnante à la Coupe des nations BMO l’an passé. Max Kühner, numéro 3 mondial, Rodrigo Pessoa, légende brésilienne, et Sameh El Dahan, victorieux en 2018, sont d’autres concurrents de renom présents cette année.

Le chef de piste Leopoldo Palacios produira à coup sûr un défi d’envergure pour les célèbres couples participant au Grand Prix CPKC 'International' présenté par Rolex. Une affiche impressionnante, donc, pour cet événement dont le public pourra assister à une lutte acharnée entre les meilleurs cavaliers au monde, avec à la clé une chance de devenir le prochain Prétendant au Rolex Grand Slam of Show Jumping.

Interview avec André Thieme

Photo credits : Ashley Neuhof / Rolex Grand Slam Photo credits : Ashley Neuhof / Rolex Grand Slam

Félicitations, vous êtes prétendant au titre du Rolex Grand Slam of Show Jumping après votre victoire sensationnelle au CHIO d’Aix-la-Chapelle, comment vous sentez-vous ?

À ce moment-là, j’espérais être sélectionné pour l’équipe olympique allemande, je n’ai donc pas eu vraiment le temps de fêter ça. Mais bien entendu, cette victoire était vraiment incroyable et j'ai réalisé qu'il me faudrait devenir champion olympique pour égaler cette réussite ! Gagner le Rolex Grand Prix au CHIO d’Aix-la-Chapelle, c’était un conte de fée pour moi, le rêve d’une vie devenu réalité.

 

J’imagine qu’avec le recul, votre victoire au Rolex Grand Prix du CHI de Genève a pris une place très spéciale pour vous et votre équipe ?

C’était une victoire très spéciale. Quand j’ai fait tomber deux barres au concours de la Coupe des Nations du CHIO d’Aix-la-Chapelle, mon équipe a été terriblement déçue car nous savions que c’était probablement la fin de mes espoirs olympiques. Mais quand j’ai gagné le Rolex Grand Prix le dimanche, tout a changé et nous avons tous été tellement heureux et ravis de cette victoire. Toute l’équipe ne cessait de me dire : « c’est encore mieux que d’aller aux Jeux olympiques ! »

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur DSP Chakaria, ce qui la rend si spéciale, et sur son caractère ?

À l’écurie, on ne devinerait jamais que DSP Chakaria est une telle superstar. C’est un cheval très calme, détendu et tranquille. Elle est un peu timide avec les gens, elle aime rester seule et peut très bien rester à dormir toute la journée dans son box, elle est très calme. Mais dès qu’on lui met une selle sur le dos et qu’on la fait galoper et sauter, elle s'anime. Comme si on allumait une grosse machine ! D'un cheval calme et doux, DSP Chakaria se transforme en véritable feu d’artifice.

Quand je la monte, elle se gonfle, elle a beaucoup d’énergie et elle peut parfois être assez fougueuse. Elle n’a pas toujours été facile à monter, j’avais parfois du mal à avoir un contact stable et à la contrôler avec mes jambes. Ces cinq dernières années, nous avons travaillé pour qu’elle reste calme et détendue au moment de sauter. Elle a tellement de puissance et d’énergie qu’il était parfois difficile de faire un parcours régulier. Nous avons fait de gros progrès sur ce travail de nivellement ces deux dernières années et j’ai eu beaucoup de succès avec elle. Nous avons gagné le Rolex Grand Prix au CSIO Roma Piazza di Siena, le titre du Championnat d’Europe de la FEI en individuel et d’autres Grands Prix cinq étoiles à travers le monde.

Chakaria a toujours été une super partenaire mais, cette année, les choses sont devenues plus faciles. Gagner le Rolex Grand Prix au CHIO d’Aix-la-Chapelle, c’est quelque chose d’inoubliable pour un cavalier, c’est comme gagner une médaille individuelle dans un championnat. Je sais bien ce que ça veut dire, et je sais que tous les cavaliers du monde veulent ce titre. C’est grâce à Chakaria que j’ai pu le faire, elle est vraiment spéciale.

Et je pense que ce qui la rend si spéciale, c’est qu’elle a toutes les qualités. J’ai déjà eu des chevaux avec de la détente, prudents, mais Chakaria a de la détente, tout en étant à la fois prudente, rapide, souple, puissante, mais surtout, l’une de ses plus grandes forces et qui en fait une vraie championne, c’est son endurance. Même après cinq jours de compétition, elle est toujours fraîche et affûtée, plus elle saute, plus elle est en forme. Au CHIO d’Aix-la-Chapelle, le Rolex Grand Prix s’est joué dans le quatrième, le cinquième et le sixième parcours qu’elle a couru, et plus elle saute, meilleure elle est. Chakaria a toutes les qualités souhaitables, elle n’a pas vraiment de faiblesse, elle est vraiment extraordinaire.

 

Quelle est l’importance de la relation, du lien, entre un cavalier et son cheval pour gagner un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping ?

Je suis persuadé, et je l’ai toujours dit, que les cavaliers ne peuvent faire de grandes choses en saut d’obstacles que s’ils ont une forte relation avec leur cheval, c’est une question de confiance. Il faut que votre cheval ait envie de se battre pour vous. J’adore DSP Chakaria, et bien sûr, les victoires ne font que renforcer ce sentiment, mais depuis le début, nous avons quelque chose de spécial. J’ai dû être prudent avec elle quand elle était plus jeune, pour ne pas aller trop vite, car elle était un peu difficile au début de notre partenariat, et nous avons évolué ensemble, ce qui, je pense, fait une différence. Et je suis à peu près sûr qu’elle m’aime bien aussi !

 

Le CPKC ‘International’ Grand Prix présenté par Rolex est souvent vu comme l’un des parcours les plus difficiles au monde. Comment vous êtes-vous préparé, et comment avez-vous préparé votre cheval pour l’occasion ?

Je vais emmener DSP Chakaria, mais je ne suis pas sûr de la monter au CPKC ‘International’ Grand Prix, présenté par Rolex. J’ai déjà concouru au tournoi du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ de nombreuses fois, et je sais que certains des meilleurs chevaux de compétition n’y sont pas à leur plus haut niveau, car ce style traditionnel de sauts et parcours longs ne convient pas à tous les chevaux. Spruce Meadows est spécial, mais même d’excellents chevaux comme King Edward (monté par Henrick Von Eckerman) ne sautent pas aussi bien là-bas. C’est pourquoi je ne suis pas encore sûr du cheval que je monterai au Grand Prix. Mais elle est tellement courageuse et motivée, et elle aime sauter sur gazon, je pense qu’elle s’en sortira très bien. Je pars en tout cas avec de grands espoirs.

 

Dans votre carrière, qui vous a le plus inspiré et pourquoi ?

Quand j’étais enfant, j’admirais des gens comme Ludger Beerbaum, et aujourd’hui, je monte avec des cavaliers comme Christian Ahlmann, Marcus Ehning, Daniel Deusser et Steve Guerdat, et j’essaie de m’inspirer d’eux également. J’essaie de travailler en gardant l’esprit ouvert et en apprenant de tous les grands cavaliers, et il y en a beaucoup. Mais en même temps, je pense qu’il est important que les cavaliers se concentrent sur leurs points forts et qu’ils montent avec leur propre stratégie. Je ne pourrais pas vraiment nommer un cavalier particulier qui aurait été ma plus grande inspiration, mais j’ai été, et je suis toujours, inspiré par de nombreux cavaliers. Le plus important, c’est que je m’efforce toujours d’apprendre et de progresser.

 

Les autres membres de votre équipe, tels que les grooms, les vétérinaires, etc, jouent-ils un rôle important dans votre réussite ?

Tout commence chez moi, avec ma famille. Ils supportent avec moi les conséquences de toutes ces compétitions et de mes efforts pour obtenir des places dans les équipes pour les grands championnats. Participer à des championnats apporte une pression supplémentaire et les effets sur le mental sont hors norme. Ma famille me soutient dans ces moments difficiles où je me comporte peut-être différemment, avec plus de stress que d’habitude. Ils m’entourent mais me laissent ma liberté et m’apportent une stabilité essentielle.

Ensuite, bien entendu, les grooms, les cavaliers d’entraînement, les managers et tous ceux qui m’entourent sont très importants. Ils préparent tout et me permettent de participer aux concours et de me concentrer uniquement sur mes chevaux, tout en s’occupant de ce qui se passe à la maison. Notre sport nécessite un important travail d’équipe, et je pense que quand nous remportons une grande victoire, c’est une victoire pour nous tous. Les chevaux sont essentiels également, sans un bon cheval, il n’y a pas de grande victoire.

Je n’ai jamais vraiment eu d’entraîneur, à part mon père quand j’étais plus jeune, donc quand je gagne un concours comme le Rolex Grand Prix au CHIO d’Aix-la-Chapelle, c’est vraiment une victoire pour moi et pour mon équipe.

 

Selon vous, quel impact a eu le Rolex Grand Slam of Show Jumping sur le monde du saut d’obstacles, et quelle importance revêtent pour vous les tournois majeurs comme le CHIO d’Aix-la-Chapelle pour le saut d’obstacles ou Wimbledon pour le tennis ?

Je pense qu’il est très difficile de gagner le Rolex Grand Slam of Show Jumping ; seul Scott Brash y est parvenu en 2015. Et c’est encore plus difficile de nos jours, car il y a tellement de cavaliers et de chevaux qui peuvent gagner un Majeur. Je ne sais pas s’il est possible qu’un cavalier le remporte à nouveau. Cependant, la possibilité de tenter de gagner le Rolex Grand Slam of Show Jumping fait une grande différence dans notre discipline. Il ne s’agit pas seulement du montant du prix, mais le titre de gagnant du Rolex Grand Slam of Show Jumping, ou d’un Majeur, c’est vraiment quelque chose de spécial, un peu comme gagner une médaille d’or aux Jeux olympiques ! C’est un peu comme le grand Chelem au tennis, tout le monde veut le gagner, mais la plupart échouent, seuls les plus grands athlètes y parviennent, et ils entrent dans l’histoire du sport. Pour gagner un Majeur, vous devez être au top des meilleurs, ça ne peut pas être un coup de chance.

 

Si vous n’étiez pas cavalier de saut d’obstacles, quel métier auriez-vous fait ?

J’ai été un très bon joueur de football étant plus jeune, j’ai donc rêvé à une époque d’être joueur professionnel. Mais aujourd’hui, ce rêve est bien révolu ! Je ne sais pas trop ce que je serais devenu si je n’avais pas été cavalier de saut d’obstacle, mais j’aurais fait quelque chose lié au sport. J’aime beaucoup le sport, à part le football, je regarde et je joue au tennis. Mon fils est joueur de handball, donc je m’intéresse aussi à ce sport. Je passe maintenant beaucoup de temps aux États-unis, je regarde donc beaucoup la NBA et le basketball.

Spruce Meadows : Petit historique

Thomas Lovelock / Rolex Grand Slam Thomas Lovelock / Rolex Grand Slam

Le tournoi du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ est l’un des quatre Majeurs qui constituent le Rolex Grand Slam of Show Jumping et il a une histoire riche et impressionnante. Pendant les 50 dernières années, la famille Southern a développé le site de la compétition équestre pour en faire ce qui est largement reconnu comme le meilleur du genre en Amérique du Nord. Dès le départ, la mission de Spruce Meadows, qui est toujours détenu et exploité à 100 % par la famille, était de créer un environnement unique « marqué par l'amitié, les échanges et le sport de haut niveau ».  

L’histoire de Spruce Meadows a commencé en 1971 quand la famille Southern a acquis 30 hectares de terres agricoles au pied des montagnes Rocheuses du Canada. Deux ans plus tard, la construction de ce site légendaire a commencé avec les travaux du Riding Hall et des East et West Meadows. La cérémonie d’ouverture officielle a eu lieu le 13 avril 1975. C’est la même année que le « Pegasus Club » (club des volontaires de Spruce Meadows) a vu le jour officiellement, constitué d’amis et supporters de la famille Southern ; bon nombre d’entre eux font encore partie du club aujourd’hui et apportent leur aide lors des événements.  

Le 3 juin 1976, Spruce Meadows a tenu son premier concours et, à partir de là, les installations et le programme de la compétition n’ont cessé de croître et de se développer. Attirer les sponsors a été un élément important dans le développement de Spruce Meadows et c’est en 1989 que Rolex est devenu le Sponsor officiel du tournoi du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’, faisant passer la compétition au niveau supérieur. Cette année, Spruce Meadows va fêter le 35e anniversaire de ce partenariat. 

De même que le site s’est développé avec de nombreuses installations pour les chevaux, de nouvelles pistes de compétition et bien plus encore, le prix accordé au vainqueur a lui aussi augmenté. En 2000, le premier Grand Prix atteignant un million de dollars US s’est tenu au tournoi du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ et a été emporté par le Témoignage Rolex Rodrigo Pessoa sur Gandini Lianos. En 2006, un changement de direction a vu arriver Linda Southern Heathcott, elle-même ancienne cavalière de saut d’obstacles au niveau international, au poste de directrice et présidente. Linda Southern-Heathcott attribue le succès de Spruce Meadows au travail d’équipe : « Il faut avoir une équipe solide autour de soi. Il faut être capable de bien communiquer la vision que l’on a, mais c’est le travail de toute une équipe qui vous permet de réussir. 

Au cours des ans, la surface de la propriété a augmenté de façon à pouvoir accueillir les différents tournois équestres et d’autres événements comme le marché de Noël qui y a lieu chaque année. En 2007, Spruce Meadows a acquis 12 hectares supplémentaires, amenant la surface totale à 145 hectares, dont 80 de pâtures et 65 de terrains consacrés à la compétition.   

2013 fut une année importante car le tournoi du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ est devenu l’un des quatre Majeurs constituant le Rolex Grand Slam of Show Jumping, défi ultime de la discipline. Plus de 10 ans plus tard, le Rolex Grand Slam of Show Jumping a établi le standard du saut d’obstacles, et Spruce Meadows reflète véritablement le prestige du concept. Tout juste deux ans plus tard, le tournoi du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ a vu la victoire emblématique de Scott Brash qui est devenu le premier, et à ce jour le seul cavalier, à remporter le Rolex Grand Slam of Show Jumping. 

Le site accueille également le Cavalry FC, un club de football de la Première ligue canadienne. L’équipe, qui joue à domicile sur le terrain ATCO pouvant accueillir 5 000 spectateurs, a fait sa première saison dans la ligue en 2019, et elle fait aujourd’hui partie intégrante de l’histoire de Spruce Meadows. 

De nos jours, Spruce Meadows accueille environ 500 000 visiteurs chaque année, et ce 365 jours par an.  Spruce Meadows est non seulement un site de sport équestre de haut niveau, mais aussi un pilier de la vie locale à Calgary qui fournit aux habitants un lieu de rassemblement pour des événements sportifs, éducatifs et de loisirs. 

Récapitulatif de la saison estivale Rolex

Ashley Neuhof / Rolex Ashley Neuhof / Rolex

Outre le prestigieux Rolex Grand Slam of Show Jumping, Rolex sponsorise plusieurs Grands Prix estivaux parmi les plus renommés. De mars jusqu’à août, les meilleurs couples de cavaliers et chevaux se retrouvent dans quelques-uns des concours les plus emblématiques en Europe et en Amérique du Nord pour s’affronter dans des événements du plus haut niveau. 

Le Festival Équestre d'Hiver de 12 semaines s'est conclu par le Grand Prix Rolex sous les projecteurs du Wellington International. C'est l'Allemand Christian Kukuk, qui faisait ses débuts à Wellington, qui a remporté la victoire, lançant sa campagne vers la conquête d'une médaille d'or olympique individuelle avec style. Montant son cheval olympique, Checker 47, Kukuk a eu l'avantage de passer en dernier lors d'un barrage rempli de stars, avec l'ancien vainqueur du Grand Chelem Rolex de Saut d'Obstacles, McLain Ward, qui a finalement terminé à la deuxième place, à moins d'une seconde derrière l'Allemand.

Organisé dans le cadre des jardins privés du château de Windsor, construit au XIe siècle, le Royal Windsor Horse Show a reçu le premier Grand Prix Rolex européen de la saison estivale. Le chef de piste Bernardo Costa Cabral a conçu un parcours délicat pour le premier tour, avec des difficultés subtiles, qui ont entraîné la chute d'au moins une barre à chaque obstacle. Cependant, 12 chevaux sur les 34 en compétition ont fait un sans faute, preuve s’il en est du haut niveau des concurrents. Le barrage a été l’occasion d’une lutte intense contre la montre, avec Gregory Wathelet sur Bond Jamesbond De Hay et le Témoignage Rolex Steve Guerdat réalisant des performances impressionnantes, à seulement 0,11 secondes l’un de l’autre pour la deuxième et la troisième place respectivement. Participant au Rolex Grand Prix en tant que tenant du titre, le Témoignage Rolex Martin Fuchs est venu avec un seul cheval au Royal Windsor, Leone Jei. Sa foi dans le hongre talentueux a payé, lui assurant des victoires consécutives dans son groupe, après sa victoire en 2023 avec Connor Jei. 

Le Grand Prix Rolex du CSIO Roma Piazza di Siena qui s'est déroulé du 22 au 26 mai a conclu de manière remarquable le premier événement des nouvelles Rolex Series,. Le barrage comprenait 13 couples, et bien que la Suédoise Petronella Andersson et sa jument de 10 ans Odina van Klapscheut aient réalisé un excellent parcours, c'est l'Américain Karl Cook sur Caracole de La Roque qui a finalement remporté la victoire, en galopant à travers le parcours de manière exceptionnelle. Cette victoire remarquable fait de Cook le sixième cavalier américain à obtenir le titre du Grand Prix pour le 91e anniversaire du CSIO Roma Piazza di Siena.  

Organisé sur le superbe littoral de l'océan Atlantique dans l'ouest de la France, le Jumping International de La Baule est une destination de choix pour l’élite des cavaliers de saut d'obstacles depuis plus de 60 ans. Souvent considéré comme l'un des événements les plus pittoresques du calendrier équestre, on y voit souvent les plus grands cavaliers en train de monter leurs chevaux le long des magnifiques plages chaque matin. Ce cadre exceptionnel fournit un décor parfait pour le deuxième événement des Rolex Series de l’été.  À peine deux semaines après avoir gagné le Grand Prix Rolex au CSIO Roma Piazza di Siena, Karl Cook et Caracole de La Roque ont fait un double sans-faute mais en finissant cette fois deuxièmes du Grand Prix Rolex, derrière leurs compatriotes Kent Farrington et Greya qui ont remporté leur première victoire internationale.  

De l’autre côté de l’Atlantique, la Pan-American Cup, présentée par Rolex, s’est déroulée à Spruce Meadows, au Canada, le dimanche 30 juin. Le difficile parcours de 14 obstacles et 17 efforts, conçu par le Français Gregory Bodo, co-chef de piste des Jeux olympiques de Paris 2024, n'a permis qu'à sept couples cheval-cavalier de se qualifier pour le barrage. Matthew Sampson, sur Daniel, a pu fêter sa troisième victoire dans un concours cinq étoiles des Spruce Meadows Summer Series. Très ému, Sampson a fait l’éloge de son étalon Dutch Warmblood de 16 ans, le qualifiant de « l’un des chevaux les plus incroyables » avec lequel il ait jamais travaillé. L’Américaine Elena Haas, sur Claude, et Kyle King, sur Odysseus, ont pris respectivement les deuxième et troisième places.  

Le Grand Prix Rolex Ville de Dinard a eu lieu le dimanche 21 juillet au CSIO Jumping International de Dinard, qui fait lui aussi partie des Rolex Series, avec un parcours techniquement difficile qui a vu seulement six concurrents passer au barrage. Steve Guerdat a établi le temps à battre à 42,44 secondes, un score qui est resté invaincu par quatre des six couples en lice, malgré tous leurs efforts. C’est cependant un autre Témoignage Rolex, Kevin Staut, sur Beau de Laubry Z, qui a pris 1,03 secondes sur le temps de Guerdat, s’assurant ainsi la victoire devant son public. 

Ce week-end, tous les yeux vont se tourner vers le CSIO Dublin Horse Show, où aura lieu le premier Grand Prix Rolex le dimanche 18 août avec un prix record de 500 000 euros. Organisé pour la première fois en 1934, le Grand Prix de Dublin a une histoire passionnante, et quelques-uns des plus grands cavaliers de l’histoire, dont les Témoignages Rolex Bertram Allen et Kent Farrington, ont brandi son prestigieux trophée. Considéré comme un événement sportif, familial et festif parmi les plus notables en Irlande, ce quatrième événement des Rolex Series de cet été devrait sans aucun doute offrir au public un spectacle équestre du plus haut niveau. 

Interview avec Kara Chad

Spruce Meadows Media - Dave Chidley Spruce Meadows Media - Dave Chidley

En tant que cavalière canadienne, que représente pour vous le tournoi du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ ? 

J'ai grandi à Calgary, en Alberta, avec Spruce Meadows à ma porte. Depuis mon enfance, j'ai aspiré à participer au tournoi CSIO Spruce Meadows 'Masters'. Je me sens incroyablement reconnaissante d'avoir pu le faire depuis plusieurs années maintenant.

Le tournoi CSIO Spruce Meadows 'Masters' est exceptionnel. En tant que Canadienne et Calgarienne, je suis très fière de ce spectacle, de ce que les organisateurs ont mis en place, et de la communauté qui s'est créée au fil des années. Cet événement incroyable a accueilli les meilleurs chevaux et cavaliers internationaux de saut d'obstacles. Le calibre de cette compétition est très spécial pour moi, ma famille et de nombreux Calgariens.

Le tournoi CSIO Spruce Meadows 'Masters' est l'un des plus grands spectacles au monde et a maintenu son statut prestigieux pendant de nombreuses années. Y participer est phénoménal. J'attends ce moment chaque année et je planifie mon année autour de cet événement. J'adore le tournoi 'Masters', c'est mon spectacle préféré !

La piste du tournoi du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ est tout à fait unique ; devez-vous monter différemment ici comparé à d’autres concours ?  

Je pense que Spruce Meadows fait de grands progrès dans la modernisation de ses installations, de la conception des parcours aux matériaux qu'ils utilisent ; ils suivent les tendances du saut d'obstacles. Le Ring International est une grande arène en herbe qui exige des cavaliers qu'ils galopent et s'assurent que leurs chevaux soient réactifs et confiants.

Les barrages lors des compétitions sont parmi les meilleurs au monde. Les cavaliers peuvent vraiment pousser leurs chevaux à avancer et à galoper autour du parcours. Lorsque l'on concourt à ce niveau, votre cheval doit vous faire confiance, être courageux, et se sentir à l'aise pour performer dans une atmosphère aussi fantastique.

Qui a eu la plus grande influence sur votre carrière et pourquoi ?

Eric Lamaze a eu une grande influence sur ma carrière. Travailler avec lui pendant plusieurs années m'a apporté une expérience inestimable sur une variété de chevaux, ce qui est crucial pour se développer en tant que jeune cavalière. De plus, j'ai eu le privilège de participer à certains des meilleurs spectacles au monde, ce qui a été une opportunité incroyable. Cette expérience m'a permis de gérer mes propres chevaux et d'acquérir une compréhension complète du sport du saut d'obstacles, des aspects commerciaux à l'hippologie et à la compétition. Travailler pour Eric a été un véritable révélateur, et je suis très reconnaissante des opportunités que j'ai eues en le faisant.

De plus, ma famille a eu une énorme influence sur ma carrière, me permettant de suivre mes rêves et de concourir tout en me soutenant tout au long du processus. Mon petit ami, Matthew Sampson, a également été une influence majeure. Nous sommes ensemble depuis cinq ans et demi et gérons une entreprise ensemble. Matt est incroyablement talentueux, et j'apprends continuellement de lui chaque jour. Il est mon plus grand supporter et me fournit un soutien émotionnel constant. J'adore que nous puissions concourir ensemble et l'un contre l'autre, puis à la fin de la journée, faire un débriefing et planifier les futures compétitions. Bien que beaucoup d'autres personnes m'aient inspirée, Eric, ma famille et Matt sont mes trois plus grandes influences.

Parlez-nous de l’importance de votre équipe dans votre succès... 

Nous avons une équipe incroyable qui nous soutient, où tout le monde travaille très dur, ainsi que nos propriétaires et copropriétaires. Je pourrais vous citer tous les noms de ceux qui nous ont aidés, Matt et moi, à arriver là où nous sommes aujourd’hui. Il est certain que nous ne serions pas ici sans notre équipe, tous ses efforts, son dévouement et son amour des chevaux. Je sais que ça fait un peu cliché, mais quand tout va bien, ce n’est pas que notre succès à Matt ou moi, mais plutôt le succès de toute l’équipe.  

À votre avis, quelles sont les qualités requises d’un cheval et de son cavalier pour remporter un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping ? 

Il n’y a que quatre Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping par an, il faut donc une grosse préparation pour en gagner un et vous verrez rarement un nouveau couple en gagner un. Les couples cheval-cavalier doivent avoir passé suffisamment de temps à travailler au plus haut niveau avant de pouvoir gagner une compétition aussi prestigieuse qu’un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping.  

Le cavalier doit connaître son cheval à fond et toute l’équipe doit connaître de A à Z l’organisation et les préparations pour le Majeur. Et même si tout est parfait, en concours hippique nous travaillons avec des animaux, donc tout peut arriver. Outre un travail acharné et beaucoup de dévouement, il faut un peu de chance pour remporter un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping. 

Notre sport est le sport d’une vie, et c’est pour une bonne raison : il faut beaucoup de temps pour construire quelque chose et faire progresser les chevaux jusqu’au meilleur de leur potentiel. Notre sport implique tellement de choses que je pense qu'il faut célébrer le fait de remporter un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping, car cela n'arrive pas souvent dans la carrière d'un cavalier.  

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos chevaux actuels et pensez-vous que l’un d’entre eux soit capable de gagner un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping ? 

J’ai un très bon groupe de chevaux en ce moment. J’en fais encore travailler quelques-uns, dont certains plus jeunes en Europe, qui ont selon nous un excellent potentiel. Mon meilleur cheval aujourd’hui est Igor GPH, et nous travaillons ensemble depuis près de deux ans. Nous avons concouru dans plusieurs Grands Prix cinq étoiles avec de bons résultats et nous avons aussi gagné plusieurs Grands Prix trois étoiles. 

Vous ne savez jamais vraiment si votre cheval est capable de gagner un titre de Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping jusqu’au moment fatidique, mais Igor GPH a un énorme potentiel et je pense qu’il serait à la hauteur. 

Mon autre cheval, Quidamo F, est un peu plus âgé. Je l’ai eu quand il avait sept ans, nous sommes donc ensemble depuis environ sept ans maintenant. Nous avons participé deux fois au CPKC ‘International’ Grand Prix présenté par Rolex lors du tournoi du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’, placés dans l’un et malheureusement avec une faute dans l’autre. Il est tout à fait capable de gagner un Majeur du Rolex Grand Slam mais aujourd’hui, à cause de son âge, nous sommes plus sélectifs sur les compétitions où nous le présentons. Spruce Meadows lui convient parfaitement et il y a déjà eu d’excellents résultats, j’ai donc toujours l’intention de le monter sur cette compétition. 

Je crois que les deux chevaux sont capables de gagner un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping , la vraie question est de savoir si moi j’en suis capable ! Nous espérons que nos jeunes chevaux arriveront également à ce niveau. C’est une période passionnante, et j’ai de la chance d’avoir non seulement les chevaux que j’ai aujourd’hui, mais aussi ceux qui vont arriver dans l'avenir. 

Votre partenaire Matt Simpson est également un cavalier de saut d’obstacles de haut niveau, qu’avez-vous appris l’un de l’autre ? 

Nous apprenons l’un de l’autre tous les jours ! Matt est un compétiteur dans l’âme et il a énormément de talent, je ne pourrais pas souhaiter de meilleur partenaire. Il connaît admirablement bien les chevaux et c’est un cavalier très doué. Nous échangeons des idées au quotidien et cela nous apporte énormément. C’est merveilleux d’avoir quelqu’un à vos côtés qui traverse avec vous les bons et les mauvais jours. Et c’est vraiment extraordinaire d’avoir quelqu’un qui comprend tout sans avoir à l’expliquer avec des mots. 

Par contre, ce n’est pas toujours facile d’avoir son partenaire en compétition contre soi. Il m’arrive d’avoir un excellent week-end alors que ce n’est pas le cas pour Matt, ou vice-versa, ce qui n’est pas facile. Malgré tout, nous avons cette relation incroyable et j’ai de la chance d’avoir Matt comme partenaire dans ce sport. L’émotion peut être très forte par moments, et avoir quelqu’un à qui parler est très appréciable. 

Le parcours du tournoi du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ est souvent considéré comme l’un des plus difficiles de la discipline. Que faites-vous pour vous préparer vous et votre cheval à cette compétition ?  

Je pense que la préparation s’appuie sur l’expérience de la piste. Spruce Meadows organise un circuit d’été et ceux qui y participent pendant la saison ont généralement de bons résultats au tournoi du ‘Masters’ car leurs chevaux se sont familiarisés avec la piste et avec les obstacles. Si les cavaliers peuvent participer à ces concours, cela leur fait une excellente préparation. Concourir dans d’autres Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping comme le CHIO d’Aix-la-Chapelle ou sur d’autres grandes pistes sur gazon représente un excellente préparation pour une compétition comme celle de Spruce Meadows.   

Le parcours élaboré pour le CPKC ‘International’ Grand Prix présenté par Rolex est l’un des plus difficiles que nous rencontrons toute l’année. Même si le Grand Prix n’a lieu que l’après-midi, le parcours est généralement préparé dès le matin. Il est intéressant d’observer les cavaliers le parcourir à pied quatre ou cinq fois, analysant la meilleure approche pour eux et pour leur cheval, c’est quelque chose qu’on ne voit pas souvent. Suivre le parcours à pied crée une atmosphère vraiment particulière avec tous les cavaliers qui essaient de l’approcher ensemble, incertains de ce qui les attend. C’est vraiment passionnant et, comme je disais, le tournoi du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ est l’un des meilleurs du monde. 

Le saut d’obstacles est l’un des seuls sports au monde où des hommes et des femmes s’affrontent les uns les autres, n’est-ce pas extraordinaire ? 

Étant dans ce sport depuis si longtemps, on oublie facilement qu’il est inhabituel d’avoir hommes et femmes concourant ensemble dans la même compétition. Je pense que nous leur en donnons pour leur argent. Nous sommes de plus en plus fortes chaque année et nous avons plus d’opportunités pour progresser. Je suis extrêmement fière d’être une athlète féminine en saut d’obstacles et j’espère inspirer d’autres cavalières à en faire de même. Dans cette discipline, en travaillant avec les chevaux, nous sommes sur un pied d’égalité et c’est merveilleux. 

Que représente le Rolex Grand Slam of Show Jumping pour vous, et quelle importance a-t-il selon vous pour le saut d’obstacle ? 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping est capital pour ce sport. Gagner un Majeur du Rolex Grand Slam revient à gagner une médaille olympique. Cela n’arrive pas souvent, et quand cela arrive, le cavalier doit vraiment se rendre compte de ce qu’il ou elle a accompli. Bien sûr, j’espère en gagner non pas un seul, mais plusieurs. Heureusement, nous avons du temps pour atteindre cet objectif, avec de nombreux cavaliers autour de la soixantaine qui sont encore au plus haut niveau, le temps est de notre côté ! 

Photo credits : Ashley Neuhof / Rolex Grand Slam Photo credits : Ashley Neuhof / Rolex Grand Slam

DSP Chakaria

La jument DSP Chakaria, inscrite au DSP (Chap I – Askaria 3 x Askari, éleveur : Martin Jürgens) a réalisé une performance exceptionnelle avec trois sans-faute lors du Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle. Montée par André Thieme, elle a fait preuve d’une combativité incroyable.

Arrière-main puissante

DSP Chakaria a été élevée par Martin Jürgens, à Polzow, une ville dans l’est de l’Allemagne, proche de la frontière polonaise. Martin Jürgens raconte son expérience d'élevage d’un cheval comme DSP Chakaria : « C’est pour moi une grande fierté d’avoir élevé un cheval comme elle. Cela me fait aussi chaud au cœur de voir comment toute la région soutient et encourage André et DSP Chakaria. Tout le monde est derrière eux. »

DSP Chakaria est née sous le nom de Carelia. M. Jürgens se souvient avec tendresse de l’époque où elle n’était encore qu’un poulain. Il raconte : « Elle n’était pas un poulain exceptionnel, mais elle avait un très bon comportement et elle était maniable, comme elle l'est d’ailleurs aujourd'hui. Elle n’était pas particulièrement rebelle, mais quand il s’agissait de la monter, au début, elle était très difficile. Sa mère, Askaria 3 (Askari – Levisto Model x Levisto, éleveur : Hans-Joachim Wegt) tient une place importante dans le cœur de Martin Jürgens : « Askaria 3 a toujours été une jument spéciale. Lorsqu’on la montait, elle était toujours agréable et facile à manier. Elle a eu chez nous une carrière remarquable et fulgurante. Elle a eu deux poulains chez nous, l’un d’entre eux était DSP Chakaria. De même DSP Chakaria a eu deux poulains avant de continuer son entraînement. Askaria 3 a gagné en compétition à 1,40 m à l’âge de sept ans, elle a été ensuite vendue à Heiko Schmidt, qui l’a vendue à son tour à Pius Schwizer. Avec Pius, elle a fait de rapides progrès et elle a concouru à Paris, sous la tour Eiffel. Elle a ensuite été vendue à Dubaï. Askaria 3 était plus facile à monter que DSP Chakaria, mais elle a transmis sa puissante arrière-main à sa fille. Avec Chap I, DSP Chakaria a pu améliorer sa technique au niveau des antérieurs, Askaria 3 avait les antérieurs légèrement trop longs quand elle sautait. »

Jürgens explique pourquoi il a utilisé Chap I avec Askaria : « À l’époque, Chap I résidait au centre d’élevage de Prignitz, au haras d’État du Brandebourg, à Neustadt/Dosse. Le directeur du centre était un bon ami. Chap I était très apprécié dans le monde du saut d’obstacle et les frais de saillie étaient raisonnables, nous avons donc décidé de l'utiliser. Le second poulain d’Askaria 3 est le fruit d’une saillie de l’étalon Cellestial (Cantus - Wilett x Windesi xx, éleveur : Hauke Seemann). C’était également un très bon cheval, mais loin d’être du même calibre que DSP Chakaria. »

Cette lignée a donc commencé avec Askaria 3, et Martin Jürgens se souvient comment il l’a achetée : « Je voulais l’acheter quand elle n’était qu’un poulain, mais ça n’était pas possible à l’époque. Elle avait une allure très élégante et avait reçu le prix d’État de jument premium. C’est alors que mon ami Christian Lehmann m’a appelé pour me dire que l’éleveur cherchait à la vendre. Je n’ai pas hésité, j’ai trouvé un transporteur, du liquide et je suis parti l’acheter et la ramener à la maison. C’est comme ça qu’elle est arrivée ici. »

Martin Jürgens savait que cette lignée avait un excellent potentiel. Askaria 3 était une jument exceptionnelle. Il a également acheté la mère d’Askaria 3, Levisto Model (Levisto Z – Kalifornia x Kolibri, éleveur : Hans-Joachim Wegt). Il se souvient : « M. Wegt est tombé malade, et je lui avais acheté plusieurs chevaux auparavant. Nous étions toujours satisfaits de ces chevaux, ils étaient de bonne qualité. J’ai pu l’acheter alors et lui faire avoir quelques pouliches, de façon à maintenir sa lignée chez nous. Levisto Model a un bon caractère mais une forte personnalité, impossible de l’éloigner de la mangeoire si elle ne veut pas. Ce n’est qu’à trois ans qu’elle a fait un test de performance comme jument, et elle n’a jamais concouru en saut d’obstacle. Mais elle a produit une descendance qui a eu une carrière sportive brillante. Elle leur a transmis son ambition et sa robustesse, et ses poulains étaient tous magnifiques. »

M. Jürgens n’a pas connu la mère de Levisto Model. Il ne l’a vue qu’au pré. Kalifornia a connu une fin tragique. Elle s’était échappée du pré avec d’autres chevaux et ils se sont trouvés pris dans un accident de voiture auquel elle n’a pas survécu. Elle n’a eu que deux poulains, dont l’un était une pouliche, Levisto Model.

Christian Lehmann connaît très bien les quatre premières générations. Il a bien connu l’éleveur d’Askaria 3 et se souvient : « Hans-Joachim Wegt était un éleveur en avance sur son temps et qui savait reconnaître les étalons de qualité. Il aimait particulièrement l’étalon Levisto Z (Leandro - Chica Bay x Carolus I, Stamm 4965, éleveur : Klaus Peter Wiepert). Il croyait dur comme fer au potentiel de reproduction de Levisto Z. Sa carrière d’étalon reproducteur a commencé après son approbation en 1999 dans le Holstein, au haras d’État de Neustadt/Dosse. Wegt a acheté Kalifornia, l’arrière grand-mère de DSP Chakaria, dans un marché de chevaux. C’était une grande jument aux formes anguleuses. Son géniteur, Kolibri (Kobold I - Lorelei x Lapis), avait largement contribué à la qualité et à la puissance des chevaux de leur élevage. Levisto Z a permis d’aller plus loin en modernisant le type de cheval et en y ajoutant la qualité de monte. Cette qualité de monte s’est révélée quand il n’avait que quatre ans et qu’il a commencé à participer à des parades d’étalons. Reconnaissant ce potentiel, Hans-Joachim Wegt a pu accoupler Levisto Z et Kalifornia pour produire Levisto Model. Avec Askaria 3, il a apporté de l’énergie à cette lignée de juments. »

 

La fille de Chakaria (8 ans) avec son poulain (petit-fils de Chakaria) par Chacoon Blue La fille de Chakaria (8 ans) avec son poulain (petit-fils de Chakaria) par Chacoon Blue

DSP Chakaria comme poulinière

Avant que DSP Chakaria ne commence sa carrière dans le saut d’obstacle, elle a eu deux poulains. Elle a été saillie par l’étalon Diarano (Diarado - Parjella x Patrick xx, éleveur : Martin Jürgens). À propos de la descendance de DSP Chakaria, Anna Ebel-Jürgens, la fille de Martin Jürgens, raconte l’histoire de cette association : « La décision a été influencée par le fait qu’il était notre premier étalon approuvé. Il est issu de notre jument poulinière de base, Parjella (elle aussi née chez mon père). Parjella avait déjà eu plusieurs poulains qui avaient ensuite concouru avec de bons résultats à 1,40 m et au-delà. Nous voulions combiner nos deux lignées fondatrices. »

Dackaria est la première issue de cette lignée. Anna poursuit : « Elle a une grande marge de manœuvre et elle est prudente. Elle n’est pas aussi dynamique de DSP Chakaria, mais il y a une ressemblance. Elle redeviendra très certainement une poulinière. » Dackaria a sauté à 1,40 m.

Pourquoi Chacoon Blue ?

Anna explique : « Il transmet son énergie et une excellente technique au niveau des antérieurs. En outre, il était très recherché pour les saillies et nous voulions intégrer sa lignée à la nôtre. Nous n’avons pas pu utiliser Chacco Blue quand il était encore vivant. Puisque Chacoon Blue a la réputation d’avoir des qualités de reproducteur similaires et aussi fortes, nous l’avons choisi. Le frère de Dackaria, Dackario, a concouru à 1,40 m avec pour cavalier Ulf Ebel, et il a aujourd’hui neuf ans.

 

Chakaria avec son deuxième poulain Chakaria avec son deuxième poulain

Histoire de cette lignée d’Allemagne de l’Est

La lignée mère de DSP Chakaria est une ancienne lignée de l’est de l’Allemagne. Christian Lehmann connaît bien les anciennes générations, ayant travaillé pour le haras d’État de Neustadt/Dosse pendant 40 ans. Il explique : « Aujourd’hui, je gère le centre des étalons de Prignitz pour le haras d’État de Neustadt/Dosse. J’y suis employé et je viens en aide aux éleveurs dans un rayon de 60 à 100 km pour la gestion des juments. Les étalons listés dans la lignée de la dam, en commençant par Kurioso et jusqu’aux générations précédentes, ont tous résidé à Deckstelle Prignitz et sont arrivés entre 1958 et 1990 du haras d’État de Redefin. Cette pratique a continué pendant plusieurs générations. Auparavant, les étalons du haras d’État de Neustadt-Dosse étaient envoyés à Deckstelle Prignitz. La raison de cette pratique remonte à la fin de la Seconde Guerre mondiale, quand nous étions dans la zone d’occupation soviétique et que les districts administratifs ont été réorganisés. Nous avions les districts de Schwerin, Magdebourg, et Potsdam. Ces districts étaient légèrement plus petits que les États, notre affiliation régionale pouvait donc parfois changer pour seulement 10 km. C’est pourquoi notre zone est passée sous la juridiction du haras d’État de Redefin au lieu de Brandebourg où se trouve le haras d’État de Neustadt-Dosse. À l’époque de Kurioso et Gladiator, la priorité n’était pas le sport car ces chevaux étaient surtout utilisés pour le travail. La transition vers le sport dans cette lignée a commencé avec Kolibri, pour progresser ensuite avec Levisto Z. »

La combinaison de critères génétiques remarquables et d’une gestion méticuleuse a produit des chevaux aux capacités exceptionnelles, montrant que les fondations posées par les générations précédentes ont servi à bâtir un immense succès. L’histoire de DSP Chakaria, enrichie par les contributions de ses géniteurs et des personnes qui ont cultivé ses talents, témoigne du pouvoir durable d'un élevage réfléchi et stratégique dans le monde du saut d'obstacles.

ANDRÉ THIEME REMPORTE LE ROLEX GRAND PRIX AU CHIO AACHEN

Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof

Deuxième Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping de l’année, le CHIO d’Aix-la-Chapelle s’est terminé par un énième sensationnel Rolex Grand Prix devant une foule de 45 000 spectateurs. L’année 2024 a marqué un certain nombre de fêtes-anniversaires importantes pour ce lieu emblématique du sport équestre, qui a non seulement fêté son centenaire, mais aussi 25 années de sponsoring Rolex.

Après s’être qualifiés pour le Rolex Grand Prix ces derniers jours, ce sont quarante des meilleurs couples cheval-cavalier au monde qui se sont présentés au départ du parcours pensé par Frank Rothenberger cette après-midi. Tous espéraient bien sûr ajouter leur nom à l’illustre liste des cavaliers ayant réussi à décrocher le Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle, « Wimbledon du monde équestre ». Il est intéressant de noter que six des dix derniers vainqueurs en date du Rolex Grand Prix sont allemands, tout comme le quart des cavaliers au départ de ce jour. Le public avait donc bon espoir de voir l’un de ses citoyens gagner.

Avec ses deux manches et son barrage éventuel en cas d’égalité de pénalités, le Rolex Grand Prix met à l’épreuve l’endurance, les moyens et le talent des participants, ainsi que le lien unissant cheval et cavalier.

Troisième sur la piste, l’Argentin José María Larocca montre la voie à ses concurrents avec un sans faute fluide. Devant les siens et pour leur plus grand plaisir, le champion en titre allemand Marcus Ehning laisse lui aussi toutes les barres sur leurs taquets. Willem Greve, Prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping, part alors aux rênes de la monture sur laquelle il avait remporté la victoire au Rolex Grand Prix du Dutch Masters, dans l’espoir de réaliser une prouesse réservée jusqu’ici à deux cavaliers seulement : remporter deux Majeurs du Rolex Grand Slam de suite. Malheureusement, la forme exceptionnelle qu’il avait affichée aux Pays-Bas n’était pas au rendez-vous.

La deuxième manche ne laissant la porte ouverte qu’aux dix-huit cavaliers ayant fait preuve des meilleurs résultats à la première, ceux capables de produire un parcours rapide pénalisé de quatre points seulement ont encore une chance de remporter l’un des prix les plus convoités du saut d’obstacles. Au total, seuls neuf cavaliers signent le sans faute à la première manche, dont l’Italien Lorenzo de Luca et Martin Fuchs, Témoignage Rolex et vainqueur à trois reprises d’un Majeur du Grand Slam, ainsi que Richard Vogel, chouchou du public et vainqueur du Rolex Grand Prix au CHI de Genève en décembre dernier.

Les départs suivant l’ordre inverse des résultats de la première manche, le dixième à s’élancer, l’Américain McLain Ward, fera le premier double sans faute de l’épreuve, mettant ainsi la pression aux huit concurrents restants de la deuxième manche. Sur ceux-ci, seul le Suisse Martin Fuchs, l’Allemand André Thieme (champion d’Europe FEI en individuel 2021) et Richard Vogel, numéro 10 mondial, rejoignent l’Américain au barrage.

Pleine d’anticipation, la foule présente sur les tribunes pleines à craquer du parc sportif Soers salue alors l’entrée de McLain Ward, premier au barrage. Ayant déjà remporté deux Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping, celui-ci utilise toute son expérience pour boucler le parcours raccourci en 41,02 secondes. Fuchs rogne ensuite presque deux secondes sur le chrono de l’Américain, mais laisse une barre au sol à l’avant-dernier obstacle. Prochain à passer, Thieme prend la tête du classement sous les clameurs de la foule en délire, en franchissant la ligne d’arrivée en 39,77 secondes. Dernier à partir, Vogel franchit l’obstacle final avec une seconde d’avance sur son compatriote, pensant un bref instant décrocher son deuxième Majeur. Malheureusement pour le jeune cavalier allemand, la barre supérieure du vertical Rolex se détache, et Thieme est déclaré gagnant de l’épreuve.

Ravi, celui-ci déclare : « Remporter le Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle est le rêve de tout cavalier. C’est une sensation incroyable que d’ajouter mon nom au palmarès de cet événement exceptionnel, qui se tient de plus en Allemagne. Il a deux ans, je signais ici une victoire en équipe à la Coupe des nations, un objectif de longue date. Je crois que je vais arrêter de venir, tous mes rêves sont comblés ! Le public d’Aix-la-Chapelle et l’atmosphère qui y règne font de ce CHIO un concours à part. »

Thieme nous explique également sa stratégie pour le barrage : « J’ai fait des foulées en plus entre les deux premiers obstacles. Je sais que ma jument n’a pas une amplitude extraordinaire, mais elle est très rapide au sol. J’ai pu faire un virage très serré avant l’avant-dernier oxer, puis j’ai pris tous les risques sur le dernier obstacle. Ma jument [DSP Chakaria] est incroyable, c’est une vraie tornade ! »

CHIO AACHEN CAMPUS, SYNONYME D’EXPERTISE ÉQUESTRE

Photo credits : Rolex / Landry Basile Photo credits : Rolex / Landry Basile

Le CHIO d’Aix-la-Chapelle, l’une des Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping, il a lieu chaque année durant dix jours consécutifs. Ce n’est cependant pas la seule fois que ce lieu accueille un programme chargé d’activités passionnantes. Pendant l’année, il est en collaboration avec Rolex le décor du CHIO Aachen CAMPUS, « synonyme d’excellence équestre ».

Les cours dispensés dans le cadre du CHIO Aachen CAMPUS sont axés sur cinq thématiques : formation, numérique, jeunesse, éducation et excellence. Au sein de ces catégories, on enseigne les connaissances et compétences nécessaires pour assurer le développement durable des sports équestres. Pour cela, l’objectif est d’utiliser un transfert de connaissances proche de la pratique, une formation exclusive haut de gamme et une infrastructure de qualité, le tout autour d’un lieu de formation central et accessible.

Les cours sont proposés toute l’année, comme par exemple la formation de management d’écurie, un cursus international reconnu mené en collaboration avec l’Université d’Aix-la-Chapelle. Le programme d’études a été pensé pour développer des méthodes de travail efficaces et innovantes afin de répondre aux défis actuels du secteur équestre, lors de cours dispensés par des spécialistes équins de renommée internationale et des professeurs de gestion réputés. La prochaine promotion, qui a commencé les cours début avril de cette année, a des origines géographiques très diverses, avec 20 étudiants issus de 11 pays différents.

À travers son « Programme d’excellence », le CHIO Aachen CAMPUS vise également à inspirer la prochaine génération d’athlètes de haut niveau dans les sports équestres. Il s’agit là d’un programme de formation exceptionnel pour les jeunes cavaliers de talent venus des quatre coins du monde. Le CHIO Aachen CAMPUS a pour objectif de proposer une formation spécialisée pour aider les jeunes cavaliers ambitieux à atteindre le plus haut niveau. Les formateurs de dressage et de saut d’obstacles, les domaines ciblés actuellement, ne sont autres que Isabell Werth et Jos Lansik.

Le bien-être des chevaux étant l’un des enjeux fondamentaux pour le CHIO d’Aix-la-Chapelle, le CHIO Aachen CAMPUS examine actuellement le ressenti des chevaux en compétition sur le site et ce qu’il est possible de faire pour assurer leur confort et leur bien-être. Dans ce but, il utilise des méthodes innovantes et vise à définir de nouvelles normes de bien-être pour les chevaux.

Le CHIO Aachen CAMPUS propose également des cours et activités à la journée tout âge et tout niveau aux jeunes enfants des clubs équestres de la région comme aux futures stars. Pour en savoir plus sur le CHIO Aachen CAMPUS, cliquez ici ou allez le suivre sur les réseaux sociaux.

INTERVIEW AVEC MARGO THOMAS

Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof

Pourriez-vous d’abord vous présenter et nous dire quel est votre rôle ?

Je m’appelle Margo Thomas et je travaille comme groom auprès de Laura Kraut depuis cinq ans.

 

Qu’est-ce qui vous a poussée à faire carrière dans le milieu équestre ?

Je monte à cheval depuis mon enfance. J’ai commencé par le concours complet, mais au bout d’un moment, je me suis dit que ce serait mieux de gagner de l’argent plutôt que de le dépenser, et qu’une option serait de devenir groom. Il y a neuf ans, j’ai commencé par accompagner des cavaliers de saut d’obstacles, et tout est parti de là. En chemin, j’ai eu de merveilleuses opportunités, dont la plus belle a été de travailler pour Laura.

Cela va faire cinq ans cet automne que je travaille pour elle. Quand j’ai démarré, je ne m’attendais pas à être la groom de Laura immédiatement : je pensais juste intégrer l’équipe. Mais à mon arrivée, on m’a dit que si je faisais du bon boulot les premiers jours, j’irai à St Tropez. Après cela, les concours se sont enchaînés.

Laura et moi nous entendons très bien. Les cinq dernières années ont été magiques. Dès les six premiers mois, on avait intégré l’équipe gagnante de la Coupe des nations à Wellington. Malheureusement, le Covid est arrivé dans la foulée. À l’approche des Jeux de Tokyo, j’ai accompagné Laura et Baloutine dans leur préparation puis durant les épreuves, et l’an passé nous nous sommes rendues aux Jeux Panaméricains avec Dorado 212. J’ai eu un parcours très réussi jusqu’ici aux côtés de Laura et de ses chvaux. Je profite de chaque instant passé à m’occuper de ces incroyables animaux et à travailler avec une super équipe.

 

Qu’est-ce qui fait selon vous la particularité du CHIO d’Aix-la-Chapelle ?

C’est le meilleur concours au monde : l’ambiance y est électrique, et le nombre de gens présents qui comprennent les chevaux et l’équitation est phénoménal. Les spectateurs sont toujours un poil derrière les cavaliers, ils comprennent le parcours, comptent les foulées en même temps que nous... C’est plutôt rare, et merveilleux, de se produire devant un public aussi averti ! Dans un concours aussi prestigieux, chaque épreuve est si mémorable que l’on se souvient qui l’a remportée l’année précédente. C’est formidable pour moi de pouvoir être présente une fois de plus dans ce lieu empreint d’histoire.

 

Parlez-nous des installations qui sont proposées aux chevaux et aux grooms...

Les écuries sont superbes ! Il a fait assez froid dehors cette semaine, mais les écuries, avec leurs murs en ciment et leurs plafonds bas, protègent bien contre les températures en baisse et sont restées bien chaudes. On a aussi accès à de grandes pelouses où les cavaliers peuvent échauffer les chevaux et où ces derniers peuvent paître. Il y a beaucoup de place pour sortir les chevaux des boxes, contrairement à beaucoup d’autres concours où il n’y a nulle part en dehors des pistes où délier ou faire marcher les chevaux.

C’est bien sûr très agréable (et très pratique quand on a beaucoup à faire) d’avoir accès au foyer pour les grooms, qui peuvent aller y manger un bout à quasi toute heure de la journée.

 

En tant que groom de concours international, vous voyagez tout autour du monde. Comment veillez-vous à ce que vos chevaux soient à leur aise et prêts à l’action ?

Il faut être conscient de leur personnalité propre. Il n’y a pas vraiment de pratiques standard pour tous les chevaux. Il faut par exemple remarquer si un cheval n’a pas assez bu d’eau, et dans ce cas ajouter un peu de mash dans l’eau pour l’inciter à se désaltérer. Lorsqu’on connaît bien ses animaux, on sait lesquels n’ont pas de difficultés particulières à voyager. 

En Europe, on s’arrête plus souvent sur les longs trajets qu’en Amérique, où on a tendance à favoriser les aménagements en boxes pour que les chevaux aient davantage de place pour bouger. En général, où qu’aillent les chevaux, je voyage avec eux, que ce soit dans l’avion ou dans mon hamac à l’arrière du camion. Pour bien s’occuper des chevaux, les soins doivent être personnalisés aux besoins de chacun. Il faut prêter attention à chaque cheval et à son comportement durant le trajet.

 

Quelles sont les qualités de Laura qui en font une si bonne cavalière ?

Laura sait très bien communiquer ce dont a besoin chaque cheval, mais sa principale qualité est de faire confiance à son équipe et en la capacité de celle-ci à communiquer. Elle sait que nous sommes là pour l’assister, elle et ses montures. Elle est toujours là si j’ai besoin de conseils, mais ne va pas pour autant me suivre partout, car elle me fait confiance. C’est super de travailler pour quelqu’un comme ça.

 

Que représente le Rolex Grand Slam of Show Jumping pour un groom tel que vous ?

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping est extrêmement prestigieux, et j’ai eu la chance de pouvoir aller à chacun des quatre Majeurs. J’adore ces concours, mais je m’oblige à les envisager comme n’importe quelle autre compétition.

 

Mon rôle est de rendre service à Laura dès que possible, et de m’occuper des chevaux du mieux que je peux. Le moment qui précède l’entrée en piste est tout de même un peu angoissant, mais une fois que le cheval est parti, les dés sont joués. Je ne peux qu’espérer avoir bien fait mon travail et soutenir Laura. J’essaie d’être calme autour des chevaux, car on peut leur transmettre notre anxiété. Je respire un grand coup et je me concentre sur ce que j’ai à faire pour les aider à réussir.

 

Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu ?

La clé, pour tout groom, c’est de s’assurer que les chevaux soient la priorité numéro une. Après tout, les chevaux sont des animaux aux instincts très vifs. Nous demandons aux chevaux de travailler une heure par jour, mais le reste du temps, ils doivent être libres de se comporter comme des chevaux et d’être bien. Nous sommes convaincus de l’importance de les mettre au pré pendant de longues périodes et de la marche en main durant les concours. En concours ou à domicile, la priorité doit toujours être le cheval. 

VOGEL VICTORIEUX AU TURKISH AIRLINES-PRIX D'EUROPE

Photo credits : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof Photo credits : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof

C’est sous les feux scintillants du stade principal du CHIO d’Aix-la-Chapelle que quarante-cinq des plus grands couples au monde sont entrés en piste dans l’espoir de décrocher le Prix de l’Europe Turkish Airlines, épreuve phare de ce mercredi. Cette épreuve était également la première opportunité pour les cavaliers de se qualifier pour l’emblématique Rolex Grand Prix de dimanche. 

Comme il est souvent le cas lors du World Equestrian Festival, le casting était plus que prestigieux, avec notamment Ben Maher et Steve Guerdat, champions olympiques et champions d’Europe en individuel, ainsi que Willem Greve, Prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping, aux rênes de son étalon Highway TN N.O.P. avec qui il a remporté le Rolex Grand Prix du Dutch Masters plus tôt dans l’année.

Premier auteur d’un sans faute sur le parcours complexe à 14 combinaisons imaginé par Frank Rothenberger, l’Allemand Rene Dittmer écope malheureusement de deux pénalités de temps.

Just Be Gentle, sous la selle de Christian Kukuk, très en forme en ce moment, est le cinquième à fouler la célèbre piste. Il fait le bonheur du public en signant le premier sans faute dans les limites de temps imposées. Deux concurrent plus tard, l’Irlandais Cian O’Connor fait de même et assure ainsi le barrage, pour le plus grand plaisir de la foule de passionnés du CHIO d’Aix-la-Chapelle. Par la suite, d’autres sans faute se succèdent : six couples allemands se qualifient notamment pour la deuxième manche, dont Richard Vogel, vainqueur du Rolex Grand Prix du CHI de Genève en 2023. Yuri Masur, l’air bien décidé à renouveler sa victoire de l’an passé, signe un sans faute impeccable sur QH Alfons Santo Antonio. L’Américain McLain Ward, gagnant en 2022, se qualifie lui aussi.

Sur les 45 cavaliers en lice au départ de l’épreuve, 12 réussissent à se qualifier, dont de nombreux couples très rapides. Le barrage promet donc d’être exaltant. Les cavaliers se présentent alors en ordre inverse au classement de la première manche, et c’est Thibeau Spits qui se lance en premier sur la version raccourcie du parcours. Mais déception : le jeune cavalier belge laisse une barre au sol à deux reprises. Deuxième au départ, Christian Kukuk montre la voie au reste des cavaliers avec un sans faute en 48,48 secondes, un chrono pourtant vite éclipsé par son compatriote Patrick Stühlmeyer.

McLain Ward tient alors la foule en haleine tout au long de son passage sur Callas, sa jument de 16 ans, pour prendre la tête de l’épreuve avec deux secondes d’avance, un chrono impressionnant et qui semble dur à battre. Guerdat, qui a déjà à son actif trois Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping, fait croire un instant qu’il en est capable, mais échoue à l’avant-dernier obstacle.

Le public allemand a enfin l’occasion d’exulter lorsque Richard Vogel, aux rênes de Cepano Baloubet, boucle le parcours en 42,44 secondes et s’adjuge la première place provisoire. Aucun des trois couples restants ne réussissant à montrer le même mélange de précision et de vitesse, Vogel s’impose dans son premier Prix de l’Europe Turkish Airlines et décroche dans le même temps sa deuxième victoire 5* de la journée.
Interviewé après sa victoire, l’Allemand nous raconte son émotion : « Mon cheval [Cepano Baloubet] a extraordinairement sauté ce soir, il est en top forme et a vraiment tout donné pour moi aujourd’hui. Les projecteurs, les spectateurs... rien ne vaut l’ambiance de ce lieu. La semaine démarre bien pour moi ! »

Interview avec Frank Rothenberger

Photo credits : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof Photo credits : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof

Qu’est-ce qui fait selon vous la particularité du CHIO d’Aix-la-Chapelle ?

Le CHIO d’Aix-la-Chapelle est le plus grand concours équestre au monde, et son Rolex Grand Prix l’une des épreuves les plus difficiles du monde du saut d’obstacles. Beaucoup d’attentes pèsent sur moi en tant que chef de piste du CHIO d’Aix-la-Chapelle, car les parcours doivent être dessinés selon des critères très précis pour avoir les résultats escomptés.

 

Une fois encore, les meilleurs chevaux et cavaliers sont présents cette année. Certains de ces chevaux, déjà qualifiés pour le Rolex Grand Prix, ne participeront qu’à cette épreuve dimanche. D’autres préqualifiés participeront à une autre épreuve cette semaine, et de nombreux autres couples devront se qualifier pour l’épreuve lors de l’épreuve de la Coupe des Nations Mercedes-Benz ou du Prix de l’Europe Turkish Airlines.

 

Avec mes collègues chefs de piste, nous planifions le parcours du Rolex Grand Prix plusieurs semaines en amont, puis nous regardons avec intérêt les épreuves qui le précédent, pour voir comment les chevaux évoluent et s’il faut changer certains détails. Cette année, les cavaliers sont très bien préparés et peuvent utiliser les épreuves de la semaine pour donner confiance à leurs chevaux en vue du Rolex Grand Prix de dimanche.

 

Parlez-nous un peu du parcours que vous avez créé pour le Rolex Grand Prix ce dimanche...

C’est un 1,60 m (la hauteur maximale autorisée) qui comprendra notamment des oxers de 1,80 m de large. Il y aura aussi un double fossé le long du bassin, une tradition du Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle, ainsi qu’une rivière. Au total, quarante chevaux participeront à la première manche, dix-huit à la deuxième, et avec un peu de chance le barrage aura cinq ou six participants ayant signé un sans faute. 

 

Quels sont les principaux points à prendre en compte et les objectifs à atteindre lorsqu’on dessine un parcours ?

Le premier enjeu est la sécurité : il faut s’assurer que rien n’arrive aux chevaux. C’est une épreuve difficile, il faut donc faire particulièrement attention à la distance qui sépare les obstacles et aux matériaux utilisés. Beaucoup des obstacles sont d’une couleur unie, par exemple blancs ou en bois naturel, pour éviter l’excès de couleurs contrastées. Le Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle a une envergure particulière par rapport aux autres Grands Prix du monde. La piste est énorme et les cavaliers aiment bien ça.

 

Si vous pouviez monter n’importe quel cheval au Rolex Grand Prix de dimanche, qui choisiriez-vous ?

Par le passé, on avait peut-être dix ou douze gagnants potentiels sur les quarante couples qui prenaient part au Rolex Grand Prix. Mais de nos jours, je pense que vingt-cinq, trente, peut-être même quarante cavaliers pourraient l’emporter dans cette épreuve. C’est donc difficile de choisir, car il y a de nombreux chevaux de premier rang.

 

Quelle importance revêt votre équipe dans la construction d’un parcours réussi ?

J’ai déjà trois assistants chefs de piste qui m’accompagnent, ainsi qu’un autre membre de l’équipe qui produit les dessins du parcours, et trois personnes qui organisent l’entreposage des éléments. En tout, c’est une grosse équipe de plus de cinquante personnes. Une bonne chose, car nous devons construire les parcours pendant la nuit sous les projecteurs, pour qu’ils soient prêts le lendemain.

 

Quel est le parcours dont vous êtes le plus fier ? 

Celui que j’ai imaginé pour les Championnats du monde FEI 2006. Sur ce parcours, une barre est tombée au moins une fois sur chaque obstacle : une vraie réussite pour un chef de piste ! Le parcours que j’ai conçu pour la Finale de la Coupe du monde FEI à Riyadh cette année était aussi très réussi.

 

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui se lance dans le métier de chef de piste ?

C’est utile d’avoir été soi-même cavalier, pour avoir une idée instinctive du tracé et du bon placement des obstacles. Les chefs de piste en herbe devraient commencer par des concours locaux, puis choisir un ou deux professionnels qu’ils souhaiteraient accompagner. Pour arriver au plus haut niveau, il faut bien 15 à 20 ans. Pour avoir une chance de dessiner un jour des parcours 5*, il est donc conseillé de se lancer dans le métier avant la trentaine. Ma fille par exemple m’accompagne mais assiste également plusieurs autres chefs de piste, pour apprendre le maximum de choses.

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping est le nec plus ultra en matière de saut d’obstacles. Vous passionnez-vous pour d’autres sports, et ceux-ci vous inspirent-ils dans votre travail ?

Je fais de la voile, un sport très différent du saut d’obstacles ! J’ai navigué aux quatre coins du monde : sur la Méditerranée, aux Seychelles, en Thaïlande, partout ! J’ai arrêté ma carrière de cavalier à 21 ans, pour lancer mon entreprise de chef de piste l’année suivante, un métier que je continue encore aujourd’hui d’exercer.

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping est né en 2013, et son premier Majeur a eu lieu ici-même, à Aix-la-Chapelle. À votre avis, quel a été l’impact du Grand Slam sur le monde du saut d’obstacles ?

Rien ne vaut le Rolex Grand Slam of Show Jumping pour un cavalier. Je me souviens de 2015, lorsque Scott Brash a remporté trois Majeurs successifs : tout d’abord le Rolex Grand Prix du CHI de Genève en décembre 2014, puis celui du CHIO d’Aix-la-Chapelle, et enfin celui du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ de Calgary. Sa victoire au Rolex Grand Slam of Show Jumping lui a valu une somme d’argent considérable. Depuis, tous les cavaliers cherchent à répéter cette prouesse. 

Interview avec Anthony Philipaerts

Photo credits : Dirk Caremans / Hippofoto Photo credits : Dirk Caremans / Hippofoto

Vous faites déjà une belle carrière. Quel a été votre plus grand moment de fierté professionnel ?

Le plus beau moment de ma carrière jusqu’ici est lorsque nous avons remporté la médaille d’or par équipe durant ma dernière compétition Junior en 2021, aux Championnats d’Europe FEI Jeunes cavaliers de Vilamoura. Je suis extrêmement fier de cette victoire. Une médaille d’or aux Championnats d’Europe ou du monde, c’est le rêve de tout cavalier.

 

Vous venez d’une famille de cavaliers professionnels. Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu de votre père et de vos frères ?

Ce n’est pas toujours facile de suivre mon père et mes frères, mais le meilleur conseil qu’ils m’aient donné est de me concentrer sur mes propres efforts et de tracer mon chemin à moi. Mais c’est bien sûr utile de suivre leur parcours, et c’est super de savoir que je peux leur demander conseil si besoin. 

 

Le public attend-il de vous de rencontrer le même succès que votre père ou vos frères ?

Effectivement, il y a une certaine attente !  Mon père a décroché énormément de victoires dans sa carrière, et mes frères font maintenant un parcours très réussi. Mais eux n’attendent rien : c’est plutôt moi qui me mets la pression ! Je fais de mon mieux pour ne pas trop y penser et pour rester concentrer sur mon propre parcours.

 

En dehors de votre famille, quels cavaliers admirez-vous ?

En dehors de mon père, j’admire beaucoup Ludger Beerbaum, qui est resté en tête des classements pendant très longtemps. Parmi les cavaliers actuels, je dirais Henrik von Eckermann, qui a été formé chez Ludger Beerbaum, et Jeroen Dubbledam. Tous deux ont remporté de nombreux championnats. Pour moi, ce sont deux exemples à suivre dans le saut d’obstacles actuel.

 

Qu’est-ce qui vous donne envie de réussir et de gagner ?

C’est la dernière année que je peux concourir en tant que jeune cavalier, et je n’ai pas les chevaux nécessaires pour gagner. Mais je pense que ça me donne encore plus envie de réussir. J’ai quelques jeunes chevaux très prometteurs qui m’accompagneront dans ma transition vers la compétition Seniors. Je vais faire tout ce que je peux pour atteindre le plus haut niveau, dans le but de participer un jour au Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle.

 

Parlez-nous un peu des chevaux dont vous vous occupez en ce moment.

J’ai plusieurs chevaux de huit ans, comme Gabell D’arvor, que je monte cette semaine. Il a encore du chemin à faire, mais il est très prometteur. Au total, je monte quatre chevaux de huit ans et un de sept ans. C’est un bon piquet, mais je dois encore me montrer patient pour développer leur talent.

 

Le CHIO d’Aix-la-Chapelle est le deuxième Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping de 2024. Pouvez-vous nous expliquer l’importance de ce concours ?

J’ai participé au CHIO d’Aix-la-Chapelle pour la première fois l’an passé, dans la catégorie des moins de 25 ans, et la première chose que j’ai dite, c’est que je voulais y retourner. L’émotion que l’on ressent lorsqu’on foule la piste d’Aix-la-Chapelle est indescriptible. C’est la plus belle piste du monde. Je viens ici chaque année depuis longtemps, pour voir mes frères et mon père participer aux grosses épreuves, alors c’est extraordinaire pour moi de concourir une fois encore ici.

 

Que représente le Rolex Grand Slam of Show Jumping pour un jeune cavalier comme vous ?

C’est l’une des épreuves ultimes de notre sport, qui a lieu durant le plus beau concours au monde. L’atmosphère des Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping est phénoménale. Ces concours attirent les meilleurs couples cheval-cavalier au monde. Participer à un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping était mon plus grand rêve.

 

En dehors du saut d’obstacle, quels autres sports vous intéressent ?

J’adore regarder le foot, et je suis un peu la Formule 1. Je joue parfois au padel avec mes amis. Plus jeune, j’ai aussi beaucoup joué au foot, mais à un moment donné j’ai dû choisir entre ça et l’équitation, et j’ai choisi l’équitation.

 

Êtes-vous superstitieux en compétition ?

Pas vraiment. J’essaie juste de garder les mêmes habitudes pour que ma préparation et celle de mes chevaux restent homogènes.

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping est heureux d’annoncer le lancement d’une toute nouvelle émission télévisée. Ce programme de vingt minutes sera diffusé pour la première fois en streaming et sur la chaîne YouTube du Rolex Grand Slam, en amont du Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle du dimanche 7 juillet.

 

Ce premier épisode sera présenté par Meredith Michaels-Beerbaum, Témoignage Rolex. Née aux États-Unis mais naturalisée allemande, Michaels-Beerbaum est la première (et la seule) femme à avoir occupé le premier rang du classement mondial au saut d’obstacles. Elle sait ce que c’est de remporter le Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle, ayant elle-même réussi cet exploit en 2005. Aujourd’hui retraitée de la compétition, elle passe son temps à former une nouvelle génération de cavaliers (sa propre fille inclue) et à leur communiquer son immense savoir pour leur permettre de réaliser leurs objectifs.

 

Le programme comprendra quatre parties, qui chacune sera axée sur un aspect différent du Rolex Grand Slam of Show Jumping, présentera aux fans certains acteurs de ce titre des plus convoités et leur permettra d’en savoir plus sur les différents Majeurs.

 

Après une brève introduction, le programme se penchera avant toute chose sur le dernier Majeur du Rolex Grand Slam en date, le Dutch Masters à cette occasion. Les spectateurs pourront se remémorer les temps forts de la compétition pour les trois cavaliers du podium final. Suivra ensuite une interview du Prétendant actuel à la récompense ultime. Dans cet épisode, Willem Greve nous expliquera ce qu’il a ressenti en tant que premier cavalier néerlandais à remporter un Majeur sur son sol natal, et comment on se sent en tant que Prétendant actuel à l’approche du CHIO d’Aix-la-Chapelle.

 

L’émission abordera aussi les grandes familles sportives, l’importance du cercle familial dans la réussite d’un compétiteur : un sujet que connaît d’ailleurs bien Meredith Michaels-Beerbaum, qui encadre sa fille Brianne !  L’émission proposera alors un entretien avec l’un des organisateurs du Majeur. Dans ce premier épisode, Birgit Rosenberg, membre du comité d’organisation du CHIO d’Aix-la-Chapelle, nous expliquera ce qui fait la particularité de ce CHIO et pourquoi ce lieu est souvent qualifié de « haut lieu du saut d’obstacles ».

 

Le bien-être des chevaux est l’un des enjeux les plus importants du Rolex Grand Slam of Show Jumping. Dans cette partie, l’émission s’intéressera davantage à cet aspect essentiel et décrira plus en détails les pratiques visant le bien-être physique et mental absolu de ces magnifiques animaux et des performances de pointe lors de la compétition.

 

Comme l’émission sera diffusée en amont du Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle, Michaels-Beerbaum reprendra  des données récentes et très intéressantes, tirées des performances de l’année écoulée, pour vous faire ses prédictions concernant le ou la gagnante à venir. Des infos très précieuses pour les spectateurs qui souhaitent regarder la compétition en direct !

 

Pour finir, l’émission vous présentera toutes les manifestations se déroulant en parallèle des épreuves sportives du Majeur. Cette fois-ci, la célèbre influenceuse Mathilde de ‘Mathilde_et_sligo’ nous fera part de son expérience des diverses activités proposées au CHIO d’Aix-la-Chapelle.

 

Pour savoir comment visionner cette émission, suivez le Rolex Grand Slam of Show Jumping sur les réseaux sociaux.

Interview de Willem Greve

Photo credits : Rolex Grand Slam / Thomas Lovelock Photo credits : Rolex Grand Slam / Thomas Lovelock

Félicitations ! En tant que Prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping, comment vous sentez-vous à l’approche du CHIO d’Aix-la-Chapelle ?

C’est un véritable honneur que d’être sur la liste des cavaliers ayant remporté un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping. Pouvoir participer au CHIO d’Aix-la-Chapelle, c’est déjà incroyable, alors gagner ? Ce serait le rêve. Depuis ma victoire du Rolex Grand Prix du Dutch Masters, je suis évidemment davantage sous pression en tant que Prétendant actuel au titre, et tous les regards sont tournés vers moi. J’essaie donc de rester focalisé sur les chevaux et de ne rien changer à mes habitudes.

 

J’imagine qu’avec le recul, votre victoire au Rolex Grand Prix du Dutch Masters a pris une place très spéciale ?

Sur le coup, je n’ai pas tout à fait réalisé ce qui se passait, parce que j’étais concentré sur le cheval et le moment. Quand j’ai compris que j’avais gagné, c’était un moment très émouvant. La foule et l’atmosphère étaient sensationnelles. En tant que cavalier, on rêve de ces moments, et avec le recul, on se rend compte à quel point ils sont spéciaux. Et puis il y avait le fait que je suis néerlandais, que j’étais dernier en lice et que j’ai fini par l’emporter d’une courte tête sur Henrik [von Eckermann]. C’était une victoire inoubliable.

 

Quel cheval incroyable que Highway TN N.O.P. ! Pourriez-vous nous le décrire un peu ?

Highway [TN N.O.P.] est un étalon approuvé de Team Nijhof. J’ai commencé à le monter quand il avait sept ans. Il est volontaire et courageux et se bat comme un lion. J’ai confiance en notre capacité à produire de bons résultats, ce qui a été le cas jusqu’ici. Si Highway a toujours été un gagnant, la question restait de savoir de quels moyens il disposait vraiment à l’obstacle. Mais à chaque fois qu’on avait un doute, il nous mettait à l’aise immédiatement. C’est un cheval de rêve, à la mentalité exceptionnelle.

 

Quel type de caractère a-t-il loin des concours ?

Il peut être un peu grognon ! Il a beaucoup de caractère, mais n’est pas méchant du tout. Il a beaucoup d’énergie, et l’envie de travailler. Une qualité inestimable ! Il faut parfois lui laisser un peu de temps tout seul. Richard, mon groom, le connaît sur le bout des doigts ; ils ont fait le tour du monde ensemble et n’ont aucun secret l’un pour l’autre.

 

Quelle préparation avez-vous suivie en vue du CHIO d’Aix-la-Chapelle ? Le fait d’être Prétendant au titre provoque-t-il une pression supplémentaire ?

Le CHIO d’Aix-la-Chapelle est un concours très particulier. Mes chevaux avaient déjà une certaine expérience du Dutch Masters, mais ce sera la première fois qu’ils concourent à Aix-la-Chapelle. Je ne modifierai pas pour autant ma préparation : je veux que tout soit le plus normal possible. Comme mes chevaux ne sont jamais venus ici, je veux voir comment ils s’adaptent à la piste et à l’atmosphère pendant la semaine. Ils pourraient apprendre et progresser pendant cette période, et si c’est le cas, je serai très heureux. Je ne vais pas tirer de plans sur la comète. Mais Aix-la-Chapelle est un événement à part : contrairement à d’autres concours, où l’on sait à l’avance quels chevaux participeront à quelles épreuves, je vais voir comment ils évoluent pendant la semaine.

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre piquet de chevaux ? À votre avis, est-ce que certains d’entre eux ont les qualités requises pour remporter un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping ?

Grandorado TN N.O.P. est mon autre cheval de tête, aux côtés de Highway [TN N.O.P.]. Cependant, j’ai décidé de ne pas l’emmener avec moi au CHIO d’Aix-la-Chapelle. À la place, je vais prendre Minute Man, un étalon de dix ans appartenant à un groupe de femmes américaines. Il a beaucoup de talent et il est prêt à passer à la vitesse supérieure. J’amène également une jument de neuf ans, Pretty Woman van 't Paradijs, dont j’attends beaucoup. Elle est à moi et à l’épouse de feu M. Korbeld, qui était l’un de mes propriétaires et qui est décédé en mars. Il m’a énormément soutenu ces dix dernières années. C’est la première fois que cette jument vient au CHIO d’Aix-la-Chapelle, mais j’ai un bon pressentiment à son égard, elle a tous les atouts nécessaires. Elle est jeune et manque encore d’expérience, mais elle pourrait marquer ma carrière à l’avenir.

 

Les pistes du Dutch Masters et du CHIO d’Aix-la-Chapelle ne se ressemblent pas du tout. Quelle préparation avez-vous suivie en vue de fouler l’herbe du CHIO d’Aix-la-Chapelle ?

L’événement dure une bonne semaine, avec beaucoup d’épreuves de saut d’obstacles. Pour être honnête, je ne suis venu que deux fois dans ma vie. La première fois, c’était interminable, une véritable catastrophe. Mais la deuxième fois, tout s’est passé à merveille. Comme je l’ai déjà dit, les quatre chevaux participant cette année ne sont jamais venus. Je vais essayer de choisir des épreuves adaptées à chacun et de planifier en fonction. On verra comment ils se sentent au jour le jour. Je veux être certain qu’ils puissent gérer la piste et s’inspirer de l’ambiance. De mon côté, je veux profiter du moment et de mes chevaux. 

 

Les autres membres de votre équipe, tels que les grooms, les vétérinaires, etc, jouent-ils un rôle important dans votre réussite ?

Ils ont le rôle principal ! Non seulement Richard, mon groom de concours, mais tous les autres membres de l’équipe: les gens qui montent pour moi, les autres grooms, le maréchal ferrant, le vétérinaire, le producteur d’aliments pour chevaux, tous travaillent incroyablement dur et bien. Chacun joue un rôle important dans notre réussite, et je leur dois une gratitude constante pour les efforts qu’ils font jour et nuit. Je suis sur la piste pendant deux minutes seulement : sans le travail collectif de mon équipe, je ne serais rien. C’est comme la Formule 1 : c’est peut-être Max Verstappen qui conduit la voiture, mais sans son équipe, il n’aurait pas le même succès. Je ne pourrais jamais assez remercier mon entourage.

 

Selon vous, quel impact a eu le Rolex Grand Slam of Show Jumping sur le monde du saut d’obstacles ?

Il a eu un impact énorme. Quand on regarde les dix dernières années, on se rend pleinement compte de la prouesse réalisée par Scott Brash avec ses trois victoires consécutives au Rolex Grand Slam. Les Majeurs sont les plus grands concours de notre sport, et ils ne font que s’améliorer. Rolex a uni les meilleurs concours au monde, pour élever les performances comme jamais auparavant. C’est un immense honneur que de participer à un Majeur.

 

Quelle importance revêt pour vous les tournois majeurs comme le CHIO d’Aix-la-Chapelle pour le saut d’obstacles ou Wimbledon pour le tennis ?

Ce type de tournoi ou de concours rassemble le nec plus ultra du monde du sport en question. Le milieu du saut d’obstacles est intraitable : après une victoire le dimanche, la routine reprend invariablement le lundi matin. Plus qu’un métier, c’est une passion. Je pense que la plupart des cavaliers de haut niveau seraient d’accord avec moi. Si vous n’êtes pas un vrai passionné, vous ne pourrez pas gérer les déceptions qui arrivent forcément dans le sport. Les victoires, c’est presque facile. Ce sont les défaites et les difficultés, comme lorsqu’un cheval se blesse, qui sont complexes à gérer. C’est là que la passion entre en jeu. Que l’on soit joueur de golf, de tennis ou autre, on est forcément confronté à des déceptions. Mais les Majeurs et leurs participants suscitent cette passion chez la nouvelle génération.

 

Si vous n’étiez pas cavalier de saut d’obstacles, quel métier auriez-vous fait ?

À vrai dire, j’ai toujours voulu faire ce métier. Je n’ai jamais imaginé faire autre chose !

 

Quel est le meilleur conseil que vous ayez jamais reçu ?

De ne jamais abandonner. Et de toujours traiter les chevaux comme des chevaux : la nature est sage.

Les cavaliers à suivre lors du CHIO Aachen 2024

Photo credits : CHIO Aachen Photo credits : CHIO Aachen

Tout comme le Grand Chelem au tennis, qui passe de la terre battue au gazon, le Rolex Grand Slam of Show Jumping fait tour à tour halte sur les pistes indoor du CHI de Genève et du Dutch Masters puis sur la magnifique pelouse du CHIO d’Aix-la-Chapelle (le prochain Majeur de l’initiative). Souvent comparé à Wimbledon, le Rolex Grand Slam of Show Jumping attire les meilleurs couples cheval-cavalier de la planète, venus dans l’objectif de décrocher la victoire finale au prestigieux Rolex Grand Prix.

 

Le Néerlandais Willem Greve se rendra au CHIO Aachen fort de sa victoire au dernier Majeur qui l’a sacré Prétendant actuel au Rolex Grand Slam. En mars, il est en effet entré dans les annales en devenant le premier Néerlandais à remporter le Rolex Grand Prix (depuis l’avènement du Rolex Grand Slam of Show Jumping) du Dutch Masters, mais aussi le premier Néerlandais à gagner un Majeur du Rolex Grand Slam. Accompagné du sensationnel Highway T.N. N.O.P, Greve a fait vibrer les siens dans les derniers instants du barrage. Depuis, le couple a continué de faire des étincelles, avec une victoire le mois dernier au trophée Loro Piana du CSIO Roma Piazza di Siena, qui fait désormais partie du nouveau « Rolex Series ».

 

Après s’être imposé lors de deux Rolex Grand Prix successifs au Royal Windsor Horse Show, le Suisse Martin Fuchs, numéro six mondial, sera également très attendu lors des trois manches du Rolex Grand Prix. Steve Guerdat, champion européen FEI actuel en individuel, l’y attendra de pied ferme : les deux cavaliers ont à eux deux décroché de nombreux titres convoités dans le saut d’obstacles, dont plusieurs Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping, mais ni l’un ni l’autre n’a encore réussi à s’octroyer le prestigieux trophée du CHIO d’Aix-la-Chapelle, décerné le dernier jour du World Equestrian Festival.

 

Ben Maher, numéro deux mondial, fera partie d’un contingent britannique de haut calibre. Lui qui sera appelé à défendre son titre olympique cet été à Paris viendra accompagné de quatre de ses meilleurs chevaux, dont la talentueuse Dallas Vegas Batilly sur qui il a l’an passé remporté le Rolex Grand Prix du Brussels Stephex Masters. Robert Whitaker, lui, tentera de marcher sur les pas de son père, John, et de son oncle Michael, gagnants dans cette épreuve en 1997 et 2012 respectivement. Les Témoignages Rolex Harry Charles et Scott Brash seront également de la partie : Charles tentera d’emporter une première victoire dans un Majeur du Rolex Grand Slam Major, tandis que Brash, seul cavalier à avoir remporté le très convoité Rolex Grand Slam of Show Jumping, espère relancer sa quête pour un second titre.

 

Le public allemand encouragera bien sûr Marcus Ehning à remporter une nouvelle fois ce prix prestigieux, après sa victoire de l’an passé. Celui-ci viendra cette fois concourir en 5* avec Coolio 42 et DPS Revere. Les Allemands se sont adjugés le Rolex Grand Prix des trois dernières années, et pour le centenaire de l’événement, ils seront seize au départ du CSIO. Daniel Deusser revient accompagné de Killer Queen VDM, avec qui il avait décroché la victoire en 2021 ainsi que la deuxième place l’an dernier. Il sera sans nul doute l’un des favoris en cette dernière journée du World Equestrian Festival. Dans la délégation allemande, on trouvera aussi Richard Vogel, vainqueur du Rolex Grand Prix au CHI de Genève, ainsi que Jana Wargers, une cavalière au talent éprouvé à ce niveau, qui tentera de devenir la première femme à remporter cette épreuve.

 

Le brésilien Rodrigo Pessoa, l’un des grands noms du saut d’obstacles, a déjà remporté chacun des quatre Majeurs (avant la naissance du Grand Slam). Il se présentera au départ aux rênes de Major Tom, un hongre de onze ans classé cinquième de l’épreuve l’an passé, et voudra répéter l’exploit réalisé en 1994 à l’âge de 21 ans seulement.

 

Il faudra aussi bien sûr compter sur Henrik von Eckermann, premier au classement mondial. Ces deux dernières années, le Suédois n’a cessé de dominer le classement mondial FEI, et cette année, a décroché deux victoires successives à la finale de la Coupe du monde FEI. Avant de clore cette liste qui comprend tout de même six des dix meilleurs cavaliers au monde, il faut citer McLain Ward (deux victoires aux Majeurs à son actif), qui traversera l’Atlantique pour l’occasion et l’irlandais Shane Sweetnam, en top forme actuellement.

 

Les temps forts à ne pas manquer au CHIO Aachen 2024

Photo credits : CHIO Aachen Photo credits : CHIO Aachen

Du 28 juin au 7 juillet prochains, le CHIO d’Aix-la-Chapelle accueillera pour la centième fois de l’histoire les meilleurs couples cheval-cavalier au monde sur les formidables pistes du parc sportif Soers. Depuis 1924, date à laquelle le CHIO d’Aix-la-Chapelle a vu arriver ses premiers chevaux et attelages, celui-ci représente un événement phare du calendrier équestre. À l’occasion de son centenaire, il promet de rendre hommage aux chevaux et aux hommes et femmes de cheval d’exception qui y ont participé. Le World Equestrian Festival du CHIO d’Aix-la-Chapelle permettra au public d’assister à cinq disciplines exaltantes : saut d’obstacles, dressage, concours complet, attelage et voltige. Une chose est garantie : une atmosphère électrique assurée par les quelque 360 000 spectateurs réunis pendant dix jours pour voir s’écrire un nouveau chapitre de l’histoire des sports équestres.

 

Suite à la cérémonie d’inauguration le mardi 2 juillet, les festivités démarreront le lendemain mercredi 3 juillet avec la première épreuve de saut d’obstacles 5* du CHIO d’Aix-la-Chapelle. Le soir venu, le Prix de l’Europe Turkish Airlines se déroulera sous les projecteurs et offrira aux cavaliers une première chance de se qualifier pour l’épreuve phare du concours, le Rolex Grand Prix. Le soir d’après, la fête continue : la Coupe des nations Mercedes-Benz, lors de laquelle huit équipes s’affrontent lors de deux manches identiques, verra couronner l’équipe ayant enregistré les trois meilleurs résultats. À l’approche des Jeux olympiques de Paris 2024, les sélectionneurs auront l’œil vissé sur les concurrents de l’épreuve.

 

L’apogée de l’événement sera le Rolex Grand Prix, qui aura lieu le dimanche après-midi devant 40 000 passionnés de saut d’obstacles. Comme la finale de Wimbledon au tennis, c’est l’épreuve que convoitent tous les cavaliers. Le CHIO d’Aix-la-Chapelle est l’un des quatre Majeurs qui composent le prestigieux Rolex Grand Slam of Show Jumping, un titre qui sacre le cavalier capable de remporter le Rolex Grand Prix lors de trois Majeurs consécutifs. Suite à sa victoire au Dutch Masters, le Néerlandais Willem Greve est le Prétendant actuel au Rolex Grand Slam, qui n’a eu qu’un seul lauréat depuis sa création : le Témoignage Rolex Scott Brash.

 

Les amateurs de dressage, une discipline synonyme de précision et d’un accord parfait entre cheval et cavalier, pourront assister au Prix Lindt, le grand prix de reprise libre en musique, le dimanche 7 juillet. À cette occasion, le public allemand aura la chance de pouvoir admirer Isabell Werth, célèbre cavalière originaire de l’Ouest du pays. La Témoignage Rolex tentera d’inscrire son nom au palmarès du CHIO d’Aix-la-Chapelle pour la quinzième fois, avant de s’efforcer de décrocher une treizième médaille olympique en juillet. Elle aura pour principaux concurrents son compatriote Frederic Wandres, le Suédois Patrik Kittel et Charlotte Fry, championne du monde FEI actuelle. Une fabuleuse ambiance sera en place pour accueillir le public du stade Deutsche Bank.

 

Le dernier vendredi et dernier samedi du World Equestrian Festival, la Coupe SAP verra s’afficher les meilleurs couples du monde de concours complet. Cet événement commence par les tests de dressage et de saut d’obstacles le vendredi, suivis par le spectacle grisant du cross le samedi 6 juillet. Une fois le CCE terminé, les regards se tourneront vers l’attelage. Les quatre meilleurs meneurs de la catégorie quatre chevaux au monde seront présents au départ du marathon du Prix Schwartz Group, un test spectaculaire souvent surnommé « la Formule 1 de l’attelage».

 

En plus de ces manifestations extraordinaires, les visiteurs auront le loisir de visiter tout un ensemble d’expositions, boutiques, espaces de restauration et autres lieux d’intérêt. Les deux concerts 'Cheval et symphonie', prélude saisissant au CHIO d’Aix-la-Chapelle, viseront à fêter cette année le centenaire de l’événement avec une interlude musicale qui accompagne à merveille ce lieu plein d’histoire(s).

LES MAJEURS, LE DÉFI ULTIME

Rolex Grand Slam : Ashley Neuhof Rolex Grand Slam : Ashley Neuhof

Comme chacun sait, il existe des manifestations sportives qui sortent du lot par leur tradition, excellence et public aguerri, durant lesquelles les meilleurs athlètes au monde se dépassent pour gagner et ainsi inscrire ainsi leur nom au panthéon de leur sport : le golf a le Masters, le tennis a Roland Garros entre autre, et le saut d’obstacles a les 4 Majeurs du Rolex Grand Slam.

 

Ces tournois et concours au palmarès de rêve et aux traditions bien établies sont des évènements sensationnels et à ne pas rater dans le calendrier sportif. Et tout comme le golf et le tennis, le saut d’obstacles a son Grand Chelem. Ce dernier comprend quatre Majeurs (le Dutch Masters, le CHIO d’Aix-la-Chapelle, le CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ et le CHI de Genève), qui ensemble forment le Rolex Grand Slam of Show Jumping.

 

Au tennis, le Grand Slam (ou Grand Chelem en français) récompense le fait de gagner les quatre plus grands tournois sur une année. Cet exploit a été réalisé six fois dans l’histoire par cinq joueurs différents, circuits masculin et féminin confondus. Au golf, les critères sont les mêmes, et à ce jour Bobby Jones a été le seul à recevoir cet honneur, en 1930. Pour décrocher le Rolex Grand Slam of Show Jumping, défi ultime du saut d’obstacles, les cavaliers doivent remporter consécutivement trois Majeurs sur quatre. Durant les dix années d’existence du Rolex Grand Slam, seul le Britannique Scott Brash a réussi la gageure.

 

Tout comme au tennis, où chaque tournoi majeur a un type de court ou de revêtement particulier (de la surface bleue en dur du stade Arthur-Ashe à l’US Open au gazon soigné de Wimbledon), chacun des Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping a ses propres caractéristiques et surfaces, même s’ils ont tous pour point commun de mettre à l’épreuve le courage, les compétences et la forme physique des cavaliers comme de leurs montures.

 

Suite à sa mémorable victoire au Rolex Grand Prix du Dutch Masters, le Néerlandais Willem Greve sera à son arrivée au CHIO d’Aix-la-Chapelle le Prétendant actuel au Rolex Grand Slam. Ayant conquis la piste indoor en sable du Brabanthallen au Pays-Bas, il devra bientôt concourir sur la légendaire pelouse du CHIO d’Aix-la-Chapelle. Cet événement, souvent appelé le Wimbledon du saut d’obstacles, attire un public record dans le monde équestre : durant ses dix jours de compétition, plus de 350 000 passionnés répondront à l’appel.

 

Et tout comme Jannik Sinner et Aryna Sabalenka, derniers gagnants en date de l’Open d’Australie, qui tenteront du 20 mai au 9 juin à Roland-Garros d’avancer sur le chemin menant au Grand Chelem, Willem Greve continuera ses efforts pour tenter de devenir le deuxième cavalier de l’histoire à remporter le Rolex Grand Slam of Show Jumping.

ROLEX GRAND SLAM OF SHOW JUMPING : UNE TOUTE NOUVELLE EXPÉRIENCE DE JEU

Rolex Grand Slam

Défi ultime des cavaliers de saut d’obstacle, le Rolex Grand Slam of Show Jumping offrira bientôt au public une toute nouvelle attraction : un jeu vidéo rétro exaltant. Cette expérience de jeu immersive, inaugurée au CHIO d’Aix-la-Chapelle l’an passé et accessible depuis à chaque Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping, vous attend désormais en ligne, sur PC comme sur portable, sur pixeljumpingmajor.com

 

Les joueurs pourront choisir, parmi un piquet bigarré, un cheval sur lequel franchir tous les obstacles qui se dressent sur leur chemin et recueillir les pommes qui leur permettront d’accumuler un maximum de points et de passer la ligne d'arrivée aussi rapidement que possible. Ils pourront également choisir de concourir sur l’un des quatre sites historiques du Rolex Grand Slam of Show Jumping, de l’illustre parc sportif Soers d’Aix-la-Chapelle à l’immense piste indoor du CHI de Genève. Les Majeurs, comme si on y était ! Une première dans l’univers équestre, ce jeu facile à comprendre et à maîtriser, intitulé Pixel Jumping Major, conviendra aux joueurs de tous âges.

 

Contrairement au jeu accessible sur place aux Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping, la version en ligne est un jeu solo. Ceci étant, un classement mondial sera bientôt disponible pour permettre aux joueurs de se mesurer à leurs amis sur chacun des quatre parcours. Le classement ajoute aussi un frisson supplémentaire pour les joueurs à l’esprit de compétition aiguisé, qui peuvent tenter de gagner le Rolex Grand Slam of Show Jumping (un exploit réalisé dans le monde réel une seule fois seulement, par le Britannique Scott Brash sur le sensationnel Hello Sanctos).

 

Présent à chacun des quatre Majeurs, le stand offre aussi diverses autres activités aux passionnés. C’est une chance par exemple de voir de près le Trophée du Rolex Grand Slam ainsi que d’autres objets commémoratifs et articles promotionnels exclusifs propres à chaque Majeur. Le stand propose également une spectaculaire animation « réalité virtuelle » : une visite hors du commun dans l’intimité des écuries de Harry Charles, numéro un au classement mondial FEI des moins de 25 ans, et de Steve Guerdat, multiple vainqueur de Majeur.

 

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ENTRETIEN AVEC DERREN LAKE

Photo : Rolex / Thomas Lovelock Photo : Rolex / Thomas Lovelock

Pourriez-vous d’abord vous présenter et nous dire quel est votre rôle ?

Je suis groom de concours pour Ben Maher. Je me déplace avec son piquet de chevaux de compétition, partout en Angleterre et dans le monde, car de nos jours les plus grands concours ont lieu à l’international. Je suis Ben partout où il va.  En ce qui concerne mes fonctions, tout débute aux écuries où nous préparons les montures et les embarquons dans le camion. Si nous devons prendre l’avion, nous passons par Liège ou Amsterdam. Mon rôle est de m’occuper des chevaux et de faire en sorte qu’ils soient à l’aise et en bonne santé. 

 

Comment votre carrière a-t-elle commencé ?

J’ai commencé à dix-sept ans seulement. J’ai toujours été amoureux des animaux. Mais au début de ma recherche d’emploi, le poste que je convoitais n’était pas accessible aux gens de mon âge. J’ai fini par trouver un emploi dans le monde équestre, et je n’en suis plus jamais ressorti ! 

J’ai commencé par les bases, avec de jeunes chevaux, sur des concours modestes au niveau national. Puis au fil de mes trente-sept années d’expérience, j’ai lentement monté les échelons jusqu’à travailler avec des chevaux de Grand Prix 5*. 

 

Si vous pouviez revenir dans le temps, quels conseils donneriez-vous à la personne que vous étiez à vos débuts ?

Je ne sais pas comment répondre à cette question, car on n’a jamais fini d’apprendre avec les chevaux. Même si, comme moi, on a plus de trente ans de bouteille ! C’est d’ailleurs ce qui fait l’attrait de ce métier. 

Lorsque j’ai commencé à dix-sept ans, je n’y connaissais absolument rien. Il aurait peut-être été plus facile de partir sur des bases plus solides, mais ça a été une véritable aventure. Au départ, j’aurais presque eu du mal à faire la différence entre un cheval et un baudet ! Mais enfant, j’avais toujours aimé les animaux, et ma sœur avait un livre sur les chevaux que j’aimais bien lire. Alors quand on m’a offert l’opportunité de travailler avec eux, je me suis précipité. Et je n’ai jamais regretté mon choix. Au début de mon parcours professionnel, j’ai appris à monter sur les jeunes chevaux, avant de les emmener en concours au niveau national.

Cela n’a pas toujours été facile, mais si j’avais la possibilité de tout recommencer, je referais exactement la même chose. Des poulains jusqu’aux étalons, j’adore travailler avec les chevaux. J’ai toujours évolué dans le contexte des concours hippiques et travaillé là-dedans par amour des chevaux.

 

Vous faites souvent de longs trajets. Comment faites-vous pour que les chevaux soient en forme à l’arrivée ? Avez-vous des astuces de pro à partager avec nous ?

Le plus important à mes yeux, c’est que les chevaux ne soient pas stressés. Prendre l’avion, c’est toute une histoire, mais si l’on connaît bien ses chevaux, ce n’est pas un gros problème. Il faut surtout faire en sorte que les chevaux restent calmes. Si vous avez tissé des liens avec eux, vous les connaissez par cœur et ils vous font confiance. C’est là la clé d’un trajet serein. 

Ils ont à tout moment accès à un filet à foin, et puis j’ai toujours des friandises sur moi, qui m’aident à restaurer le calme si besoin. Avec le temps, on commence à savoir anticiper les comportements avant même qu’ils surviennent, et on y est préparé. En gros, le cheval doit vous faire confiance, et c’est mon rôle de m’assurer qu’il est à l’aise. 

Les jeunes chevaux, c’est comme les enfants : ils apprennent très vite, et avec l’expérience, ils prennent l’habitude. C’est vital que le groom sache comment garantir le bien-être du cheval.

 

Avez-vous des habitudes ou gestes superstitieux bien ancrés au moment de la compétition ?

Oui, je suis très superstitieux ! Je parle toujours à mes chevaux avant une grosse épreuve : « ça y est, c’est le jour J », ou « on a un défi à relever ! ». Bien sûr, ça n’est pas grand chose, mais ça donne confiance. J’ai toujours l’espoir d’une victoire, mais pour gagner un Grand Prix aux Majeurs, il faut aussi avoir la chance de son côté. Ce qui compte, c’est que le cheval fasse de son mieux, mais tout comme au foot ou dans la Formule 1, le hasard joue un rôle. Le couple doit donner tout ce qu’il a, et le groom doit se dépasser pour que le cheval se sente au mieux de sa forme à l’entrée en piste. 

Heureusement, je travaille avec une équipe formidable. Je ferais tout pour la réussite de Ben et de ses chevaux. Au final, c’est un effort collectif de toute une équipe, qui commence dès l’écurie. Les chevaux sont nos bébés : on passe la plupart de notre temps en leur compagnie. Alors, quand l’un d’entre eux gagne un Grand Prix, ou même fait un sans faute, tout le monde y prend plaisir. Évidemment, c’est formidable de remporter un Grand Prix comme celui du CHIO d’Aix-la-Chapelle, mais si le cheval saute bien et donne le meilleur de lui-même, nous sommes déjà heureux. Nous travaillons tous pour l’amour des chevaux et pour le plaisir de les voir réussir sous la selle de leur cavalier.

 

Parlez-nous des chevaux dont vous vous occupez et de leur caractéristiques.

Chacun d’entre eux a des attributs particuliers. Point Break, par exemple, a beaucoup de personnalité. Il s’est vraiment épanoui récemment. En concours, on voit qu’il a envie de montrer de quoi il est capable. À mon avis, il va faire des étincelles cette année. Dallas Vegas Batilly est une jument à la personnalité insolite. Elle pousse parfois un peu le bouchon, mais en fin de compte elle est quand même adorable et ferait tout pour son cavalier. Ginger-Blue, une autre jument, est super sympa et prometteuse. Enjeu De Grisien est aussi très gentil. Mais la star de l’écurie, c’est bien sûr Explosion W, qui avec Ben a eu un succès incroyable. 

Je ne peux vous dire que du bien de ces chevaux. Ils ont tous bon caractère, même s’il leur arrive parfois d’être moins conciliants, tout comme nous d’ailleurs ! Le cavalier comme le groom doivent connaître les qualités propres à chaque cheval. Par exemple, Exit Remo est un véritable pro : il sait ce qu’il a à faire, et il y va. Le groom doit ainsi s’adapter à chaque cheval.

 

Que faites-vous pour vous assurer qu’ils soient au top de leur forme aux dates clés du calendrier équestre ?

C’est un vrai travail d’équipe ! De mon côté, je me déplace avec les chevaux pour chaque concours. Les personnes chargées de travailler les chevaux lorsque Ben et moi sommes absents jouent un rôle crucial. Ce qui fait la force de l’équipe, c’est que Ben lui fait entièrement confiance. 

Un responsable assure la permanence pendant notre absence, ce qui laisse Ben libre de penser à la compétition qui l’attend, sans se soucier du quotidien de l’écurie. C’est vital qu’il ait l’esprit clair et la tête froide.

 

Ben a déjà fait des performances extraordinaires durant les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping. Qu’est-ce que ces concours ont de spécial selon vous ?

Ce sont quatre des meilleurs concours au monde. L’atmosphère en particulier qui règne au CHIO d’Aix-la-Chapelle ou au CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ est inouïe. Pareil pour le Dutch Masters et le CHI de Genève, deux autres compétitions incroyables.  C’est ce dont avaient besoin les concours hippiques : des stades remplis à craquer où le public peut admirer les athlètes du plus haut niveau. Le Rolex Grand Slam of Show Jumping, c’est le nec plus ultra de notre sport. Tous les meilleurs chevaux et cavaliers sont au rendez-vous. Résultat ? Un spectacle inoubliable et un barrage mémorable. Sans compter que ces endroits offrent des installations haut de gamme aux chevaux et des pistes aménagées de manière spectaculaire.

Se montrer à la hauteur de l’enjeu que représente un Majeur est le rêve de tout cavalier. Au moment de l’entrée sur piste du Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle, j’ai toujours un frisson particulier. Après tout, les épreuves des Majeurs sont les plus prestigieuses au monde. 

 

De quelles qualités doivent disposer un cheval et son cavalier pour gagner un Majeur ?

Il faut que le cheval comme le cavalier soient en top forme, et que le groom ait effectué une préparation parfaite. Aucune erreur n’est permise, depuis le box jusqu’à la ligne d’arrivée du barrage. 

Mais comme dans tout sport, il faut aussi que la chance vous sourie un peu. Les meilleurs cavaliers au monde, accompagnés de leurs meilleurs chevaux, sont venus dans l’espoir de gagner. Pour gagner, il faut tout donner, dans l’espoir que ce soit assez. Mais parfois, même une performance exceptionnelle ne vous vaudra que la troisième place du podium.

 

Quelle importance revêt pour vous les tournois majeurs comme le CHIO d’Aix-la-Chapelle pour le saut d’obstacles ou Wimbledon pour le tennis ?

Une importance énorme, car ils font venir les meilleurs athlètes de la planète, qui se disputent la victoire finale. En Formule 1, Max Verstappen est actuellement le numéro un mondial et l’homme à battre. Au tennis, tout le monde voulait éclipser Nadal quand il était en tête du classement mondial. En saut d'obstacles, le meilleur mondial actuel est soit Ben, soit Henrik [ndlr, von Eckermann], et tous les autres font de leur mieux pour se hisser à leur niveau. Pour Ben, c’est toujours la course-poursuite avec Henrik. Devenir premier mondial n’est pas tâche facile, mais c’est ce qui le pousse et le motive. Et cela entraîne une amélioration du niveau général. 

 

Si vous pouviez donner un conseil à un groom en herbe, quel serait-il ?

Choisis un objectif et fais tout pour l’atteindre. Tout le monde a un rêve dans la vie. Pour le réaliser, il faut tout entreprendre. Il faut aussi savoir tirer des leçons de ses erreurs, l’important n’étant pas d’être parfait, mais de s’améliorer à chaque étape. Si tu es passionné par le saut d’obstacles, tu finiras par t’améliorer et à atteindre tes objectifs.  L’essentiel, c’est de ne jamais laisser tomber. Je fais ce métier depuis trente-sept ans, et je suis tout aussi motivé que le jour de mes dix-sept ans. 

Ben a ses objectifs, j’ai les miens, et nous faisons tout pour continuer d’avancer avec le reste de l’équipe qui est entièrement dévouée à son but ultime : voir Ben réaliser ses ambitions. Pour réussir sa carrière de groom, il faut rester motivé et choisir ce métier par amour des animaux, car au final, c’est pour leur bien-être que nous sommes là. 

(Photo: Rolex Grand Slam : Ashley Neuhof) (Photo: Rolex Grand Slam : Ashley Neuhof)

Highway TN N.O.P résulte d’une stratégie durable d'élevage couvrant plusieurs générations. L’éleveur Peter Verdellen a lancé la lignée de Highway TN N.O.P il y a près de quarante ans de cela, une période pendant laquelle il a élevé quatre générations de chevaux. À chaque nouvelle génération, il a ajouté un élément qui manquait pour améliorer la lignée. Il était cependant loin d’imaginer qu’il posait là les bases d’une généalogie aussi réputée.

Débuts

L’histoire commence avec la jument Evita (Ramiro - Viola par Abgar XX), élevée par J. A. Janssen. Selon les souvenirs de Peter Verdellen, « Evita est née en 1986 et résidait dans une écurie non loin de là où je vivais. Un vieux voisin m’a dit qu’il connaissait une très belle jument d’un an et demi par Ramiro et m’a conseillé d’aller la voir. J’y suis donc allé en compagnie de quelqu’un qui s’y connaissait un peu mieux que moi et à qui elle a également plu : j’ai décidé de l’acheter. Nous l’avons débourrée sous la selle à ses trois ans et décidé d’en faire un cheval de sport. Huub Jannsen la montait en compétition. À six ans, Evita concourait en saut d’obstacles à 130 cm et en complet à haut niveau. Elle servait également de poulinière. Huub l’emmenait d’ailleurs parfois en concours qu’elle soit pleine ou suitée. Elle a pouliné pour la première fois à cinq ans. Huub, qui reste toujours à l’écoute du cheval, savait parfaitement ce qu’il faisait, et arrêtait immédiatement si la monture lui donnait l’impression qu’il lui en avait trop demandé. Le deuxième poulain d’Evita, Klint (par Ferro), est devenu un étalon approuvé et un cheval de dressage au niveau Grand Prix, sous le nom de Ferrolan. Evita était une grande jument élancée, avec beaucoup de mouvement. Après un certain temps, j’ai commencé à utiliser des étalons au galop plus court, pour un meilleur confort pour le cavalier.

J’ai utilisé Hemmingway avec Evita  un peu pour voir ce que ça donnerait : je l’avais utilisé avec une autre jument, et le poulain que j’en avais tiré s’était montré exceptionnel. En utilisant Hemmingway, on améliorait le type et on donnait une allure élégante et gracieuse à la progéniture, ainsi que du mouvement, sans pour autant allonger le galop. J’ai pensé qu’un croisement avec Evita pourrait être une bonne idée. Et ça a été le cas: leur produit, Ovita V, a remporté le concours de poulains du Limbourg avant de battre cent cinquante autres poulines aux Championnats du Benelux au haras de Zangersheide. Elle était superbe d’apparence, capable de sauter 110 cm, mais pas facile à monter. Nous l’avons donc gardée comme poulinière uniquement.

L’étalon suivant dans la lignée Highway TN N.O.P, c’est Darco. Je l’ai choisi car Ovita V était très belle mais assez petite, et je voulais donner à sa progéniture davantage de moyens. Je suis allé chercher sa semence en Belgique, et Ovita a été pleine immédiatement. Le produit en résultant est la grand-mère de Highway TN N.O.P. »

 

Zelana V (Photo : Ben Reuvekamp) Zelana V (Photo : Ben Reuvekamp)

Verdellen ajoute aussi que « comme on s’y attendait, Uvita V avait moins de sang que sa mère, Ovita V. D’un type un peu plus lourd, elle toisait 1,65m. Quand elle a eu deux ans, j’ai transféré un de ses embryons. Elle avait des origines très intéressantes, qui je me suis dit pourraient bien aller avec celles de Chellano Z. Pendant cette période, j’ai fait plusieurs transferts d’embryons à partir de diverses juments, et Ton Vullers et moi avons cherché quel étalon croiser avec Uvita V. Chellano Z, que montait Jos Lansink, se montrait alors très prometteur. J’aimais beaucoup son allure et sa façon de sauter. Avec le recul, c’était vraiment le croisement idéal. Les filles de Chellano Z ont produit de nombreux chevaux de sport. Et puis j’ai toujours admiré les lignées allemandes comme celles de Contender, et Chellano Z est le fils de Contender. Cet embryon est devenu Zelana V, la mère de Highway TN N.O.P. »

Highway TN N.O.P

Verdellen poursuit alors en nous expliquant pourquoi il a utilisé Eldorado van de Zeshoek TN pour Zelana V : « Team Nijhof avait deux étalons de cinq ans approuvés à l’époque, dont Eldorado van de Zeshoek TN. Je connaissais cet étalon depuis qu’il avait deux ans. Pieter Merckx avait déjà monté certains de mes chevaux, et Eldorado van de Zeshoek TN était déjà dans ses écuries à deux ans. Même à ce jeune âge, il montrait beaucoup de tempérament. J’avais vu ce cheval de bonne taille sauter en liberté une fois, et il m’avait impressionné. Je me disais que la progéniture de Zelana V bénéficierait d’un peu de taille supplémentaire, ce qui faisait d’Eldorado van de Zeshoek TN le choix idéal. La première pouline issue de ce croisement, Elana V Z, a vite été vendue en France où elle a concouru à 135 cm. J’en étais très content, ce qui m’a poussé à utiliser une nouvelle fois Eldorado van de Zeshoek TN, ce qui a donné Highway TN N.O.P, un bon poulain avec beaucoup de présence. Sa mère, Zelana V, suitée de Highway TN N.O.P., a été achetée lors d’une enchère en ligne en 2012. Avec le recul, je n’aurais jamais du la vendre. Lorsque le nouveau propriétaire de Highway TN N.O.P est venu le chercher, il a eu l’air un peu déçu de sa taille. Mais il n’avait pas vu que l’endroit de l’écurie où était le cheval était en contrebas. Lorsque je l’ai sorti, il a eu l’air soulagé !

J’ai revu Highway TN N.O.P à trois ans, lors d’une inspection d’étalons. Il était déjà assez grand : 1,67 m, si je me souviens bien. Il avait été sélectionné pour l’examen des étalons. Nous sommes allés voir le dernier jour du test de performance. Lors d’un passage, il a touché une barre et a eu une réaction extraordinaire ! Sa qualité était évidente. Il était très respectueux des barres.

 

Willem Greve (NED) sur Highway TN N.O.P. remercie les spectateurs après avoir remporté le Rolex Grand Prix 's-Hertogenbosch. (Photo : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof) Willem Greve (NED) sur Highway TN N.O.P. remercie les spectateurs après avoir remporté le Rolex Grand Prix 's-Hertogenbosch. (Photo : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof)

C’est très spécial pour nous d’assister à la réussite de Highway TN N.O.P. Des gens venus de partout viennent vous parler en réaction à ce succès. Nous étions également très fiers lorsqu’il a été sélectionné pour le prix du Cheval de l’année (Horse of the Year). Au moment où Highway TN N.O.P a décroché le Rolex Grand Prix au Dutch Masters, nous fêtions l’anniversaire de ma fille à Nieuwegein. Nous suivions sa performance sur ClipMyHorse.tv. Le barrage nous a tenus en haleine tout le long. Dernier à passer, Highway TN N.O.P n’avait effectivement pas la tâche facile. Nous avons poussé un grand soupir de soulagement lorsqu’il a bouclé le sans faute le plus rapide. Je suis normalement assez impassible, mais j’en avais les larmes aux yeux. En tant qu’éleveurs, nous n’oublierons jamais ce moment. Nous sommes également conscients qu’un tel succès est aussi dû à la qualité des soins qui sont prodigués à nos chevaux par la suite.

Après quarante ans d’élevage d’une lignée, quelles conclusions tire-t-il de son expérience ? « Tout ce que je peux affirmer, ajoute Verdellen, c’est que les chevaux de cette lignée sont généreux et aiment travailler avec leur cavalier, un trait très positif à mon avis. Je trouvais logique, en tant que cavalier, d’avoir mes propres juments pour pouvoir évaluer leurs qualités. J’ai commencé ma carrière d’éleveur avec cette lignée, qui fait encore aujourd’hui partie de notre programme. À l’heure actuelle, j’ai deux juments issues des origines, l’une destinée au saut d’obstacles, l’autre au dressage. Cette lignée m’a apporté de nombreux souvenirs impérissables. »

DIRECTION LA VICTOIRE ! WILLEM GREVE REMPORTE LE ROLEX GRAND PRIX AU DUTCH MASTERS

(Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof) (Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof)

Premier Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping de l’année, le Dutch Masters s’est conclu cette après-midi par le Rolex Grand Prix, épreuve phare du concours. Le Masters était la dernière occasion parmi les quatre Majeurs du Rolex Grand Slam de souffler les dix bougies de l’initiative, et une cérémonie digne de l’occasion s’est tenue le samedi soir, lors de laquelle on a pu revivre certains des moments forts des dix dernières années.

 

Dans l’atmosphère électrique qui régnait ce soir sous le toit du Brabanthallen, le public a retenu son souffle dans l’attente de savoir si Richard Vogel, Prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping, serait en mesure de réaliser le doublé : un défi dès le départ semé de difficultés, en présence de nombreux cavaliers sensationnels dont le champion d’Europe, le champion du monde et le champion olympique en titre.

 

Deuxième au départ, Martin Fuchs (Témoignage Rolex et gagnant du Grand Prix CPKC ‘International’ présenté par Rolex du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’) est le premier à dompter l’extraordinaire parcours de Louis Konickx. N’oublions pas que sa monture, Leone Jei, a réalisé huit sans faute dans les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping, plus que n’importe quel cheval de l’épreuve.

 

Le couple suivant, le numéro un mondial Henrik von Eckermann et son cheval King Edward, garantit le barrage avec un sans faute parfaitement dosé, tandis que Julien Épaillard, surnommé le « Flying Frenchman », signe lui aussi un parcours sans faute sur les 14 obstacles et s’adjuge une nouvelle chance de devenir le premier Français à remporter un Majeur. À mi-course, sept cavaliers issus de sept pays différents se sont qualifiés pour le barrage. Parmi eux, Harrie Smolders, « meilleur cavalier hollandais de l’année » acclamé par la foule, et l’Allemand Marcus Ehning. Dans les cavaliers restants, seuls deux réussissent à se qualifier, après que plusieurs favoris du concours dont Steve Guerdat et Richard Vogel, Prétendant actuel au Grand Slam, aient échoué dans leur tentative.

 

À leur retour sur la piste dans le même ordre qu’à la première manche, c’est Fuchs qui donne le rythme avec un sans faute en 35,11 secondes. Mais il se fait vite surpasser par von Eckermann et King Edward qui passent la ligne d’arrivée en 33,74 secondes et démontrent du même coup pourquoi beaucoup les voient comme le meilleur couple au monde. Le public se déchaîne lorsque Smolders produit une performance ultra fluide, mais malheureusement pour lui, son chrono dépasse le précédent de 0,92 seconde. Une victoire suédoise semble inévitable, jusqu’à ce que le Hollandais Willem Greve, dernier à partir, signe un sans faute parfaitement dosé aux rênes de son étalon bai, Highway TN N.O.P. Ils battent le chrono du meilleur cavalier au monde de 0,04 secondes seulement, et Greve remporte ainsi son premier Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping. C’est aussi le premier Majeur à revenir à un cavalier néerlandais, qui devient par la même occasion le nouveau Prétendant au Grand Slam et le restera au moins jusqu’au CHIO d’Aix-la-Chapelle en juillet.

 

Ravi, Greve nous confie : « J’ai l’impression de rêver, c’est incroyable. Je n’ai pas les mots pour décrire comment je me sens. Je suis très reconnaissant à mon cheval pour son courage et son tempérament. C’est extraordinaire pour moi de gagner devant les miens. Je suis très fier de pouvoir inscrire mon nom dans la liste des vainqueurs de cet extraordinaire concours. Je me rends au Dutch Masters depuis que je suis tout petit. Ma victoire d’aujourd’hui est un rêve devenu réalité. »

ENTRETIEN AVEC LARS KERSTEN, ÉTOILE MONTANTE DU SAUT D’OBSTACLES

(Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof) (Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof)

Nous sommes ici au Dutch Masters, sur votre sol natal. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Je suis très heureux de participer au Dutch Masters. Je suis venu pour la première fois l’an passé, et j’avais fait une bonne performance dans le Rolex Grand Prix. Mon cheval avait très bien sauté. J’espère faire de même cette année. 

 

The Dutch Masters est l’un des meilleurs concours indoor au monde. À vrai dire, tous les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping représentent le top du top dans notre discipline. En tant que cavalier néerlandais, concourir ici est évidemment une chance unique. 

 

Parlez-nous des chevaux qui vous accompagnent. Quelles qualités font d’eux des montures à part ?

J’ai un très bon piquet de chevaux avec moi cette semaine. Hallilea, ma jument grise, est en très bonne forme. Elle a remporté l’épreuve qualificative pour la FEI World Cup™ à Göteborg il y a deux ou trois semaines. Elle a fait une bonne performance à l’épreuve à 1,45 m vendredi, et je pense la monter dimanche au Rolex Grand Prix. 

 

J’ai aussi un étalon appelé Funky Fred Marienshof Z, qui a fait un double sans faute et s’est classé cinquième au Prix VDL Groep de vendredi, et je l’ai monté hier soir dans le Prix Audi. Enfin, j’ai un hongre de neuf ans, Chuck Marienshof Z, qui a lui aussi beaucoup de talent. 

 

Quelle préparation suivez-vous pour un concours comme The Dutch Masters ?

J’essaie de ne rien changer à la routine de mes chevaux. Ils ont été en très bonne forme ces dernières semaines, alors nous essayons de maintenir ce rythme. Ils étaient bien à Amsterdam et à Göteborg, j’espère donc obtenir de bons résultats ici aussi. 

 

Vous faisiez partie de la Rolex Young Riders Academy. Qu’est-ce cela a représenté pour vous, et qu’avez-vous appris de cette expérience ?

La Rolex Young Riders Academy représente une opportunité incroyable pour tout jeune cavalier. Ce programme vous donne un aperçu privilégié de la discipline, en particulier des endroits auxquels nous n’aurions pas forcément accès autrement, comme le siège de Rolex ou celui de la FEI. Il donne également accès à de nombreux experts dans différents domaines, ce qui est une chance inouïe.

 

Pendant le temps passé à l’académie, j’ai pu parler à des hommes et femmes de cheval renommés, ce qui m’a permis de beaucoup me développer en tant que cavalier. Le programme a pour autre avantage de vous aider à participer aux meilleurs concours au monde, comme le Dutch Masters. Cela a eu un impact énorme sur ma carrière, et je suis très heureux d’avoir pu participer à ce programme. 

 

Y a-t-il un cavalier qui vous entraîne ou vous parraine, et si oui, quel conseil vous a-t-il donné pour ce week-end ?

La personne ayant eu le plus d’influence sur mon parcours est mon père. Je me suis entraîné à domicile pendant la plus grande partie de ma carrière, et mon père m’a servi d’entraîneur ma vie entière. Il m’a appris toutes les bases et m’a soutenu à chaque étape. 

 

En dehors de mon père, j’admire aussi beaucoup Marcus Ehning. Il a toujours été mon idole, c’est un homme de cheval extraordinaire. J’ai passé une semaine avec lui, et même durant ce laps de temps relativement court, j’ai énormément appris. J’ai aussi reçu l’enseignement de Jos Lansink dans le passé.

 

The Dutch Masters est le dernier Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping à fêter les dix bougies de l’initiative. Quelle importance, selon vous, a revêtu celle-ci pour la discipline ?

Pour moi, les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping sont les meilleurs concours au monde. The Dutch Masters et le CHI de Genève, par exemple, sont le nec plus ultra du saut d’obstacles. Je suis allé au CHI de Genève l’an passé pour la première fois, en tant que spectateur uniquement. C’est un endroit incroyable. Ces concours sont un niveau au-dessus des autres. Pour tout cavalier, remporter un Majeur est l’objectif ultime. 

ENTRETIEN AVEC ALIN SEIDLER, GROOM DE MAIKEL VAN DER VLEUTEN

(Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof) (Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof)

Pourriez-vous d’abord vous présenter et nous dire quel est votre rôle ?

Je m’appelle Alin, et je travaille pour Maikel van der Vleuten depuis presque un an. J’ai commencé ma carrière de groom en Allemagne il y a dix ans, au Holsteiner Verband.

 

Qu’est-ce qui vous a poussée à faire carrière dans le milieu équestre ?

J’ai commencé à monter à cheval avec mon père quand j’étais enfant. C’était notre moment à nous. J’avais un cheval de compétition, mais en Allemagne les très bons cavaliers abondent. Je ne pensais pas avoir les qualités nécessaires pour atteindre le top niveau. En réfléchissant, je me suis dit que pour voyager de par le monde avec les chevaux, je pourrais peut-être être groom. Ce métier me permettrait de passer mon temps avec les chevaux, de continuer à monter et de voir le monde : la solution idéale !

 

Selon vous, qu’est-ce qui fait du Dutch Masters une compétition à part ?

L’atmosphère qui y règne. L’ambiance autour de la piste principale est folle, le public toujours derrière nous.

C’est aussi l’un des meilleurs concours où aller, tout est là pour votre confort. Les stands de nourriture sont excellents, et tout est à portée de main, ce qui fait qu’il ne faut jamais marcher très loin. C’est un lieu très accueillant pour les chevaux également. Et si les chevaux sont heureux, nous le sommes aussi !

 

Parlez-nous des chevaux qui vous accompagnent.

Nous avons  Beauville Z N.O.P., que j’appelle le « patron ». Il a une personnalité bien à lui, c’est le type de cheval qu’on ne rencontre qu’une fois dans sa vie. Ensuite, nous avons Elwikke, une jument de douze ans, et notre jeune étalon Kentucky TMS Z, qui est très sympa mais qui a encore besoin d’un peu de temps pour se développer.

 

En tant que groom de concours international, vous voyagez tout autour du monde. Comment veillez-vous à ce que vos chevaux soient à leur aise et prêts à l’action ?

J’essaie de faire en sorte que tout soit comme à la maison, où que l’on soit. Nous veillons à ce qu’ils ne soient pas stressés, nous prenons notre temps. Même si on risque d’avoir trois heures de retard, on n’agit jamais dans la précipitation. L’important, c’est le bien-être des chevaux. Je fais tout mon possible pour qu’ils soient à l’aise. Si un cheval a besoin de plus d’espace, ou s’il faut que le cheval d’à côté soit un hongre, on s’adapte. Il faut bien connaître ses chevaux et comprendre ce qui les rend heureux.

 

Quelles sont les qualités de Maikel qui font de lui un si bon cavalier ?

C’est un véritable homme de cheval. Il comprend instinctivement sa monture. Il sent lorsque quelque chose ne va pas, et nous discutons ensemble pour trouver des solutions. Il suffit parfois de changer d’alimentation, ou de parler au vétérinaire ou au kiné. Mais il est toujours important de planifier une solution pour remédier au problème le plus vite possible.

 

Parlez-nous de l’équipe qui vous entoure...

L’équipe à domicile fait un boulot formidable. Nous n’en serions pas là sans son aide. Notre réussite commence à la maison. Les déplacements et concours sont ma responsabilité, mais si les chevaux sont bien chez nous, on peut faire en sorte qu’ils soient bien en concours. En veillant à ce qu’ils restent en bonne santé et en bonne forme physique lorsque nous sommes absents, l’équipe fait un travail essentiel.

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping fête cette année son dixième anniversaire. Quelle importance revêt cette initiative pour la discipline, selon vous ?

À part le CSIO Spruce Meadows‘Masters’, je suis allée à tous les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping. Cette initiative a joué un rôle primordial pour la discipline. Elle réunit les meilleurs cavaliers au monde qui à leur tour amènent leurs meilleurs chevaux. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut assister à un tel niveau de compétition. C’est une chance inouïe pour les amateurs de saut d’obstacles, qui peuvent ainsi voir concourir le nec plus ultra de ce sport.

 

Si vous etiez à novueau un enfant, quel serait le meilleur conseil que vous vous donneriez à vous-même ?

Je lui dirais de tout refaire pareil. Je lui dirais de faire ce qu’elle aime pour réaliser ses rêves.

Bonheur hollandais au prix VDL Groep Prize

(Photo: The Dutch Masters / Remco Veurink) (Photo: The Dutch Masters / Remco Veurink)

Vendredi a marqué le premier jour de la compétition internationale de saut d’obstacles du Dutch Masters, avec l’épreuve-phare de la journée, le Prix VDL Groep, se déroulant en soirée sous les feux du Brabanthallen. Les meilleurs couples cheval-cavalier au monde étaient réunis pour attaquer le parcours à 1,55 m pensé par Louis Konickx.

Par coïncidence, sur les quarante-deux cavaliers à fouler la piste, c’est Henrik Von Eckermann, premier mondial, qui se présente au départ avant tout autre, aux rênes du sensationnel King Edward. Champion du monde FEI en titre, ce couple écope malheureusement de quatre pénalités.

Troisième à passer, le Témoignage Rolex Bertram Allen signe le premier sans faute. Et parmi les cavaliers qui tentent de faire de même, c’est le Hollandais Franck Schuttert qui y réussit le premier, promettant ainsi un barrage à la foule. D’autres parcours exempts de pénalités s’ensuivent : Steve Guerdat sur Dynamix de Belheme, champions d’Europe FEI, puis Daniel Deusser, autre Témoignage Rolex et gagnant à trois reprises du Rolex Grand Prix dans ce lieu-même, qui une fois encore montre sa maîtrise de la piste principale avec un sans faute élégant.

Au total, ce sont onze cavaliers qui se qualifient pour le barrage, dont Richard Vogel, Prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping, et deux jeunes cavaliers de la Rolex Young Rider Academy, Robert Murphy et Lars Kersten.

Après une courte pause, les cavaliers entrent sur la piste, cette fois dans l’ordre inverse au classement de la première manche. Le couple ayant signé le sans faute le plus rapide a maintenant l’avantage d’être le dernier à partir. Deusser, premier en piste, donne le rythme avec un sans faute de 44,73 secondes. Mais ce ne sera pas le jour de l’Allemand : Guerdat clôt son parcours fluide et agile avec 2,08 secondes de moins au chrono. Peu après, la foule explose lorsque Maikel van der Vleuten grappille 0,61 secondes sur le Suisse. Aucun des cavaliers qui lui succèdent ne pourront égaler la précision et le talent de van der Vleuten. Le Hollandais empoche donc le Prix VDL Groep 2024.

Après sa victoire, van der Vleuten nous confie : « Mon cheval [Beauville Z N.O.P.] a été incroyable ! Je suis ravi de ce résultat car c’était là son premiers concours en deux mois et demi. Il a beaucoup mieux sauté au barrage, ce qui m’a permis de faire les foulées nécessaires pour battre le chrono de Steve [Guerdat]. On va voir comment il se sent dans les jours à venir, mais l’idée serait de le faire participer au Rolex Grand Prix de dimanche. »

Le nouveau chouchou du public ajoute alors que : « les meilleurs cavaliers au monde sont présents, non seulement pour participer mais pour essayer de gagner. En tant que cavalier hollandais, ce concours est très spécial à mes yeux, et la foule est extraordinaire. Elle m’a soutenu tout le long ce soir. Remporter la victoire devant les siens est un plaisir immense et particulier. »

Interview avec Louis Konickx

(Photo: Rolex Grand Slam / Thomas Lovelock) (Photo: Rolex Grand Slam / Thomas Lovelock)

Selon vous, qu’est-ce qui fait du Dutch Masters une compétition à part ?

C’est un concours très spécial, où j’ai beaucoup de très bons souvenirs. Mardi, au moment de poser les barres avec mon équipe, nous sommes restés sans voix : la piste est superbe, et le village des exposants bourdonnait d’activité. Pour moi, ce concours n’a pas son pareille. En tant que chef de piste, j’ai très peu de contraintes. Je peux laisser libre cours à mon imagination. Les autres concours ont aussi des villages d’exposants ou des espaces agréables, mais l’atmosphère qui règle au Dutch Masters est très spéciale.

 

Parlez-nous un peu du parcours que vous avez créé pour le Rolex Grand Prix ce dimanche...

Chaque année, lorsqu’il est temps de concevoir un parcours pour le Dutch Masters, je suis assailli par les souvenirs. Il y a une semaine environ, nous avions posé nos idées sur le papier avec les dimensions réelles de la piste. Le parcours était très beau, mais nous avons vite aperçu notre erreur : toutes les combinaisons étaient du côté droit de la piste, et impossible de les changer de côté sans tout détruire ! Nous avons vite trouvé une solution, qui donne un parcours très particulier, avec un demi-tour qu’on ne voit pas souvent en compétition. Les cavaliers devront sauter un double avant de faire volte-face pour en affronter un autre. Quintin [Maertens], qui est le maître des mesures précises, voulait vérifier que ce virage était possible à prendre. Jeudi, nous nous sommes donc rendus sur la piste principale et nous avons testé notre idée pour être sûrs qu’elle fonctionnait. Heureusement, c’était le cas !

La première manche comprendra quatorze obstacles, un nombre conséquent mais qu’on a déjà vu au CHI de Genève. On aura deux doubles et un triple. Les conditions exceptionnelles font que les chevaux sautent très bien ici, et il faut en tenir compte pour proposer le parcours idéal. Nous avons pour le moment deux idées de barrage différentes. Il va nous falloir décider laquelle choisir. 

C’est un très grand honneur pour les cavaliers d’être ici, ils auront hâte de tester les aptitudes de leurs montures au top niveau. 

 

Quelle importance revêt votre équipe dans la construction d’un parcours réussi ?

Plus jeune, je dessinais mes propres plans et je travaillais de manière plus indépendante. Mais aujourd’hui, ma formidable équipe joue un rôle essentiel.

Quintin [Maertens] est ultra intelligent et il a de nombreuses cordes à son arc. Si j’ai une idée a priori farfelue, c’est lui qui va la faire marcher. Gérard Lachat, avec qui je travaille ici et au CHI de Genève, nous sert de contrepoids : il a un talent fabuleux pour créer les distances parfaites. Paul Rooijmans est notre organisateur. Chacun a son rôle, et sans eux, tout ceci n’existerait pas.

Nous recevons aussi l’aide très précieuse de quarante bénévoles issus d’un club équestre local, qui nous aident depuis plus de quize ans. D’excellents techniciens déplacent les obstacles et nous aident à donner belle allure au parcours.

 

Quel est le parcours dont vous êtes le plus fier ? 

Le parcours de 2021, lors de l’édition placée sous le signe du confinement. Le public ayant dû rester chez lui, la piste était plus large de quatre mètres, ce qui fait que nous avons pu essayer de nouvelles choses. Nous avons tracé une trajectoire incroyable qui serpentait au milieu de la piste. Cette année-là, le barrage avait lui aussi été exceptionnel. Marcus Ehning est venu me voir pour me dire qu’il n’avait jamais vu un barrage pareil. Des cavaliers m’en parlaient encore il y a quelques semaines.

C’est amusant : chaque nationalité a sa propre idée de ce qui fait du beau spectacle. Aux Pays-Bas, les gens aiment les cavaliers modernes comme Harrie Smolders. Ils n’aiment pas voir les concurrents perdre. Par exemple, il y avait seize cavaliers au barrage l’an passé : je trouvais que cela faisait trop, mais le public a adoré. Par contre, à Calgary, ils préfèrent quand la première manche est difficile et exaltante. Le CHI de Genève se trouve entre ces deux extrêmes.

 

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui se lance dans le métier de chef de piste ?

C’est un métier qui a deux parties distinctes : la conception et la construction de parcours. Pour être chef de piste, il faut savoir construire un parcours de manière efficace et travailler à tous les niveaux. La vraie conception se fait lors des concours tels que le Dutch Masters. C’est important pour les jeunes chefs de piste de se rendre à ce type de concours pour s’en inspirer. Le chef de piste doit se montrer imaginatif, pour réfléchir aux trajectoires et au décor, mais aussi avancer au feeling : il doit bien connaître les chevaux et les cavaliers. Tous les grands chefs de piste sont très intelligents. Il faut faire attention à ne pas faire tous les concours, mais de les sélectionner avec précaution.

J’ai lu quelque part qu’il faut « apprendre les règles pour être un professionnel et savoir les briser pour être un artiste ». Ce dicton s’applique bien aux chefs de piste. Il faut avoir l’esprit indépendant, choisir sa propre voie, suivre son cœur.

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping est né en 2013, ce qui signifie que le Dutch Masters sera le dernier Majeur à fêter ses dix bougies. Quel a été le plus beau moment du Rolex Grand Slam à vos yeux ?

L’an passé était très spécial, j’ai encore des étoiles dans les yeux après ce barrage. L’édition 2021 était aussi très réussie, mais il n’y avait personne sur place pour en profiter. J’attends toujours le moment magique où un cavalier néerlandais décrochera un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping !

Interview avec Marcel Hunze

(Photo: Rolex Grand Slam / Thomas Lovelock) (Photo: Rolex Grand Slam / Thomas Lovelock)

Comment s’est passée la préparation du Dutch Masters cette année ?

Très bien ! Nous avons pu démarrer la mise en place un peu plus tôt cette année. La piste principale a commencé à prendre forme il y a quatre semaines. Nous avons déjà eu des retours très positifs sur le look de la piste et du site en général. Nous avons hâte d’ouvrir les portes au public en 2024 ! Les billets se sont aussi bien vendus : les épreuves de ce soir [vendredi] et pour le reste du week-end se joueront à guichets fermés. Nous sommes très heureux de revoir nos ardents supporters.

 

L’année 2024 est très importante pour le Dutch Masters : non seulement celui-ci sera le dernier Majeur à fêter ses dix bougies du Rolex Grand Slam of Show Jumping, mais 2024 marque aussi le dixième anniversaire de Rolex en tant que sponsor principal de la compétition.

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping a joué un rôle essentiel dans le développement du Dutch Masters. Ce dernier était déjà un concours de qualité, et ceci depuis sa première édition en 1967. Mais depuis notre inclusion dans le Rolex Grand Slam, nous avons senti une vraie différence, qui nous a permis de nous focaliser encore davantage sur la qualité de l’événement et de développer la piste principale et le village des exposants. La qualité globale s’en est trouvée accrue. L’autre avantage, c’est que nous recevons désormais le top du top du classement mondial : en général, environ vingt des trente meilleurs cavaliers de la planète viennent concourir ici chaque année. Cette formidable participation est due au Rolex Grand Slam of Show Jumping, qui nous a fait passer au niveau supérieur.

Les quatre Majeurs collaborent entre eux, en partageant conseils, compliments et critiques constructives pour faire de nous tous les meilleurs concours au monde. Nous faisons tout pour être une source d’inspiration pour les trois autres, et nous faisons preuve d’une grande transparence sur nos idées et initiatives. Grâce à ces infos, chaque Majeur peut se perfectionner.

 

Comment voyez-vous votre avenir et celui du Dutch Masters dans les dix prochaines années ?

Notre objectif est d’apporter de nouvelles améliorations chaque année. Nous souhaitons que le concours reste attrayant pour tous les participants, des familles avec enfants aux sponsors, en passant par les cavaliers, les grooms ou la presse, et qu’il soit à portée de tous les portefeuilles. Les billets pour la Piste numéro 2 et le village des exposants sont à moindre prix et très populaires.

Quant à l’avenir, l’objectif est de vendre toutes les places disponibles pour chaque session. Dans ce but, nous réfléchissons actuellement à la manière d’innover dans le programme de la première journée. Ce sera notre axe de réflexion principal dans les temps à venir.

 

Vous organisez également des tournois de tennis ATP et WTA. Quelles sont selon vous les points communs et les différences entre les deux sports, et y a-t-il des leçons à tirer de l’autre ?

Effectivement, il existe de nombreuses similitudes entre ces deux types d’événements sportifs : dans les deux cas, les athlètes sont au rendez-vous, même si les cavaliers et les joueurs de tennis sont assez différents. Par exemple, les tennismen viennent entourés d’équipes entières qui s’occupent d’eux, tandis qu’au Dutch Masters, les équipes sont aux petits soins pour les chevaux !

Mais le principe est le même : les soins prodigués visent à faire en sorte qu’ils soient à l’aise pour faire la meilleure performance possible. En tant qu’organisateurs, nous essayons de notre côté de fournir le meilleur cadre possible aux participants. Évidemment, le Dutch Masters a des exigences particulières, avec les camions, les chevaux et les écuries.

Les points communs, c’est les relations avec la presse, les sponsors et le public. Nous avons beaucoup appris de chaque événement. Nous avons vu certaines choses dans le monde équestre que nous avons voulu mettre en place dans le tennis, et vice-versa. Par exemple, l’une des leçons que nous avons retenues des tournois de tennis est le fait que l’on peut voir les joueurs évoluer en dehors des matchs, sur les terrains d’entraînement ouverts au public. Alors qu’au Dutch Masters, on ne voyait le cheval que dans le cadre des épreuves, en dehors desquelles il restait invisible. C’est l’une des premières choses qu’on a voulu changer. Le cheval est au centre du Dutch Masters, nous voulions donc qu’il soit visible dans tous les espaces.

 

À votre avis, quels seront les temps forts de l’événement cette année, du coté sportif comme en dehors ?

Le village des exposants est formidable, il a de quoi plaire à tout le monde. C’est pour cela que nous avons inclus l’entrée au village dans les billets pour la Piste numéro 2. On y trouve tout, d’un yacht de 40 mètres de long aux montres Rolex, en passant par les voitures Audi et le matériel équestre. Les produits offerts sont d’une grande diversité. L’atmosphère du concours est toujours exceptionnelle, et cette année encore nous avons tenté de créer une énergie palpable par tous, que ce soit les cavaliers, les grooms ou les spectateurs. C’est assurément l’un de nos points forts.

Du côté sport, le Rolex Grand Prix du dimanche est l’épreuve phare. Il fera salle comble. Pendant l’épreuve, le silence le plus total s’installe, on sent vraiment l’importance et le côte prestigieux de l’occasion. Les meilleurs cavaliers au monde sont rassemblés pour participer au Rolex Grand Slam of Show Jumping. Le niveau de compétition est très impressionnant, surtout quand on le compare à celui d’il y a dix ans.

 

À votre avis, qui est le mieux placé pour remporter le Rolex Grand Prix ce dimanche ?

Nous sommes aux Pays-Bas, et Harrie Smolders est l’un des meilleurs cavaliers au monde. Il n’a jamais remporté de Rolex Grand Prix. Ce serait merveilleux pour lui de décrocher son premier Rolex Grand Prix au Dutch Masters. Richard Vogel, Prétendant actuel au Rolex Grand Slam, sera lui aussi de la partie. Ce serait formidable de le voir gagner, comme l’avait fait McLain Ward l’an passé pour faire le doublé.

 

Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur les festivités du dixième anniversaire du Rolex Grand Slam of Show Jumping ce samedi ?

Samedi soir, avant le Prix Audi, aura lieu une cérémonie pour célébrer les dix bougies du Rolex Grand Slam of Show Jumping. Nous diffuserons une vidéo produite par l’équipe de Spruce Meadows. Une chanteuse se produira en direct au moment de l’entrée en piste des gagnants de Majeurs présents au Dutch Masters. On pourra ensuite assister à un court entretien avec Scott Brash, unique gagnant du Rolex Grand Slam of Show Jumping.

 

Quel est votre souvenir préféré des dix dernières années du Rolex Grand Slam ?

En 20218, lors que The Dutch Masters a intégré le Rolex Grand Slam of Show Jumping. Il existe d’innombrables concours hippiques de par le monde qui seraient volontiers devenus le quatrième Majeur. Le fait d’avoir été choisi était donc très spécial.

Les temps forts à ne pas manquer au The Dutch Masters 2024

(Photo: The Dutch Masters / REMCO VEURINK) (Photo: The Dutch Masters / REMCO VEURINK)

Du 7 au 10 mars cette année nous revient le Dutch Masters, l’un des quatre composants de l’événement-maître du saut d’obstacles : le Rolex Grand Slam of Show Jumping. Une fois encore, ce concours vous réserve d’innombrables épreuves sportives et animations. Né en 1967, il réunit sous le toit du Brabanthallen les meilleurs couples cheval-cavalier au monde pour quatre journées d’épreuves exaltantes qui feront à coup sûr le bonheur du public. En plus des manifestations de saut d’obstacles et de dressage, il accueillera des concours nationaux et proposera de nombreux stands et boutiques, sans oublier diverses animations pour les enfants, de rencontres avec des influenceurs aux compétitions de hobby horse, en passant par des tours à dos de poneys. 

 

Les festivités démarreront le jeudi sur les pistes nationale et internationale. L’épreuve phare de la journée sera le Grand Prix de dressage de la coupe du monde FEI Dressage World Cup™ présenté par RS2 Dressage. En présence de compétiteurs tels que Charlotte Fry, championne du monde actuelle en individuel, ou Isabell Werth, cavalière de dressage la plus primée au monde, la compétition sera féroce. Le soir-même, la foule pourra se délecter devant le ‘Dressage Masters’. Pour commencer la soirée, la merveilleuse Patricia van Haastrecht, candidate de The Voice (Pays-Bas) également connue pour la comédie musicale Mamma Mia!, se produira devant le public. Sanne Voets, cavalière paralympique, nous offrira ensuite une fabuleuse reprise libre en musique, puis la foule pourra assister à un amusant renversement de situation lorsque Dinja van Liere et Marieke van der Putten affronteront un parcours d’obstacles, tandis que Harrie Smolders et Maikel van der Vleuten s’essaieront au piaffer. Pour finir, laissez-vous émerveiller par Dinja van Liere, Rieky Young et Anky van Grunsven qui vous offriront un cours magistral de dressage et par la spectaculaire « reprise en musique des frisons ». 

 

Le vendredi, planning très chargé : ce n’est pas moins de huit épreuves qui auront lieu sur les deux pistes ! La piste numéro deux verra tout d’abord se dérouler le KNHS Para Dressuur Trophy, durant lequel les cavaliers de para-dressage devront effectuer une reprise libre en musique. Vendredi marquera également le début des épreuves internationales de saut d’obstacles, avec l’épreuve phare, le prix VDL Groep à 1,55 m, en soirée. L’an passé, le Hollandais Willem Greve avait ravi la foule en décrochant une spectaculaire victoire. Il sera là cette année pour tenter le doublé.

 

Le Dutch Masters sera l’occasion d’assister au dernier Majeur à fêter le dixième anniversaire du Rolex Grand Slam of Show Jumping. Une cérémonie aura lieu le samedi pour marquer cette occasion. Les passionnés de saut d’obstacles pourront plonger dans l’histoire de l’initiative et revivre certains des plus grands moments des dix dernières années. Ces festivités seront suivies de l’épreuve phare de la journée, le Prix Audi à 1,50 m. Avant cela, le public pourra assister à la reprise libre en musique de la coupe du monde FEI Dressage World Cup™ présentée par WeLoad Energy Systems, qui permettra à certains de gagner des points nécessaires pour se qualifier pour la finale de la coupe du monde, qui se déroulera début avril.

 

Le dimanche, tous les regards se tourneront vers la piste principale pour le Rolex Grand Prix, la prestigieuse épreuve tant convoitée par tous les cavaliers de saut d’obstacles. À partir de 15 h, quarante des meilleurs couples au monde devront faire preuve d’agilité, de complicité et d’une condition physique au top pour avoir une chance de remporter ce prix. Cette année, c’est l’Allemand Richard Vogel qui entrera en piste en tant que Prétendant actuel au Grand Slam of Show Jumping, dans l’espoir de devenir le second cavalier au monde à remporter la victoire ultime. 

Interview avec Richard Vogel

(Photo: Rolex Grand Slam / Thomas Lovelock) (Photo: Rolex Grand Slam / Thomas Lovelock)

Félicitations ! En tant que Prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping, comment vous sentez-vous à l’approche du Dutch Masters ?

J’ai hâte d’y être ! Mon standing a considérablement augmenté depuis le CHI de Genève, pour lequel je n’étais pas du tout favori. Je n’étais a priori qu’un jeune cavalier cherchant à se faire les dents sur ce type d’épreuve. J’y suis allé dans l’idée de faire de mon mieux. Je n’aurais jamais imaginé gagner le Rolex Grand Prix du CHI de Genève. Cette épreuve, cette compétition, ce jour-là resteront à jamais gravés dans nos mémoires. Un moment inoubliable.

 

À l’approche du Dutch Masters, notre état d’esprit est différent. Je ne pense pas faire partie des favoris, mais le public attend une bonne performance de notre part. Nous allons faire tout notre possible pour nous classer, et pourquoi pas décrocher une nouvelle victoire.

 

Ce sera la première fois que je participe au Dutch Masters. Je n’ai entendu que des bonnes choses à son sujet : tous les cavaliers que je connais adorent ce concours. J’ai donc extrêmement hâte de m’y rendre, d’autant plus que je suis le Prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping.  

 

J’imagine qu’avec le recul, votre victoire au Rolex Grand Prix du CHI de Genève a pris une place très spéciale ?

Absolument. C’était une victoire d’autant plus spéciale que le CHI de Genève était l’un de nos objectifs principaux l’an passé : nous avions organisé tout notre planning en fonction. Avant le CHI de Genève, j’ai passé deux mois à concourir au Mexique. 

 

United Touch S n’est pas venu avec moi au Mexique. Nous l’avons laissé chez nous et nous avons élaboré un programme d’entraînement pour lui et Naomi, sa groom et cavalière. Elle l’a gardé en top forme pendant mes deux mois d’absence. Je ne suis rentré que deux ou trois semaines avant le CHI de Genève. Nous avons peaufiné la préparation autant que possible durant ces dernières semaines, et je me sentais bien à l’approche du concours. J’ai pris United Touch S avec moi, car le reste de mes chevaux avaient été transportés directement à Wellington en Floride depuis le Mexique. 

 

Ce n’était pas un concours ordinaire pour mon équipe : nous n’avons participé qu’à deux épreuves, l’épreuve qualificative pour le Grand Prix et le Rolex Grand Prix lui-même. La semaine a passé lentement. Je préfère être occupé, faire au moins deux épreuves par jour, ou avoir deux chevaux pour travailler sur le plat le matin et sauter en compétition l’après-midi. 

 

Le jour du Rolex Grand Prix, j’ai eu un bon feeling sur United Touch S. L’échauffement s’est bien passé, et puis la chance joue toujours un rôle. Après notre sans faute à la première manche, nous n’avions rien à perdre. Autant tout donner au barrage, me suis-je dit. La chance nous a souri, et notre pari a réussi.

 

Quel cheval incroyable, United Touch S ! Pourriez-vous nous le décrire un peu ?

Effectivement, il est très spécial. Je ne trouverais sûrement jamais un autre cheval avec autant de moyens à l’obstacle. En plus de cela et de sa grande foulée, il est très généreux et a une détente incroyable. En tant que cavalier, le ressenti est incroyable. Je suis très reconnaissant à son éleveur et propriétaire de me laisser le monter. 

 

Au début, nous avons rencontré quelques problèmes sur les trajectoires les plus complexes. J’ai dû beaucoup réfléchir pour faire en sorte de lui permettre de gérer les parcours un peu techniques avec son énorme foulée. C’est difficile pour lui de la raccourcir, mais il y arrive de mieux en mieux, et nous n’avons pas fini de progresser.

 

Au départ, j’intellectualisais trop le parcours. J’essayais toujours de suivre les trajectoires décrites dans le plan du parcours. S’il y avait marqué sept foulées courtes, c’est ce que j’essayais de faire. Mais nous nous sommes vite rendu compte qu’il était plus facile d’enlever une foulée. Cela a pris un bon moment pour trouver comment adapter le parcours au cheval. Mais nous avons travaillé et évolué ensemble jusqu’à former un partenariat soudé. 

 

United Touch S fait beaucoup d’efforts et j’essaie de faire de même de mon côté. J’essaie dès que possible de faire en sorte que le parcours lui soit adapté, par exemple en tournant plus court ou en retirant une foulée. Je connais ses points forts et ses points faibles, et j’essaie d’utiliser ces connaissances quand je le monte.

 

Quel type de caractère a United Touch S chez lui ?

Une fois sur la piste, United Touch S est assez tendu et sensible. Il a beaucoup de sang. Au box par contre, que ce soit chez nous ou en compétition, il est ultra détendu. C’est un étalon mais il est tranquille, on peut le monter en compagnie de juments sans problème. Il est très sage et donne beaucoup de lui. Comme je l’ai dit, nous travaillons actuellement sur sa foulée trois ou quatre fois par semaine. Le reste du temps, il fait autre chose, comme des balades. Réduire sa foulée n’est pas chose facile pour lui, mais il aime travailler et s’améliorer. J’ai vraiment l’impression qu’il comprend et qu’il aime évoluer et se perfectionner. 

 

Quelle préparation avez-vous suivie en vue du Dutch Masters ? Le fait d’être Prétendant au titre provoque-t-il une pression supplémentaire ?

Nous n’avons pas beaucoup changé notre préparation. Un peu de pression, ça ne fait pas de mal, cela force à se concentrer. Depuis le CHI de Genève, nous nous sommes focalisés sur le Dutch Masters. Nous avons essayé de mettre au point un programme adapté. 

 

United Touch S ne viendra pas avec moi au Dutch Masters, mais j’amènerai à sa place Cepano Baboulet, l’un de mes meilleurs chevaux. La piste de Bois-le-Duc étant plus petite que celle du CHI de Genève, elle lui conviendra mieux. 

 

[Cepano Baboulet] était en compétition au Mexique à la fin de l’année dernière, puis à Wellington ces derniers mois. Je l’ai monté lors de trois concours, surtout des épreuves qualificatives pour des Grand Prix, pour qu’il soit en pleine forme pour le Masters. Il est revenu en Europe en avion la semaine dernière et se trouve maintenant dans nos écuries en Allemagne. De là, nous ferons le trajet pour Bois-le-Duc ensemble. 

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre piquet de chevaux ? À votre avis, est-ce que certains d’entre eux ont les qualités requises pour remporter un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping ?

J’ai la chance immense d’avoir accès à un très bon cheptel de chevaux, comme United Touch S ou Cepano Baboulet. Ce dernier a remporté plusieurs épreuves au CHIO d’Aix-la-Chapelle l’an passé, et a participé à la FEI Nations Cup™ du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ à Calgary. L’an dernier, Cepano Baboulet était mon deuxième choix, car il n’avait encore que neuf ans. Pour lui, c’était une très bonne expérience de participer à des gros concours, aux épreuves qualificatives de Grand Prix et à la FEI Nations Cup™. Maintenant qu’il est un peu plus âgé, je pense qu’il est prêt à passer à l’étape supérieure. Il a déjà sauté dans plusieurs Grands Prix 5*, bien qu’ils ne soient pas comparables à ceux du Rolex Grand Slam qui sont les plus grandes épreuves au monde. Il n’a encore jamais sauté à ce niveau, mais il a gagné deux épreuves 5* l’an passé. Je suis sûr que nous avons une chance. 

 

J’ai aussi un autre cheval de 10 ans très prometteur, Cydello, qui vient de m’arriver. Je nourris de grands espoirs quant à son avenir. Avec sa carrure compacte, on dirait le contraire de United Touch S, mais tout comme ce dernier, il est très généreux, intelligent et motivé. Le style est très différent, mais l’enthousiasme est le même ! Il est très prometteur, mais il manque encore d’expérience. Il pourrait finir par concourir au plus haut niveau. 

 

Le Dutch Masters, tout comme le CHI de Genève, se déroule en intérieur. Votre préparation est-elle différente selon que vous participiez à un concours indoor ou outdoor ? 

En gros, ma préparation est la même. Avant le CHI de Genève sur United Touch S, je l’avais fait sauter en intérieur, et nous nous sommes entraînés à prendre des trajectoires plus courtes pour qu’il s’habitue. Ceci dit, la piste du CHI de Genève est plus grande que nombre des pistes extérieures auxquelles nous sommes habitués. Ce n’est pas une piste indoor typique. 

 

Pour le Dutch Masters, il ne va pas être possible pour des raisons logistiques de faire concourir Cepano [Baloubet] dans une épreuve indoor. Celles-ci n’existent simplement pas en Floride. La météo souvent au beau fixe permet de monter en extérieur. C’est d’ailleurs pourquoi nous y sommes, car c’est mieux pour les chevaux. Je n’ai jamais fait de concours indoor sur Cepano Baboulet, mais cela ne m’inquiète pas : je ne crois pas que cela fasse une énorme différence pour lui. Nos chevaux ont beaucoup d’expérience, et dès leur entrée en piste, ils comprennent ce qu’ils ont à faire et focalisent leur attention sur les obstacles. 

 

Les chevaux moins expérimentés peuvent être distraits par la foule. Le public est souvent très près du bord de la piste, et l’atmosphère est différente par rapport à un concours en extérieur. Les chevaux n’y sont pas insensibles. L’atmosphère des concours indoor est plus intense, mais les chevaux plus chevronnés ont l’habitude et savent qu’ils doivent se concentrer sur la tâche à accomplir et ne se laissent pas distraire. 

 

Les autres membres de votre équipe, tels que les grooms, les vétérinaires, etc, jouent-ils un rôle important dans votre réussite ?

Tout à fait, chaque membre de l’équipe joue un rôle essentiel. Toute absence se ferait ressentir immédiatement. La qualité de l’équipe ne suffit pas à garantir la réussite dans un Majeur, mais sans cela, il serait impossible de concourir au plus haut niveau de notre sport. 

 

Les grooms en particulier assument toutes sortes de responsabilités : Felicia, ma groom de voyage, m’accompagne à tous les gros concours. Elle sera dans l’avion avec moi de Wellington en Allemagne. Il se peut qu’elle manque un ou deux concours d’entraînement par an, mais c’est tout. 

 

En Allemagne, je me fie totalement aux membres de mon équipe. Ici à Wellington, nous avons aussi Maggie, qui est encore nouvelle mais qui fait du super boulot. Lorsque je pars en concours, elle reste aux écuries pour s’occuper des chevaux que je ne monte pas à cette occasion. Nous faisons beaucoup d’allers-retours. Les écuries se trouvent à dix minutes seulement du lieu de concours, c’est très pratique.  

 

En Europe, la situation est un peu différente, car les concours ont souvent lieu à plusieurs heures de trajet de chez nous, ou même très loin comme le CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ de Calgary. Il faut donc pouvoir se fier à une bonne équipe qui connaît bien les chevaux, sait les monter et les longer, et a une sorte de cinquième sens qui leur permet de détecter même de légers changements d’humeur chez les chevaux. Il faut toujours avoir une longueur d’avance : si l’on ne détecte un problème que lorsqu’il devient évident aux yeux de tous, il peut être plus difficile à résoudre que si on l’avait détecté plus tôt. C’est le but en tout cas, et c’est pour cela qu’il faut s’entourer des bonnes personnes. Les chevaux doivent recevoir les meilleurs soins possibles. 

 

Nous travaillons aux côtés de deux maréchaux ferrants très qualifiés. Le premier s’appelle Christian Götz. L’autre est aussi très doué et s’occupe de nos jeunes chevaux. Lorsque nous avons un problème de ferrure, nous avons accès aux avis de deux personnes très qualifiées qui se respectent l’une l’autre. 

 

Nos vétérinaires, Shane Fouhy et Ulli Laege, s’occupent aussi très bien de nos chevaux. Nous partageons la même philosophie, qui consiste à prévenir plutôt qu’à guérir. Nous n’attendons pas qu’un cheval se mette à boîter pour agir. Un pied sain est un facteur essentiel quand il s’agit de concourir au top niveau. 

 

Les chevaux doivent être en parfaite forme physique et mentale. C’est pour cela que les grooms endossent de très grosses responsabilités. Ils doivent savoir lorsqu’un cheval doit en faire davantage, ou si au contraire ils ont besoin de repos au pré ou d’une balade en forêt. 

 

Je suis convaincu que le mental du cheval fait partie intégrante d’une bonne performance. Il y a énormément de choses à faire et à planifier, mais j’ai la chance d’avoir une super équipe. Il me serait impossible de faire tout cela sans elle. C’est un travail véritablement collectif. 

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping fête cette année son dixième anniversaire. Quel impact a-t-il eu sur la discipline, selon vous ?

Il est impossible de penser au saut d’obstacles sans penser au Rolex Grand Slam of Show Jumping. Il représente le plus haut niveau dans notre sport, avec les Jeux olympiques et les Championnats du monde. Les cavaliers participant au Dutch Masters, au CHIO d’Aix-la-Chapelle, au CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ ou au CHI de Genève sont les meilleurs de la planète. Sur les trente premiers au classement mondial, on en trouvera toujours vingt-cinq ou plus sur place. 

 

On finit donc par une épreuve rassemblant les meilleurs cavaliers et leurs meilleurs chevaux, qui ont tous une chance de gagner. La compétition est intense mais elle permet d’atteindre un niveau de performance inégalé. Après chaque concours l’an passé, je suis revenu chez moi empreint d’une nouvelle expérience. C’est l’opportunité idéale de regarder les meilleurs cavaliers à l’échauffement ou lors de la reconnaissance. Ce n’est parfois que des petits détails, mais pour un jeune cavalier comme moi, c’est une expérience très enrichissante.

 

Quelle importance revêt pour vous les tournois majeurs comme le CHIO d’Aix-la-Chapelle pour le saut d’obstacles ou Wimbledon pour le tennis ?

Ils sont très importants. Je ne suis pas particulièrement avide de tennis ou de golf, mais je connais le nom des grands tournois et je sais quand ils ont lieu. Et même si l’on ne regarde pas forcément tous les matchs, on s’intéresse quand même aux résultats. Ils permettent de communiquer au public que le gagnant d’un Majeur est forcément l’un des meilleurs du moment dans ce sport, ou a en tout cas dû battre les meilleurs. Pour les non amateurs, cela permet de savoir quels cavaliers se trouvent au sommet du classement. 

 

Si vous n’étiez pas cavalier de saut d’obstacles, quel métier auriez-vous fait ? 

J’aurais été agriculteur, sur les terres de mon grand-père.

 

Quel est le meilleur conseil que vous ayez jamais reçu ? 

De ne pas laisser tomber. Le chemin de la réussite est pavé d’échecs, qu’il faut savoir utiliser pour étoffer ses connaissances. C’est très important de ne pas avoir peur de perdre ou d’échouer. En cas d’échec, tirez-en les leçons qui s’imposent et essayez de mieux faire la prochaine fois. 

 

C’est ce que je me suis dit à l’entrée du barrage au CHI de Genève. Ce n’était pas le moins risqué des sans faute, mais j’y ai vu une chance de victoire. Il faut savoir prendre des risques pour réussir, et en cas d’échec j’en tire toujours une leçon. 

Les cavaliers à suivre lors The Dutch Masters 2024

(Photo: The Dutch Masters / REMCO VEURINK) (Photo: The Dutch Masters / REMCO VEURINK)

Le Dutch Masters est bien sûr le premier Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping de l’année et sera le dernier à fêter les dix bougies de l’initiative. Faisant halte du 7 au 10 mars à Bois-le-Duc, il réunira les meilleurs couples cheval-cavalier au monde. Au total, ce seront quarante-quatre cavaliers issus de douze pays différents, dont les six premiers au classement mondial, qui se disputeront la victoire dans les épreuves internationales de saut d’obstacles. Le très convoité Rolex Grand Prix aura lieu le dimanche après-midi. 

 

Richard Vogel, actuel Prétendant au titre, fera ses début au Dutch Masters dans l’espoir de faire un pas de plus dans sa conquête du Rolex Grand Slam of Show Jumping. En selle sur son formidable étalon United Touch S, le jeune Allemand avait volé vers la victoire au CHI de Genève. Mais Vogel a pris la décision tactique de venir cette fois accompagné de Cepano Baloubet, son hongre âgé de dix ans, à bord duquel il a déjà remporté plusieurs prix 5*. 

 

Cinq autre Allemands seront aussi au rendez-vous, dont Daniel Deusser et Marcus Ehning, tous les deux déjà vainqueurs de Majeurs et qui espéreront bien faire partie du tour d’honneur. Autre cavalier allemand au départ du célèbre concours indoors : Christian Kukuk, qui tentera de faire au moins aussi bien que sa troisième place au CHI de Genève en décembre dernier. 

 

En tête du contingent de cavaliers néerlandais désireux de ravir leur public, Harrie Smolders, numéro dix mondial, sera rejoint par treize de ses compatriotes, dont Leopoldo Van Asten, déjà gagnant du Grand Prix en ce lieu (avant l’avènement du Rolex Grand Slam) et Lars Kersten, gagnant à Göteborg la semaine dernière de la dernière phase de qualification pour la FEI Jumping World Cup™. Passionné et enthousiaste, le public hollandais créera à coup sûr une atmosphère sensationnelle au moment de l’entrée en piste des cavaliers sous le toit du Brabanthallen.

 

La Grande Bretagne sera représentée par trois cavaliers, dont Scott Brash, seul cavalier à avoir remporté le célèbre Rolex Grand Slam of Show Jumping. Ben Maher, actuel numéro deux au classement mondial, cherche toujours à décrocher sa première victoire à un Majeur. Il viendra tout droit du Winter Equestrian Festival de Floride où il a fait de très bons résultats. À 24 ans seulement, Robert Murphy fera sa première entrée dans le Rolex Grand Slam of Show Jumping. Issu de la Rolex Young Rider Academy, Murphy est un cavalier à suivre de près à l’avenir.  

 

Numéro un mondial et vainqueur de cette épreuve en 2019, Henrik von Eckermann représente toujours une menace pour les autres cavaliers haut classés. Il sera l’un des favoris au départ de cette édition. Max Kühner est lui aussi un ancien gagnant de l’épreuve désireux de reconquérir son titre. Ce pilier de l’équipe autrichienne viendra accompagné d’EIC Up Too Jacco Blue, aux rênes duquel il a remporté le Prix Audi lors de la dernière édition du concours. Passé tout près de son premier Majeur en 2023, le Français Julien Epaillard tentera d’éclipser la deuxième place qu’il avait alors obtenue. L’un des cavaliers les plus rapides au monde, il est certain de mettre le feu à la foule au moment du barrage. 

 

Les talentueux Steve Guerdat et Martin Fuchs auront pour espoir de voir hisser le drapeau suisse. Guerdat, qui a participé à tous les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping de l’histoire, a fait une très bonne année 2023 couronnée d’une victoire au Rolex IJRC Top 10 Final du CHI de Genève. Guerdat et Fuchs (qui à eux deux comptent déjà six Majeurs à leur actif) auront pour objectif de décrocher leur première victoire au Grand Prix du Dutch Masters.

 

Parmi les autres cavaliers de renom, on trouve l’Irlandais Bertram Allen, Témoignage Rolex, Grégory Wathelet, meilleur cavalier de saut d’obstacles de Belgique, et le suave Italien Lorenzo de Luca.

ROLEX GRAND SLAM OF SHOW JUMPING : APERÇU DE LA SAISON 2024

(Photo: Rolex Grand Slam / Thomas Lovelock) (Photo: Rolex Grand Slam / Thomas Lovelock)

Souvent considéré comme le plus grand challenge du monde du saut d’obstacles, le Rolex Grand Slam of Show Jumping sera une fois encore en tête des ambitions des cavaliers de renom cette année. Tout comme les tournois des grand chelems au tennis ou au golf, les concours du Rolex Grand Slam of Show Jumping sont les plus renommés au monde et présentent un enjeu extraordinaire pour les cavaliers et chevaux de talent. Le prestige du Rolex Grand Slam of Show Jumping est tel qu’il attire les meilleurs couples de chevaux et cavaliers au monde, de tous les coins de la planète, pour nous offrir un niveau de compétition inégalé.

 

Le Dutch Masters, premier en date, aura lieu du 7 au 10 mars. Inauguré en 1967, il sera aussi le dernier des Majeurs à donner l’occasion de fêter le dixième anniversaire du Rolex Grand Slam of Show Jumping (les festivités ayant commencé au CHIO d’Aix-la-Chapelle de 2023). Fort de sa victoire au CHI de Genève en décembre, le jeune Allemand Richard Vogel fera ses débuts sur la piste principale du prestigieux Brabanthallen. Prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping, il tentera tout pour être le deuxième cavalier de l’histoire à remporter cette récompense.

 

Souvent comparé au tournoi de tennis de Wimbledon, le CHIO d’Aix-la-Chapelle offrira un cadre de renom au nec plus ultra du saut d’obstacles. Aussi appelé World Equestrian Festival, cet événement propose de quoi ravir les amateurs avec cinq disciplines équestres représentées. Après dix jours de compétition haletante, il culminera le dimanche 7 juillet par le célèbre Rolex Grand Prix. Dans l’illustre parc sportif Soers, devant 40 000 passionnés d’équitation, quarante des meilleurs couples au monde se feront face lors de trois manches acharnées dans l’espoir d’inscrire leur nom au palmarès de ce concours emblématique.

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping traverse alors l’Océan Atlantique, direction Spruce Meadows, l’un des lieux de concours les plus renommés d’Amérique du Nord. Le CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ (du 4 au 8 septembre) sera le théâtre de l’un des Grands Prix les plus prestigieux au monde, le CPKC ‘International’ Grand Prix, présenté par Rolex. Le chef de piste Leopoldo Palacios offrira aux chevaux et cavaliers un défi de taille, qui exigera courage, précision et moyens. L’an passé, Martin Fuchs (témoignage Rolex) et le talentueux Leone Jei avaient décroché une victoire spectaculaire.

 

Le CHI de Genève marquera le point final du Rolex Grand Slam of Show Jumping 2024. Du 11 au 15 décembre à Genève, un contingent impressionnant de sportifs de haut niveau se réunira sous le toit de Palexpo, pour beaucoup le meilleur lieu de concours de saut d’obstacles indoors. Le Rolex Grand Prix servira de point d’orgue à plusieurs jours de féroce compétition et à une énième année de sensationnels divertissements proposés par le Rolex Grand Slam of Show Jumping. 

 

ENTRETIEN AVEC JOSIE ELIASSON

Jessica Springsteen & Josie Eliasson Jessica Springsteen & Josie Eliasson

Pourriez-vous d’abord vous présenter et nous dire quel est votre rôle ?

Je m’appelle Josefine et je travaille pour Jessica Springsteen depuis huit ans. Au départ, je travaillais à ses écuries et je montais un petit peu. Mais cela fait maintenant six ans que je voyage autour du monde avec elle et ses chevaux, en tant que groom de concours. 

 

Comment votre carrière a-t-elle commencé ?

J'ai commencé par faire de l'équitation quand j'avais cinq ou six ans, et je suis tombé amoureuse des chevaux. Un peu plus tard, j’ai eu un bon cheval avec lequel j'ai fait de la compétition en Suède. La personne gérant les écuries où mon cheval était en pension concourait aussi régulièrement aux National Young Horse Championships, et je lui servais de groom. Je me suis vite rendue compte que ça me plaisait, et elle m'a toujours encouragée dans ce sens. Elle m'a répété que j'étais douée et que je me souvenais de tous les petits détails importants. 

 

J’ai alors rendu visite à une amie à moi qui travaillait avec des chevaux en Suisse. Après deux jours seulement, je savais que c’était bien ce que je voulais faire. Je lui ai demandée si elle connaissait quelqu'un qui avait besoin d’une personne pour travailler dans ses écuries. C’est là que j’ai trouvé un poste auprès de Romain Duguay. J'avais toujours mon cheval mais j'ai réussi à le prêter et j'ai fait mes valises pour la Suisse. Je suis restée à ce poste pendant un an environ, avant de repartir en Suède. J’ai réalisé que mon ambition était de devenir groom de concours en Europe, ce qui nécessitait souvent de conduire un van, une tâche difficile sans permis de conduire correspondant. Mais avant même mon premier cours d'auto-école catégorie poids lourds, j'ai commencé à travailler avec Jessica. C'était il y a huit ans de cela maintenant. 

 

Si vous pouviez revenir dans le temps, quels conseils donneriez-vous à la personne que vous étiez à vos débuts ?

Je me dirais d’écouter les personnes ayant plus d’expérience que moi. Ce que j'aime dans cette profession, c'est qu'on apprend toujours de nouvelles choses, et cela pour deux raisons : tout d’abord parce que notre sport évolue en permanence, et puis parce que chaque personne a ses propres systèmes et techniques. J’ai toujours osé poser des questions, mais je lui conseillerais tout de même d’en poser encore plus, car c’est comme ça qu’on apprend. 

 

Vous faites souvent le trajet pour les États-Unis, comment faites-vous pour que les chevaux soient en forme à l’arrivée ? Avez-vous des astuces de pro à partager avec nous ?

La clé du succès, c’est de très bien connaître son cheval. De cette façon, il est plus facile de remarquer si quelque chose ne va pas. Plus on remarque vite ce genre de choses, plus vite on peut remédier au problème. C’est plus facile à faire avec les chevaux de championnat, car on passe énormément de temps en leur compagnie et on connaît toutes leurs petites habitudes. N’importe quel petit changement dans leur comportement est donc immédiatement évident, et on peut prendre les mesures adaptées avant que cela ne devienne un vrai problème. 

 

 

Avez-vous des habitudes ou gestes superstitieux bien ancrés au moment de la compétition ?

Tout le monde a ses petits gestes et habitudes, je crois, à l’approche des grandes épreuves. Par exemple, je dis toujours à ma cavalière de ne pas oublier de s’amuser, et je donne une petite tape sur l’encolure du cheval. Pour les grosses épreuves, j’essaie de le faire discrètement afin de ne pas déranger ma cavalière alors qu’elle tente de se concentrer, mais je n’y manque jamais. 

 

Parlez-nous des chevaux dont vous vous occupez et de leurs caractéristiques.

Don Juan Van De Donkhoeve, la monture olympique de Jessica, est notre meilleur cheval. Lui et moi sommes très liés. En tant que groom, on passe tellement de temps seuls avec nos chevaux de championnat qu’on apprend à les connaître comme personne. Je sais que tous les grooms doivent se dire la même chose, mais j’ai vraiment l’impression d’avoir un lien privilégié avec Don. Par exemple, quand j’entre dans l’écurie, il hennit à mon approche, mais ne le fait pour personne d’autre. Il occupe une place très spéciale dans mon cœur. C’est un étalon, mais c’est l’étalon le plus gentil que j’ai jamais rencontré. 

 

Je filme aussi toutes les épreuves. C’est une autre habitude que j’ai, même lorsqu’on peut regarder la compétition en live ou acheter la vidéo. Si quelqu’un d’autre filme, je ne sais pas quoi faire de mes mains. Il faut que je tienne un téléphone ! Dès que je filme Don [Juan Van De Donkhoeve], il faut toujours que je l’encourage à toutes les étapes. Je l’exhorte : « Vas-y, tu vas y arriver ! » 

 

Dans notre cheptel de chevaux 5*, on a aussi Hungry Heart. Il a douze ans et c’est un vrai personnage. On peut jouer avec lui comme avec un chien de compagnie. Je blague souvent en disant que si j’y mettais du mien, je pourrais sûrement lui apprendre à s’asseoir. Il est trop rigolo. Il y a aussi deux ou trois autres chevaux très prometteurs. Nous avons un bel avenir devant nous ! 

 

Que faites-vous pour vous assurer qu’ils soient au top de leur forme aux dates clés du calendrier équestre ?

On essaie de partir d’une date importante pour planifier notre approche à l’avance pour le cheval en question. Si on sait qu’un cheval saute mieux la deuxième semaine de compétition, on fait en sorte de prévoir des épreuves sur deux semaines consécutives. 

 

En tant que groom, j’essaie de garder la même routine en concours et à domicile, car les chevaux sont plus calmes ainsi. Lors des grands concours, on peut utiliser des choses un peu spéciales, comme des couvertures massantes, mais j’essaie au maximum de garder les choses simples et de les laisser être eux-mêmes. 

 

Jessica a fait de très bonnes performances au Rolex Grand Prix du CHI de Genève. Qu’a ressenti l’équipe dans son ensemble à ce moment-là ?

Le CHI de Genève est un événement très spécial. C’est mon concours indoor préféré, et sûrement celui de Jessica et de la plupart des cavaliers de haut niveau. Une performance réussie dans un Grand Prix aussi prestigieux est un rêve devenu réalité, pour lequel nous avons beaucoup travaillé. Nous sommes allés à deux ou trois concours avant le CHI de Genève, et Don [Juan Van De Donkhoeve] était en très bonne forme. Pour cette raison, nous nous sommes beaucoup mis la pression, mais nous étions ravis de finir la saison 2023 en Europe par ce résultat. La dernière fois que nous étions au CHI de Genève, une petite erreur au Rolex Grand Prix nous avait coûté cher. Nous nous sommes rachetés cette année. 

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping fête cette année son dixième anniversaire. Quel impact a-t-il eu sur la discipline, selon vous ?

Il a eu un impact incroyable. C’est l’objectif ultime de chaque cavalier. Gagner un Majeur et devenir le Prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping est une très grande réussite, mais avoir l’opportunité de concourir dans ces épreuves les plus prestigieuses au monde est déjà un immense privilège pour les cavaliers. C’est très spécial de concourir ou même d’être présent dans des lieux tels que ceux qui accueillent le CHIO d’Aix-la-Chapelle ou The Dutch Masters. 

 

Quelle importance revêt pour vous les tournois majeurs comme le CHIO d’Aix-la-Chapelle pour le saut d’obstacles ou Wimbledon pour le tennis ?

Je trouve qu’ils permettent de mieux faire connaître le sport en question. C’est toujours incroyable de pouvoir assister au plus haut niveau de la compétition mondiale, et les Majeurs sont là pour ça. C’est une chance, au-delà de l’épreuve elle-même, de remporter une récompense comme le Rolex Grand Slam of Show Jumping. À mon avis, c’est un enjeu capable de passionner tout le monde, même ceux qui ne sont pas normalement des amateurs de sports équestres. 

 

L’an passé, vous avez lancé Yeehaw, une société visant à établir des connexions entre grooms et cavaliers. Qu’est-ce qui vous a poussée à lancer cette initiative ? 

Plusieurs facteurs m’ont encouragée à lancer ma propre entreprise. Tout d’abord, le fait que beaucoup de gens me demandaient comment trouver du personnel de qualité ou des postes intéressants. Il y a beaucoup de bons grooms et employeurs, mais ce n’est pas toujours facile pour nouer des connexions. 

 

Je souhaitais créer une plateforme où tout le monde pourrait accéder aux postes vacants. Il n’est pas difficile de trouver du travail dans ce secteur, car il existe de nombreux postes à pourvoir, mais ce n’est pas toujours facile de trouver un bon poste. Avant, il fallait connaître les bonnes personnes, car il n’y avait pas de site officiel où chercher un emploi.

 

Je voulais donc créer une communauté où les grooms et cavaliers pourraient se retrouver et échanger. L’autre objectif, c’était de renforcer les normes dans ce domaine pour tenter d’améliorer les conditions de travail des grooms. Un poste de groom valorisant vous donne envie de rester indéfiniment. Mais si l’on ne se sent pas valorisé dans son premier poste, on peut très vite en avoir ras le bol, même si l’on est doué. J’aimerais que ces personnes talentueuses trouvent les meilleurs postes possibles, car c’est le meilleur métier qui soit à mes yeux. 

 

Si vous pouviez donner un conseil à un groom en herbe, quel serait-il ?

Je lui donnerais le même conseil qu’à la personne que j’étais plus jeune : d’écouter les grooms chevronnés pour en apprendre le plus possible. Je lui conseillerais également de ne pas avoir peur. Beaucoup de gens ne se trouvent pas mal dans leur travail, mais ne sont pas aussi heureux qu’ils pourraient l’être. Alors évidemment, cela fait peur de se lancer dans l’inconnu et de changer de vie, mais c’est essentiel de trouver sa place. Enfin, il faut bien sûr aimer les chevaux. En tant que groom, on passe énormément de temps à s’en occuper et à voyager en leur compagnie. Mais si c’est le cas, c’est le meilleur métier du monde.

 

ENTRETIEN AVEC JOSEPH ET MARK STOCKDALE

(Photo: YRA) | (Photo: Nelson Chenault) (Photo: YRA) | (Photo: Nelson Chenault)

Joseph et Mark Stockdale sont tous deux des étoiles montantes de l’univers sportif, le premier au saut d’obstacles et le second au golf.

Les deux frères tiennent de toute évidence de leur père, Tim Stockdale, aujourd’hui malheureusement décédé : celui-ci avait représenté la Grande Bretagne aux Jeux olympiques de 2008 en saut d’obstacles.

 

Pourriez-vous vous présenter et nous donner un aperçu de votre parcours professionnel ?

[Joseph Stockdale] : Je m’appelle Joseph Stockdale. J’ai 24 ans, j’habite à Northampton [au Royaume-Uni] et je suis cavalier de saut d’obstacles. En 2022, j’ai fait partie de l’équipe britannique médaillée de bronze aux Championnats du monde FEI à Herning, et j’espère bien concourir cet été aux Jeux olympiques de Paris 2024. 

 

[Mark Stockdale] : Je m’appelle Mark Stockdale. J’ai 19 ans et je suis également originaire du comté du Northamptonshire. J’appartiens actuellement à l’équipe universitaire de golf de l’UCA (University of Central Arkansas), ainsi qu’à l’équipe nationale d’Angleterre. Mon but est de devenir golfeur professionnel. Je suis actuellement en 320e position au classement mondial.  

 

À votre avis, qu’avez-vous appris de vos sports respectifs ? Existe-t-il des différences ou au contraire des similitudes ? 

[Joseph Stockdale] : Ce sont deux sports qui ont pour point commun de provoquer de grandes frustrations. Mark sait monter à cheval, et j’ai pratiqué le golf. Mais au plus haut niveau, ce sont deux sports très difficiles. Avec les chevaux, c’est les montagnes russes, on a constamment des hauts et des bas. Ayant joué au golf à petit niveau, je sais c’est un jeu qui peut être très frustrant, où il faut se livrer bataille à soi-même. Dans un sens, on a la chance dans le saut d’obstacles d’avoir d’autres facteurs qui entrent en jeu, comme les chevaux. Le golf est un sport très individuel. En cas de mauvaise performance, on ne peut que s’en prendre à soi-même. Mais dans l’ensemble, la force mentale est un élément fondamental dans les deux sports.

 

[Mark Stockdale] : Je suis tout à fait d’accord. Dans les deux cas, il est essentiel de rester patient et de se fier à sa préparation. Ces choses prennent du temps, il faut être résilient pour y arriver. Ces deux sports sont très différents et à la fois similaires. Il faut faire preuve de beaucoup de patience. On n’arrive pas tout de suite en tête du classement, il faut y travailler chaque jour. 

 

[Joseph Stockdale] : La chose à retenir dans n’importe quel sport de haut niveau est le fait que la réussite ne repose pas entièrement sur la préparation et les résultats, mais aussi sur le côté psychologique et sur l’état d’esprit qu’on cultive après une épreuve. Ces deux aspects sont comparables dans ces deux sports très différents.  

 

Pensez-vous qu’on puisse comparer la relation entre le golfeur et son caddie à celle qui unit cavalier et groom ?

[Mark Stockdale] :  Effectivement, je pense qu’il y a là des points communs. La confiance doit être là. Joe doit pouvoir se fier à Charlotte [sa groom de concours, ndlr] pour être sûr que ses chevaux sont prêts et en pleine forme le jour J. De mon côté, je dois vouer une confiance totale à mon caddie, avec qui je partage les mêmes objectifs et le même état d’esprit. Lorsque nous échangeons sur certains aspects de la partie, nous devons être sur la même longueur d’onde. Il ne faut pas se disputer ! Mais en fin de compte, lorsque Joe entre en piste ou que je lève mon club, le groom et le caddie ne font plus partie de l’équation. Ils ont rempli leur part du contrat : c’est à l’athlète de jouer.

 

[Joseph Stockdale] : Il existe de nombreuses similitudes entre les deux. Comme l’a dit Mark, la confiance est primordiale. C’est tellement plus reposant quand on sait que quelqu’un vous accompagne et vous soutient à chaque étape de votre préparation. C’est aussi très important d’avoir quelqu’un avec qui échanger et partager des idées. Par exemple, Mark peut demander à son caddie ce qu’il pense d’un coup potentiel, et même si ce dernier se contente de dire que c’est une bonne idée, cela donne confiance. De mon côté, quand je suis à l’échauffement avec Charlotte, je peux lui demander : « Comment était-il sur le vertical? », et elle me répond « Parfait ! ». Même si c’est surtout pour se rassurer mentalement, cela donne confiance : ce soutien permet de réaffirmer qu’on peut se faire confiance et qu’on sait ce qu’on fait. C’est bon pour le moral de se sentir soutenu au moment d’entrer sur la piste ou de jouer le coup.  

 

Pourriez-vous nous parler de votre équipe et de son rôle dans votre réussite ? 

[Joseph Stockdale] : Je suis entouré d’une super équipe, comprise de nombreuses personnes. Non seulement les gens qui travaillent aux écuries chaque jour, mais aussi les vétérinaires, les maréchaux ferrants, les kinés et bien d’autres. Quand on y réfléchit, beaucoup de gens contribuent à mon succès. Je me suis intéressé à la psychologie du sport dernièrement, et j’ai notamment lu des livres écrits par des cyclistes qui parlent de la règle des 1 %, dans laquelle votre équipe joue un rôle crucial. En améliorant chaque aspect de la préparation par paliers de 1 %, la différence peut finir par être énorme. Désormais, notre rôle est de faire en sorte que tout le monde améliore ses performances de 1 % à chaque étape. Les gens qui m’entourent sont formidables, ils mettent tous leurs efforts dans leur travail. Je ne pourrais jamais assez les remercier. Sans eux, je n’aurais jamais eu le même succès.

 

[Mark Stockdale] : Pareil pour moi. Je ne serais pas où j’en suis aujourd’hui sans l’aide de ma famille et de mes proches. Le golf n’est pas un sport que ma famille connaissait. Nous l’avons découvert ensemble et nous continuons d’apprendre de nouvelles choses chaque jour à ce sujet. En tant que sportif professionnel, on rencontre de nombreuses difficultés dont il faut pouvoir être en mesure de parler pour en tirer des leçons. Je reçois aussi l’aide de mon université. Par exemple, je rencontre mes entraîneurs aujourd’hui pour être au top de ma forme au moment de concourir. L’association anglaise de golf (England Golf) m’aide également à participer aux meilleurs tournois et à concourir au plus haut niveau. Sans compter les nombreux intervenants externes, comme les fabricants de mes clubs de golf, sans qui je n’en serais pas là. 

 

Pouvez-vous nous expliquer l’importance des tournois et concours « majeurs », comme le CHIO d’Aix-la-Chapelle ou le Masters au golf, pour la notoriété et l’image de marque de vos sports respectifs ? 

[Joseph Stockdale] : Ce sont les événements à ne pas manquer dans nos deux sports. Si l’on interroge n’importe quel cavalier de saut d’obstacles sur les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping, comme le CHIO d’Aix-la-Chapelle ou le Dutch Masters, il vous dira que ce sont des concours spectaculaires, les meilleurs au monde.

 

Quand je parle à mes amis en dehors de l’univers équestre, ceux-ci ne connaissent pas forcément les concours dont je leur parle. Mais si je leur dis que je vais à un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping, ils comprennent tout de suite l’importance de l’événement. C’est ça, l’impact qu’a eu Rolex. 

 

Pour les cavaliers, ces concours sont les plus importants et les plus dotés au monde : ceux que tout le monde rêve de remporter, là où l’on retrouve le plus grand talent. 

 

[Mark Stockdale] : Pareil au golf : lorsqu’on entend le mot ’Masters’, tout le monde est conscient du côté prestigieux et de l’importance historique de l’événement. Même s’ils ne jouent pas tous au golf, les membres du public ont entendu parler des joueurs victorieux ou de la fameuse « veste verte ». À mon avis, ces événements permettent d’attirer les personnes qui n’avaient pas jusque-là d’intérêt particulier pour ce domaine, qui comprennent à quel point une victoire est prestigieuse pour le gagnant. Ce type d’enjeu est très important dans le sport. 

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping donne aux jeunes cavaliers la chance de concourir aux côtés des plus grands. Quelle importance revêt cette opportunité pour eux de se mesurer aux meilleurs cavaliers de la planète ? 

[Joseph Stockdale] : C’est ce qui permet de passer au niveau supérieur. Dans les concours 5* usuels, les cavaliers en lice ne sont pas aussi éminents que ceux des Majeurs du Rolex Grand Slam Majors, les obstacles pas aussi massifs, les parcours pas aussi techniques. Pour un jeune cavalier, la première participation à un Majeur est une expérience électrique. 

 

On apprend énormément lorsqu’on est forcé de se dépasser. La première fois que je suis allé au CHI de Genève, j’ai adoré. On y retrouve le nec plus ultra du saut d’obstacles mondial. Tous les plus grands cavaliers sont au rendez-vous avec leurs meilleurs chevaux dans l’espoir de gagner. Les barrages de ces épreuves sont exceptionnels, on ne retrouve cela nulle part d’autre. En temps normal, on assiste à un une performance exceptionnelle une fois par mois environ. Mais au Rolex Grand Prix du CHI de Genève en 2022, ce sont cinq cavaliers qu’on a vu avaler le parcours à toute vitesse. Chaque passage était aussitôt qualifié d’imbattable, avant d’être dépassé par le prochain couple. Un spectacle inoubliable pour les spectateurs, mais aussi une expérience formidable pour les cavaliers tels que moi. J’ai appris énormément de choses. Chaque Majeur est une chance extraordinaire de pouvoir se mesurer à ses héros, et je suis très reconnaissant aux organisateurs de présenter cette opportunité aux jeunes cavaliers. Je ne pense pas que j’en serais là si je n’avais pas eu cette opportunité, grâce à laquelle j’ai infiniment amélioré mes performances.  

 

Ayant grandi dans une famille férue d’équitation, qu’est-ce que vous a mené à développer une passion pour le golf ? Pensez-vous avoir tiré des leçons d’une enfance passée dans cet univers, qui vous sont utiles dans votre carrière de golfeur ?

[Mark Stockdale] : J’ai commencé à jouer au golf pour m’amuser. Mon père s’y est mis, et Joe a pris des cours en même temps que lui, et ils allaient jouer ensemble le week-end, une fois mon père rentré de concours. J’ai voulu apprendre pour passer du temps avec eux. J’ai pris quelque cours, et mon esprit de compétition s’est tout de suite réveillé. J’ai dû m’entraîner pour essayer d’être au même niveau qu’eux et de les battre. J’avais des facilités, et quand j’ai commencé à participer à des tournois, j’ai très vite adoré m’entraîner et m’améliorer. C’est un sport très frustrant : il suffit de penser qu’on a compris quelque chose pour que cela vous file entre les doigts le lendemain. Cette quête incessante d’amélioration, c’est ça que j’aime. 

 

Ma famille m’a appris qu’on ne peut pas prendre un jour de congé parce qu’on en a envie. Il faut monter chaque jour, il n’est pas possible de laisser un cheval à l’écurie. Il faut travailler sans cesse. Lorsque mon père et Joe partaient monter, j’allais m’entraîner pour me perfectionner. Pour cela, il faut être très résilient. Les contrecoups sont inévitables, mais en restant concentré sur ses objectifs et en travaillant dur chaque jour, on peut y arriver. 

 

Avec un père athlète olympique, vous baignez depuis tout petits dans la compétition. Quelles leçons vous a-t-il inculquées ?

[Mark Stockdale] : Il m’a énormément appris, et je pense à ces leçons au quotidien. Par exemple dans sa manière d’être et d’échanger avec les gens, comme les enfants en quête d’un autographe ou les personnes qu’il rencontrait dans la vie de tous les jours. Aux concours, tout le monde le connaissait et vice-versa. J’ai appris à forger des liens avec les personnes pour mériter leur respect. Mon père a toujours été consciencieux et professionnel, et m’a inculqué le goût du travail bien fait. Pour réussir, il faut se donner à 100 % et persévérer encore et toujours. 

 

[Joseph Stockdale] : Je suis d’accord avec Mark. Notre père était volontaire et même obstiné. Quand il perdait ou rencontrait une difficulté, il ne se résignait jamais, mais redoublait d’efforts. Il faisait tout son possible pour retrouver le chemin de la victoire. Il pouvait se montrer têtu : si quelque chose ne marchait pas, il était toujours décidé à trouver la solution pour résoudre le problème et atteindre le résultat visé. Dans les moments où nous pourrions avoir envie d’arrêter, sa voix résonne dans nos esprits et nous exhorte : « Vas-y, continue, essaie de trouver une solution ». Il continue de nous motiver à ce jour. 

 

Si vous pouviez remporter un Majeur, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?

[Joseph Stockdale] : De mon côté, j’aimerais beaucoup remporter le Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle. C’est un Grand Prix très spécial, avec plusieurs manches, réputé pour sa difficulté et pour la taille de ses obstacles. La piste en herbe du CHIO d’Aix-la-Chapelle a une longue et épique histoire. C’est mon rêve de gagner à cet endroit. Au golf, je dirais bien sûr le Masters. Ça doit être phénoménal de jouer sur la pelouse d’Augusta et d’enfiler la fameuse veste verte. 

 

[Mark Stockdale] : Je dirais aussi le Masters. Avec son fairway tondu au cordeau, c’est ce qui s’approche le plus du paradis pour un golfeur. On n’est pas loin de la perfection dans ce tournoi à la réputation irréprochable. Quand j’étais petit, le moment où le joueur enfile la veste verte, c’était le golf dans toute sa splendeur.

(Photo : Tiffany Van Halle) (Photo : Tiffany Van Halle)

L'histoire derrière United Touch S

United Touch S provient d’une lignée forte en succès parmi lesquelles est à noter la victoire du champion olympique, Classic Touch. Classic Touch, une jument issue de l'accouplement entre Caletto II et Sevada (par Landgraf I), est devenue célèbre sous la selle de Ludger Beerbaum. Le duo a remporté la médaille d'or aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992, marquant une victoire significative tant pour le cheval que pour le cavalier. Cette réalisation demeure la seule médaille d'or olympique individuelle de Ludger Beerbaum à ce jour. Deux éleveurs notables ont joué un rôle crucial dans l'histoire d'United Touch S. La famille van der Vorn, responsable de l'élevage de Touch of Class et propriétaire de Cantate Touch, a contribué au développement de cette lignée remarquable. Puis, l'éleveur d'United Touch S a joué un rôle essentiel en combinant stratégiquement les génétiques d'un demi-frère et d'une demi-sœur, aboutissant à la naissance d'United Touch S.

La famille van der Vorm – De Margaretha Hoeve

Cantate Touch, le premier poulain de Classic Touch, a été vendu par l'intermédiaire de Joop Aaldering à la famille van der Vorm aux Pays-Bas, propriétaire de Margaretha Hoeve. Annemiek van der Vorm, nous dit à propos de sa famille : "Classic Touch venait d'être sacrée championne d'Allemagne et ma famille la considérait déjà comme un excellent cheval. Nous avons appris de M. Aaldering qu'elle avait une fille de Capitol I : Cantate Touch. Les Holsteiner ont toujours fait partie de nos premiers choix, mon père investissait à l'époque dans de bonnes juments et a donc décidé de l’acheter. C'était une jument fantastique. Au fil des ans, nous sommes devenus propriétaires de Lux Z et ma famille pensait que c'était une combinaison parfaite pour Cantate Touch. Lux Z avait une grande amplitude de saut, une bonne longueur, de la puissance et était extrêmement souple. Selon eux, c'était l'étalon parfait pour une jument super prudente comme Cantate Touch. Je pense que nous - surtout mes parents et mes frères - avons élevé de très bons chevaux pour plusieurs personnes à Margaretha Hoeve avec environ 60 poulains chaque année. Bien sûr, nous sommes très fiers de United Touch S." Cantate Touch a sauté à 1,60 m avec Ben Schröder, qui montait pour la famille van der Vorm à l'époque. Leur duo a notamment remporté des Coupes des nations et le Grand Prix à Modène en Italie.

Julius Peter Sinnack

Julius Peter Sinnack, qui a été récompensé par le prix de l'éleveur de l'année en 2015 en Westphalie, a tenté d'acheter la jument Cantate Touch de la Margaretha Hoeve pendant de nombreuses années, ayant observé son succès sur le terrain.

 

Touch of Class (Photo: Private) Touch of Class (Photo: Private)

Sinnack n'a pas abandonné, et en 2003, il a réussi à acheter une pouliche par Lux Z, issue de Cantate. Sinnack a baptisé cette pouliche prometteuse Touch of Class. Il se souvient : "J'ai toujours voulu avoir quelque chose de la lignée de Classic Touch. Dans les années 90, Classic Touch était LE cheval qui faisait battre le cœur de tout le monde. Je l'ai vue après sa victoire olympique dans l'écurie avec Ludger Beerbaum. Elle m'a beaucoup impressionné ! J'ai demandé à mon ami Joop Aaldering qui a beaucoup de contacts, s'il pouvait m'aider à trouver une descendance de cette lignée parce qu'il avait acheté Cantate Touch à Hans Werner Ritters et l'avait initialement vendue à la famille van der Vorm. Cantate Touch était active comme poulinière après sa carrière sportive. J'ai essayé d'acheter Cantate Touch, mais elle était tellement chère que je ne l'ai pas achetée tout de suite.  C’est en 2003 qu’elle a eu une pouliche par Lux Z qui m'intéressait, et que j'ai achetée. Je me souviens encore quand elle est arrivée ici à ma ferme – je suis un éleveur assez émotionnel – car quand elle est descendue du camion, je me suis dit, « voilà Classic Touch »  c'était un instant assez fort en émotions." À ce moment-là, je ne pouvais pas savoir comment elle se comporterait en tant que poulinière. Je l'ai laissée sauter en liberté en tant que yearling et j’étais déçu de voir qu’elle n’était pas du tout douée. Je l'ai saillie à deux ans et j'ai récupéré un embryon. Je ne voulais pas qu'elle porte son propre poulain à un si jeune âge. Cet embryon est devenu un poulain par Diamant de Semilly, Deauville S, qui s'est révélé plus tard être sa première progéniture avec des victoires de haut niveau - il a obtenu de nombreuses places de choix avec Laura Kraut, tant en Coupes des nations qu'en Grand Prix 1m60, comme à St. Moritz. J'ai choisi Diamant de Semilly parce que Touch of Class était une jument très sanguine et avait un physique légèrement incliné vers l’arrière, donc je pensais vraiment qu'elle pouvait bien s'accorder avec Diamant de Semilly, et ça a marché. Je l'ai utilisé plus tard encore pour Touch of Class. Il me faut des semaines, voire des mois, pour trouver les bons croisements pour les juments. Après Diamant de Semilly, j'ai utilisé Canturo pour Touch of Class. Leur pouliche est devenue Zypria S, qui a sauté à 1,70m avec Willem Greve. Elle faisait partie de l'équipe olympique néerlandaise à Tokyo en 2021 et de l'équipe néerlandaise victorieuse de la finale de la Coupe des nations en 2019. Canturo a transmis de nombreuses caractéristiques telles que la portée et une bonne technique à Zypria S. Elle était peut-être un peu raide au niveau de son corps, ce qui lui rendait la tâche un peu plus difficile mais elle compensait avec ses autres bonnes caractéristiques.

Au moment où j'ai terminé le transfert d'embryon de celui qui allait devenir Deauville S, j'ai pu acquérir Cantate Touch. J'ai alors croisé Cantate Touch avec mon étalon élevé, Con Cento S (Cento x Polydor). Ce poulain, Con Touch S, a sauté au niveau international avec Laura Kraut et Simone Blum, atteignant 1,60 m avec Blum. Après Con Cento S, j'ai utilisé le fils de Hors la Loi II, Untouchable, pour Cantate Touch. Ce poulain est devenu l'étalon Untouched, le père d'United Touch S. Il était un sauteur spectaculaire en tant que jeune cheval et a été vendu à un propriétaire de Nick Skelton, qui a été le premier à remporter un succès international avec Untouched. Plus tard, Ben Maher a concouru avec lui, mais Untouched est malheureusement décédé trop tôt. Je suis sûr qu'il aurait accompli des choses incroyables dans ce sport.

 

(Photo : Tiffany Van Halle) (Photo : Tiffany Van Halle)

Sinnack se souvient : "Le quatrième poulain de Touch of Class était United Touch S, par Untouched. C'était un gros risque, une expérience d'éleveur qui aurait pu mal tourner. C'était très risqué, mais je n'ai jamais eu de doutes. United Touch S était très joli en tant que poulain et se déplaçait bien. Quand United Touch S est né, j'ai tout de suite dit dès le premier jour que ce poulain allait saillir la pouliche qui était née le même jour. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé par la suite. J'avais déjà en tête que United Touch S pouvait devenir un étalon validé. Il aurait pu être enregistré en tant que cheval Holsteiner, mais l'Association Holsteiner n'a pas accepté son père en tant qu'étalon, ils ne l'ont pas approuvé lors de sa présentation. Ainsi, United Touch S est devenu un poulain enregistré en Westphalie. Il est en réalité entièrement d'origine Holsteiner avec un apport de sang français."

À l'époque, j'ai utilisé Untouched car il montrait déjà des choses prometteuses en tant que cheval de sport. Cela m'a convaincu en partie de l'utiliser, en raison de la façon dont il utilisait son corps. Je voulais consolider ces caractéristiques. Je voulais également ramener beaucoup de Classic Touch dans la lignée. Encore une fois, cela aurait pu fonctionner complètement différemment si le poulain n'avait pas été sain, ou s'il avait présenté des traits négatifs. L'accouplement consanguin est utilisé pour consolider certaines caractéristiques, c'est l'objectif derrière ce type d'accouplement. Je pensais vraiment que cela pouvait fonctionner entre Touch of Class et Untouched. La combinaison devait fonctionner, en lien avec les caractéristiques des deux. Au final, United Touch S s'est révélé être de qualité. Je sais que c'était un risque de faire ce croisement.

En tant que jeune cheval, il avait une bonne façon de sauter. J'ai toujours eu un avis positif à son sujet. Je me souviens qu'à l'âge de deux ans, il était dans le champ avec d'autres jeunes poulains que nous avions là-bas et séjournait dans une écurie ouverte, aussi durant l'hiver. J'ai passé tellement de soirées à m'asseoir devant cette écurie et à l'observer. Il avait quelque chose de spécial, et je l'ai aussi regardé de près parce qu'il était consanguin. Je n'ai jamais pu découvrir quelque chose de négatif à son sujet, et je l'ai vraiment observé pendant de nombreuses heures.

Il a été monté par Hendrik Dove à l'âge de quatre ans. Je confie beaucoup de mes jeunes chevaux à lui. Il était déjà très enthousiaste à propos d'United Touch S – avec sa facilité de conduite et son comportement, c'était un étalon très facile à gérer. Dans mon écurie, j'ai des étalons, des hongres et des juments, et cela ne le dérangeait pas. En tant que jeune cheval, il avait une technique de saut fantastique, cependant, évaluer la portée à cet âge était difficile. À quatre et cinq ans, il saillait à l'élevage Schuld. Il a terminé deuxième en tant que cheval de saut de cinq ans aux championnats de Westphalie. Trois semaines plus tard, il a de nouveau terminé deuxième, cette fois-ci au Bundeschampionat. Après le Bundeschampionat (championnats de jeunes chevaux en Allemagne), il est allé chez Willem Greve qui lui a donné une excellente éducation. Je voulais également m'assurer qu'il saillisse des juments aux Pays-Bas, et donc le sperme était vendu par l'intermédiaire du père de Willem, Jan Greve.

Il avait aussi sa demi-sœur Zypria S, dans son écurie avec qui il faisait partie de l'équipe nationale de saut d'obstacles. Après Willem Greve, United Touch S est allé chez Bart Bles. C'était une belle association pour United Touch S mais en raison de certaines circonstances il n’a pas pu vraiment le faire concourir dans de nombreuses épreuves et j'ai dû l’en retirer. J'ai rencontré Sophie Hinners lors d'un concours chez Holger Hetzel et j'ai parlé de United Touch S avec elle. Nous avons convenu que je passerai avec lui pour qu'elle puisse l'essayer. Sophie pensait qu'il pourrait être trop fort pour elle, mais que Richard (Vogel) aimerait le monter. C'était 10 jours avant le Bundeschampionate, mais il m'a appelé pour voir si cela me dérangeait que United Touch S participe à l'épreuve des chevaux de huit ans et plus. J'ai été un peu surpris parce que chaque éleveur le surveillerait de très près. Je pensais que si quelque chose allait mal, tout le monde se moquerait de moi. Le premier jour, il a fait deux fautes et n'a pas très bien sauté, mais le deuxième jour, ils ont remporté l'épreuve ensemble.

Je suis heureux et aussi un peu fier que cela ait si bien fonctionné avec United Touch S. Encore une fois, je dois dire que c'était un risque, cela aurait pu mal tourner. Ce n'était pas facile de prendre cette décision mais je suis heureux car cela s'est bien passé. En élevage, il faut parfois essayer des choses. Pour moi, cela signifie aussi de faire évoluer l'élevage. Parfois, il faut prendre des risques. L'élevage relève aussi d’une part de chance. Il faut avoir de la chance pour que vos chevaux trouvent le bon cavalier. J’estime que j’ai eu de la chance de pouvoir élever une lignée maternelle comme Stamm 4025. Si nous remontons de quelques générations, nous pouvons voir que Feldtor était déjà une jument avec une exceptionnelle volonté de travailler. Chaque fois qu'un agriculteur voulait acheter un tracteur, elle était vendue au fermier suivant car ils souhaitaient tous l’avoir. Cette caractéristique est encore présente dans la lignée aujourd'hui, ces chevaux veulent travailler."

VOGEL VICTORIEUX DANS LE ROLEX GRAND PRIX, DERNIER MAJEUR DE L’ANNÉE

(Photo: Tiffany Van Halle) (Photo: Tiffany Van Halle)

Certains noms de l’histoire équestre ont l’honneur d’être immortalisés après un exploit particulier. Aujourd’hui, au CHI de Genève, les quarante participants au dernier majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping de l’année espéraient tous intégrer ce panthéon en remportant le prestigieux Rolex Grand Prix.

Une fois encore, le chef de piste Gérard Lachat avait monté un défi faisant appel au courage, à la précision et aux moyens des couples, en proposant une première manche comprenant 14 obstacles, suivie d’un barrage de huit efforts dans l’éventualité où plusieurs couples arriveraient à boucler le premier parcours sans faute.

Suite à sa victoire au CPKC ‘International’ Grand Prix présenté par Rolex au CSIO Spruce Meadows ‘Masters’, Martin Fuchs (Prétendant actuel au Grand Slam et troisième à s’élancer) espérait rester en lice pour décrocher la plus belle récompense du saut d’obstacles. Mais les efforts du cavalier suisse se solderont par un échec avec la chute de l’avant-dernier obstacle.

De nombreux cavaliers se sont butés aux difficultés du parcours, notamment un chrono impitoyable. Au total, ce sont quatre cavaliers qui en dépit d’un sans faute, se voient infliger des fautes de temps. De plus, certains favoris comme Ben Maher, champion olympique en individuel, ou Simon Delestre, numéro huit mondial, sont pour finir dans l’incapacité de surmonter les difficultés de ce parcours complexe.

Quinzième à partir, le jeune Allemand Richard Vogel (qui avait participé à la Young Riders Academy soutenue par Rolex) produit le premier sans faute sans écoper de faute de temps. Jouant à guichets fermés, le Palexpo exulte quelque trois chevaux plus tard, lorsque Steve Guerdat se qualifie lui aussi pour le barrage à bord de sa jument Dynamix de Belheme, actuellement très en forme. Kent Farrington, Témoignage Rolex, est l’un des malheureux cavaliers à finir sur quatre pénalités, tout comme Shane Sweetnam, troisième l’an passé.

Les participants commençant graduellement à saisir les subtiles difficultés du parcours, plusieurs d’entre eux laissent toutes les barres sur leurs taquets, comme Wilm Vermier de Belgique, Christian Kukuk, vainqueur de la finale de la Coupe des nations FEI 2023, et Jessica Springsteen, médaillée d’argent par équipes aux Jeux olympiques de Tokyo. Mais un choc attend le public du Palexpo : Henrik von Eckermann, numéro un mondial, écope de huit points de pénalité aux rênes du talentueux King Edward.

Au total, c’est sept couples qui reviendront sur la piste pour le barrage, dans le même ordre que celui dans lequel ils se sont présentés à la première manche. Vogel et United Touch S, son étalon connu pour son amplitude, sont les premiers à s’élancer et ravissent immédiatement le public avec un sans faute foudroyant effectué en 37,14 secondes. Les espoirs suisses s’écroulent lorsque Steve Guerdat, lancé à vive allure, part trop près de l’avant dernier obstacle et le laisse à terre. Auteur d’un second sans faute mais plus lent de cinq secondes, Christian Kukuk est relégué à la deuxième place. Incapable lui aussi de suivre le rythme imposé, Mark McAuley subit le même sort. Julien Épaillard, souvent appelé le cavalier le plus rapide au monde, sera donc le seul cavalier restant à pouvoir arracher la victoire à l’Allemand. Malheureusement, il fait tomber le deuxième obstacle, laissant ainsi son adversaire libre de décrocher sa première victoire à un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping et de finir la saison du Grand Slam 2023 en beauté.

Sacré nouveau Prétendant au Rolex Grand Slam, Vogel nous fait part de son plaisir : « Quel bonheur de gagner le CHI de Genève pour devenir le nouveau Prétendant au Rolex Grand Slam. C’est un rêve devenu réalité. L’atmosphère était formidable, et mon cheval a été parfait. Il a une très grosse foulée, ce qui ne lui a pas facilité la tâche à la première manche, mais il y a mis toute sa volonté. Il a tout donné. Je ne suis jamais allé au Dutch Masters, mais j’ai hâte de m’y rendre en mars. Nous allons planifier les mois à venir et faire de notre mieux pour gagner ! »

L’Allemand ajoute ensuite : « Je suis très proche de McLain Ward, et j’ai regardé le barrage de l’an passé hier soir. Je savais que pour gagner, il fallait être rapide. J’ai décidé d’y aller à fond, même si j’étais le premier à passer. »

ENTRETIEN AVEC EMMA UUSI-SIMOLA

(Photo : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof) (Photo : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof)

Pourriez-vous d’abord vous présenter et nous dire quel est votre rôle ?

Je m’appelle Emma Uusi-Simola, et je suis groom de concours pour Steve Guerdat.

 

Steve Guerdat et Venard de Cerisy ont remporté la finale du Rolex IJRC Top 10 Final vendredi. Qu’est-ce que cette victoire représente pour vous ?

Cette victoire était très spéciale pour moi, car Venard [De Cerisy] est mon cheval préféré. Je les savais capables de gagner, mais on ne sait jamais exactement ce qu’il va se passer dans le saut d’obstacles. Ils ont été formidables. Après quelques années un peu difficiles, nous étions enchantés de remporter cette épreuve prestigieuse et de finir une année réussie en beauté.

 

Venard de Cerisy et Dynamix de Belheme sont des chevaux hors pair. Pourriez-vous nous les présenter plus en détail ?

Venard est très farouche. Il aime connaître les gens qui l’entourent. Parfois, ça le rend un peu plus difficile à gérer, mais il saute tellement bien ! C’est mon chouchou.

Dynamix, elle, a une personnalité bien affirmée. C’est une star sur la piste et elle est très facile au box, mais elle s’ennuie très vite. Steve essaie de varier son quotidien régulièrement, car elle n’aime pas faire tout le temps la même chose. Et une fois en concours, elle est tout simplement phénoménale.

 

Comment trouvez-vous les installations destinées aux chevaux et aux grooms au CHI de Genève ?

Les écuries du CHI de Genève sont formidables. Cette année, les boxes sont énormes, les chevaux ont beaucoup d’espace pour se détendre entre les épreuves.

L’autre jour, un brunch a aussi été organisé pour les grooms. C’était délicieux, une très bonne façon de démarrer la journée. Et une initiative des organisateurs très bien accueillie.

Il n’y a rien à dire: ici, tout est bien pensé et organisé.

 

Récemment, vous avez reçu le prix du Meilleur groom Cavalor FEI : qu’avez-vous ressenti ?

J’étais absolument ravie. Je ne sais pas si j’ai les mots exacts pour exprimer ce que j’ai ressenti, mais ce prix représente beaucoup pour moi. Il signifie que les autres grooms et les gens qui m’entourent apprécient mon travail ; c’est extrêmement gratifiant.

 

Est-ce que vous aimez venir aux Majeurs (The Dutch Masters, CHIO d’Aix-la-Chapelle, Spruce Meadows ‘Masters’, CHI de Genève) ? En quoi diffèrent-ils des autres compétitions selon vous ?

Ce sont les meilleurs concours au monde. Ce qui fait la différence par rapport aux autres concours où nous nous rendons, c’est le degré d’organisation. On sent que le bien-être des chevaux est la priorité, et que tout est fait pour proposer le plus haut niveau de compétition.

 

Quelle est la particularité de travailler dans l’équipe de Steve ?

J’adore travailler avec lui et son équipe. Il traite très bien les chevaux, et avec lui, les chevaux sont libres d’être eux-mêmes. À l’écurie, nous avons tendance à ne pas compliquer les choses. C’est simple : le bien-être des chevaux compte autant que la réussite. Steve est aussi un incroyable cavalier !

 

En tant que groom de voyage, vous faites énormément de déplacements. Quelle importance revêt l’équipe qui reste à l’écurie ?

Elle joue un rôle essentiel. Je lui fais une confiance absolue, et je ne m’inquiète jamais, car je suis sûre qu’elle s’occupe parfaitement des chevaux qui restent à la maison. C’est très important pour moi comme pour Steve de pouvoir nous reposer sur elle.

 

Qu’aimez-vous le plus dans votre métier ?

J’adore voyager et aller en concours. Je n’aime pas trop rester à la maison, alors ce métier me convient parfaitement. Et puis c’est très agréable d’être autant au contact des chevaux dont je m’occupe. Ils ont tous un caractère différent, on ne s’ennuie jamais !

 

Quel est le meilleur conseil que vous ayez jamais reçu ?

De ne jamais cesser d’apprendre. Il faut observer les autres modes de fonctionnement que le sien pour s’en inspirer et continuer de s’améliorer.

 

Quelle importance revêtent les liens avec les autres grooms ?
Ils sont essentiels. Peu d’entre nous feraient ce métier s’il n’y avait pas ce réseau de connaissances et ces amitiés qui se tissent parmi les grooms. Nous nous entraidons tous. Vendredi par exemple, après la finale du Rolex IJRC Top 10, nous nous sommes tous prêté main pour pouvoir quitter les écuries plus tôt. Nous formons une vraie communauté.

ENTRETIEN AVEC GÉRARD LACHAT, CHEF DE PISTE

(Photo : Rolex Grand Slam / Thomas Lovelock) (Photo : Rolex Grand Slam / Thomas Lovelock)

Pourquoi le CHI de Genève est-il spécial à vos yeux ?

Tout d’abord parce qu’il offre une atmosphère exceptionnelle. Tout est extrêmement bien pensé, et tout est sous le même toit. Le Dutch Masters est un peu pareil, dans le sens où c’est aussi un concours hors pair, mais la piste est beaucoup plus petite. Le CHI de Genève est renommé pour ses majestueuses dimensions et pour la taille de sa piste principale en particulier. C’est l’un des plus grands lieux de compétition de saut d’obstacles indoor au monde.

 

Que ressent-on en tant que chef de piste pour le meilleur concours indoor de la planète ?

Le CHI de Genève rassemble les meilleurs chevaux et cavaliers au monde. Le travail du chef de piste peut donc être difficile, car celui-ci est forcé de concevoir un parcours adapté. Heureusement, la piste principale présente de généreuses dimensions, comparables à certaines pistes en outdoor. Cela permet d’imaginer des parcours très intéressants. Le site présente aussi de nombreux éléments avec lesquels il faut composer, comme le lac ou la fontaine. Il faut pouvoir être certain que les spectateurs soient en mesure de voir tout le parcours, et il est donc impératif de planifier soigneusement les aménagements. Le parcours doit bien sûr poser des défis intéressants pour les cavaliers de ce calibre. Pour que la compétition enflamme le public, cet équilibre délicat est nécessaire.

 

Parlez-nous un peu du parcours que vous avez créé pour le Rolex Grand Prix ce dimanche...

Le parcours de dimanche est assez classique, avec le retour du double Liverpool. On avait déjà vu ce type d’obstacle délicat à manœuvrer au CHIO d’Aix-la-Chapelle et au CSIO Spruce Meadows ‘Masters’. Dimanche, durant le Rolex Grand Prix, il attendra les cavaliers juste à côté du lac. C’est la première fois qu’il sera placé là. On verra comment les cavaliers décident de l’aborder, mais les plus chevronnés, comme ceux qui ont déjà participé à la finale du Rolex IJRC Top 10, devraient pouvoir le négocier sans trop de problème, même s’il mettra leur habileté à l’épreuve.

 

Selon vous, qui sera le gagnant du Rolex Grand Prix de dimanche ?

L’épreuve devrait se montrer intéressante. N’importe qui pourrait gagner. Plusieurs cavaliers suisses de talent seront présents, comme Martin Fuchs ou Steve Guerdat. Mais pour gagner, ils devront d’abord affronter un certain nombre de cavaliers de talent issus de différents horizons. Il doit y avoir 10 ou 15 couples avec une vraie chance de gagner cette année. Il va y avoir du spectacle !

 

Comment êtes-vous devenu chef de piste ?

J’ai commencé par concevoir des parcours au niveau national, et j’ai peu à peu bâti ma réputation avant de travailler sur des parcours au top niveau, dont le Grand Prix de Suisse. Ensuite, j’ai travaillé comme assistant sur certains parcours internationaux. J’ai eu l’immense chance de travailler avec d’incroyables experts, dont Rolf Lüdi, qui à l’époque était l’un des meilleurs chefs de piste d’Europe.

 

Plus tard, j’ai collaboré avec Frank Rothenberger et Louis Konickx. Louis me sert d’ailleurs d’assistant cette semaine. Il a joué un rôle crucial dans ma carrière professionnelle et je lui en suis très reconnaissant. C’est très utile d’avoir l’avis d’autrui sur les parcours que je crée, car cela vient appuyer mes choix et permet de leur donner vie.

 

Il existe des examens que peuvent passer les chefs de piste pour passer au top niveau, mais à mon avis l’apprentissage passe surtout par le temps que l’on passe à travailler sous un chef de piste chevronné, qui permet de mettre en œuvre les préceptes acquis dans un cadre concret.

 

Plusieurs jeunes chefs de piste demandent à nous assister au CHI de Genève. Chaque année, nous en choisissons un ou deux pour leur donner l’opportunité d’acquérir de l’expérience à l’un des meilleurs concours au monde. On m’a donné ma chance ; je trouve ça juste de faire de même pour quelqu’un d’autre. Cette année, deux jeunes chefs de piste suisses viennent voir comment nous procédons. C’est ma neuvième année au CHI de Genève, et les jeunes chefs de piste apportent des nouvelles idées très intéressantes.

 

Quel est le parcours dont vous êtes le plus fier ?

Le Rolex Grand Prix du CHI de Genève 2021 était, je pense, le meilleur parcours que j’ai jamais créé. Les cavaliers m’ont tous félicité, et l’épreuve était mémorable. Cette année, j’ai longuement étudié le parcours pour qu’il inclue tous les petits détails que je souhaitais.

 

En dehors de la création de parcours, quelles sont vos passions ?

En ce moment, je n’ai aucun passe-temps en dehors de mon métier de chef de piste. Je passe beaucoup de temps à l’élevage que ma femme et moi tenons. La semaine dernière, je suis devenu papy pour la première fois : je suis certain que cela va m’occuper !

 

Qu’est-ce que le Rolex Grand Slam of Show Jumping a apporté au monde du saut d’obstacles ?

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping a été une très bonne chose pour le saut d’obstacles. Il couvre les meilleurs concours au monde et attire des participants du plus haut calibre. Notre sport est en constante évolution. Le Rolex Grand Slam of Show Jumping motive les cavaliers, pour que ceux-ci continuent de se dépasser dans leurs efforts pour décrocher un Majeur. Il ouvre aussi la porte aux jeunes cavaliers, qui ont l’opportunité de concourir à l’un des meilleurs concours qui existent.

STEVE GUERDAT ENCORE UNE FOIS ROI DE LA FINALE DU ROLEX IJRC TOP 10

(Photo: Tiffany Van Halle) (Photo: Tiffany Van Halle)

Le public connaisseur et passionné du CHI de Genève s’apprêtant à assister à la 22e édition de la prestigieuse finale du Rolex IJRC Top 10, une atmosphère chargée d’anticipation a commencé à attendre les concurrents. Souvent comparée aux Nitto ATP Finals du tennis, cette épreuve originale et mondialement renommée voit s’affronter chaque année au cours de deux manches consécutives les dix meilleurs cavaliers au monde.

 

Avec huit pays représentés, les concurrents en lice étaient d’horizons très différents. On trouvait notamment dans cette illustre troupe de cavaliers Henrik von Eckermann, numéro un mondial et dernier gagnant de l’épreuve, Martin Fuchs, actuel Prétendant au Rolex Grand Slam of Show Jumping, et Ben Maher, médaillé d’or aux Jeux olympiques en individuel. Avant le départ, le public a pu assister au défilé traditionnel des cavaliers, qui n’a fait qu’ajouter à l’atmosphère enthousiaste régnant autour de la piste principale.

 

Classés selon le total des pénalités sur les deux manches, les cavaliers sont sous pression dès l’instant où ils entrent en piste. En première partie, les cavaliers se présentent au départ dans l’ordre inverse du classement mondial. Pour cette raison, le nouveau venu au classement, l’irlandais Shane Sweetnam, est le premier à s’élancer sur le parcours à 1,60 m. Et il est le premier également à produire un sans faute, montrant ainsi la voie aux neufs concurrents suivants. Plusieurs cavaliers ont par la suite eu du mal à égaler cette performance : Simon Delestre, pourtant parmi les favoris, écope de huit pénalités, Harrie Smolders et Max Kühner de douze. Julien Épaillard, lui, garde toutes ses chances grâce à un parcours effectué comme à son habitude à une vitesse foudroyante et pénalisé de quatre pénalités seulement.

 

La foule du Palexpo se met à rugir lorsque le suisse Steve Guerdat, aux rênes de Venard de Cerisy, produit le deuxième sans faute de l’épreuve. Une belle performance que ne peuvent malheureusement pas répéter les deux autres Témoignages Rolex, Martin Fuchs et Kent Farrington. Ben Maher, lui non plus, ne parvient pas tout à fait à maîtriser les difficultés du parcours. Dernier à s’élancer, Henrik von Eckermann démontre tout son talent et se donne une chance de remporter l’épreuve pour la deuxième fois consécutive.

 

Après la pause, et une fois le parcours modifié, les cavaliers sont revenus se présenter en ordre inverse au classement de la première manche. Max Kühner débute les festivités par un sans faute impeccable, tout comme les quatre cavaliers suivants. Mais ce ne sera pas suffisant, après les résultats décevants de la première manche, pour leur donner accès au podium. Kent Farrington et Greya, ayant écopé de quatre pénalités, se jouent eux aussi des défis du parcours, tandis que Julien Épaillard, seul autre cavalier ayant fait une seule faute, et souvent considéré comme le plus rapide au monde, est le premier à laisser des barres au sol sur ce parcours raccourci.

 

Les regards se tournent alors vers les trois derniers concurrents, tous auteurs d’un sans faute à la première manche. Premier en lice, Guerdat a la fortune qui lui sourit sur le double pour finir sans pénalité en 48,13 secondes. L’obstacle numéro 13 est malheureusement synonyme de malchance pour Henrik von Eckermann, champion du monde, qui fait l’erreur de partir trop près. Parti vite, Sweetnam est le dernier cavalier à pouvoir empêcher le Suisse d’empocher la victoire pour la troisième fois, mais huit pénalités en décideront autrement.

 

Après sa victoire, Guerdat s’est déclaré « absolument ravi d’avoir pu remporter cette incroyable épreuve pour la troisième fois. C’est tout à fait extraordinaire ! Ce concours continue de m’apporter toujours plus de succès. La foule était formidable, et l’atmosphère exceptionnelle. C’est un moment mémorable. »

 

Il ajoute ensuite : « Venard était en top forme. Il m’a tant donné et je suis extrêmement fier de lui. Je n’aurais pas pu gagner sans l’aide de mon équipe, qui mérite cette victoire autant que moi ! »

KENT FARRINGTON REMPORTE LE TROPHÉE DE GENÈVE POUR LA SIXIÈME FOIS

(Photo : Rolex Grand Slam / Thomas Lovelock) (Photo : Rolex Grand Slam / Thomas Lovelock)

La magnifique ville de Genève a encore une fois accueilli les couples cheval-cavalier les plus talentueux au monde à l’occasion du CHI de Genève, parfois considéré comme le plus grand événement équestre indoor de la planète. Décor du dernier Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping de l’année, ce concours a débuté hier et s’est poursuivi aujourd’hui avec sa première épreuve internationale 5*.

Au total, c’est 48 couple qui se sont présentés au départ du Trophée De Genève, événement phare de la journée. Cette épreuve à 1,60 m était également la première opportunité pour les cavaliers de se qualifier pour le Rolex Grand Prix de dimanche. Comme souvent au CHI de Genève, la liste des cavaliers comprenait de nombreux grands noms du saut d’obstacles, dont Ben Maher, Henrik von Eckermann et Steve Guerdat, respectivement champion olympique, champion du monde et champion d’Europe actuels.

Premiers à fouler l’emblématique piste du Palexpo, l’irlandais Shane Sweetnam et son hongre alezan Cjoxx Z produisent un impeccable sans faute malheureusement mitigé d’une faute de temps. Quatrième au départ, Vitor Bettendorf, déjà gagnant de deux épreuves aujourd’hui, est le premier à se qualifier pour le barrage, bientôt suivi du Suisse Pius Schwizer sous les acclamations de la foule. À mi-course, huit cavaliers avaient évité la faute, ce qui n’était pas le cas de nombreux sur ce parcours très bien pensé.

Après la pause, le public a pu admirer sept autres couples réaliser le sans faute. Parmi ces cavaliers exceptionnels se trouvaient Kent Farrington, déjà victorieux dans cette même épreuve il y a deux ans, ainsi que l’Allemand Christian Kukuk et le Suisse Elian Baumann. Mais le public helvète a aussi eu son lot de déception : Steve Guerdat et Martin Fuchs, Prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping, se sont vus éliminer après avoir tous deux fini avec des points de pénalité.

Au total, 15 cavaliers décrochent une place pour le barrage après avoir bouclé le parcours de Gérard Lachat sans aucune faute pour aller se présenter dans le même ordre qu’à la première manche. Après un second sans faute, le luxembourgeois Bettendorf impose un chrono à battre de 38,63 secondes, mais la tête du classement ne cessera ensuite de changer. Harry Charles, numéro un chez les moins de 25 ans, passe près de décrocher sa première victoire au CHI de Genève en 37,08 secondes. Mais Kent Farrington, autre Témoignage Rolex, enflamme les cœurs en passant la ligne d’arrivée avec 2,31 secondes d’avance sur Charles. Et les cinq chevaux suivants ne parviendront pas à battre le chrono éblouissant de Toulayna, l’exceptionnelle jument de Farrington. Pour la deuxième fois en trois ans, ce dernier emportera chez lui aux États-Unis le Trophée de Genève.

Ravi de la performance de sa jument, âgée de neuf ans seulement, Farrington s’est exclamé après sa victoire : « Je suis très content d’elle. J’ai amené deux jeunes chevaux avec moi cette semaine, car ils offraient de belles perspectives. J’avais pour tactique de gagner. Je voulais offrir à ma jument une expérience positive, mais c’est tout de même l’un des plus grands concours au monde, et je voulais me montrer compétitif. »

L’Américain peut désormais tourner le regard vers le Rolex Grand Prix de dimanche : « Je suis très heureux ce soir, mais demain est un autre jour et il reste beaucoup à faire. J’ai hâte ! »

Et à Denise Moriarty, la groom de Toulayna, de rajouter : « Je suis très fière d’elle. Elle est toujours partante. Elle fait tout ce qu’on lui demande, et elle le fait bien.  Même si elle n’a que neuf ans, elle est très fiable, et son avenir est prometteur. Elle a très bien voyagé depuis les États-Unis. Elle est très relax en général, jusqu’au moment où elle entre en piste. »

ENTRETIEN AVEC SOPHIE MOTTU MOREL, ORGANISATRICE DU CONCOURS

(Photo: Rolex Grand Slam / Peggy Schröder) (Photo: Rolex Grand Slam / Peggy Schröder)

Comment s’est passée l’organisation cette année ?

Tout s’est bien passé. Nous avions commencé à réfléchir au calendrier sportif et à planifier nos communications dès février. Nous sommes très heureux de fêter le dixième anniversaire du Rolex Grand Slam of Show Jumping : nous recevrons pour l’occasion une grand nombre d’excellents cavaliers et aurons le plaisir d’accueillir une fois encore une foule de passionnés de sports équestres.

 

Le CHI de Genève nous réserve-t-il des surprises cette année ? Et y aura-t-il des événements spéciaux pour fêter le dixième anniversaire du Rolex Grand Slam of Show Jumping ?

Samedi soir à 21 h aura lieu une cérémonie sur la piste principale en l’honneur de Steve Guerdat, qui a participé à tous les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping. Nous voulions le mettre à l’honneur pour cet incroyable tour de force. Pour la première fois, un brunch a également été organisé pour les grooms, qui jouent un rôle absolument crucial dans notre sport. Il était important à nos yeux de les remercier pour leur dur labeur. Et enfin, d’autres activités plus modestes marqueront les dix bougies du Rolex Grand Slam.

 

Quelle importance ont les bénévoles dans le bon déroulement de la compétition ?

Ils sont au cœur-même de toutes nos activités. C’est grâce à eux que le concours est aussi populaire. Leur passion se ressent dans tout ce qu’ils font, et nous leur sommes très reconnaissants pour leur générosité et leur enthousiasme.

 

Les jeunes cavaliers sont toujours sous le feu des projecteurs au CHI de Genève. Pourquoi choisissez-vous chaque année de leur faire la part belle ?

Car ce sont les stars de demain ! Nous souhaitons leur offrir l’opportunité de concourir dans le même cadre que les meilleurs cavaliers au monde. Les épreuves pour jeunes cavaliers sont une composante essentielle du concours, qui permet de leur donner l’expérience nécessaire à leur développement.

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping souffle ses dix bougies. Cette initiative a-t-elle eu un effet positif sur le CHI de Genève ?

Bien sûr, elle a eu un impact extraordinaire. Grâce à elle, les quatre concours du Grand Slam ont vraiment monté la barre. C’est très important d’avoir ce type de grand chelem pour le saut d’obstacles. Le CHI de Genève est très fier d’en faire partie. Le Rolex Grand Slam of Show Jumping a permis de mieux faire connaître le saut d’obstacles auprès d’un public qui n’en avait pas forcément beaucoup entendu parler avant. Après tout, les complexités de ce sport ne sont pas toujours très faciles à comprendre. Mais avec le Rolex Grand Slam, c’est très simple : il comprend quatre grandes épreuves que tous les cavaliers de haut niveau souhaiteraient remporter.

 

Quel a été pour vous le moment le plus marquant de ces dix premières années du Rolex Grand Slam of Show Jumping ?

Il y en a tellement que c’est dur de choisir ! Mais je dirais la victoire de Steve [Guerdat] ici, au CHI de Genève, en 2013. C’était le premier Majeur que nous organisions, et la victoire d’un cavalier suisse était la cerise sur le gâteau.

 

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut se lancer dans le secteur des événements sportifs ?

Il faut vraiment bien connaître le sport en question. Par exemple, j’aurais du mal à organiser un événement footballistique car je n’y connais pas grand chose, contrairement aux sports hippiques. Et puis, que ce soit pour un concert ou un événement sportif, il ne faut pas compter ses heures.

Il faut aussi entretenir de bonnes relations avec les parties prenantes extérieures, comme les autorités locales et les élus. Pour le CHI de Genève par exemple, la relation avec le canton de Genève est cruciale. Il faut aussi comprendre le côté financier, être polyvalent et faire preuve d’une certaine flexibilité, car on fait quelque chose de différent chaque jour. Enfin, il faut savoir gérer son stress, car on est parfois confronté à des situations difficiles dans lesquelles il est important de garder son calme.

 

Pour vous et l’équipe du CHIO de Genève, quels sont les éléments primordiaux d’un événement ou d’une épreuve réussi(e) ?

C’est d’abord le mélange entre les supporters, les médias et les sponsors. Il est important de créer une vraie communauté de fans et de bénévoles, un réseau solide avec les amoureux du CHI.

Il faut évidemment être en très bons termes avec les sponsors, car sans eux il n’y aurait pas de concours. Pour un événement réussi, il est donc vital d’avoir une relation privilégiée avec eux, de se montrer flexible et de savoir s’adapter à leurs besoins. On ne peut pas travailler en vase clos, il faut pouvoir sortir des schémas établis pour trouver une solution qui convient à tous. Le monde change rapidement et nous devons faire de même.

Il faut aussi être proche des athlètes, qui font partie des intervenants les plus importants du concours. C’est le bon équilibre entre tous ces éléments qui fait la réussite d’un événement sportif.

 

Les légendes du tennis telles que Nadal, Federer ou Djokovic, gagnent des titres de Majeurs de tennis à répétition. Pour vous, est-ce important de voir les meilleurs cavaliers mondiaux concourir à Genève ?

C’est très important pour les sponsors, qui veulent attirer les meilleurs concurrents. Du côté des communications aussi, pour vendre des entrées, il faut que les meilleurs cavaliers au monde viennent concourir, car le public veut les voir. Si les meilleurs sont absents, ce n’est pas catastrophique, mais leur présence confère au concours sa réputation. Et les bénévoles sont plus nombreux à se présenter, car ils sont fiers de participer à un événement aux prestigieuses têtes d’affiche.

 

Le CHI de Genève est considéré par beaucoup comme le meilleur endroit où voir des sports équestres en intérieur. Comment continuez-vous d’innover et de vous adapter pour maintenir cette réputation ?

Ce n’est pas facile ! Il y a beaucoup de superbes concours dans le monde. Pour rester au top, nous devons prendre un temps de réflexion chaque année afin de définir les éléments qui ont plus ou moins bien fonctionné. Tous les ans, nous organisons un débriefing qui rassemble les partenaires du CHI de Genève et tous les membres de l’équipe et qui vise à dégager les points à améliorer.

Plusieurs membres de notre comité d’organisation sont des bénévoles passionnés. Et qui dit passion dit motivation. Le comité organisateur est très fier du concours. Il écoute les retours et reste très ouvert aux critiques, pour pouvoir proposer le nec plus ultra. Il n’a pas peur de changer et de s’adapter. L’amour du cheval court dans nos veines, et c’est sûrement l’une des raisons du succès du CHI de Genève.

 

Vous et les autres organisateurs du CHI de Genève vous inspirez-vous de grandes compétitions d’autres sports, comme le tennis ou le golf ?

Oui, c’est très important d’assister à d’autres concours de saut d’obstacles, mais aussi à d’autres événements sportifs en général. Cela permet de voir ce que font les autres organisateurs, que ce soit de festival, de concert ou de compétition sportive, et d’en apprendre toujours plus.

On peut y puiser des idées transférables à son propre sport. Quand je le peux, j’essaie de me rendre à différents événements où je m’efforce toujours de parler aux organisateurs, de me rendre en coulisses et de demander leur avis à différents membres de l’équipe, de la billetterie à l’équipe com’ en passant par les agents de sécurité. Je me suis inspiré d’un festival en Suisse pour nos normes de sécurité, et notre système de billetterie nous vient d’un concert où je suis allé. Les événements sportifs télévisés peuvent aussi être une source d’inspiration.

Il faut rester ouvert et réfléchir à ce qui pourrait bien fonctionner au CHI de Genève. Certaines idées qui marcheraient en Allemagne par exemple ne sont pas adaptées en Suisse, en raison des différences culturelles. Mon conseil : voyagez, faites preuve d’observation et soyez ouvert au changement.

INTERVIEW AVEC LOVISA MUNTER

(Photo : Rolex Grand Slam / Thomas Lovelock ) (Photo : Rolex Grand Slam / Thomas Lovelock )

Pourriez-vous vous présenter ? Dites-nous par exemple pour qui vous travaillez et en quoi consiste votre métier.

Je m’appelle Lovisa Munter et je travaille pour Bertram Allen depuis trois ans en tant que groom de voyage.

 

Parlez-nous un peu de votre trajet jusqu’au CHI de Genève...

La semaine dernière, nous étions en concours à La Coruña, en Espagne. Nous nous sommes arrêtés en France sur le chemin pour laisser les chevaux se reposer, et j’en ai profité pour faire de même. Nous avons fini par arriver à Genève mardi soir.

 

Si un cheval n’aime pas voyager, que pouvez-vous faire pour l’aider et comment vous assurez-vous que vos chevaux voyagent dans de bonnes conditions pour être au meilleur de leur forme ?

Les deux chevaux de Bertram sont très habitués à la route, surtout Pacino Amiro. Ils ont aussi fait une pause de douze heures sur le chemin pour se reposer, avant d’arriver à Genève. Durant les déplacements, il faut absolument garder les mêmes horaires de repas pour les chevaux et tenter autant que possible de garder les mêmes habitudes. On arrête donc le camion à intervalles durant le voyage pour les nourrir et leur donner du mash. Ils ont aussi accès à des seaux d’eau et à des filets à foin dans le camion. J’ai tendance à ne prendre que deux chevaux dans le camion pour leur laisser de la place et pour qu’ils soient à l’aise pendant les déplacements.

 

Quelle est l’importance de toute l’équipe (vétérinaires, maréchaux-ferrants, etc.) pour assurer le succès de l’équipe ?

 

Elle est très importante. J’ai la chance de travailler au sein d’une équipe formidable. Le vétérinaire est super ; je l’appelle chaque semaine pour lui parler des chevaux. Bertram a aussi un maréchal-ferrant incroyable : les chevaux avec lesquels je travaille n’ont encore jamais eu de problèmes de pieds.

À l’écurie, Nathalie est la cavalière de plat responsable de Pacino [Amiro] et des autres meilleurs chevaux de Bertram. Elle fait un boulot fantastique. Kate, la groom qui s’occupe des chevaux à la maison, est extrêmement fiable. C’est elle que j’appelle toujours si j’ai besoin de conseils.

 

Parlez-nous des chevaux que vous avez emmenés avec vous et de leur personnalité…

Pacino Amiro, le meilleur cheval de Bertram, est formidable. Le concours de la semaine dernière était le cinquantième que nous faisions ensemble. Il est marrant, il se prend pour le roi de l’écurie. Il est parfois assez têtu, il a tendance à vouloir faire ce qu’il veut plutôt que ce qu’on lui demande.

 

L’autre cheval présent au CHI est Castigo De Amor. Il est nouveau ; il est arrivé il y a deux mois seulement, mais il a déjà gagné deux Grands Prix. C’est un étalon mais il a un très bon tempérament. On l’appelle la « petite licorne ». Il ne m’a jamais posé aucun problème.

 

Comment trouvez-vous les installations destinés aux chevaux et aux grooms au CHI de Genève ?

C’est la troisième fois que je viens. Le CHI de Genève est l’un des meilleurs concours au monde, tout le monde le dit. À l’arrivée, toute l’équipe du CHI est là pour vous aider à déballer et à préparer les boxes. Ces derniers sont spacieux et tranquilles. Tout est vraiment top.

 

Est-ce que vous aimez venir aux Majeurs (Dutch Masters, CHIO d’Aix-la-Chapelle, Spruce Meadows ‘Masters’, CHI de Genève) ? En quoi diffèrent-ils des autres compétitions selon vous ?

Les quatre Majeurs sont considérés comme les épreuves les plus prestigieuses au monde. Enfant, je rêvais de monter dans ce cadre, mais c’est déjà très spécial d’y assister en tant que groom. Les installations sont impeccables et l’atmosphère y est très agréable.

Cette année, je suis allée au CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ pour la première fois, c’était génial. Je suis aussi déjà allée au CHIO d’Aix-la-Chapelle, le cadre est phénoménal ! Ces Majeurs sont les quatre épreuves que tous les cavaliers rêvent de remporter. 

 

Bertram et vous êtes-vous confiants à l’approche du concours ?

Oui, Bertram est en bonne forme. Il a participé aux épreuves 5* à La Coruña la semaine dernière pour se préparer au CHI de Genève. Il a fait une bonne performance mais tout n’était pas parfait. On espère faire mieux cette semaine. D’habitude, il excelle sous la pression engendrée par les concours importants comme les Majeurs.

 

Quelle est la particularité de travailler dans l’équipe de Bertram ?

Travailler pour un cavalier aussi talentueux est un rêve devenu réalité. J’ai toujours adoré regarder Bertram en compétition : c’est l’un des cavaliers les plus rapides au monde et un excellent homme de cheval. Je suis très fière de travailler avec lui et avec ses montures.

 

Quelles sont les qualités de Bertram qui selon vous lui ont permis d’avoir une si longue carrière au sommet ?

Bertram peut monter n’importe quel cheval, et celui-ci fera tout pour lui faire plaisir, c’est incroyable ! Il a un talent très rare.

 

Quels conseil donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait se lancer dans cette discipline ?

À mes débuts, je travaillais en Suisse et je n’allais qu’aux concours nationaux. J’ai fait mon apprentissage à l’écurie Stephex, dans le cadre d’une vraie équipe. C’est là que j’ai commencé à travailler avec plusieurs cavaliers et grooms très expérimentés. Cela a été l’opportunité d’observer d’autres travailler et de profiter de leur expérience. Une fois l’expérience nécessaire acquise, il faut être patient pour trouver le bon poste.

 

Est-ce que les grooms forment ensemble une vraie communauté dans laquelle ils se soutiennent mutuellement ?

 Oui, et c’est très important d’avoir d’autres grooms avec qui se lier et qui peuvent vous aider. Beaucoup des mes amis les plus proches sont ici cette semaine. Tout le monde se soutient les uns les autres. Et pendant les longs trajets nocturnes au volant, c’est bien de pouvoir s’appeler. C’est ma deuxième famille. Je les vois d’ailleurs davantage que ma vraie famille !

Les temps forts à ne pas manquer au CHI de Genève 2023

(Photo: © CHI Genève) (Photo: © CHI Genève)

Genève sera l’hôte du dernier Majeur 2023 du Rolex Grand Slam of Show Jumping. Du mercredi 6 au dimanche 10 décembre, le CHI de Genève accueillera plus de 40 000 spectateurs qui viendront assister à cinq jours d’animations et de sport de haut niveau.

 

Les festivités commenceront tôt le mercredi 6 décembre, par les épreuves nationales de saut d’obstacles. Inaugurées l’an passé, celles-ci permettent aux cavaliers amateurs de se produire sur l’une des pistes les plus prestigieuses au monde. C’est aussi là l’opportunité de se qualifier pour le Credit Suisse Coupe du Jockey Club, qui aura lieu le samedi 9 décembre devant une foule très nombreuse.

 

Les épreuves internationales de saut 5* débutent le jeudi. Le grand moment de la journée sera le Trophée de Genève, qui offre aux cavaliers leur première chance de décrocher l’une des 40 places au départ du prestigieux Rolex Grand Prix. Le même jour aura lieu la première des trois épreuves pour les moins de 25 ans. Le CHI de Genève a toujours voulu offrir aux jeunes cavaliers la chance de vivre l’atmosphère unique au monde de ce concours. Et c’est dans ce cadre que le public pourra découvrir la nouvelle génération de stars.

 

Vendredi, il est prévu une pléiade d’épreuves prestigieuses, dont le Prix des Communes genevoises à 1,55 m, la dernière chance pour les couples de se qualifier pour l’épreuve phare du concours : le Rolex Grand Prix. L’épreuve de cross indoor présentée par la Tribune de Genève se tiendra également le vendredi. Elle rassemblera les meilleurs cavaliers de cross-country au monde dans l’atmosphère électrique du Palexpo. La 22e édition Finale du Top 10 Rolex IJRC, le vendredi soir, a souvent été comparée aux Nitto ATP Finals de tennis. Dans cette épreuve originale et renommée dans le monde entier, les dix meilleurs cavaliers au monde se disputent le titre en deux manches.

 

Cette année, le Rolex Grand Slam of Show Jumping fête ses dix ans d’existence. Et dans ce cadre, le CHI de Genève a organisé une cérémonie en l’honneur de Steve Guerdat, témoignage Rolex, le samedi 9 décembre. Récemment couronné champion d’Europe FEI en individuel, celui-ci a participé à tous les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping depuis l’inauguration de ce dernier au CHIO d’Aix-la-Chapelle en 2013 : un total de 34 Majeurs, un véritable exploit pour le cavalier suisse qui démontre ainsi la régularité de son talent au plus haut niveau, mais aussi sa capacité à produire des chevaux capables de concourir à ce niveau. La cérémonie entend donc fêter les accomplissements de Guerdat sous l’étendard suisse. La foule sera au rendez-vous pour faire de ce moment un souvenir inoubliable pour Guerdat.

 

Le dimanche, le public sera choyé avec le Rolex Grand Prix, dernier Majeur Rolex pour 2023. Une fois de plus, Gérard Lachat a pensé le parcours idéal pour quarante des meilleurs couples cheval-cavalier au monde. Le Suisse Martin Fuchs, prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping, attirera tous les regards. Il est le seul cavalier à avoir remporté plusieurs éditions consécutives du Rolex Grand Prix au CHI de Genève, en 2019 et 2021. Will Fuchs, lui, terminera l’année sur un nouveau record : il est le seul cavalier à avoir décroché trois Grands Prix Rolex en ce lieu. Mais qui sait ? Ce sera peut-être un autre cavalier qui gravira le premier échelon vers une victoire au Rolex Grand Slam of Show Jumping.

 

Les cavaliers à suivre

(Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof) (Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof)

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping aura une fois de plus lieu dans le cadre du CHI de Genève (6-10 décembre), et proposera tout un programme d’animations et d’épreuves sportives. Durant ces cinq jours, le concours rassemblera un contingent de cavaliers exceptionnels dans des épreuves de renom, dont la 22e édition du Rolex IJRC Top 10 Final le vendredi soir et le Rolex Grand Prix, épreuve phare de l’événement, le dimanche après-midi.

 

Organisé dans l’impressionnant Palexpo, il verra le nec plus ultra des couples cheval-cavalier affronter certains des parcours les plus difficiles de l’année, lors du plus important concours hippique indoor. Cette année, une affiche impressionnante est prévue, dont 16 des vingt premiers cavaliers au classement mondial, ainsi que neuf Témoignages Rolex.

 

Rolex Grand Slam of Show Jumping : les cavaliers à suivre

Après avoir décroché le prestigieux CPKC ‘International’ Grand Prix présenté par Rolex au CSIO de Spruce Meadows ‘Masters’ en septembre à bord du superbe hongre gris Leone Jei, Martin Fuchs est devenu le prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping. Le Suisse devrait arriver au CHI de Genève plein d’aplomb. Après tout, c’est le premier cavalier de l’histoire à remporter plusieurs éditions du Rolex Grand Prix au CHI de Genève (en 2019 et 2021). Sans compter l’an passé, où il s’était fait planter au poteau par l’Américain McLain Ward. Avec ce palmarès et le soutien du public suisse, Fuchs sera sans nul doute le cavalier à battre.

 

Son compatriote, Steve Guerdat, est l’un des autres favoris. Cet été, aux rênes de la talentueuse Dynamix De Belheme, Guerdat a ajouté à ses deux médailles d’or en équipe une médaille d’or en individuel aux Championnats d’Europe FEI. Le Suisse est réputé pour être un extraordinaire homme de cheval, et a déjà remporté trois Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping, dont deux ici-même au Palexpo. Guerdat et Fuchs seront accompagnés de 15 compatriotes, dont Edouard Schmitz, talentueux jeune cavalier, qui tentera de décrocher sa première victoire à un Majeur.

 

Kent Farrington, autre précédent gagnant de cette épreuve renommée, sera également présent. Suite à ses formidables victoires sur Gazelle (dont les Rolex Grands Prix du CHI de Genève en 2017 et au CHIO d’Aix-la-Chapelle en 2019), Farrington a été occupé à reconstruire son piquet de chevaux. Et l’Américain a peut-être déjà trouvé son prochain champion, capable de décrocher le Rolex Grand Slam of Show Jumping Major : Landon, aux rênes duquel il a remporté la médaille d’argent en équipe comme en individuel aux récents Pan American Games. Autre représentante des États-Unis et Témoignage Rolex, Jessica Springsteen viendra elle aussi ajouter son nom à la liste, après une année impressionnante et de très bons résultats dont une victoire à un Grand Prix 5* à Londres cet été.

 

Ben Maher, numéro deux mondial, a déjà remporté presque toutes les grandes épreuves, et notamment la médaille d’or en individuel aux Jeux olympiques de Tokyo 2020 et le Rolex IJRC Top 10 Final. Mais les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping lui échappent encore. Le Britannique est revenu d’une blessure plus tôt dans la saison avec plusieurs résultats impressionnants, dont une victoire au Rolex Grand Prix présenté par Audi au Brussels Stephex Masters et à l’épreuve qualificative de la FEI World Cup™ à Vérone.

 

En plus de Maher, deux autres Britanniques de renom seront présents : les Témoignages Rolex Scott Brash et Harry Charles. Brash est encore aujourd’hui le seul cavalier à s’être adjugé le Rolex Grand Slam of Show Jumping, le plus grand défi et prix le plus convoité de l’univers du saut d’obstacles. Charles se rendra à Genève pour tenter de décrocher son premier Majeur. Numéro Un mondial chez les moins de 25 ans, il sera confiant après un automne réussi dont sa victoire aux German Masters en novembre.

 

Henrik von Eckermann détient le titre de champion du monde FEI depuis maintenant 15 mois. Le Suédois a un piquet de chevaux exceptionnels et sera l’un des favoris sur la piste du Palexpo. Ayant gagné le Rolex IJRC Top 10 Final l’an passé, von Eckermann cherchera à ajouter le plateau en argent à son impressionnante liste de trophées.

 

La France enverra plusieurs cavaliers en mesure de monter sur le podium, dont Julien Épaillard, qui après une année 2022 spectaculaire (plus de 75 victoires internationales), a continué dans la même veine en 2023. Il a notamment gagné une médaille de bronze en individuel aux Championnats d’Europe FEI et la médaille d’argent par équipes à la FEI Nations Cup™ à Barcelone. Son compatriote Simon Delestre, ancien numéro un mondial, est toujours dangereux. Cette année, il est passé tout près de la victoire au Rolex Grand Prix de The Dutch Masters, si ce n’était pour une malheureuse faute au dernier obstacle.

 

L’Allemagne sera représentée quant à elle par plusieurs cavaliers de renom, dont Daniel Deusser (déjà trois Majeurs en poche), Phillip Weishaupt, médaillé de bronze en individuel au Championnats d’Europe FEI, et Marcus Ehning, gagnant du Rolex Grand Prix au CHIO d’Aix-la-Chapelle.

 

Enfin, l’Irlande aura elle aussi une chance de remporter le titre sur la piste de Gérard Lachat, grâce à ses cinq cavaliers en lice, dont Bertram Allen, qui faisait partie de l’équipe victorieuse à la BMO Nations Cup du CSIO de Spruce Meadows ‘Masters’, et classé troisième au CPKC ‘International’ Grand Prix présenté par Rolex au même endroit.

 

Entretien avec Martin Fuchs

(Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof) (Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof)

Félicitations ! Vous êtes le prétendant actuel au Rolex Grand Slam. Le CHI de Genève approche : comment vous sentez-vous ?

J’ai la forme. Nous venons de faire une année extraordinaire. Ma victoire au CPKC ‘International’ Grand Prix présenté par Rolex au CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ sur Leone Jei, en particulier, était un grand moment ! Je suis très fier de participer au CHI de Genève, sur ma terre natale en Suisse, en tant que prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping. Il n’y a rien de tel que se produire devant les siens, avec leur soutien.

 

Parlez-nous du CPKC ‘International’ Grand Prix présenté par Rolex au CSIO Spruce Meadows ‘Masters’. Cette victoire était-elle spéciale à vos yeux ?

C’est une joie sans nom. Mon père est arrivé en deuxième place à ce Grand Prix, et a toujours parlé de Spruce Meadows comme d’un lieu incroyable. Pour lui, ce Grand Prix était le plus prestigieux. Quel plaisir de pouvoir le décrocher aux rênes de Leone Jei !

 

Vous avez déjà remporté le Grand Prix du CHI de Genève à deux reprises, en 2019 et 2021, sans compter votre deuxième place l’an passé. Que représente ce lieu à vos yeux, et pour quelles raisons avez-vous eu un tel succès ici ?

C’est très spécial de concourir au CHI de Genève. Pour moi, c’est l’un des meilleurs concours au monde. Les installations pour les chevaux et cavaliers sont de première classe. Et en tant que ressortissant suisse, j’ai la chance de bénéficier du soutien indéfectible de la foule. Mon équipe joue aussi un rôle immense dans mon succès.

 

Comment vous êtes-vous préparé, et comment avez-vous préparé vos chevaux pour le CHI de Genève ?

J’ai fait un ou deux concours de préparation, mais je leur ai laissé deux semaines sans compétition avant le CHI de Genève, pour me permettre de me concentrer sur leur entraînement à la maison et pour qu’ils soient en pleine forme le jour J.

 

La Suisse, où a lieu le CHI de Genève, est votre pays natal. Cela vous donne-t-il un avantage, ou cela vous met-il davantage la pression ?

J’ai la chance de pouvoir compter sur le soutien du public très bienveillant du CHI de Genève. Et mes proches sont en mesure de m’accompagner et de me soutenir en personne, ce qui me pousse à faire de mon mieux pour faire leur fierté.

 

Vous avez remporté énormément d’épreuves sur Leone Jei ces dernières années. Quelles sont les qualités qui font de lui un tel champion ?

C’est un cheval au talent exceptionnel. Il a gagné des épreuves de championnats et des Grands Prix parmi les plus prestigieux au monde. C’est un partenaire de confiance : il est égal partout, saute tout aussi bien en intérieur qu’en extérieur, et s’adapte rapidement à n’importe quelle piste ou compétition. Il a un excellent tempérament, mais il est combatif. J’adore ça chez lui.

 

Les autres membres de votre équipe, tels que les grooms, les vétérinaires, etc, jouent-ils un rôle important dans votre réussite ?

Mon équipe dans son ensemble est essentielle à ma réussite. Il se passe tant de choses en coulisses ! Mes parents ont joué un rôle fondamental dans la création d’un entourage très spécial, qui me permet de me concentrer pleinement sur l’entraînement et sur la performance. Je n’ai besoin de penser à rien d’autre, mon équipe s’occupe de tout. Si je n’avais pas des grooms de très haute qualité pour s’occuper de mes chevaux, je n’aurais pas eu le succès que j’ai eu. J’ai énormément de chance d’avoir le soutien de ce groupe de personnes, en plus de mes parents qui m’aident à tous les niveaux.

 

Le CHI de Genève est un « Majeur », équivalent au tournoi de Wimbledon pour le tennis ou le Masters au golf. Qu’est-ce qui rend ces compétitions sportives si spéciales, et pourquoi sont-elles si importantes ?

Les Majeurs sont bien sûr certaines des épreuves les plus importantes de l’année. Ce sont celles que chaque cavalier rêve d’atteindre et de remporter. C’est le summum de notre sport, tous les plus grands cavaliers y ont participé.

Quand on est jeune et qu’on regarde ses idoles participer aux Majeurs, on trouve l’inspiration et la motivation nécessaires pour se dépasser en compétition, afin de les rejoindre un jour, et qui sait, les vaincre.

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping permet à deux jeunes cavaliers de concourir dans chaque Majeur. Est-ce important pour donner envie à une nouvelle génération de cavaliers ?

Il est extrêmement important que cette opportunité continue d’être offerte aux générations futures, car ces cavaliers en tirent une expérience inestimable. La chance de pouvoir s’opposer aux meilleurs cavaliers au monde et de les regarder de près est sans prix. Plus jeune, j’ai eu la chance immense de pouvoir concourir aux épreuves 5* en Suisse, ce qui m’a permis de sauter au plus haut niveau à un âge tendre, même si je n’avais pas encore le top niveau. J’en ai tiré de très précieuses leçons. Une fois de retour chez soi, on a beaucoup de choses sur lesquelles travailler et beaucoup d’autres objectifs qui permettent d’avancer.

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping fête cette année son dixième anniversaire. Quel impact a-t-il eu sur la discipline, selon vous ?

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping a eu un impact extraordinaire sur le monde du saut d’obstacles, et l’a fait passer à un tout autre niveau. Cette initiative rassemble les quatre plus grandes épreuves au monde, donnant ainsi aux cavaliers un objectif commun et haussant le niveau général.

 

Si vous n’étiez pas cavalier de saut d’obstacles, quel métier auriez-vous fait ?

Dans n’importe quel cas, j’aurais travaillé avec les chevaux. J’adore trop être à leur contact. Et j’aime autant le côté formation/entraînement que le côté achat/vente. J’aurais donc sûrement été dans le commerce de chevaux et dans la gestion de personnel.

 

Qu’est-ce qui vous donne envie de réussir et de gagner ?

J’adore la compétition et participer aux meilleurs concours. J’aime beaucoup voir les jeunes chevaux mûrir, apprendre et se développer. C’est très gratifiant d’accompagner un cheval vers le plus haut niveau.   Dans le saut d’obstacles, impossible de s’ennuyer : chaque cheval est différent, et aucune journée de travail n’est la même. C’est ça qui permet de s’améliorer en tant que cavalier et homme de cheval, pour tirer le meilleur de chaque cheval tout en lui offrant la vie la plus agréable possible.

 

Pour en savoir plus sur l’équipe de Martin Fuchs, écoutez notre dernier podcast en date, qui a pour invité Sean Vard, son groom et garçon de voyage : ‘Rolex Grand Slam Talks: ‘Through the Groom's Eyes with Sean Vard’’ sur Spotify.

 

Entretien avec Marie Barbey-Chappuis

(Photo: MBC. ©CHI de Genève / Joseph Carlucci) (Photo: MBC. ©CHI de Genève / Joseph Carlucci)

La Conseillère administrative en charge du Département de la sécurité et des sports de la Ville de Genève répondait à nos questions quelques semaines avant l’édition du CHIG 2023.

 

En tant que conseillère administrative en charge des sports, vous connaissez bien le Concours International de Genève. Quelle est sa place dans l’agenda des grands événements sportifs genevois ?

C’est une compétition très importante pour Genève, elle est devenue incontournable aujourd’hui. Le CHIG contribue au rayonnement de notre ville et l’ancre comme un haut lieu de l’hippisme à l’échelle mondiale. Ce sont de tels événements sportifs que l’on souhaite promouvoir et accueillir car ils permettent au public de vivre de véritables moments d’émotions et de mettre Genève en valeur. La Ville de Genève est très heureuse de soutenir cette manifestation depuis plusieurs années. Le Concours génère aussi des retombées économiques et touristiques comme tous les grands événements.

 

Justement, quels sont les impacts positifs du CHIG dans la ville en termes d’économie, opportunités d’emplois et investissements des entreprises ?

Il est difficile de chiffrer cela précisément. Je pense qu’il faut analyser cela de manière globale. Le taux de remplissage des hôtels genevois a été exceptionnel durant le premier semestre et la dynamique actuelle reste positive. Le CHIG y contribue forcément. Les retombées médiatiques du Concours permettent aussi de renforcer l’image de Genève à l’international avec des effets économiques sur le long terme. Le CHIG est une compétition très relevée avec des cavaliers de très haut niveau. Cela est donc en résonnance avec la marque « Genève » : une ville qui cultive aux yeux du monde, notamment à travers son industrie horlogère, précision et excellence.

 

Comment l’événement profite-t-il à la communauté équestre genevoise et aux jeunes ?

Cet aspect est important. Le lien entre sport d’élite et sport amateur est fondamental et je le place au cœur de la politique sportive que je mène en Ville de Genève.  L’accès du public aux chevaux et aux cavaliers contribue à relier ces deux pôles. Pour les bénévoles et passionnés d’équitation, c’est aussi l’occasion de découvrir une autre facette de leur sport. Tous les cavaliers élites ont un jour été des cavaliers amateurs. Le CHIG permet aussi de susciter des vocations et de favoriser la relève.

 

Comment se déroule la collaboration entre le comité d’organisation du CHIG et la Ville de Genève ?  

La Ville de Genève est en contact étroit avec le comité d’organisation afin que tout se déroule au mieux. Ce concours est reconnu comme étant le meilleur concours hippique au monde, il a d’ailleurs remporté 10 fois ce prix, c’est une preuve d’excellence. Au niveau de la Ville de Genève, nous renouvelons chaque année le soutien financier à travers une convention pluriannuelle. Nous souhaitons que les gens qui viennent voir le concours vivent une expérience inoubliable et que les spectateurs étrangers profitent de l’événement pour visiter Genève.

 

A votre avis, faisant partie du CHIG, le Rolex Grand Slam of Show Jumping aurait-il impacté positivement la reconnaissance mondiale de Genève ?

Je pense que cela contribue effectivement à la réputation de Genève qui est connue pour être une cité horlogère. Le CHIG perpétue la tradition. Plus généralement, ce lien entre les acteurs économiques, les acteurs sportifs et la société civile est essentiel pour l’attractivité de la ville.

 

Rolex est fortement impliquée dans le CHIG et dans le Rolex Grand Slam of Show Jumping. A votre avis, à quel point Rolex a-t-il un impact sur Genève et le sport global ?

Rolex est une entreprise très importante pour la Ville et le Canton. N’oublions jamais que si nous pouvons délivrer des prestations de qualité à Genève, c’est grâce à des grandes entreprises comme Rolex qui sont présentes sur notre sol et qui génèrent des revenus et de l’emploi. Par ailleurs, Rolex est un acteur très engagé dans le cité, très impliqué dans la vie sportive et culturelle. Genève doit beaucoup à Rolex. 

 

Leone Jei - "Il suffit d'un cheval pour que tous les rêves deviennent réalité".

(Photo : Beeld Werkt) (Photo : Beeld Werkt)

L'histoire de Leone Jei (Baltic VDL - Dara x Corland), hongre élevé par le KWPN, est pleine d'émotions. Son éleveur Gijs van Mersbergen est décédé avant de pouvoir assister au succès de Leone Jei sous la selle de Martin Fuchs. Son nom de naissance, Hay El Desta Ali, a été trouvé sur Internet par son éleveur.

 

Tout a commencé avec Pardous

Maartje van der Velden est la petite-fille de Gijs van Mersbergen. Dès son plus jeune âge, elle a été impliquée dans l’entreprise d'élevage de son grand-père. Elle se souvient : « Mon grand-père a acheté la fille de Peter Pan, Pardous, lorsqu'elle était une jeune jument. Pour mon grand-père, elle était la jument fondatrice de cette lignée. Elle a toujours été une jument spéciale. Elle était douce et calme, mais on pouvait voir son tempérament se manifester quand quelque chose allait se produire. Elle était aussi très douce avec nous quand nous étions petits. Nous pouvions approcher ses poulains. Mon premier souvenir de Pardous remonte à mes six ans et elle est décédée quand j'avais seize ans. J'ai grandi avec Pardous. Je pense qu'elle a transmis son caractère à sa progéniture, la plupart d’entre eux étaient faciles à vivre et faisaient preuve d’une grande volonté de performer. La mère de Leone Jei, Dara, a une histoire un peu différente. Elle avait beaucoup de caractère, pas de façon négative, mais mon grand-père ne nous laissait pas seuls avec elle quand nous étions de jeunes enfants. Je n'ai personnellement jamais vu Pardous sauter, donc il est difficile pour moi de dire ce qu'elle a transmis à sa descendance. De plus, Pardous n'a été utilisée chez nous que comme poulinière.  Mon grand-père était un grand fan de l'étalon Holsteiner Cardento, il l'a utilisé sept fois pour Pardous. »

 

Cardento a concouru avec le cavalier suédois Peter Eriksson à 1m60. Ils ont participé aux Jeux Équestres Mondiaux de 2002 à Jerez de la Frontera et aux Jeux Olympiques d'Athènes en 2004. Ils ont également participé à deux Championnats d'Europe : Arnhem en 2001 et Donaueschingen en 2003. Il a engendré plusieurs chevaux de haut niveau comme Catch Me Not S et Katanga vh Dingeshof.

 

Maartje van der Velden poursuit sur le choix d'étalon de son grand-père : « Mon grand-père aimait la manière dont Cardento et Corland se comportaient dans le sport. Il aimait leur façon de sauter. Le croisement avec Pardous et Cardento a fonctionné. Mon grand-père a élevé quatre chevaux issus de ce croisement qui ont sauté à 1m40 et plus. Le hongre Impossible Dream a sauté à 1m55 sous la selle de Kelly Arani. Impossible Dream était très gentil en tant que poulain, il a grandi avec d’autres poulains et était toujours très curieux quand nous entrions dans le champ. Il était également aussi très important pour mon grand-père que les chevaux aient un bon caractère. Aussi parce que nous, ses petits-enfants, étions autorisés à être avec les chevaux, il insistait vraiment sur le fait que les chevaux devaient avoir un bon caractère. Il voulait pouvoir faire confiance à ses chevaux à 100 %. La combinaison entre Pardous et Corland a donné la jument Dara, la mère de Leone Jei.


Dara est un peu l'exception dans cette histoire, elle avait un tempérament plutôt assez ardent. Nous n'avions pas le droit d'être juste avec Dara, il devait être avec nous. Elle a également transmis cette ardeur à sa progéniture. On peut dire qu'avec Leone Jei, elle a conçu un cheval exceptionnel. Peut-être pouvons-nous dire qu'elle est en effet la jument la plus spéciale de cette lignée. Dara et sa mère Pardous ont passé quelques années ensemble avec leur progéniture. Mon grand-père élevait environ cinq ou six poulains par an. Il a aussi élevé pendant un moment des chevaux de dressage, mais son cœur était dans ceux pour le saut d'obstacles. Cela lui procurait beaucoup plus d'excitation et il trouvait très spécial que les chevaux puissent franchir des barrières aussi hautes. Nous regardions également toutes les grandes compétitions. Il aimait vraiment le sport. Malheureusement, je ne suis jamais allée avec mon grand-père au CHIO d'Aix-la-Chapelle, mais le projet est que j'aille avec ma grand-mère aux Jeux Olympiques l'année prochaine à Paris. Nous aimerions aussi revoir Leone Jei sur place lors d'un Grand Chelem Rolex, ce serait également très spécial. Nous étions déjà cette année au Dutch Masters. Je tiens toute la famille informée des endroits où Leone Jei va concourir et de ses résultats. J'essaie de suivre tous les chevaux de cette lignée que mon grand-père a élevée. J'ai aussi une jument issue de cette famille qui a Pardous pour grand-mère. Cette jument, Chantal, a sauté jusqu'à 1m30 sous la selle de Koen Leemans. Pardous est malheureusement décédée aujourd’hui, c'est pourquoi nous avons décidé de prendre Chantal pour l'élevage. Mon grand-père avait déjà vendu Dara, donc Chantal était la seule jument qu'il lui restait. Elle a eu son dernier poulain en 2019, mon grand-père est décédé avant de pouvoir voir naître le poulain. Ad van Hal nous a beaucoup aidé cette année-là, c'était le meilleur ami de mon grand-père. Nous pourrions recommencer l'élevage avec Chantal, mais j'ai eu beaucoup de mal à vendre le dernier poulain de Chantal car c'était le dernier poulain élevé par mon grand-père. Chantal est aussi très spéciale pour moi, elle a vécu ici quasiment toute sa vie, à l’exception de quand elle était avec Koen Leemans.

 

Leone Jei

Maartje van der Velden poursuit à propos de Leone Jei : « Mon grand-père a toujours apprécié Baltic VDL. Il pensait que Cardento ne correspondant pas à Dara, c'est pourquoi il a décidé d'utiliser Baltic VDL. L'élevage est toujours un peu un pari, mais cela a bien fonctionné. Nous avons beaucoup aimé Leone Jei lorsqu'il était poulain et nous avons de nouveau utilisé Baltic VDL, ce qui a donné naissance à la jument Idara. Elle se trouve maintenant aux États-Unis, appartenant à Dark Horse. Curieusement, Martin Fuchs a concouru avec elle aux États-Unis à 1m45. Elle a d'abord été achetée par l'équipe de Fuchs qui l'a ensuite vendue à Dark Horse. Idara n'était pas aussi ardente que sa mère et Leone Jei.

 

Nous avons toujours ri du nom de naissance de Leone Jei. Mon grand-père l'a appelé Hay El Desta Ali - nous lui avons dit de choisir un nom normal, il y a tellement de beaux noms avec un 'H'. Mon grand-père cherchait sur Internet un joli nom en H et a choisi Hay El Desta Ali. Finalement, nous avons découvert que cela signifiait quelque chose comme ‘it is what it is’. Après tout, c'était un nom spécial. Comme poulain, il était aussi ardent que sa mère. Il avait un super caractère mais montrait beaucoup de tempérament. Cela s'est aussi manifesté lorsqu'il a commencé à être monté. Les premières montes étaient toute une aventure. Au début, Koen Leemans a eu des difficultés avec Leone Jei, mais ils ont ensuite construit un lien. Maintenant, il sait vraiment comment utiliser le tempérament qu'il possède. La façon dont il porte sa queue est exactement la même que lorsqu'il était jeune - c'est un point qui le  caractérise. Grâce à l'amitié entre mon grand-père et Ad van Hal, Ad a pu acheter Dara. Mon grand-père lui a accordé la jument. A cette époque, nous avions encore Pardous et Chantal comme poulinières. Il n'y a plus beaucoup de juments utilisées pour l'élevage. Je sais que j'ai en ce moment une jument vraiment unique.

 

Pour ma famille et moi, cette lignée a une grande valeur émotionnelle. Mon grand-père essayait de suivre partout où allaient ses chevaux Il est très spécial de voir le développement de Leone Jei dans le sport avec Martin Fuchs : Le succès de Leone Jei est quelque chose dont il a toujours rêvé, il disait toujours qu'il suffisait d'un cheval pour réaliser tous les rêves !  Notre grand-père avait l’habitude de s'asseoir derrière son ordinateur et de chercher toutes les informations sur ses chevaux, ainsi que des renseignements sur les étalons. Il assistait toujours à de nombreuses présentations d'étalons, des compétitions d'étalons, etc. Nous n'avions jamais pu imaginer que Leone Jei deviendrait le cheval qu'il est actuellement. Nous devons tout le succès à la fille de Peter Pan, Pardous. Mon grand-père est décédé peu de temps après la vente de Leone Jei à Martin Fuchs.

 

Ad van Hal

Gijs van Mersbergen accompagnait souvent Ad van Hal dans ses déplacements. Le plan initial était de faire concourir Dara, la mère de Leone Jei, mais cela s'est avéré trop coûteux. Ainsi, van Mersbergen a vendu la mère de Leone Jei à Ad van Hal après qu'elle ait donné naissance à Idara par Baltic VDL, la sœur de Leone Jei. Ad van Hal se souvient : « Je passais toujours devant le champ où Dara se tenait, en revenant du travail à vélo. Je me disais qu'un jour elle serait à moi. Nous sommes allés ensemble aux approbations d'étalons du KWPN à Den Bosch et j'ai demandé à van Mersbergen si je pouvais l'acheter. Il a mentionné un prix tellement élevé que je lui ai demandé d’arrêter la voiture, je devais y réfléchir. J'ai essayé plusieurs fois de l'acheter, jusqu’au moment où j'ai réussi. J'ai toujours eu de bons contacts avec van Mersbergen. Je suis toujours aussi triste qu'il soit décédé. J'ai assisté à de nombreux concours avec lui et j'ai vu le jeune Leone Jei plusieurs fois sous la selle de Koen Leemans. Van Mersbergen était vraiment passionné par le sport équestre.

 

J'ai élevé sept poulains avec Dara. Le premier poulain que j'ai élevé avec Harley VDL était censé être le seul, mais elle a mis bas à des jumeaux - heureusement, tous les trois ont survécu. L'année suivante, Dara a eu une autre pouliche avec Harley VDL que j'ai vendue en Belgique, mais elle est décédée à l'âge d'un an. Elle a un étalon de quatre ans par Colman et un étalon de trois ans par El Barone 111 Z. Ainsi qu'une jument de deux ans par Verdi TN que je souhaite conserver, cette année elle a eu un frère complet de Leone Jei. J'ai vendu Dara à Mares of Macha, ils voulaient l'utiliser pour l'ICSI. J'ai une fille de Dara, et ils m'en ont proposé beaucoup d'argent et je n'ai pas pu résister. Dara est une jument assez longue et bien proportionnée. Elle a un bon caractère, mais elle est aussi très vive. C'est cette combinaison dans son caractère qui me plaisait. Elle était toujours la première dans le troupeau de chevaux, elle a beaucoup de sang. Van Mersbergen a déjà élevé plusieurs bons chevaux de saut d'obstacles avec cette lignée.

 

Van Mersbergen avait déjà élevé plusieurs bons chevaux de saut d'obstacles de cette lignée. C'était aussi une des raisons pour lesquelles je l'ai achetée. Elle avait une lignée maternelle intéressante. En fait, c'était une ligne de performance très courte, on en sait peu sur la lignée. Cependant, j’ai assisté à l’approbations des juments avec van Mersbergen à Esbeek quand Pardous était jeune. Elles devaient sauter en liberté. Une clôture d'environ deux mètres de haut avait été construite. J'avais déjà dit à van Mersbergen de faire attention car je pensais qu’elle allait sauter au-dessus et il pensait que j'étais fou. Devinez quoi ? Elle a sauté la ligne puis a sauté par-dessus la clôture de deux mètres de haut qui était censée garder les chevaux à l'intérieur. Elle ne l'a même pas touchée. »

 

Ad van Hal réfléchit également sur la difficulté d'évaluer une lignée de juments qui n'a pas beaucoup de générations qui ont connu la compétition : « L'élevage d'aujourd'hui se concentre uniquement sur les chevaux qui ont concouru. Cette lignée n'avait pas beaucoup d’expérience de sport dans sa lignée maternelle, mais ceux qui ont rejoint le domaine du sport sont bons. Aujourd'hui, l'ICSI devient de plus en plus populaire, mais on ne sait pas si cinq frères et sœurs se comporteront tous bien dans le sport.»

 

Toute lignée de juments commence à un moment donné. L'histoire de Leone Jei a commencé avec la jument Pardous. L'éleveur passionné Gijs van Mersbergen a mis beaucoup de soin et engagé sa fierté à trouver les bons croisements pour sa jument.

 

La victoire à Spruce Meadows vue par l'éleveur

Maartje van der Velden dit : « J'ai regardé la victoire de Martin Fuchs et Leone Jei le lendemain avec ma grand-mère. Nous essayons de regarder chaque compétition en direct, mais c'était un peu trop tard. Je l'ai regardé deux fois parce que j'ai regardé la retransmission en direct. C'était tellement excitant, surtout quand ils ont touché la première barrière ! C'était irréel de voir comment Martin a levé son bras au-dessus du dernier obstacle. J’ai été submergée d’un grand sentiment de fierté. C'est exceptionnel qu'un cheval comme Leone Jei soit né dans les écuries de mon grand-père ! Je suis toujours en contact avec l'ancien cavalier de Leone Jei, Koen Leemans. Nous faisons tous partie de cette histoire. »

ENTRETIEN AVEC JOANA SCHILDKNECHT

JOANA SCHILDKNECHT (Photo: YRA / Fabio Petroni)

 

Quels sont vos objectifs pour cette fin d’année, et quels sont vos projets et ambitions pour 2024 ?

Avant la fin de l’année 2023, je souhaite participer à l’épreuve des moins de 25 ans du CHI de Genève ainsi qu’à des 1,50 m, dans l’objectif de me qualifier pour les Championnats de Suisse l’an prochain. En 2024, mon premier objectif sera de concourir à l’épreuve des moins de 25 ans à Bâle. Et par la suite, j’aimerais participer à des 3* dans l’équipe nationale suisse. Avec un peu de chance, j’aurai de bons résultats dans certaines de ces épreuves !

 

Quel est votre plus grand moment de fierté professionnelle jusqu’ici ?

Les grands moments de fierté dans mon parcours professionnel me sont venus lorsque j’ai représenté la Suisse dans la Coupe des nations ces dernières années. Je suis aussi très fière des médailles remportées aux Championnats de Suisse. Et enfin, j’ai de très bons souvenirs des Championnats d’Europe Juniors et Jeunes cavaliers, où je n’ai pas eu le bonheur d’être médaillée, mais j’étais très fière de m’être qualifiée et d’avoir représenté mon pays.

 

Parlez-nous un peu de votre piquet de chevaux et de leurs personnalités...

J’ai actuellement quatre chevaux ayant une certaine expérience qui m’accompagnent dans les grosses épreuves, ainsi que cinq jeunes chevaux de cinq à sept ans. J’aime les former et les développer moi-même assez tôt et jusqu’à ce qu’ils aient l’expérience nécessaire pour passer au niveau supérieur.

Parmi mes meilleurs chevaux, on trouve Catrina J, que j’ai montée aux deux derniers Championnats d’Europe Jeunes cavaliers. Victor Nn et Napoleon C sont mes deux autres chevaux ayant une certaine bouteille. C’est avec eux que j’ai remporté ma première médaille en 1,50 m cette année et que j’ai participé à plusieurs Grands Prix 2* et 3*.

 

À quel moment vous êtes-vous aperçue que vous vouliez devenir cavalière professionnelle ?

Dès mon enfance ! Mes parents tenaient une petite écurie. J’ai donc grandi parmi les chevaux, et ma passion est née là. La relation qu’on peut créer avec un cheval est très spéciale. J’ai toujours été mordue. Je voulais en permanence être en compagnie des chevaux et faire des concours équestres.

 

Vous faisiez partie de la Rolex Young Riders Academy. Pourriez-vous nous parler de cette académie ? Vous a-t-elle aidée dans votre parcours ?

Bien sûr : faire partie de la Rolex Young Riders Academy est l’une des plus belles choses qui me soient arrivées dans ma carrière. J’y ai appris énormément de choses intéressantes et j’y ai noué d’incroyables relations. J’y ai reçu l’enseignement d’experts du monde équestre et notamment de vétérinaires chevronnés, sans compter les cours sur l’aspect commercial du métier. Cela m’a beaucoup aidée et m’a donné confiance en moi. 

 

Tout comme le tennis et le golf, le saut d’obstacles a son propre Grand Chelem. Quels autres grands tournois sportifs aimez-vous regarder ? Lequel est votre préféré et pourquoi ?

J’adore regarder le Championnat du monde de Formule 1. Mon écurie favorite, Red Bull, domine cette saison.

 

En tant que jeune cavalière, que représente le Rolex Grand Slam of Show Jumping pour vous ? Le Rolex Grand Slam est-il selon vous une bonne chose pour le saut d’obstacles ?

Absolument, le Rolex Grand Slam of Show Jumping est une initiative incroyable qui rassemble les Grands Prix les plus prestigieux tenus lors des concours les plus connus de la planète. Rien ne vaut le Rolex Grand Slam, c’est le rêve de tout cavalier d’y participer !

 

Qu’est-ce qui fait la particularité du CHI de Genève pour vous, cavalière suisse ?

Le CHI de Genève est vu comme le plus grand concours indoor de Suisse. C’est donc un honneur d’y participer. Le site et les installations du CHI de Genève sont formidables, tout est très bien organisé, et l’atmosphère est fabuleuse. Rien ne vaut Genève selon mon expérience !

C’est l’opportunité de se mesurer aux meilleurs cavaliers du monde. D’ailleurs, j’aime bien aller voir la détente, on apprend plein de choses simplement en les regardant s’échauffer !

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping fête actuellement son dixième anniversaire. Quel impact a-t-il eu sur la discipline, selon vous ?

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping a eu un gros impact sur tous les acteurs du monde du saut d’obstacles, des entraîneurs aux chevaux en passant par les cavaliers. Je suis trop jeune pour être consciente de la somme totale de ces changements, mais j’ai vu ces dernières années l’impact positif de cette initiative.

 

Qui est votre plus grande source d’inspiration ? Idolâtrez-vous un cavalier en particulier ?

Steve Guerdat et Martin Fuchs, mes deux compatriotes suisses, sont deux grandes sources d’inspiration. Je m’entraîne avec Thomas Fuchs, ce qui me donne parfois la chance inouïe de travailler aux côtés de Martin.

 

Quel est le meilleur conseil que vous ayez jamais reçu ?

Qu’il faut toujours écouter son cheval, et ne pas lui demander trop de choses en même temps. Certains chevaux prennent plus de temps à se développer. Il faut se montrer patient et être à leur écoute pour obtenir le meilleur résultat possible.

ROLEX GRAND SLAM TALKS, LE PODCAST

 

Plus tôt dans l’année, le Rolex Grand Slam of Show Jumping a inauguré un passionnant nouveau podcast intitulé « Rolex Grand Slam Talks: Through the Groom's Eyes ». Ce podcast plonge dans l’intimité de l’univers qui sous-tend les performances du couple cheval-cavalier, et plus particulièrement les grooms, héros souvent oubliés qui travaillent sans relâche dans les coulisses des plus grands concours de saut d’obstacles.

 

Tous les trois mois, en amont des Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping, un épisode est mis à disposition des auditeurs gratuitement sur Spotify. Tout comme le caddie au golf ou les mécaniciens en Formule 1, les grooms sont absolument indispensables à la réussite des cavaliers et chevaux dont ils s’occupent. Cette série d’émissions vise à faire découvrir le rôle important de ces travailleurs de l’ombre dans notre sport favori.

 

Deux épisodes dont déjà disponibles à l’écoute. Dans le premier, nous rencontrons Virgine Casterman et Lee McKeever qui accompagnent au quotidien le cavalier américain McLain Ward. Ces deux grooms ont notamment joué un rôle primordial dans les victoires de Ward aux Rolex Grands Prix du CHI de Genève en 2021 et aux Dutch Masters de 2022. Ils nous parlent ici de leur parcours professionnel et de la relation particulière qui les unit à la sensationnelle jument HH Azur. La seconde émission est axée sur Sean Lynch., le groom de Daniel Deusser, Témoignage Rolex. Sean travaille avec Deusser, ancien numéro un mondial, depuis une dizaine d’années, et ils ont vécu ensemble de nombreuses victoires.

 

Deusser lui-même reconnaît volontiers l’importance de Lynch dans son succès : « Sean est un groom incroyable, je lui fais confiance à 100 %. Il passe plus de temps que moi avec mes chevaux et entretient avec eux une merveilleuse relation. Il ne s’agit pas simplement d’un métier pour lui. C’est un vrai mordu de chevaux et de saut d’obstacles. Au départ, Sean était venu passer une ou deux semaines chez nous en tant que groom freelance, mais il a fini par rester ! La relation entre le cavalier et son groom est absolument cruciale à la réussite. J’ai énormément de chance de pouvoir travailler avec lui. »

 

Sean Vard sera l’invité du prochain épisode de Rolex Grand Slam Talks: Through the Groom's Eyes, qui sera diffusé juste avant le CHI de Genève, dernier Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping de l’année. L’Irlandais est le groom de Martin Fuchs, Prétendant actuel au Grand Slam. Suite à la victoire de Fuchs au CPKC ‘International’ présenté par Rolex au CSIO de Spruce Meadows ‘Masters’ en septembre, Vard contribuera à l’effort collectif de son équipe pour que le cavalier suisse garde son titre. Ayant déjà remporté le Rolex Grand Prix du CHI de Genève en 2019 et 2021 et étant passé tout près de la victoire pour décrocher une belle deuxième place en 2022, Fuchs sera le favori au départ de l’édition 2023. Vard nous parlera de son parcours et des incroyables chevaux qu’il a eu sous sa garde au fil des ans, comme Clooney 51 ou Leone Jei, et nous expliquera comment il fait en sorte que les chevaux arrivent en pleine forme le jour J.

 

Pour toutes les actualités et les dates de mise à disposition du podcast, suivez @rolex_grand_slam sur Instagram. Pour accéder aux épisodes précédents, cliquez ici.

ENTRETIEN AVEC GEORGIA ELLWOOD

Georgia Ellwood (Photo : Madeleine D. Bergsjø)

 

Pourriez-vous vous présenter ? Dites-nous par exemple pour qui vous travaillez et en quoi consiste votre métier.

Je m’appelle Georgia Ellwood, et je suis groom de compétition pour Harry Charles. 

 

Parlez-nous des chevaux que vous avez sous votre responsabilité et de leur personnalité… 

Dans l’équipe de Harry, je m’occupe de neuf chevaux, tous d’âges différents et avec différents niveaux d’expérience. Roméo 88 et Balou Du Reventon sont nos chevaux les plus âgés et les plus expérimentés. Balou du Reventon est une vraie perle, le favori de l’écurie en ce moment. C’est un étalon mais il ne se comporte pas du tout comme tel, il est vraiment gentil. Nous l’avons surnommé le vieux papy de l’écurie. 

Par contre, avec Roméo 88, c’est une autre paire de manches par rapport à lui [Balou du Reventon]. Il est plutôt grincheux, mais il peut aussi être très affectueux. Il a besoin d’attention, et une fois qu’il l’a, son humeur change. 

Sherlock est l’un de mes chevaux préférés parmi les plus jeunes. C’est l’animal le plus adorable que vous puissiez imaginer. Il est malicieux et très doux, et il donne tout ce qu’il a quand il est dans l’arène, et ça fait vraiment plaisir à voir. Je suis sûre que Harry serait d’accord avec moi pour dire que c’est un bon petit soldat. 

Nous avons aussi un jeune cheval de huit ans qui s’appelle Bandit, et qui est très spécial. Son nom officiel est Dunroe Quality et il a une détente incroyable, un vrai ressort. Il est très agréable mais il a un caractère parfois difficile. Il adore me tester sur le terrain, mais c’est un cheval complètement différent quand Harry le monte. C’est l’un des meilleurs jeunes chevaux que j’ai jamais vu. J’espère qu’il va continuer à se développer à l’avenir, et je pense qu’il va devenir un acteur très important dans la discipline du concours hippique. 

Tous les chevaux ont des caractéristiques différentes ; vous devez vraiment passer du temps en tête-à-tête avec eux pour apprendre à les connaître.

 

Qu’est-ce que ça représente pour vous de faire partie de l’équipe de Harry Charles ?

C’est vraiment passionnant de faire partie de l’équipe de Harry Charles. À Heathcroft Farm, nous faisons partie de la famille, nous ne sommes pas seulement des grooms. Peter [Charles] nous fait confiance et c’est très important pour nous. Il est très impliqué à l’écurie mais il nous laisse notre indépendance. C’est une équipe géniale et je suis ravie d’en faire partie. La famille est vraiment formidable avec nous, et c’est ce qui fait que nous aimons notre travail. Ce sont des gens tellement agréable à côtoyer. 

Je suis avec Harry depuis quatre ans maintenant et j’ai pu remarquer une évolution significative dans sa manière de monter. C’est quelqu’un de très décontracté, mais quand il participe à des concours importants, il veut bien faire et il se met beaucoup de pression. J’essaye de rester calme et de garder mon sang-froid pour l’aider. 

Harry est un perfectionniste et depuis que je travaille avec lui, j’ai pu constater à quel point il travaille dur. C’est l’un des cavaliers les plus travailleurs que je connaisse. Il a énormément de volonté. 

 

Vous avez récemment gagné le prix de « Groom de l’année » du British Showjumping, qu’est-ce que ça représente pour vous ?

Quand j’ai commencé dans ce sport, la séparation était marquée entre les cavaliers et les grooms. Chaque fois qu’un cavalier gagnait un concours, les projecteurs étaient braqués sur le cavalier, le cheval et le propriétaire, mais récemment, depuis un ou deux ans, les grooms commencent à avoir une certaine reconnaissance. C’est formidable et ça fait une vraie différence. Nous travaillons vraiment dur en coulisses, il y a tellement de gens dans les équipes qui sont derrière chaque cavalier et son cheval, y compris les entraîneurs, le maréchal-ferrant, le vétérinaire et les responsables commerciaux, et le rôle de chacun est vital car nous travaillons dans un sport d’équipe. 

Gagner le prix du Groom de l’année a été un moment fantastique. C’était génial d’avoir cette reconnaissance, nous travaillons tous tellement dur, sans compter nos heures, ce prix représentait énormément pour moi. 

 

Comment avez-vous commencé dans ce métier et quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait se lancer dans ce domaine ?

J’ai toujours été passionnée par les chevaux. Je montais beaucoup des poneys et j’ai participé aux compétitions du British Show Jumping pendant un temps. Plus tard, j’ai dû reconnaître que je n’étais pas aussi bonne que d’autres jeunes cavaliers et j’ai décidé de devenir groom et j’ai trouvé un emploi à l'âge de 15 ans où je nettoyais les écuries. Cela s’est vite transformé pour moi en premier travail à plein temps en tant que groom de compétition. 

J’appréciais le fait de toujours faire partie de l’équipe et de pouvoir monter. Travailler aux côtés d’un cavalier de haute compétition est incroyablement stimulant. Mon conseil pour la jeune génération tient au fait que le métier de groom représente beaucoup de travail et de fatigue. Mais quand les choses fonctionnent bien et que le succès arrive, c’est un sentiment fantastique. Il faut continuer à travailler dur et les résultats se feront sentir. 

 

Qu’est-ce que vous préférez dans votre travail ?

La victoire tient une place très importante. J’aime aussi avoir un nouveau cheval et apprendre à le connaître ou travailler avec un jeune cheval et le voir progresser. Quand il évolue et participe à son premier Grand Prix, c’est un sentiment exaltant. Je suis très fière de faire partie de ce processus. 

 

Est-ce que vous aimez venir aux Majeurs (The Dutch Masters, CHIO d’Aix-la-Chapelle, Tournoi de Spruce Meadows ‘Masters’ et CHI de Genève) ? En quoi diffèrent-ils des autres compétitions selon vous ?

J’adore participer aux Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping car ils sont admirablement organisés. Ils n’ont pas seulement pensé aux cavaliers, mais ils se soucient aussi du bien-être des chevaux. En tant que groom, c’est très important pour nous. Les grooms sont traités et considérés de la même manière que les cavaliers et c’est vraiment très agréable. L’atmosphère qui règne dans les Majeurs est incroyable. Le CHIO d’Aix-la-Chapelle est l’un de mes concours préférés. Les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping sont sans aucun doute parmi les meilleurs concours au monde.

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping fête actuellement son dixième anniversaire. Quel impact a-t-il eu sur la discipline, selon vous ?

Je ne suis pas dans la discipline depuis assez longtemps pour avoir vu le changement depuis les débuts mais je pense que le Rolex Grand Slam of Show Jumping a eu un impact considérable sur ce sport. Il a ouvert des portes aux jeunes cavaliers et aux grooms et leur a permis d’accéder à différents lieux de compétition. Tous les Majeurs sont extraordinaires. Ils sont extrêmement bien organisés, et les sites sont superbes. Ils ont mis la barre très haut pour notre sport. Les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping ont eu un impact significatif sur les grooms, ils nous ont apporté une véritable reconnaissance et nous ont permis d’avoir notre mot à dire. 

 

Quel est votre plus grand moment de fierté professionnelle jusqu’ici ?

Il y a beaucoup de moments de ma carrière dont je suis fière. Bon nombre de ces moments incluent Harry. Je dirais quand nous avons gagné le bronze par équipe aux Championnats du monde de la FEI à Herning, au Danemark. Il [Harry] a fait un superbe sans-faute le dernier jour qui nous assuré la médaille. Un autre moment spécial est le premier jour où Harry a fait un sans-faute aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020. J’étais tellement fière. 

 

Les grooms forment-ils une vraie communauté où ils se soutiennent mutuellement ?

Chez les grooms, nous n’avons pas beaucoup de temps pour avoir une vie sociale en dehors des compétitions. Tous les grooms sont extrêmement proches, nous formons un grand groupe d’amis. Nous nous voyons presque toutes les semaines, on forme donc des liens d’amitié très forts. C’est une communauté de gens sympathiques.

L’ambiance y est très solidaire également, si vous avez besoin d’aide ou si vous êtes en difficulté, vous trouverez de l’aide dans la communauté. Il n'y a pas une seule mauvaise personne dans la communauté des grooms. Nous avons tous beaucoup de chance d’avoir le soutien de nos collègues car on peut parfois se sentir submergé par les événements. 

FUCHS S’ENVOLE VERS LA VICTOIRE AU CPKC ‘INTERNATIONAL’ PRÉSENTÉ PAR ROLEX

(Photo: Rolex Grand Slam / Tom Lovelock) (Photo: Rolex Grand Slam / Tom Lovelock)

 

Souvent considéré comme l’une des épreuves de saut d’obstacles les plus difficiles et prestigieuses au monde, le CPKC ‘International’ Grand Prix présenté par Rolex du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ a une fois encore été l’occasion d’admirer les meilleurs talents de l’univers équestre. Au total, ce sont trente-quatre couples issus de douze pays différents, dont cinq des meilleurs au monde, qui se sont présentés sur la ligne de départ du parcours aux monstrueux obstacles de Leopoldo Palacios.

 

Le CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ est bien sûr le troisième Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping de l’année, et le deuxième à fêter ses dix bougies dans la compétition.

 

Avec ses dix-sept obstacles/douze combinaisons, la première manche prend la véritable mesure des chevaux et cavaliers en termes d’endurance, d’aptitude et de courage. Troisième en lice, Angelie Von Essen produit le premier sans faute sur son selle français Alcapone des Carmille. Et à mi-chemin, seuls quatre cavaliers ont fini le parcours sans pénalité, dont la Canadienne Tiffany Foster, qui ravit le public de la piste internationale avec un sans faute fluide.

 

Mais c’est la déception pour Steve Guerdat, nouveau Champion d’Europe FEI et gagnant de l’épreuve en 2021. Comme neuf autres cavaliers, il fait la faute au douzième obstacle. Et ce n’est pas la fin des mauvaises surprises : plusieurs autres favoris ne se qualifient pas pour la deuxième manche, dont Ben Maher, quatrième au classement mondial, Scott Brash, gagnant du Rolex Grand Slam of Show Jumping et le Néerlandais Harrie Smolders.

 

La deuxième manche ne laissant la porte ouverte qu’aux douze cavaliers ayant fait preuve des meilleurs résultats à la première, ceux capables de produire un parcours rapide pénalisé de quatre points seulement auraient encore une chance de remporter l’un des prix les plus convoités du saut d’obstacles. La Canadienne Erynn Ballard et l’Égyptien Nayel Nassar en feront partie. Au total, cinq cavaliers réussissent le sans faute sur ce parcours technique, dont Martin Fuchs, Témoignage Rolex, qui fait une partie du parcours sur un seul étrier après un énorme saut de Leone Jei au-dessus des palanques ornées du drapeau canadien.

 

Un court intervalle plus tard, les gradins bondés attendent, le souffle suspendu, le retour de ces incroyables couples sur la piste ensoleillée. Pour cette deuxième manche, les participants entrent en piste dans le sens opposé à celui de la première manche. En cas d’ex-æquo, un barrage les attendra. Un seul cavalier ayant essuyé quatre points à la manche précédente réussit à mettre la pression sur les détenteurs des sans faute : c’est le Mexicain Andres Azcarraga, qui fait une brillante performance en bouclant le parcours en un tourne-main dans les 77 secondes imparties. Sous les acclamations de son public, Tiffany Foster est la première à faire le double sans faute et monte ainsi la barre pour les trois cavaliers restants. Martin Fuchs, Témoignage Rolex et double vainqueur d’un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping, promet un barrage au public. Pendant ce temps, c’est la catastrophe pour Bertram Allen, autre Témoignage Rolex, qui fait la faute sur le triple. Seuls deux cavaliers restent donc en lice pour le barrage.

 

Pleine d’anticipation, la foule canadienne espère assister à la première victoire du pays depuis celle de Ian Millar sur Captin Canada en 2014. Et Foster produit un parcours très respectable avec quatre points seulement et un chrono de 44,45 secondes. Au moment où Leone Jei passe sous l’horloge, on peut entendre tomber une aiguille. Et le superbe hongre aux très gros moyens nous montre tout son talent en survolant les obstacles de l’arène internationale pour passer la ligne d’arrivée sans faute en 43,58 secondes et offrir la victoire dans cette épreuve très disputée au cavalier suisse.

 

Après sa victoire, Fuchs nous a confié : «J’ai toujours voulu gagner cette épreuve dans ce concours prestigieux, et quel plaisir d’y arriver ! Mon père a concouru ici à plusieurs reprises mais n’a jamais gagné. Il m’a donc fait promettre de gagner pour nous deux aujourd’hui, et je suis ravi d’avoir pu le faire. »

 

Le nouveau prétendant au titre du Rolex Grand Slam of Show Jumping a ensuite continué : « Leone Jei est un cheval incroyable, doté d’un talent extraordinaire. Il a très bien sauté dans la première manche. Si bien même que je suis sorti de selle au-dessus des palanques avec les drapeaux canadiens et que j’ai perdu ma rêne et mon étrier gauches ! J’ai essayé de récupérer mon étrier mais je n’y suis arrivé que trois obstacles plus tard. À l’intervalle, on avait discuté de la possibilité de changer de mors, mais mon père m’a déconseillé de le faire et m’a dit qu’il me suffisait de mieux monter ! »

 

INTERVIEW AVEC TOMMY WHEELDON JR

(Photo: Spruce Meadows Media) (Photo: Spruce Meadows Media)

 

Pourriez-vous nous expliquer plus en détail qui vous êtes et ce que vous faites ?

 

Je m’appelle Tommy Wheeldon Jr. et je suis entraîneur et directeur général de Cavalry FC, une équipe de foot avec laquelle je travaille depuis sa naissance en 2018. En septembre 2017, quand j’ai rencontré Linda [Southern-Heathcott] au CSIO Spruce Meadows ‘Masters’, j’ai profité d’une reconnaissance de parcours pour lui suggérer l’idée d’accueillir des rencontres de football professionnel sur la piste de l’International Arena.

 

Avant de travailler pour Cavalry FC, que saviez-vous du saut d’obstacles ?

 

Avant la naissance de l’équipe, je m’étais déjà rendu plusieurs fois à Spruce Meadows pour voir ma belle-fille Tatum concourir. Ma femme et elle sont passionnées d’équitation. Quand j’ai rencontré ma femme, ma belle-fille participait régulièrement à des concours. C’est ainsi que j’ai découvert ce sport. Bizarrement, nous nous étions rendus à un concours organisé par l’association caritative Calgary Flames Family Foundation, durant lequel ma belle-fille a été invitée à concourir sur ce qui est maintenant le Stade ATCO. Je me souviens que ce moment avait été très important pour elle. Bref, cela fait un petit moment que j’évolue autour des chevaux. Et la chance a voulu que je reçoive une invitation d’un ami pour le Masters de 2017.

 

Existe-t-il des similitudes entre les deux sports à vos yeux ?

 

Oui, absolument. Ce sont deux sports axés sur le détail, sur les relations interpersonnelles. Le cheval et le cavalier doivent se faire confiance l’un l’autre, et les joueurs de football doivent avoir confiance en ceux qui décident de l’entraînement, de la stratégie et de la tactique à adopter.

 

Dans les sports équestres, tout est dans le détail. Une seule erreur dans un parcours de 60 secondes peut vous coûter la victoire, tout comme au football, où une seule bévue dans un match de 90 minutes peut affecter le résultat final. Ce sont deux sports qui se jouent à quelques fractions de seconde ou à quelques millimètres près.

 

Le plus grand professionnalisme est exigé. Dans le saut d’obstacles, le niveau d’entraînement et de soins donnés aux chevaux est impressionnant. Et dans le foot, c’est pareil : on prend très grand soin des joueurs, en matière d’alimentation comme à l’entraînement. Il existe beaucoup de points communs entre les deux.

 

Les sports équestres ont des Majeurs, tout comme le tennis et le golf. À votre avis, où se joueraient les quatre majeurs du football ?

 

S’il fallait choisir quatre Majeurs pour le foot, le stade de Wembley serait sans aucun doute en haut de la liste. Je dirais Camp Nou aussi, même si je n’y suis jamais allé. Il est en cours de rénovation, mais ça va être un endroit très spécial, je pense. Après, je dirais l’Estadio Azteca à Mexico, où je suis allé pour la Coupe du monde en 1986. J’ai le souvenir d’un stade bondé. Et enfin, le stade de San Siro à Milan. C’est à cet endroit précis que j’ai fini de tomber amoureux du football, durant la Coupe du monde 1990. J’ai eu le privilège de visiter ce stade, c’est un endroit merveilleux.

 

Vous qui avez l’expérience du foot et du sport équestre, que pensez-vous qu’ils pourraient-ils apprendre l’un de l’autre ?

 

Les sports équestres, par exemple dans la tenue et la posture des cavaliers, ont une élégance innée. C’est la raison pour laquelle Rolex y est associé, tout comme au tennis, avec Wimbledon.

 

Le public qui vient regarder le football à Spruce Meadows bénéficie tout autant de l’élégance du lieu, mais dans un cadre différent. Un lieu unique, des expériences très différentes : c’est ce qui fait de Spruce Meadows un endroit à part. D’un côté, on a l’International Arena, où les cavaliers s’affrontent pour gagner le Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping, et où le public est relativement calme. De l’autre, on a le Stade ATCO, où la foule est beaucoup plus bruyante du premier coup de sifflet au dernier.

L’autre différence, c’est que nos joueurs portent aujourd’hui des capteurs GPS. Cela permet aux entraîneurs de recueillir des données pour visualiser les efforts des joueurs ou la vitesse à laquelle ils courent. Je parle toujours de ça à Ian Allison. Je me demande s’il serait possible de surveiller les chevaux pour voir s’ils risquent le surentraînement, ou si leur entraînement est au contraire insuffisant. Une fois encore, tout est dans le détail. L’utilisation des différentes technologies pourrait être un point de discussion intéressant. Je sais qu’il existe des chronomètres en début et fin de parcours, mais il serait intéressant de surveiller également la santé des chevaux grâce à ces technologies.

 

Le fait d’être à Spruce Meadows, où l’on ne cesse d’innover pour s’améliorer, vous motive-t-il, vous et votre équipe, à vous dépasser ?

 

Comme le dit Mme. Southern-Heathcott, Spruce Meadows est un lieu d’excellence qui vise toujours à dépasser les attentes. C’est la définition parfaite. Dès votre entrée sur le site de Spruce Meadows, vous constatez l’attention portée à tous les détails. J’ai toujours été d’avis que ce sont ceux qui se trouvent tout en haut qui ont la possibilité de changer la donne. Chaque semaine de chaque année, la famille Southern et la direction de Spruce Meadows fait tout pour dépasser le niveau d’excellent déjà atteint. C’est une opportunité exceptionnelle que de pouvoir faire partie de ces efforts.

L’objectif dans le football, c’est toujours d’être le meilleur. Notre équipe est actuellement en tête du classement. Je crois que nous avons gagné le plus de points pendant la saison que toute autre équipe. Nos résultats à domicile sur les cinq dernières années sont les meilleurs de l’histoire. Et l’environnement dans lequel évolue l’équipe est primordial pour de bonnes performances. C’est là qu’intervient Spruce Meadows.

 

Avez-vous déjà regardé le CPKC ‘International’ Grand Prix présenté par Rolex, et si oui, qu’avez-vous pensé de l’atmosphère et du niveau sportif ? Est-ce la même expérience que dans votre sport ?

 

Absolument ! J’avais reçu une invitation d’un ami, vice-président de Telus, qui m’a présenté Ian Allison et Linda Southern-Heathcott. La première chose que j’ai dite à Linda était que le gazon était de très grande qualité ! Le football s’est toujours joué sur une belle pelouse. Malheureusement, dans ce pays, beaucoup d’équipes jouent sur des surfaces artificielles. Spruce Meadows a des pelouses naturelles, comme à Wimbledon. Nous en sommes fiers.

 

La deuxième question que j’ai posée à Linda était la suivante : « Avez-vous déjà pensé à organiser des matchs sponsorisés ? » J’ai remarqué les horloges Rolex, la signalétique WestJet, des marques connues et respectées. On aurait dit un stade de foot. Linda m’a demandé quel poids faisaient mes joueurs, à quoi j’ai répondu 50 à 90 kg chacun, et elle m’a dit que si les chevaux faisaient de 500 à 600 kg, il ne devrait pas y avoir de problèmes pour recevoir 22 joueurs.

 

Il ne s’agissait à ce moment-là que d’une remarque en passant, mais mon ami l’a de nouveau rencontrée la semaine suivante et lui a expliqué qu’une ligue professionnelle était en cours de création au Canada. Linda a souhaité savoir pourquoi. Sa famille a toujours eu un objectif principal, celui d’aider le peuple canadien. L’idée a donc continué de germer dans son esprit, car c’est exactement comme cela que les sports équestres ont acquis leur renommée dans la région, grâce à M. et Mme Southern, qui ont construit une passerelle vers le haut niveau auparavant inexistante pour les cavaliers de saut d’obstacles au Canada. Aujourd’hui, l’équipe canadienne participe aux Jeux olympiques grâce à l’existence de lieux de concours comme Spruce Meadows, qui insistent sur la recherche de la perfection. L’idée d’aider une fois de plus les Canadiens a donc parlé à la famille Southern.

 

Quant à l’atmosphère, la première chose que j’ai remarqué, c’était le côté glamour et le sentiment de qualité que donnait le lieu. J’ai été surpris par le côté passionné du public, que j’imaginais très réservé. J’ai aussi été surpris par le sentiment d’anticipation qui étreint le public : tout le monde retient son souffle pendant tout le parcours, et lorsqu’un couple fait le sans faute, on entend ce soupir de soulagement collectif. J’ai trouvé ça incroyable, et différent de tout ce que j’avais pu voir dans les sports que je connaissais déjà.

 

L’été, Spruce Meadows accueille le football et les sports équestres. Y a-t-il des gens qui vont voir les deux ? Avez-vous remarqué un recoupement chez les fans des deux sports ?

 

Je suis sûr qu’il existe, oui. On peut très bien venir au même endroit pour assister à quelque chose de tout à fait différent. Bien sûr, certaines personnes se sont rendues au marché international de Noël à Spruce Meadows mais ne sont pas allées à ‘The Masters’. Il y a aussi des gens qui viennent voir jouer Cavalry FC et qui n’ont jamais vu de sports équestres. Mais je pense que Spruce Meadows devient une destination à part entière. Et le public qui vient voir le site pour la journée finit par assister à des épreuves de saut d’obstacles de haut niveau avant le match de foot. Les disciplines commencent donc à fusionner.

 

Spruce Meadows est synonyme de cheval depuis de longues années. Maintenant que Cavalry FC à cinq ans, avez-vous vu le sport évoluer, et comment espérez-vous qu’il évolue dans les cinq prochaines années ?

 

Je pense que nous sommes restés fidèles à notre objectif d’origine, celui de créer une passerelle pour les Canadiens souhaitant atteindre le plus haut niveau dans le football. En cinq ans d’existence, nous avons vu quatre de nos joueurs qualifiés pour l’équipe nationale canadienne. Cette opportunité ne serait pas survenue si le club n’avait pas existé. Notre prochain objectif est de créer une expérience unique et digne des plus grandes équipes pour nos spectateurs. Les dix prochaines années, alors que se dessinent à l’horizon des matchs de la Coupe du monde 2026 aux États-Unis, au Mexique et au Canada, le sport continuera d’évoluer en matière de participation mais aussi d’intérêt de la part du grand public.

Comme avec les sports équestres, où seuls le cheval et le cavalier entrent en piste, les fans de football ne voient que les joueurs, mais il y a dans les deux cas des équipes entières qui jouent un rôle primordial en coulisses. Pouvez-vous nous parler un peu de la vôtre ?


J’ai récemment reçu une nomination dans la catégorie « Sélectionneur du mois » de la ligue. Mais à mon avis, cette récompense revient à tout le personnel et aux joueurs qui travaillent sans relâche pour atteindre nos objectifs, par exemple en arrivant tôt le matin pour prendre le petit-déjeuner ensemble afin de développer le sentiment de camaraderie, en travaillant sur leur technique, en veillant (pour les kinés) à la santé de nos athlètes ou en développant des tactiques (pour nos spécialistes en sciences du sport). Beaucoup d’intervenants participent à notre réussite. Et n’oublions pas nos supporters : si le début de saison a été mou avec cinq matchs nuls de suite, ils ont continué de nous offrir leur soutien indéfectible. Cette étrange série de matchs nuls était la première fois où nous n’avons pas gagné pendant si longtemps, mais nous n’avons pas non plus effacé de défaites.

Quand l’équipe fait de bons résultats, les joueurs reçoivent les accolades du public, et à juste titre, mais dans le cas contraire, c’est l’entraîneur qui se retrouve sous les feux des projecteurs. C’est le seul travail où le travail que vous faites toute la semaine durant est jugé sur le résultat d’un match de 90 minutes. Tous les efforts faits en coulisses visent à préparer le bref moment que voient les fans le week-end venu.

 

INTERVIEW AVEC LEOPOLDO PALACIOS

(Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof) (Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof)

Pouvez-vous nous expliquer qui vous êtes et en quoi consiste le métier de chef de piste ?

 

Bien sûr. Je suis chef de piste à Spruce Meadows et je travaille ici depuis plus de 25 ans. Pour réussir comme chef de piste, il faut d’abord beaucoup d’expérience dans le saut d’obstacles et être en mesure de produire une compétition intéressante grâce à des parcours intéressants. Je suis très bien entouré. Mon équipe m’aide à proposer le meilleur parcours possible.

 

Pour que le niveau continue de progresser dans notre sport, il est essentiel de prendre soin de la santé des chevaux. Il faut donc être capable de jauger à la fois ce qui est possible pour les montures et ce qui permettrait de faire avancer le niveau.

 

Qu’est-ce qui fait la particularité du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ ?

 

Je me sens chez moi à Spruce Meadows, et je considère la famille Southern comme la mienne. Je travaille ici depuis plus de 25 ans, et à mon avis, rien ne vaut cet endroit. Mon équipe est très spéciale à mes yeux. Le niveau de préparation et de précision nécessaire pour planifier un événement de ce type est impressionnant.

 

La pression est grande sur les chefs de piste pour bâtir un parcours répondant aux critères de qualité de Spruce Meadows. Heureusement, l’équipe me fait entièrement confiance.

 

Le CPKC ‘International’ Grand Prix présenté par Rolex du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ est souvent vu comme l’un des parcours les plus difficiles au monde. Qu’est-ce qui en fait la particularité ?

 

Le chef de piste doit prendre de nombreuses décisions, dont la hauteur et la largeur des obstacles, le temps alloué, la configuration du parcours, le type d’obstacle et le degré d’inclinaison de la piste. Nous avons à cœur de respecter tous les aspects pour un bon équilibre, car c’est là que réside le succès éventuel d’un Grand Prix. Je pense que nous avons atteint cet équilibre ici, à Spruce Meadows.

 

Le chef de piste est un peu comme un chorégraphe. Il veut donner à voir un beau spectacle au public. Mais il doit trouver l’équilibre afin de faire le bonheur des spectateurs comme des cavaliers et des chevaux.

 

Dans le passé, j’ai créé des parcours pour les Jeux olympiques de Sydney en 2000 et ceux de Pékin en 2008. Je pense sincèrement que le parcours du CPKC ‘International’ Grand Prix présenté par Rolex à Spruce Meadows est plus dur et impressionnant que ces parcours olympiques.

 

Pouvez-vous nous parler du parcours de cette année ?

 

C’est un parcours aux nombreuses difficultés. La première manche comprend 13 obstacles dont un triple et un double, et la seconde manche 12 obstacles dont un triple et un double également. Bref, de gros efforts à fournir, en particulier au vu de la hauteur et largeur des éléments ! Spruce Meadows dispose d’obstacles venus de chaque édition des Jeux Olympiques et grands championnats depuis 1974. Le parcours est donc toujours superbe.

 

Pour le CPKC ‘International’ Grand Prix présenté par Rolex du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’, j’utilise des obstacles qui n’ont pas été utilisés durant les autres épreuves, par exemple le double Liverpool, le fossé sec et la rivière.

 

Le parcours du Grand Prix est tout différent de celui de la Coupe des Nations Cup qui est plus classique. À mon avis, le CPKC ‘International’ est plus exigeant pour les chevaux comme les cavaliers. L’objectif de l’épreuve est de mettre en valeur les superbes compétences de ces couples et d’offrir au public un spectacle mémorable.

 

Pour vous, quelle est l’importance de recevoir à Spruce Meadows les meilleurs cavaliers au monde ?

 

Cette édition du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ accueille six des dix meilleurs cavaliers au monde. L’événement attirant la crème de la crème, cela me permet en tant que chef de piste de laisser libre cours à mon imagination tout en testant le niveau des couples en lice. Le parcours et la seconde manche en particulier doivent présenter suffisamment de difficultés. Les douze meilleurs cavaliers de la première manche se qualifient pour la seconde. C’est le nec plus ultra en matière de saut d’obstacles, et à ce niveau, je peux me permettre de leur mettre des bâtons dans les roues.

 

La ligne comprenant le double Liverpool sera difficile. Ce sera une caractéristique du CPKC ‘International’ Grand Prix présenté par Rolex, ici à Spruce Meadows. J’aime utiliser ce double tous les ans, mais je le modifie légèrement à chaque fois. C’est mon travail de penser à de nouvelles choses chaque année, mais ce n’est pas toujours facile !

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping souffle cette année ses dix bougies. A-t-il apporté un changement positif ?

 

Absolument, j’ai remarqué un changement certain ces dix dernières années. Rolex a énormément aidé le sport à se développer. Tous les meilleurs cavaliers au monde souhaitent participer aux Majeurs. Et voir ceux-ci se mesurer les uns aux autres de cette manière est extraordinaire.

 

Spruce Meadows a eu le privilège de voir Scott Brash concrétiser son succès en 2015 pour devenir le premier et seul cavalier de l’histoire à remporter le Rolex Grand Slam of Show Jumping. Je n’oublierai jamais cette journée mémorable.

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping a ajouté une autre dimension à notre sport. Rien ne vaut à mes yeux le Rolex Grand Slam of Show Jumping.

 

Quel est le meilleur souvenir de votre carrière professionnelle ?

 

J’ai vécu nombre de moments inoubliables, mais celui qui ressort est la victoire de Scott Brash au Rolex Grand Slam of Show Jumping, ici à Spruce Meadows en 2015. À ce moment incroyable, le public comme les autres cavaliers ont fait le souhait commun de le voir gagner. Je n’avais jamais vu une atmosphère pareille !

 

Quels conseil donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait se lancer dans le métier de chef de piste ?

 

De véritablement aimer les chevaux et d’être passionné par le métier. De continuer d’apprendre davantage sur les chevaux et l’équitation, car cela permet de passer au niveau toujours supérieur. Je surveille les émotions des chevaux, j’analyse les statistiques à ma disposition, j’observe ce qui se passe durant le concours. Il ne faut pas choisir ce métier dans le but de devenir riche, mais pour l’amour du saut d’obstacles. C’est ma passion pour ce sport qui m’a amené où je suis aujourd’hui.

 

RICHARD VOGEL INTOUCHABLE À LA CANA CUP

(Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof) (Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof)

 

En cette deuxième journée du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ 2023, quarante-deux des meilleurs couples cheval-cavalier au monde se sont présentés sur la ligne de départ du remarquable parcours pensé par Leopoldo Palacios dans l’espoir de décrocher une place à l’épreuve-reine, le CPKC ‘International’ Grand Prix présenté par Rolex. 

 

Baignée dans le doux soleil de septembre, l’emblématique International Ring nous rappelait qu’elle avait déjà été le théâtre de nombreux moments historiques, comme la victoire de Scott Brash au Rolex Grand Slam of Show Jumping en 2015. Mais revenons à aujourd’hui : premier en lice, l’Irlandais Conor Swail, gagnant de cette même épreuve l’an passé, place la barre haut pour les autres concurrents avec un sans faute parfaitement maîtrisé. Cinq couples plus tard, Steve Guerdat, tout nouveau champion d’Europe FEI et Témoignage Rolex, promet un barrage au public en dominant le parcours technique aux rênes de l’impressionnant Albfuehren’s Maddox. 

 

La qualité des compétiteurs n’a cessé toute la journée d’impressionner un public canadien très connaisseur, et c’est 15 cavaliers au total qui finissent sans pénalité le parcours à 1,55 m. Parmi la liste de cavaliers d’élite présents aujourd’hui, Martin Fuchs, déjà gagnant de l’ATCO Cup plus tôt dans la journée, et le Britannique Matthew Sampson qui a lui aussi connu son lot de victoires ici à Calgary. Pour le plus grand plaisir de la foule, Mario Deslauriers et Erynn Ballard, tous deux Canadiens, font également un sans faute.

 

Et avec trois couples ne souhaitant pas revenir au barrage, c’est douze couples qui passent à l’étape suivante. Le barrage suivant le même ordre que la manche précédente, Steve Guerdat, deuxième à partir, fait le premier sans faute en 44,27 secondes, temps à battre pour ceux qui le suivent. Mais le jeune cavalier allemand Richard Vogel, quatrième en lice, s’envole sur son étalon United Touch S pour éclipser Guerdat en 43,07 secondes, mettant ainsi sous pression les autres concurrents. Natalie Dean des États-Unis passe tout près de la victoire, mais son temps de 43,63 secondes ne lui garantit pour finir que la deuxième place. 

 

Heureux, Vogel nous confie : « Quelle joie ! Mon cheval a très bien sauté. Je crois que la piste lui plaît ! Il a fait un excellent parcours initial et m’a donné un très bon feeling au barrage. Avec sa puissance de saut et sa longue foulée, la taille de la piste lui convient parfaitement. Je peux même réduire le nombre de foulées sans jamais devoir le pousser ensuite. Nous avons fait de notre mieux, et c’était suffisant pour décrocher la victoire. »

 

Comment l’Allemand compte-t-il procéder lors du CPKC ‘International’ Grand Prix présenté par Rolex ? « J’avais l’intention de le monter demain dans une épreuve pour l’habituer à la piste, car c’est sa première fois à Spruce Meadows, et la piste ne ressemble à aucune autre. On n’a pas souvent l’opportunité de monter dans un tel lieu ! Il était très confiant et a tellement bien sauté qu’il va maintenant falloir que je décide s’il vaudrait mieux le reposer jusqu’à dimanche ou si je m’en tiens à mon plan de départ ! »

 

ENTRETIEN AVEC LINDA SOUTHERN-HEATHCOTT

(Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof) (Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof)

 

Comment s’est passée l’organisation cette année ?

 

L’organisation du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ de cette année s’est extrêmement bien passée. Nous avions plusieurs projets importants, que nous avons tous menés à bien. Notre merveilleux site est prêt à ravir les visiteurs du monde entier.

 

Y a-t-il des nouveautés au CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ cette année ? Et y aura-t-il des événements spéciaux pour fêter le dixième anniversaire du Rolex Grand Slam of Show Jumping ?

 

Nous avons crée de nouvelles places pour le public du côté Est de la piste cette année. Un restaurant est actuellement en cours de construction, mais il ne sera pas prêt avant 2025. Nous avons aménagé la grande tribune du côté Ouest avec des tables et des chaises, et le carré d’échauffement propose désormais aux chevaux et cavaliers internationaux une toute nouvelle surface. Un nouveau tunnel a été mis en place, et la surface du carré d’échauffement dispose maintenant d’un système d’écoulement. Bref, beaucoup de choses changent et évoluent !

Spruce Meadows est avant tout synonyme de sports équestres et de saut d’obstacles, mais nos sites sont conçus pour être modulables. Nous accueillons réunions d’affaires et conseils d’entreprise, de nombreux touristes et un grand marché de Noël. Celui-ci a d’ailleurs reçu le titre prestigieux de quatrième meilleur marché de Noël au monde ! Divers tournois sportifs en intérieur y sont organisés, ainsi qu’une grande exposition canine rassemblant 3 000 chiens en été. Pour les fêtes de fin d’année, nous organisons un spectacle son et lumières durant lequel les visiteurs peuvent admirer les belles lumières de Noël depuis leur voiture.

Le dimanche du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’, nous rendrons hommage au cheval et au Rolex Grand Slam of Show Jumping, et nous inaugurerons le CPKC ‘International’ présenté par Rolex.

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping souffle ses dix bougies. Selon vous, a-t-il eu un effet positif sur Spruce Meadows en général ?

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping a eu un impact incommensurable, par le biais de notre collaboration avec Rolex, un partenaire merveilleux, mais aussi avec les autres lieux de concours. Cette initiative nous pousse à donner le meilleur de nous-même et à continuer de créer des opportunités. En tant qu’organisateurs des quatre Majeurs, nous respectons les mêmes protocoles de sécurité et une même philosophie en matière de bien-être des chevaux. Nous suivons tous des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) précis et produisons des rapports dans ce cadre. Si nous étions tous déjà à la pointe du sport, nous sommes encore renforcés par ce partenariat et ce travail commun.

 

Quel a été pour vous le moment le plus marquant de ces dix premières années du Rolex Grand Slam of Show Jumping ?

 

Pour moi, c’est le moment où Scott Brash a remporté le Rolex Grand Slam of Show Jumping, parce que cela s’est passé à Spruce Meadows. En particulier l’instant où il a amorcé la dernière ligne avec le double Liverpool vers la porte de sortie, et tous les autres cavaliers le regardaient et l’encourageaient à pleine voix. En compétition, les cavaliers concurrents ne s’applaudissent pas forcément toujours. Mais à ce moment très spécial de l’histoire, ils souhaitaient sincèrement sa victoire.

 

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut se lancer dans le secteur des événements sportifs ?

 

Le meilleur conseil que je peux donner, c’est que la patience vient à bout de tout. Rien ne se construit en un an ou deux, tout est question de résilience. Il faut bien sûr faire preuve de patience lorsqu’on veut atteindre l’excellence, mais cela ne se fait pas comme ça. Il faut de nombreuses années pour continuer d’apprendre et d’évoluer avant de goûter à la réussite. Patience est donc le mot d’ordre.

 

Pour vous et l’équipe du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’, quels sont les éléments primordiaux d’un événement ou d’un tournoi réussi ?

 

Le travail d’équipe, à coup sûr. Il faut avoir une équipe solide autour de soi. Il faut être capable de bien communiquer la vision que l’on a, mais derrière, c’est le travail de toute une équipe.

Spruce Meadows emploie 95 personnes à plein temps. Pendant la pandémie de COVID-19, nous avons perdu tout notre personnel administratif, mais nous avons pu recruter de nouveau toutes les personnes nécessaires, qui font un super boulot.

 

Les légendes du tennis telles que Nadal, Federer ou Djokovic, gagnent des titres de Majeurs de tennis à répétition. Pour vous, est-ce important de voir les meilleurs cavaliers mondiaux concourir au CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ ?

 

Absolument, c’est de la première importance de voir les meilleurs chevaux et cavaliers y participer. Le défi, pour Spruce Meadows, c’est toujours les dates. Par exemple cette année, la date de transport des chevaux d’Europe par avion tombait pendant les Championnats d’Europe FEI. Malheureusement, cela a fait que certains chevaux n’ont pas pu se déplacer. Mais six des dix meilleurs au monde seront quand même là. Si nous continuons à proposer un événement de la plus haute qualité, nous verrons les meilleurs compétiteurs se présenter.

 

Le CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ est considéré par beaucoup comme le meilleur endroit où voir des sports équestres en Amérique du Nord. Comment continuez-vous d’innover et de vous adapter pour maintenir cette réputation ?

 

Nous prenons en compte quatre parties prenantes, et nous essayons d’améliorer l’expérience de l’une d’entre elles au moins chaque année. Nos parties prenantes sont les suivantes : sponsors, presse, sportifs, public. Ces améliorations sont diverses : réaménager les loges skybox pour les sponsors, modifier la surface pour les chevaux et cavaliers, proposer des expériences uniques au public... Si nous continuons d’attirer les meilleurs cavaliers au monde, les médias continueront de s’intéresser à l’événement.

 

Les organisateurs du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ s’inspirent-ils de grandes compétitions dans d’autres sports, comme le tennis ou le golf ?

 

Oui, absolument ! Ici en Amérique du Nord, et contrairement à l’Europe et à l’Angleterre, le rêve est de faire la une des journaux. Il nous faut donc savoir qui est à la une, le football américain, l’US Open ? Pour atteindre cet objectif, il nous faut créer un contenu attrayant pour les médias.

Nous voyageons également beaucoup, pour assister aux concours de saut d’obstacles, mais aussi à des compétitions dans d’autres sports, comme le tennis, le golf ou la Formule Un. Nous observons comment ils procèdent pour toujours et encore plaire aux fans. Nous choisissons donc un groupe et nous essayons de leur offrir une expérience supérieure à celle de l’année précédente.

INTERVIEW AVEC KERRY FINCH, GROOM DE CONCOURS DE JOHN WHITAKER

(Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof) (Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof)

 

Pourriez-vous vous présenter ? Dites-nous par exemple pour qui vous travaillez et en quoi consiste votre métier.

 

Je m’appelle Kerry Finch et je travaille avec John Whitaker depuis cinq ans comme groom de voyage.

 

Dites-nous comment s’est passé le voyage pour arriver au CSIO de Spruce Meadows ‘Masters’

 

Nous avons pris l’avion pour Calgary après le concours du Brussels Stephex Masters, en Belgique. Nous avons séjourné chez Helena Stormann à Eschweiler pendant cinq jours avant de repartir pour le Canada. Le trajet vers l’aéroport n’a pris qu’une heure, ce qui était très bien. J’y suis arrivée à 3 h du matin pour aller voir les chevaux avant le départ du vol. Ensuite, je suis allée de Bruxelles à Paris pour prendre notre vol pour Calgary, et nous sommes arrivés deux heures et demi avant l’atterrissage des chevaux pour vérifier que tout allait bien.

 

Quelle est l’importance de toute l’équipe (vétérinaires, maréchaux-ferrants, etc.) pour assurer le succès de l’équipe ?

 

C’est extrêmement important, l’esprit d’équipe a un rôle essentiel, et si tout le monde ne faisait pas son travail et des efforts dans le même sens, nous ne pourrions pas réussir. Il est vital pour chaque membre de l’équipe de travailler en constante coordination avec les autres pour que tout le monde soit au courant de tout ce qui se passe. Chacun a un rôle crucial pour garantir la santé et le bien-être de ces chevaux ; non seulement les gens qui viennent aux concours mais aussi tous ceux qui sont restés chez nous.

 

Parlez-nous des chevaux que vous avez emmenés avec vous et de leur personnalité…

 

Nous avons amené avec nous trois chevaux au CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ : Equine America Unick du Francport, Sharid et Green Grass.

 

Unick du Francport est très spécial à sa façon et très calme. Vous ne devez pas être brusque autour de lui, vous devez rester calme car c’est un cheval plutôt sensible à cet égard. D’un autre côté, il sait ce qu’il veut, et il fait ce qu’il veut. Si vous le faites brouter à la main et qu’il voit une touffe d’herbe qui l’intéresse, c’est là qu’il ira et non là où vous voulez jusqu’à ce qu’il ait ce qu’il veut. En dehors de ça, c’est un cheval très facile à vivre.

 

Ensuite nous avons Sharid, qui voyage avec lui [Equine America Unick du Francport]. Ils voyagent ensemble depuis bientôt trois ans et demi. Ils se connaissent vraiment très bien et ils ont l’habitude de se hennir dessus l’un l’autre mais ils ne s’angoissent pas quand l’un des deux quitte l’écurie. Sharid est aussi un cheval tout à fait charmant ; il adore dormir. Vous pouvez être sûr que quelque chose ne va pas s’il ne retourne pas dormir sur le sol après son petit-déjeuner ! C’est vraiment un champion de la sieste. Il peut être un peu brusque quand John le monte, je garde donc quelques sucreries pour aider à l’amadouer. Il s’est tellement habitué à cette routine que maintenant il reste là à me regarder et à attendre sa sucrerie. Les chevaux apprennent très vite.

 

Enfin, il y a Green Grass, il aime manger et se rouler ! Tous les chevaux ont leur charme ; ils ont tous des personnalités différentes. Ils sont vraiment gâtés !

 

Comment trouvez-vous les installations destinés aux chevaux et aux grooms au CHIO Spruce Meadows ‘Masters’ ?

 

Aucun concours au monde n’est comparable au tournoi du CHIO Spruce Meadows ‘Masters’. Le CHIO d’Aix-la-Chapelle est un concours incroyable et c’est absolument génial d’y participer, mais Spruce Meadows arrive à un tout autre niveau. Les écuries sont tellement vastes, et les paddocks où nous faisons tourner les chevaux, tout est incroyablement propre et ordonné. Ils fournissent également un service de navette pour les grooms qui nous facilite bien la vie. Les organisateurs fournissent des zones où nous pouvons faire marcher les chevaux, et nous ne sommes pas limités à certaines zones. Les installations sont vraiment de première classe ici à Spruce Meadows.

Il n’existe aucun autre concours au monde qui arrive au niveau de ce qu’ils font. J’ai assisté au concours par le passé quand il a neigé, et ils ont commencé immédiatement à balayer la neige à la main. J’étais là aussi en 2005, quand il avait plu pendant deux semaines sans arrêt, je n’avais jamais rien vu de pareil. Ils ont été très réactifs en pompant l’eau des terrains principaux. Le terrain est resté en tellement bon état que nous avons pu sauter ce jour-là. Quand vous avez un problème, ils le résolvent, c’est vraiment un de mes concours préférés !

 

Est-ce que vous aimez venir aux Majeurs (The Dutch Masters, CHIO d’Aix-la-Chapelle, Spruce Meadows ‘Masters’, CHI de Genève) ? En quoi diffèrent-ils des autres compétitions selon vous ?

 

Je fais ce travail depuis près de 30 ans, et je n’ai jamais assisté au Dutch Masters, mais le CHI de Genève est un merveilleux concours intérieur, et le CHIO d’Aix-la-Chapelle est tout simplement incroyable ! Tous les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping sont des concours exceptionnels. Ils installent des espaces où les grooms peuvent prendre du café et d’autres choses, et en cas de problème, ils font tout ce qu’ils peuvent pour le résoudre.

 

Quelle est la particularité de travailler dans l’équipe de John Whitaker ?

 

J’ai d’abord rejoint l’équipe de John Whitaker en freelance, et je ne devais rester que pour un mois, mais je ne suis jamais partie. Avant de travailler avec John, j’ai travaillé pour Michael [Whitaker] pendant 13 ans. J’ai aussi travaillé avec Billy Twomey pendant six ans. C’est vraiment facile de travailler pour John, tout se fait à l’ancienne et très simplement. Si vous trouvez une bride qui convient à un cheval, vous ne la changez pas. Mon cheval a la même bride depuis trois ans et demi, et c’est comme ça que nous fonctionnons. Nous gardons les choses simples, et s’il y a un problème, on s’en occupe. Tout se fait vraiment à l’ancienne. Nous n’avons pas l’habitude de traiter les chevaux toutes les six semaines, mais s’ils ont besoin d’un traitement, ils le reçoivent.

John a 68 ans maintenant, et il ne s’arrête pas quand il rentre chez lui. Il est debout dès le matin à s’occuper de ses chevaux et à les monter. Ensuite, il s’occupe des vaches et du foin ou de toute chose qui a besoin d’être réparée à la ferme.

Il est vraiment très humble ; il n’a pas attrapé la grosse tête. Si quelqu’un vient le voir pour un autographe, il s’arrête toujours pour bavarder cinq minutes. Ça ne le dérange jamais.

 

Quelles sont les qualités de John qui selon vous lui ont permis d’avoir une si longue carrière au sommet ?

 

John n’abandonne jamais, il continue, tout simplement. Il n’est pas particulièrement déterminé à prouver quoi que ce soit, c’est juste sa manière d’être. C’est quelqu’un qui s’adapte à tout, et qui continue d’avancer. Je pense que le jour où il s’arrêtera sera le jour où le monde n’aura plus de John Whitaker. L’âge n’est pas une limite pour lui !

 

Il y a cinq ans, John a acheté Equine America Unick Du Francport, qui était un sacré personnage. Il était difficile et il s’arrêtait et ruait quand quelque chose le contrariait. John n’avait pas de cheval de Grand Prix à l’époque, Argento était en fin de carrière et nous ne participions pas aux grandes compétitions. Ensuite, ça a été deux ans d’efforts, à faire toutes les tournées et les concours régionaux pour que Equine America Unick Du Francport se stabilise. John était déterminé et n’a pas abandonné, jusqu’au déclic. Quand vous les regardez aujourd’hui, rien ne les arrête. Ces dernières années, ils ont formé un couple vraiment remarquable.

 

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait se lancer dans cette discipline ?

 

Bon nombre de gens entrent dans ce secteur pour l’argent, mais il est important d être passionné du métier et de ne pas regarder aux heures. C’est aussi difficile que ça en a l’air, vous êtes là pour les chevaux. C’est une manière de vivre, pas seulement un métier. Vous devez y mettre tout votre cœur et toute votre âme pour le faire correctement. Ce n’est pas facile !

Vous ne pouvez pas penser que vous êtes meilleur qu’un autre. La devise devrait être : si vous ne savez pas, demandez de l’aide. Beaucoup de jeunes grooms qui débutent aujourd’hui ne veulent pas des conseils des anciens, alors qu’ils devraient être comme des éponges, à apprendre de tous ceux qui les entourent. C’est exactement ainsi que j’ai appris. La première fois que j’ai pris l’avion vers Spruce Meadows, je n’avais jamais pris l’avion avec des chevaux. Je n’avais que 20 ans et j’ai appris de tous les autres grooms qui étaient là.

 

Les grooms forment-ils une vraie communauté où ils se soutiennent mutuellement ?

 

Globalement, c’est un milieu très solidaire. Cette année à Spruce Meadows, nous sommes 16 à être venus d’Europe et nous avons organisé ensemble les horaires pour prendre la navette pour les veilles de nuit. Certains n’ont qu’un seul cheval présent, mais ils sont toujours prêts à aider ceux qui en ont plusieurs ! Ce sont les choses simples qui sont importantes. Par exemple, j’ai demandé à quelqu’un de m’aider pendant la parade de la Coupe des nations . Tout le monde est vraiment serviable, et c’est très important dans le milieu des grooms.

LES POINTS CULMINANTS DU CONCOURS SPRUCE MEADOWS 'MASTERS'

Calgary, Alta  Sep, 6, 2022 Preparing for the Masters.  Spruce Meadows Masters. Mike Sturk photo. Calgary, Alta Sep, 6, 2022 Preparing for the Masters. Spruce Meadows Masters. Mike Sturk photo.

 

Du 6 au 10 septembre 2023, le concours CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ organisé à Calgary, au Canada, verra une nouvelle fois concourir les meilleurs cavaliers et chevaux de saut d’obstacles de la planète au cours de cinq jours riches en compétition. Situé au pied des Rocheuses, Spruce Meadows est considéré comme l’un des principaux événements équestres d’Amérique du Nord. En plus d’admirer la beauté du site, les spectateurs pourront suivre un concours palpitant, s’adonner à des séances de shopping et prendre part à un programme de divertissement des plus exaltants. Le concours CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ sera le deuxième Majeur à célébrer la dixième édition du Rolex Grand Slam of Show Jumping. Les célébrations ont commencé au mois de juin dans le cadre du CHIO d’Aix-la-Chapelle, dix ans après la tenue du premier Majeur. Le CPKC 'International', présenté par Rolex, qui n’est autre que le principal événement de la troisième étape du Rolex Grand Slam of Show Jumping de 2023, viendra conclure en beauté cinq jours de prouesses équestres.

Outre les épreuves de saut d’obstacles, le concours Spruce Meadows ‘Masters’ réserve différentes activités aux spectateurs. Ainsi, le très populaire marché MARKT fera son grand retour pour permettre au public d’acheter aussi bien des œuvres d’art que des produits équins. Quoi de plus plaisant que de flâner entre les stands des 150 vendeurs présents sur place ?

Tout au long de la semaine se tiendront également les championnats du monde de maréchalerie à la Behind Equi-Plex Arena. Les épreuves quotidiennes sont l’occasion rêvée de découvrir les compétences, la précision et la justesse nécessaires pour ferrer les chevaux. En outre, des démonstrations équines et des activités auront lieu chaque jour, comme un tutoriel en direct présenté par Jonathan Field sur le thème de l’équitation, des démonstrations de dressage de niveau Grand Prix proposées par la canadienne Pia Formuller, ou encore un spectacle de voltige réalisé par le Diamond Willow Vaulting Club. Préparez-vous donc à en prendre plein les yeux et à apprendre tout un tas de nouvelles choses !

Le public pourra également voir les membres de la Lord Strathcona’s Horse (Royal Canadians) Mounted Troop, le Household Cavalry Mounted Regiment Musical Ride et les troupes de la King’s Troop Royal Horse Artillery, toutes présentes dans les zones de East et West Meadows.

C’est mercredi que commenceront les concours de saut d’obstacles 5* avec la Cardel Homes Cup et la TELUS Cup qui se dérouleront dans l’enceinte du spectaculaire International Ring. Cette dernière offrira aux cavaliers une première chance de se qualifier pour le CPKC 'International', présenté par Rolex, le dimanche.

Vendredi marque le retour du très apprécié WESTJEST Evening of the Horse. Cette performance spectaculaire saura ravir les spectateurs qui pourront admirer les membres de la Lord Strathcona’s Horse (Royal Canadians) et le Household Cavalry Mounted Regiment Musical Ride. En outre, les épreuves de la Tourmaline Oil Cup et de l’ATCO Electric Six Bar verront s’affronter certains des meilleurs cavaliers de saut de la planète. Pour couronner le tout, le ciel de Calgary brillera de mille feux, avec au programme de la soirée de clôture un grand feu d’artifice et de la musique live.

Samedi 9 septembre sonne le début de la BMO Nations Cup où passion et travail d’équipe ne font plus qu’un. Cette compétition en équipe voit concourir les meilleurs cavaliers de saut d’obstacles du monde sous leur propre drapeau. Un total de huit nations s’affronteront donc au cours d’un maximum de deux manches.

Le CPKC 'International', présenté par Rolex, se déroulera le dimanche 10 septembre au sein de l’International Ring. Considéré comme l’une des épreuves les plus rudes de ce sport équestre, ce concours exige une précision, une harmonie et un courage extrêmes de la part des cavaliers comme des chevaux. Il ne fait aucun doute que le parcours imaginé par Leopoldo Palacios sera une nouvelle fois synonyme de challenge pour les couples, pour le plus grand bonheur des spectateurs. La concurrence sera féroce : de nombreux vainqueurs de Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping sont inscrits, dont Daniel Deusser, couronné l’année passée et Témoignage Rolex.

INTERVIEW AVEC DANIEL DEUSSER

Daniel Deusser (credit photo : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof) Daniel Deusser at Spruce Meadows 'Masters' (Credit Photo : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof)

 

Félicitations pour ce nouvel exploit au Concours Hippique International Officiel d’Aix-la-Chapelle. Êtes-vous satisfait de la performance de Killer Queen VDM ?

Oui, je suis très satisfait des performances de Killer Queen VDM. Le Grand Prix Rolex au CHIO d’Aix-la-Chapelle est l’un des plus grands concours du monde. Depuis de nombreuses années, Killer Queen montre qu’elle peut réellement s’imposer à tous les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping, et notamment à Aix-la-Chapelle. Il y a deux ans (2021), elle y a remporté la victoire. Elle est arrivée quatrième l’année dernière (2022) et deuxième encore cette année – je ne pourrais rien demander de plus ! Bien sûr, j’aurais pu aller un peu plus vite cette année et tenter de la mener à la victoire, mais je pense avoir tout de même mis pas mal de pression sur les autres cavaliers dans le barrage, et Killer Queen a vraiment donné tout ce qu’elle avait.

 

Quel effet cela vous fait-il de revenir au CSIO Spruce Meadows 'Masters' en tant que champion de l’an passé ?

J’ai vraiment hâte d’y être. Avant 2022, cela faisait quelques années que je n’avais pas participé au CSIO Spruce Meadows 'Masters' parce que je ne pensais pas vraiment avoir le bon cheval. Bien entendu, je voulais bien défendre ma place l’année dernière, mais je ne suis pas allé à Spruce Meadows en pensant remporter le CPKC 'International', présenté par Rolex. Cela dit, je sentais que Killer Queen était très performante – elle adore les grandes pistes en herbe – et qu’elle sautait suffisamment bien pour gagner. Alors, cette année, je vais à Spruce Meadows plein d’espoir et de confiance, étant donné qu’elle a bien sauté à Aix-la-Chapelle cette année.

Évidemment, ce n’est pas parce que nous avons réalisé de bonnes performances ces quelques dernières années que je m’attends à en faire autant, mais au moins je sais que Killer Queen connaît la piste de l’hippodrome de Calgary et qu’elle s’y sent à l’aise. Je pense qu’elle est en bonne forme en ce moment et j’ai vraiment hâte de revenir à Spruce Meadows.

 

Pourriez-vous nous expliquer un peu comment on transporte les chevaux aux concours internationaux tels que Spruce Meadows ? Comment faites-vous pour vous assurer qu’ils arrivent dans une condition optimale prêts à concourir ?

La plupart des chevaux prennent l’avion pour se rendre à des concours hippiques comme celui-là. En fait, ils sont installés dans des conteneurs. Il s’agit essentiellement d’écuries à box double. Les chevaux se trouvent donc dans un environnement semblable à celui dans lequel ils ont l’habitude de voyager lorsqu’on les transporte en camion d’un concours à l’autre à travers l’Europe. Même si le voyage est un peu plus long que pour les autres concours, on n’a jamais vraiment rencontré de problèmes lors des voyages en avion. C’est plus calme et les chevaux peuvent mieux se détendre dans un box plus grand. Soit ils restent debout soit ils se couchent. Pour eux, ce n’est pas un problème. Et puis, les voyages en avion sont un peu plus stables pour eux que les voyages en camion.

Indépendamment de cela, mon groom Sean Lynch* voyage toujours avec eux. Sean connaît bien les chevaux. Il passe plus de temps avec eux que moi, donc je ne me fais pas de soucis pour le voyage à Spruce. Je sais que Sean est parfaitement maître de la situation et la compagnie aérienne s’occupe vraiment bien des chevaux.

 

Le parcours là-bas est souvent considéré comme l’un des plus exigeants dans notre discipline. Que faites-vous pour vous préparer vous et votre cheval à cette compétition ?

Honnêtement, on ne peut pas être prêt à 100 %. La différence avec Spruce Meadows, c’est que les obstacles sont légèrement désuets dans la mesure où en Europe il y a beaucoup d’obstacles très étroits, de trois mètres tout au plus, alors qu’à Spruce Meadows, la plupart des barres sont de cinq voire six mètres de large. Le cheval qui aborde un obstacle a donc une impression totalement différente selon la hauteur des barrières mais également selon la largeur de l’aile.

La plupart des concours européens se déroulent sur des pistes de sable plus petites, alors qu’à Spruce Meadows, il s’agit d’une grande piste en herbe, ce qui crée une situation totalement différente pour le cheval. Bien que Spruce Meadows se soit doté de un ou deux nouveaux obstacles ces quelques dernières années, les obstacles là-bas sont relativement anciens et certains sont d’ailleurs les mêmes depuis 20 ans. Ce sont des obstacles très impressionnants. Le chef de piste de Spruce Meadows, Leopoldo Palacios, qui conçoit principalement les parcours du complexe, sait exactement ce qui peut distraire les chevaux et les obstacles qui sont difficiles à sauter. Il intègre également quelques obstacles naturels qui ne se voient plus dans de nombreux concours, tels que les rivières doubles. Tout cela fait de Spruce Meadows un environnement vraiment très spécial que l’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde.

 

Les autres membres de votre équipe, tels que les grooms, les vétérinaires, etc, jouent-ils un rôle important dans votre réussite ?

Lorsqu’il est question de réussite, je pense que toutes les personnes qui font partie intégrante de l’équipe jouent un rôle tout aussi important que celui du cavalier ou du cheval. Bien sûr, il faut être très bon cavalier et avoir un excellent rapport avec un cheval de qualité, mais il est tout aussi important d’avoir une équipe compétente à ses côtés, qui prend soin des chevaux à la maison. Un groom qui connaît bien les chevaux saura interpréter les moindres signes d’un comportement inhabituel pour anticiper ce qui pourrait mal tourner. Je crois que si l’on regarde tout dans son ensemble, il est très difficile de dire ce qui est le plus important, mais il est indispensable d’avoir une équipe solide composée de grooms, de vétos, de kinés, et même de personnes qui montent les chevaux et les entraînent pendant mes absences lorsque je participe à d’autres concours. Donc pour être victorieux, il faut avoir tout cela. Moi, j’ai de la chance parce que j’ai une très bonne équipe.

 

Selon vous, quelles qualités un cheval et son cavalier devraient-ils posséder pour pouvoir remporter un Majeur ?

Tout d’abord, un cheval doit être capable de sauter les gros obstacles. On a beaucoup de compétitions pendant l’année et pour la plupart, les épreuves de puissance avec des obstacles de 1,60 m se déroulent le dimanche en fin de journée. Cela dit, les quatre Majeurs sont les compétitions les plus exigeantes au monde, donc parfois elles comprennent une fosse plus grande et des obstacles de 1,65 m, ou même des obstacles un peu plus larges que dans toutes les autres compétitions. Pour remporter un Majeur, un cavalier et son cheval doivent vraiment avoir acquis une certaine expérience. Je pense qu’il est assez rare qu’un cavalier puisse remporter l’un des Majeurs avec un nouveau cheval ou un cheval très jeune. En plus de cette expérience, il faut un cheval d’une grande puissance parce que les Majeurs consistent toujours en deux ou trois passages, et il faut être capable d’aller plus vite dans les barrages. La communication entre le cheval et le cavalier doit être très bien réglée, mais cela s’acquiert avec l’expérience.

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping célèbre ses 10 ans, dans quelle mesure cette initiative a-t-elle influencé le milieu équestre au cours des dix dernières années ?

Je pense que le Rolex Grand Slam of Show Jumping a complètement révolutionné ce sport. C’est une compétition que tout le monde attend avec impatience et autour de laquelle les cavaliers organisent leur année pour se préparer à concourir aux quatre Majeurs. La prime exceptionnelle que l’on peut remporter en fait le concours le plus prestigieux de l’année. Le fait qu’un seul cavalier ait gagné le Rolex Grand Slam of Show Jumping au cours des dix dernières années en remportant trois Majeurs à la suite témoigne de la difficulté de ce concours, mais encourage les autres cavaliers à persévérer et à tenter leur chance de gagner.

 

Le calendrier équestre est très chargé ! Comment décidez-vous à quels concours vous allez participer et avec quels chevaux ?

Tout cela dépend de l’expérience et de ses objectifs. Par exemple, cette année les championnats européens se déroulent une semaine avant Spruce Meadows. J’ai décidé d’aller à Spruce Meadows parce que remporter une autre victoire à Calgary fait partie de mes grands objectifs, en plus de remporter le Rolex Grand Slam of Show Jumping. J’ai frôlé la victoire à quelques reprises en remportant deux Majeurs à la suite, mais il manquait quelques petites choses. Par exemple, j’ai appréhendé le barrage trop tôt ou peut-être ai-je été trop lent. Donc pour moi, la motivation est là et je suis réellement déterminé à tenter ma chance de gagner le Rolex Grand Slam of Show Jumping, en particulier avec des chevaux tels que Killer Queen VDM ou Scuderia 1918 Tobago Z. Dès le début de l’année, je savais parfaitement que je voulais me préparer pour Spruce Meadows cette année.

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping permet à deux jeunes cavaliers de concourir dans chaque Majeur. Est-ce important pour inspirer la nouvelle génération de cavaliers ?

Oui, c’est très important. Les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping représentent le summum de notre sport. Même si vous ne remportez pas un Majeur tout de suite, vous acquérez énormément d’expérience et pouvez également apprendre beaucoup auprès des autres concurrents. Je n’ai pas pu participer à ces épreuves en tant que junior ou jeune cavalier, donc selon mon expérience personnelle, plus on grandit, plus on apprend de choses sur les chevaux, sur ce sport et sur la façon d’entraîner un cheval et d’améliorer ses propres performances en tant qu’athlète. Je pense qu’il est important de participer à ces concours le plus possible – ils m’ont permis d’apprendre beaucoup.

 

Le saut d’obstacles est l’un des seuls sports au monde où des hommes et des femmes s’affrontent les uns les autres, n’est-ce pas extraordinaire ?

Je pense que ça rend cette discipline sportive encore plus intéressante, parce qu’en saut d’obstacles, le fait d’être un homme ou une femme n’apporte aucun avantage ni aucun inconvénient. Tout athlète de saut d’obstacles peut établir un lien fort avec son cheval et l’entraîner. Seule l’expérience peut permettre d’obtenir un avantage, mais cela n’a rien à voir avec le fait que le cavalier soit un homme ou une femme. La partie se joue sur un même pied d’égalité, et le fait que l’on puisse tous participer ensemble est quelque chose de vraiment spécial. C’est un sport très agréable.

 

Spruce Meadows est une compétition majeure au même titre que les championnats, le tournoi de Wimbledon au tennis et les Majeurs de golf. Qu’est-ce qui rend les compétitions sportives majeures si spéciales et pourquoi sont-elles si importantes ? Quelles sont les similitudes entre les Majeurs de tennis ou de golf et les Majeurs de saut d’obstacles selon vous ?

Je n’ai jamais assisté à un Majeur de golf, mais ça fait deux ans que je vais à Roland-Garros. Si vous n’avez jamais été à Roland-Garros, il est très difficile d’en décrire l’atmosphère, mais cela vous fait réfléchir aux différences et aux points communs entre le saut d’obstacles et le tennis. Bien entendu, le saut d’obstacle est un peu différent d’un match de tennis qui se joue à deux et où le public soutient l’un ou l’autre des adversaires. A contrario, dans le saut d’obstacles, on a beaucoup d’adversaires, généralement 40 dans un seul Majeur. On ne passe que très peu de temps sur la piste , peut-être deux minutes et demie ou trois minutes contrairement à un joueur de tennis qui dispose de deux ou trois heures pour remporter un match. Dans le saut d’obstacles, si vous perdez les pédales dans les 20 premières secondes, c’est terminé, la victoire vous passe sous le nez.

Je pense que ce qui fait des Grands chelems et des Majeurs des épreuves spéciales, que ce soit en tennis, en golf ou en saut d’obstacles, c’est l’histoire qui s’y rattache. Je suis fier d’appartenir à la génération qui a connu les Grands chelems. Ce qui motive et vous encourage à tenter votre chance, c’est l’histoire de ces compétitions et des athlètes que vous admirez – une personne qui a remporté le Grand chelem il y a 20 ans, par exemple – car maintenant, c’est vous qui êtes capable de participer et de gagner.

Plus jeune, j’ai toujours été fan des compétitions de saut d’obstacles, notamment celles d’Aix-la-Chapelle et de Spruce Meadows. Je les regardais à la télé avec beaucoup d’admiration pour les vainqueurs de l’époque. Aujourd’hui, le fait de pouvoir prendre la relève et remporter l’un des Majeurs est quelque chose de grandiose et de très très important pour moi.

*découvrez tout ce que vous souhaitez savoir à propos de Sean Lynch dans notre dernier Podcast :  « Rolex Grand Slam Talks. Through the Groom Eyes »

LES CAVALIERS A SUIVRE

Steve Guerdat (Credit Photo : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof) Steve Guerdat (Credit Photo : Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof)

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping est de retour au concours du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ du 6 au 10 septembre 2023, avec le CPKC ‘International’, présenté par Rolex, le dimanche et qui constituera une finale palpitante après cinq jours passionnants de compétition équestre au plus haut niveau. Le concours accueillera les meilleurs couples de chevaux et cavaliers du monde dans l’un des sites équestres les plus réputés d’Amérique du Nord, à Calgary, au pied des Montagnes Rocheuses.

Cette année, le tournoi du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ accueillera une affiche de première classe, avec des candidats qui ont tous en point de mire le CPKC ‘International’, présenté par Rolex, le troisième Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping 2023.

Parmi les favoris de cette année figure le champion en titre, Daniel Deusser, qui a fini second au Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle plus tôt cet été, avec un avantage de seulement 0,61 secondes, sur la superbe Killer Queen VDM. Deusser a déjà connu la victoire sur le circuit nord-américain cette année, avec des épreuves réussies dans plusieurs concours CSI5* dans le cadre du Winter Equestrian Festival à Wellington International, en Floride.

Deusser est l’un des six Témoignages Rolex qui participent au tournoi du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’, avec le numéro 4 mondial, Martin Fuchs, qui mènera la marche. Le Suisse a fait preuve de sa grande classe depuis de nombreuses années et compte parmi ses succès des victoires consécutives au Rolex Grand Prix du CHI de Genève en 2019 et en 2021, à la finale de la FEI World Cup™ en 2022, et plus récemment avec un double sans-fautes qui a assuré la victoire de l’équipe suisse dans la Coupe des Nations Mercedes-Benz au CHIO d’Aix-la-Chapelle plus tôt cette année.

Coéquipier du Suisse et également Témoignage Rolex, Steve Guerdat fera aussi le voyage jusqu’au Canada, dans le but de reproduire sa performance de 2021 lors de laquelle il avait emporté le titre prestigieux du CPKC ‘International’, présenté par Rolex. En 10 ans de carrière, Guerdat a participé chaque année aux quatre Majeurs.  Kent Farrington est arrivé second derrière Guerdat lors du CPKC ‘International’ présenté par Rolex en 2021 et cherchera sans doute à monter une marche plus haut, deux ans après. Familier du site de Calgary, Farrington et son équipe de chevaux ont l’avantage de bien connaître le terrain, et surtout de savoir comment y gagner, ayant déjà emporté trois concours CSI5* à Spruce Meadows cet été.

Le cavalier britannique Scott Brash aura sans aucun doute d’excellents souvenirs de ce site où il a marqué l’histoire en devenant le premier cavalier (et le seul à ce jour) à remporter le Rolex Grand Slam of Show Jumping, en 2015, après avoir triomphé dans son troisième Majeur consécutif avec le CPKC ‘International’, présenté par Rolex, un concours qu’il a de nouveau gagné en 2016. Brash sera également rejoint par son coéquipier olympique des jeux de Londres 2012 et Tokyo 2020, Ben Maher. Maher, qui a obtenu l’or en individuel à Tokyo, a souffert d’une blessure à l’épaule en début d’année, mais il a récupéré remarquablement vite et a assuré une arrivée à la deuxième place dès son retour lors du Rolex Grand Prix au Royal Windsor Horse Show. Maher a enchaîné avec une brillante saison 2023, sa plus récente victoire étant celle de son équipe lors de la FEI Nations’ Cup™ à Hickstead au mois de juillet. Un autre membre de cette équipe rejoindra Brash et Maher à Calgary : John Whitaker, l’un des cavaliers britanniques les plus titrés après avoir participé à 39 championnats d’Europe et du monde ainsi qu’à six olympiades au cours de sa longue et remarquable carrière.

Le public local sera ravi d’accueillir plusieurs cavaliers canadiens sur ses terres, et de grands espoirs de remporter le titre du CPKC ‘International’ Grand Prix, présenté par Rolex reposeront sur les épaules de la cavalière canadienne la plus titrée, Tiffany Foster. Foster a déjà à son actif deux victoires de CSI5* à Spruce Meadows cet été, prouvant ainsi qu’elle maîtrise le terrain de la grande arène. Parmi les autres prétendants au titre canadiens figurent Amy Millar, dont le père Ian a été le dernier Canadien à remporter le Majeur de Spruce Meadows sur Dixson en 2014, sans oublier Erynn Ballard et Mario Deslauriers.

L’Europe sera représentée au concours par le numéro 3 mondial Harrie Smolders, qui est monté sur le podium dans de nombreux concours prestigieux cette année, après avoir commencé en force en remportant le prix du CSI5* Nab Bliksembeveiliging lors du Majeur du The Dutch Masters, qui s’est tenu dans sa ville natale au mois de mars. Smolders a terminé deuxième à la finale de la FEI World CupTM en 2022 et 2023, confirmant ainsi sa place parmi les cavaliers les plus talentueux du moment. Un autre cavalier à suivre est Pieter Devos, gagnant du Majeur du Spruce Meadows ‘Masters’ en 2013. Devos, nommé Cavalier de l’année en Belgique en 2020, faisait partie de l’équipe qui a gagné la médaille de bronze aux jeux olympiques de Tokyo, c’est donc un cavalier qui sait monter sous pression.

Le drapeau irlandais sera défendu par Darragh Kenny et Connor Swail, ainsi que par le Témoignage Rolex Bertram Allen. Cavalier du Top 10, Swail a récemment connu le succès au Jumping International de Dinard où il a remporté le Prix du Conseil Départemental d’Ille-et-Vilaine et le Prix L’Eperon – Charles de Cazanove. Allen poursuit également une bonne saison après avoir gagné deux concours CSI5* au Dublin Horse Show ce mois-ci. Il peut arriver confiant à Calgary .

Le chef de piste Leopoldo Palacios concoctera sans aucun doute un parcours difficile pour les couples de chevaux et cavaliers en compétition cette année pour le CPKC ‘International’ Grand Prix, présenté par Rolex. L’ensemble des cavaliers en lice s’annonce d’un niveau remarquable, promettant un spectacle passionnant pour ceux qui les verront s'affronter dans la quête ultime pour devenir le prochain vainqueur du Rolex Grand Slam of Show Jumping.

L'étalon qui porte bien son nom – Stargold

(Photo : Private archive) (Photo : Private archive)

L'étalon Oldenbourg, Stargold (Stakkato Gold - Charme x Lord Weingard, élevé par Gestüt Sprehe GmbH), a réalisé quatre parcours sur cinq sans faute dans les deux épreuves les plus importantes du CHIO d'Aix-la-Chapelle. Lors de la première manche de la Coupe des Nations Mercedes-Benz, le duo qu’il forme avec Marcus Ehning a écopé de huit points de pénalité, mais dans la deuxième manche, a réalisé un parcours sans faute. Dans le prestigieux Rolex Grand Prix, ils ont réalisé trois parcours sans faute et, en tant que dernier couple à s'élancer dans le barrage, ont réalisé le temps le plus rapide, remportant ainsi la victoire de ce prestigieux majeur historique. Quelle est l'histoire qui se cache derrière Stargold ?

 

Racines d’Holsteiner

Le pedigree de Stargold nous emmène en Schleswig-Holstein, plus précisément dans les villes de Haselau et Hetlingen. C'est à Haselau que se trouvaient la plupart des étalons qui ont formé les premières générations de la lignée maternelle de Stargold. Cette lignée a été formée par l'éleveur Hans Hatje de Hetlingen et a donné naissance à des chevaux de haute qualité pendant plus de 40 ans. En 1980, Canaris 17 (Calando I - Ditlena x Ladykiller, éleveur : Hans Hatje) est né. Ce hongre a obtenu plus de 140 classements en 1.40m et plus et a sauté à 1.55m, le tout sous la selle de la cavalière Holle Nann.

 

Hans Hatje est décédé il y a une quinzaine d’années et n'ayant pas d'enfants pour poursuivre son travail d'élevage, la station d'étalons du Holsteiner Verband à Haselau a été reprise par la famille Lienau. Bien que les étalons ne résident plus dans la station, l'héritage demeure. Otto Lienau a grandi avec tous les éleveurs de sa région qui amenaient leurs juments aux étalons du haras. Lienau se rappelle : "Je me souviens très bien de la jument Ditlena par Ladykiller xx (née en 1967). C'était une jument très importante et magnifique. Elle a été sélectionnée par l'Association Holsteiner pour représenter les juments Holsteiner au salon DLG à Munich, et elles s’y étaient rendues en train. Sa grand-mère, Edelia née de Loretto, était également une jument importante pour cette lignée. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Hans Hatje a été contraint de remettre ses juments à l'armée allemande. Il a été autorisé à choisir une pouliche d'une autre ferme ici dans notre région. Si vous regardez sa lignée, vous pouvez voir que de la jument Norwegen née de Farnese, née en 1976, jusqu'à au moins Erle née d’Omar, née en 1908, étaient 'made in Haselau'. Contender a également joué un rôle important dans notre haras. Il est dans la troisième génération de Stargold. C'est une satisfaction de voir la génétique que je connais si bien dans l'un des meilleurs chevaux de saut d'obstacles d'aujourd'hui."

 

Charmonie

Andre Emke raconte l'histoire de la jument Charmonie, par Contender, la deuxième mère de Stargold : "Mes parents ont trouvé par hasard la jument Contender chez un marchand de chevaux dans le sud de l'Oldenbourg. À l'époque, la jument Contender était en mauvais état nutritionnel et avait un poulain au pied . Lorsque mes parents ont vu la jument avec le poulain, ils ont eu pitié d'eux et les ont ramenés chez eux. Après que la jument ait été soignée et nourrie chez nous, son état nutritionnel s'est amélioré. Mes parents ont ensuite décidé d'inséminer la jument avec l'étalon Lord Weingard. La décision d'inséminer la jument avec cet étalon était basée sur le fait que nous accordons une très grande valeur au sang de Landadel. En outre, la sœur de la mère (Lady Weingard) était une cavalière de saut d'obstacles très talentueuse sous la direction de Markus Beerbaum, ce qui nous a beaucoup convaincus. Ce poulain était une pouliche. Cette pouliche, Charme, est donc la mère de Stargold. De cette lignée, nous avons actuellement une fille directe de Charmonie, une jument par Stakkato (Stakko's Girl), avec une pouliche par Conthargos. Stakko's Girl est une demi-sœur de la mère de Stargold. Elle a déjà conçu son premier descendant de niveau avancé (S) avec succès (Quid Primaire-H) ainsi que plusieurs poulains d'enchères. Nous avons également deux filles de Stakkato (petites-filles de Charmonie) dans notre ferme. Une jument de deux ans par Quidam de Revel et une jument de sept ans par Quasimodo van de Molendreef (Quantica), qui porte actuellement un poulain premium par Diamant de Semilly. Charmonie est également la mère de l'étalon approuvé hanovrien Statis Conti (Stakkato), qui concourt à 1,45 m avec Bronislav Chudyba. Son fils, Contenders XC (Concetto I), a sauté à 1,50 m avec trois cavaliers différents."

 

Gestüt Sprehe

Stargold a obtenu sa licence à l'âge de trois ans et est devenu champion des étalons de saut d'obstacles lors de l'Agrément des étalons à Munich-Riem. L'étalon Sprehe a ensuite passé son test de 30 jours avec une note de 8,7 pour l’aptitude de saut. Jan Sprehe se souvient : "Nous avons eu beaucoup de chance avec la mère, Charme. Nous l'avons achetée à Klatte lors de la vente aux enchères de poulains EOS parce qu'elle avait un bon pedigree et qu’elle est devenue une très bonne jument. Nous avons également eu de la chance avec Stargold. Il a été champion des étalons de saut d'obstacles lors des approbations à Munich-Riem. Nous avons donc commencé à le mettre en selle. Je l'ai monté pendant un moment. Vanessa Meyer a commencé avec moi en tant que palefrenière, mais elle a fait toute sa formation sportive. J'ai toujours eu un bon feeling avec lui. Je l'ai repris à Vanessa quand il avait six ans et je l'ai monté pour qu’il se qualifie pour le Bundeschampionat et les classes Youngster. Il a toujours été un excellent cheval, il a toujours sauté sans faute et a toujours eu du succès. Tobias Meyer l'a également monté avec beaucoup de succès – ils ont remporté plusieurs compétitions de jeunes chevaux et le Bundeschampionat pendant sept ans. Marcus Ehning l'a ensuite remarqué et m'a appelé. C'est ainsi que nous sommes entrés en contact. Marcus est bien sûr un cavalier de classe mondiale. Je lui ai présenté Stargold chez lui pour qu’il l’essaie et le reste appartient à l'histoire. Son père, Stakkato Gold, occupe la première place dans l'index d'élevage depuis longtemps et, en fin de compte, nous lui devons beaucoup à Stakkato Gold. Il a transmis son incroyable capacité de saut à sa progéniture. Neuf sur dix de ses descendants peuvent vraiment sauter. Il a maintenant plusieurs descendants au plus haut niveau ! Nous nous sommes toujours concentrés sur le sport avec Stargold, car le sport et l'élevage sont très exigeants, cependant nous avons encore de la semence congelée de lui."

 

Sprehe poursuit : « La sœur de Stargold, So Charme, a également beaucoup de qualités et se débrouille bien dans les classes de jeunes chevaux avec Tobias Meyer. La combinaison de Stakkato Gold et Charme s'est avérée être bonne, produisant déjà deux chevaux exceptionnels. Nous avons eu un certain feeling avec ce croisement, et il est également essentiel d'avoir une part de chance dans l'élevage et la formation de ces chevaux. »

 

Vanessa Meyer, qui a joué un rôle crucial dans la formation de Stargold, raconte : "J'ai eu Stargold au début de sa quatrième année. Il a montré une grande attitude envers le sport dès le départ, toujours très enthousiaste. Stargold a gagné presque chaque compétition de saut d'obstacles à laquelle nous avons participé, et j'ai su après deux ou trois compétitions qu'il serait toujours caressé sur l'encolure après le dernier saut pour récompenser ses efforts. À partir de ce moment-là, il a toujours fait des ruades après le dernier saut - comme il le fait encore aujourd'hui. Je n'étais certainement pas une professionnelle et j'ai souvent commis des erreurs, mais il m'a toujours sauvée. Nous avons fait notre première compétition internationale en Italie et avons ramené trois victoires dans des classes de 1m40 en trois semaines. Stargold a toujours été un cheval très spécial pour moi. Tobi a pris le relais avec lui au début de sa septième année. Il était rare qu'un concours se termine sans que Stargold ne remporte un ruban de victoire. C’est Jan Sprehe qui a le dernier mot : "Il n'est pas nécessaire de parler des qualités de Stargold, il est l'un des meilleurs chevaux du monde avec Marcus. Nous sommes très fiers de lui et nous nous réjouissons de chaque succès ! Nous sommes également très heureux que cela ait si bien fonctionné !"

LA SAISON ESTIVALE DES ROLEX GRAND PRIX

LA SAISON ESTIVALE DE ROLEX Photo credits : Peter Nixon

 

Outre le prestigieux Rolex Grand Slam of Show Jumping, Rolex est le partenaire de nombreux Grands Prix d’été convoités. Au cours d’une période de quatre mois débutant en mai et prenant fin en août, les meilleurs couples cheval-cavalier au monde se réunissent dans le cadre de certains des concours les plus emblématiques d’Europe et d’Amérique du Nord afin de disputer ces compétitions d’élite.

 

Le Royal Windsor Horse Show a accueilli le premier Grand Prix Rolex de la saison estivale. Baigné par le glorieux soleil de l'après-midi, le château de Windsor a fourni la toile de fond idéale pour cette prestigieuse catégorie. Au total, neuf couples se sont qualifiés pour le départ, offrant un divertissement de premier ordre aux tribunes bondées. Toutefois, c'est le combat entre le témoignage Rolex Martin Fuchs et le champion olympique individuel de 2020 Ben Maher qui a véritablement enflammé les foules. Le virage spectaculaire du cavalier suisse avec Conner Jei vers l’avant-dernier obstacle a assuré sa victoire avec 0,40 secondes d’avance. Ben Maher et Explosion W ont obtenu la deuxième place, les Irlandais Bertram Allen et Pacino Amiro complétant le podium en troisième position.

 

Du 25 au 28 mai, la ville éternelle a accueilli la 90e édition du CSIO Roma Piazza di Siena, mis en scène dans les magnifiques jardins de la Villa Borghèse. Le parcours a été magistralement conçu par le concepteur de parcours italien Uliano Vezzani, et a vu 11 couples des 50 compétiteurs procéder au départ. Le Rolex Gran Premio Roma 5* a été remporté par certains des meilleurs athlètes du sport, le prix étant attribué cette année à André Thieme, médaillé d’or en individuel et médaillé d’argent par équipe des Championnats d’Europe FEI. Le Suédois Jens Fredricson s’est classé deuxième avec Markan Cosmopolit, devant les Brésiliens Stephen de Freitas Barcha et Primavera Imperio Egipcio.

 

Organisé sur les superbes rives de l'océan Atlantique dans l'ouest de la France, le Jumping International de La Baule accueille le saut d'obstacles de niveau élite depuis plus de 60 ans. Souvent considéré comme l'un des concours les plus pittoresques du calendrier équestre, les meilleurs chevaux et cavaliers peuvent souvent être repérés à cheval sur les belles plages le matin. Le paysage exquis a fourni un endroit idéal pour la compétition féroce, qui s’est déroulée le dernier jour du concours. Le Belge Nicola Philippaerts et la jument toujours compétitive Katanga v/h Dingeshof ont réalisé deux épreuves sans faute et rapides, et remporté leur première victoire 5* ensemble. Dernier à avoir franchi la ligne de départ, le Suédois Jens Fredricson a été plus lent d’à peine 0,32 secondes et a pris la deuxième place une fois de plus, tandis que le nº 1 mondial Henrik von Eckermann a pris la troisième place.

 

De l'autre côté de l'océan Atlantique, Spruce Meadows a tenu sa « Summer Series » présentée par Rolex. Le site a organisé quatre tournois de juin à juillet, offrant une chance aux couples visant à concourir au tournoi CSIO Spruce Meadows Masters (qui fait partie du Rolex Grand Slam of Show Jumping) une occasion de participer dans cet impressionnant lieu. Trois Grands Prix présentés par Rolex ont eu lieu au cours de la période de cinq semaines, dont le Grand Prix Continental présenté par Rolex, remporté par le canadien Mario Deslauriers, le Grand Prix RBC du Canada présenté par Rolex, remporté par le brésilien Santiago Lambre, et la coupe panaméricaine présentée par Rolex, remportée par l’Irlandais David Blake.

 

Le Grand Prix Rolex - Ville de Dinard, qui s’est tenu le dimanche 30 juillet au Jumping International de Dinard,  a vu 40 des meilleurs couples cheval-cavalier (dont le vainqueur de l’an dernier Martin Fuchs) s’affronter dans la célèbre arène. Avec 15 couples passant le premier tour de la compétition, la ligne de départ promettait d’être électrique, et c’est à juste titre que Max Kühner et Elektric Blue P, son fidèle partenaire de 12 ans, ont remporté la victoire dans cette prestigieuse catégorie. Fuchs n’a pas tout à fait pu répéter sa victoire de 2022, mais a terminé troisième avec le hongre gris Leone Jei, tandis que l’Irlandais Shane Sweetnam a terminé deuxième avec James Kann Cruz.

 

Le Brussels Stephex Masters clôturera la saison estivale du 23 au 27 août. Se tenant près de l’Atomium, l’un des célèbres monuments, les fans peuvent s’attendre à découvrir le sport équestre à son plus haut niveau. Le concours de 2022 a vu Peder Fredricson remporter une victoire impressionnante le dernier jour du Rolex Grand Prix, et cette catégorie est une fois de plus sûre de fournir une finale appropriée à la saison estivale Rolex.

 

Entretien avec Mel Obst

Mel Obst, groom to Marcus Ehning (Photo: Jenny Abrahamsson / World of Show Jumping ) Mel Obst, groom to Marcus Ehning (Photo: Jenny Abrahamsson / World of Show Jumping )

 

Pourriez-vous vous présenter ? Dites-nous par exemple pour qui vous travaillez et en quoi consiste votre métier.

 

Je m’appelle Melina, mais tout le monde m’appelle Mel. Je travaille en tant que groom pour Marcus Ehning depuis sept ans, pendant les concours à l’extérieur et à domicile, je fais tout !

 

Quel genre de patron est-il ?

 

Il est génial ! Il est très facile à vivre et il m’accorde toute sa confiance. Toute l’équipe de nos écuries est comme une famille. La sœur de Marcus gère les écuries maintenant, après avoir travaillé comme groom pour lui auparavant. J’adore travailler avec Marcus, il est serviable, jamais en retard - en fait, il est souvent en avance ! Quand vous avez besoin d’aide, il n’est pas avare de son temps. Il est, à juste titre, strict pendant l'échauffement, mais dans l'ensemble, il est amical avec tout le monde, y compris avec les grooms.

 

Pouvez-vous expliquer votre rôle en tant que groom pour coordonner le travail de l’équipe au sens large, avec les vétérinaires, les kinés, etc.

 

Nous avons un programme pour les six prochains mois, avec les concours que nous voulons faire. Entre quatre et six semaines avant les concours, nous décidons avec toute l’équipe quels chevaux nous allons envoyer à tel ou tel endroit, et nous gérons ensemble l’organisation de leur physiothérapie, des contrôles vétérinaires et tout le reste. Nous laissons généralement Marcus en dehors de ça, pour qu’il puisse se concentrer sur la monte. Avec l'aide de l'équipe de direction à domicile, nous préparons tous les certificats vétérinaires, la stabulation, le camion, etc. Marcus a seulement besoin de savoir quels chevaux nous emmenons à quel concours !

 

Comment était-ce de faire partie de l’équipe de Marcus lorsqu’il a remporté le CHIO d’Aix-la-Chapelle ?

 

C’est encore un peu difficile à croire, personne ne s’y attendait. Stargold est vraiment formidable d’avoir réalisé cette performance à Aix-la-Chapelle ! Il avait déjà obtenu de bons résultats plus tôt dans l’année, mais c’était la première fois qu’il sautait au Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle. Il est arrivé à son apogée cette année, et c’était tout simplement génial. C’est la deuxième fois depuis que je travaille comme groom pour Marcus qu’il remporte le Rolex Grand Prix à Aix-la-Chapelle, c’était une journée incroyable !

 

Qu’est-ce que Stargold a de spécial, et qu’est-ce qui fait son succès ?

 

Il est vraiment facile. C’est un étalon, mais il se comporte comme s’il n’en était pas un ! Il n’est pas du tout difficile à faire travailler, et il est très facile à comprendre. Il adore manger et être au pré, mais il n’aime pas les promenades à la longe, il préfère les trucs un peu dingues ! Quand je suis avec lui aux concours, souvent le matin, je lui mets une selle et je le sors pour faire un tour, parfois avec d’autres chevaux.

 

En tant que groom, vous voyagez beaucoup avec vos chevaux, comment veillez-vous à ce que le voyage se passe bien ?

 

Vous connaissez très bien vos chevaux quand vous travaillez avec eux tous les jours. Vous voyez s’ils ne boivent pas assez ou s’ils ne sont pas bien, donc vous savez quand il faut essayer de changer les choses. Par exemple, s’il faut leur donner du mash ou de l’eau, et quand il faut surveiller s’ils mangent assez et s’ils sont heureux.

 

Chaque cheval est différent. Certains sont très à l’aise pour manger et boire, et d’autres ne touchent à rien. Si certains adorent avoir leur seau de nourriture posé par terre, d’autres adorent les avoir accrochés plus haut. Certains adorent le foin, d’autres ne le mangent pas, ils sont tous différents. Cependant, comme je les connais très bien, je sais ce qu’ils aiment et ce qu’ils n’aiment pas.

 

On peut entraîner un cheval à voyager, ou, si c’est un nouveau cheval, on demande à son ancien groom comment il se comporte en voyage pour faciliter les choses.

 

Certains chevaux sont très agités quand ils descendent du van, d’autres sont prêts à aller dormir ! Ils ont tous leur caractère unique, ce qui rend le travail tellement intéressant !

 

Est-ce que vous aimez venir aux Majeurs (Dutch Masters, CHIO d’Aix-la-Chapelle, CSIO Spruce Meadows ‘Masters’, CHI de Genève) ? En quoi diffèrent-ils des autres compétitions selon vous ?

 

Les quatre Majeurs sont tous différents. Je suis allée à chacun d’entre eux et j’ai déjà eu la chance de gagner deux d’entre eux, le CHI de Genève et le CHIO d’Aix-la-Chapelle. Les terrains sont différents, mais l’atmosphère y est toujours formidable. Les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping sont différents des autres concours, il y a quelque chose de vraiment unique dans les quatre Majeurs réunis. Pendant les Majeurs, on assiste toujours à la meilleure compétition et aux plus grands cavaliers qui se disputent la victoire.

 

Cette atmosphère est particulièrement unique pour Marcus à Aix-la-Chapelle. Il adore y participer, étant allemand et Aix-la-Chapelle étant son concours à domicile, il adore y concourir. Il n’y a jamais aucune discussion pour savoir si nous allons à Aix-la-Chapelle ou non !

 

Il en est de même pour les autres cavaliers. Pour Martin Fuchs, c’est Genève car il y a son public. Pour les cavaliers néerlandais comme Harry Smolders, c’est le Dutch Masters, et pour d’autres cavaliers comme Eric Lamaze, c’est à Spruce Meadows.

 

Pour les cavaliers, le Rolex Grand Slam of Show Jumping n’est pas seulement une opportunité de gagner beaucoup d’argent, mais aussi de remporter un titre qui reste avec vous pour toujours. Par exemple, la victoire de Scott Brash au Rolex Grand Slam of Show Jumping est quelque chose dont tout le monde se rappellera. Ses trois victoires sur trois Majeurs différents qui sont tous uniques sont vraiment remarquables.

 

C’est le dixième anniversaire du Rolex Grand Slam of Show Jumping, comment cette initiative a-t-elle changé la discipline au cous des dix dernières années ?

 

Le Rolex Grand Slam a permis que de plus en plus d’argent soit investi dans le sport, ce qui encourage et motive les cavaliers. Pour tout le monde, même pour les non-initiés, remporter le Rolex Grand Slam est quelque chose de reconnu comme phénoménal. J’ai des amis qui ne connaissent rien aux chevaux, mais qui connaissent le Rolex Grand Slam.

 

Quel est le moment dont vous êtes la plus fière dans votre carrière ?

 

Il y en a eu quelques-uns ! J’ai été extrêmement fière de Misanto Pret A Tout l’année où il a gagné la FEI Jumping World CupTM à Madrid en 2019, après un retour de blessure. Les championnats d’Allemagne ont aussi été incroyable cette année, avec Marcus qui avait gagné le titre il y a 21 ans, quand il a gagné cette année, je me suis dit « Waou, j’ai réussi avec lui ! »

 

J’ai aussi eu la chance de gagner quelques-uns des Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping avec Marcus. Nous avons remporté Aix-la-Chapelle et Genève ensemble, et j’en suis très fière.

 

Il a d’autres choses, comme les nominations pour les championnats de la FEI, pour lesquels nous travaillons très dur et je suis très fière quand nous sommes sélectionnés. Je me sens aussi extrêmement fière quand je vois les chevaux partir à la retraite, bien-sûr, on est à la fois heureux et tristes, mais fiers de tous leurs accomplissements et heureux de voir la nouvelle génération qui arrive.

 

Qu’est-ce que vous aimez le plus et le moins dans votre travail ?

 

J’adore voyager, je suis sûrement parmi les rares grooms qui vous diront cela ! Dans le camion, en avion, partout, ça ne me dérange pas ! J’adore voyager autour du monde et affronter de nouveaux défis. Je n’ai pas l’impression d’aller travailler, j’ai l’impression de faire de ma passion un métier, que j’aime toujours autant, même au bout de 20 ans. Je ne peux pas imaginer d’arrêter. Quand vous voyagez, vous rencontrez vos amis, de nouvelles connaissances, vous voyez de nouveaux concours et tout ce qu’il y a autour.

 

Que conseilleriez-vous à quelqu’un qui s’intéresse à ce métier ?

 

Le métier de groom n’est pas facile, c’est beaucoup de travail. Si vous aimez vraiment les chevaux, et voyager avec eux pour les concours, alors vous allez adorer. Parfois, il faut s’oublier soi-même, parce que ce n’est pas un job de huit heures par jour, mais parfois plutôt jusqu’à 24 heures par jour ! Mais être un groom est un métier qui peut vous apporter beaucoup, et vous aurez des moments vraiment incroyables dans votre carrière.

 

Tous les métiers ont des bons et des mauvais côtés, certaines personnes peuvent rentrer chez elles à 17 h, mais pour un groom, ça n’arrête jamais ! Vous pensez tout le temps aux chevaux ! Vous avez la chance de rencontrer beaucoup de gens, de chevaux et des propriétaires, ce qui est fascinant.

 

Les grooms forment-ils une vraie communauté où ils se soutiennent mutuellement ?

 

Je me suis fait quelques amis incroyables, et nous essayons de nous retrouver au moment des concours, pour un barbecue et pour prendre un verre. Mes amis viennent du monde entier. Nous faisons aussi parfois d’autres choses en dehors des chevaux, comme aller à un festival ou un concert, ce qui renforce vraiment les amitiés.

 

Il y a aussi les moments où vous avez besoin d’aide, et c’est génial de savoir que vous avez des amis auxquels vous pouvez vous adresser pendant un concours. Par exemple, il m’est arrivé une fois d’être bloquée à l’aéroport pour un problème de visa. Je suis arrivée au concours avec deux jours de retard et mes amis se sont occupés de mes chevaux, sans même que je leur demande. Si quelque chose se passe mal, mes amis m’aideront car ils savent que je ferais la même chose pour eux !

 

Jeux Vidéo Retro au Rolex Grand Slam

Jeux Vidéo Retro au Rolex Grand Slam

 

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping est heureux d’annoncer le développement d’un nouveau jeu vidéo passionnant. Le jeu de style rétro a été révélé plus tôt cette année au CHIO Aachen – le premier Rolex Grand Slam of Show Jumping pour célébrer le 10e anniversaire de l’initiative.

 

Attirant les fans de saut d'obstacles et les cavaliers de classe internationale, y compris Gerrit Nieberg, le vainqueur du Grand Prix Rolex de CHIO Aachen l'an dernier, le jeu s'est avéré être une attraction populaire dans le cadre du stand Rolex Grand Slam of Show Jumping Experience. Sur ce stand, les spectateurs peuvent également se rapprocher du trophée du Rolex Grand Slam ainsi que de produits de marque exclusifs et propres à chacun des Majeurs. Le stand abrite également une nouvelle expérience de réalité virtuelle spectaculaire, vous permettant d'être transporté virtuellement vers la cour de Harry Charles au FEI World Under-25 No.1 pour une visite unique des coulisses de ses installations et de ses chevaux.

 

Le jeu vidéo sera de nouveau disponible au CSIO Spruce Meadows Masters en septembre. Le jeu multijoueurs permet aux fans de s’affronter sur des parcours de saut d’obstacles à chacun des sites emblématiques du Rolex Grand Slam of Show Jumping Majors. Les joueurs peuvent choisir parmi une variété de chevaux différents et doivent veiller à soigneusement sauter chacun des obstacles et à recueillir toutes les pommes pour accélérer, accumuler le plus de points et franchir la ligne d'arrivée le premier.

 

Le jeu est pour l’instant disponible uniquement pour les personnes qui assistent aux Majeurs. Les fans seront toutefois ravis d'apprendre que le jeu sera disponible en ligne dans le monde entier à l'automne. Chaque étape du jeu sera disponible en fonction du calendrier du Rolex Grand Slam. Consultez donc les réseaux sociaux du Rolex Grand Slam of Show Jumping pour en savoir plus sur les dates de sortie !

Marcus Ehning

(Photo: Tiffany van Halle) (Photo: Tiffany van Halle)

MARCUS EHNING DÉCROCHE LE ROLEX GRAND PRIX DU CHIO D’AIX-LA-CHAPELLE

 

Dès dimanche matin, l’excitation se faisait sentir dans les tribunes et coulisses du parc sportif Soers à Aix-la-Chapelle, avec plus de 40 000 spectateurs attendant avec impatience d’assister à l’épreuve phare du World Equestrian Festival, le Rolex Grand Prix. Ajoutez à cela le fait que l’Américain McLain Ward, ayant déjà remporté les Grand Prix du CHI de Genève en décembre et du Dutch Masters en mars, briguait aujourd’hui le Rolex Grand Slam of Show Jumping (un exploit réalisé une seule fois dans l’histoire). 

 

Après s’être qualifiés pour le Rolex Grand Prix ces derniers jours, ce sont quarante des meilleurs couples cheval-cavalier au monde qui se sont présentés au départ du parcours pensé par Frank Rothenberger cette après-midi. Et tous espéraient bien sûr ajouter leur nom à l’illustre liste de ces cavaliers ayant réussi à décrocher le Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle, « Wimbledon du monde équestre ». 

 

Avec ses deux manches et son barrage éventuel en cas d’égalité de pénalités, le Rolex Grand Prix met à l’épreuve l’endurance, les moyens et le talent des participants, ainsi que le lien unissant cheval et cavalier. 

 

Pour décrocher l’une des 18 places de la seconde manche, les cavaliers devaient soit faire le sans faute, soit réaliser quatre points à une allure relevée. Premier à entrer en piste, Olivier Perreau montre la voie aux autres cavaliers avec un sans faute plein d’élégance. Le cavalier français est ensuite rejoint par 11 autres cavaliers aux parcours irréprochables, dont les Témoignages Rolex Rodrigo Pessoa, Steve Guerdat et Daniel Deusser, ainsi que le gagnant de l’édition 2022 du Rolex Grand Prix, Gerrit Nieberg. Et c’est dans un silence absolu que McLain Ward, actuel prétendant au Rolex Grand Slam of Show Jumping, et sa monture HH Azur entrent en piste. Mais ce sera la déception : après la chute de deux obstacles, le cavalier américain se retire de la compétition et met fin aux espoirs de voir couronner un nouveau champion. 

 

Les départs suivant l’ordre inverse des résultats de la première manche, le septième à s’élancer, le Mexicain Eugenio Garza Perez fera le premier sans faute aux rênes de son bel hongre gris Contago. Le parcours pose toutes sortes de difficultés aux participants, mais Rodrigo Pessoa, vainqueur de huit Majeurs, montre son talent et nous offre la perspective d’un barrage. Trois autres couples sous la bannière allemande rejoignent ensuite ceux pouvant briguer l’un des prix les plus prestigieux du monde du saut d’obstacles. Malheureusement pour le contingent belge, Nicola Philippaerts passe la ligne d’arrivée avec une simple faute de temps.

 

Au total, c’est donc cinq couples qui se présentent au barrage, dont quatre anciens vainqueurs d’un Rolex Grand Prix. Sous les applaudissements du public allemand, Philipp Weishaupt, troisième en lice, est le plus rapide des trois participants à finir avec quatre points de pénalité, garantissant déjà une victoire allemande. Avant-dernier à partir, Daniel Deusser, vainqueur de l’édition 2021, sait très bien ce qu’il faut faire pour remporter ce type d’épreuve. Et c’est bien lui qui fait le premier sans faute sur ce barrage très technique. Marcus Ehning, son compatriote, est donc le dernier à pouvoir lui arracher la première place. Et ce gagnant de l’édition 2018 n’hésite pas une seconde à le faire, avec une prestation fluide et efficace qui lui ressemble. Le cavalier allemand passe la ligne d’arrivée 61 centièmes de seconde plus tôt que Deusser et devient du même coup le nouveau Prétendant au Rolex Grand Slam of Show Jumping. Il tentera de conserver ce titre dès septembre lors du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’.

 

Après sa victoire, Ehning a déclaré : « C’est absolument incroyable. Mon cheval est une superstar, je n’ai jamais douté de ses capacités. J’étais le dernier à passer, et il a tout donné. Je n’ai pas pu regarder les autres performances, mais je savais que ma monture est super rapide. Je n’ai pas pris de risques exagérés, et tout est bien qui finit bien ! »

 

Le Champion olympique des Jeux de 2000 continue alors : « J’ai senti la foule derrière moi, son énergie. Je voulais lui donner quelque chose en retour. Tant que je lui faisais honneur en tant que cavalier, je savais que mon cheval ferait le nécessaire. J’ai eu un peu de chance à la seconde manche, mais il en faut parfois pour gagner ! Le sort m’a souri aujourd’hui. » 

 

Le nouveau Prétendant au Rolex Grand Slam a annoncé : « Je souhaite d’abord profiter du moment présent, avant de réfléchir à Spruce Meadows dans quelques jours. Stargold est un cheval extraordinaire. Peu de gens croyaient en son talent, mais les Championnats du monde de la FEI de l’an passé ont montré de quoi il est capable. Je suis très fier de ce cheval généreux et intelligent, et je remercie vivement ses propriétaires de me laisser le monter. »

 

Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof

Entretien avec Laura Kraut

 

Qu’est-ce qui fait la particularité du CHIO d’Aix-la-Chapelle ?

 

C’est le Wimbledon du saut d’obstacles ! Chaque cavalier de la discipline rêve de gagner une épreuve ici. Les spectateurs, la beauté du cadre... le CHIO d’Aix-la-Chapelle a vraiment quelque chose de spécial.

 

Parlez-nous des chevaux qui vous accompagnent cette semaine et de leurs caractères respectifs.

 

En premier lieu, on a Baloutinue, qui a participé à la Mercedes-Benz Nations´ Cup cette semaine. J’ai aussi amené un autre cheval, appelé Dorado 212, qui s’est récemment hissé au plus haut niveau de la compétition et qui a pris part au Turkish Airlines-Prize of Europe mercredi et au RWE Prize of North Rhine-Westphalia vendredi. Et puis on a Una Mariposa, qui a sept ans, et Haley, une jument merveilleusement rapide qui est arrivée deuxième dans sa première épreuve mercredi.

 

De quelles qualités doivent disposer un cheval et son cavalier pour gagner un Majeur ?

 

Impossible de remporter un Majeur comme celui d’Aix-la-Chapelle sur un cheval ordinaire. Pour réussir, il faut une monture exceptionnelle : soigneuse, courageuse, et rapide pour le barrage, mais aussi maîtrisable. Seuls les meilleurs chevaux au monde sont capables de gagner cette épreuve. À mon avis, 95 % des participants sont capables de remporter le Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle s’ils sont en forme le jour J. Ceux-ci sont bien décidés à faire de bonnes performances, et si les chevaux sont eux aussi prêts à faire de leur mieux, l’épreuve devrait être mémorable.

 

Vous et votre compagnon, Nick Skelton, avez des liens de longue date avec le Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle. Comment décririez-vous cette épreuve ?

 

Je suis bien décidée à faire mon possible pour la remporter un jour. Nick Skelton, mon compagnon, a effectivement été une grande source d’inspiration. Il l’a quand même remportée quatre fois, notamment en 2013 pour le première Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping ! J’ai monté Baloutinue ici il y a deux ans, et il a fait le sans faute dans les deux manches du Rolex Grand Prix. Malheureusement, il a ensuite essuyé quatre pénalités lors du barrage. J’aimerais beaucoup tenter ma chance un jour.

 

Qu’est-ce qui fait la particularité des Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping ?

 

Ce sont tous les quatre des concours équestres absolument uniques. Il reste quelques concours davantage axés sur le sport et les prestations que sur l’accueil ou le profit qu’ils peuvent générer, et les Majeurs en font partie. Ils rassemblent les meilleurs cavaliers au monde, et à mon avis, mettent sous les projecteurs le nec plus ultra du saut d’obstacles.

 

Le saut d’obstacles est l’un des seuls sports au monde dans lequel les hommes et les femmes disputent les mêmes compétitions. Cela vous donne quel sentiment ? 

 

On me pose souvent cette question. Personnellement, je n’y pense pas car j’ai concouru contre des garçons puis des hommes toute ma vie. Mais je sais que c’est très spécial pour le public. Quand à nous cavaliers, nous avons de la chance, car les hommes et les femmes apportent des forces et qualités différentes.

 

Selon vous, quel impact a eu le Rolex Grand Slam of Show Jumping sur le sport du saut d’obstacles ?

 

Je pense que cela a donné aux cavaliers un objectif vers lequel tendre au plus haut niveau. Il y a quelques années, on avait le Pulsar Triple Crown of Show Jumping, un titre très convoité. Le Rolex Grand Slam est nouvelle version revisitée et améliorée pour le 21e siècle ! Et la très généreuse somme à gagner pour le gagnant du Rolex Grand Slam et les primes proposées pour avoir remporté plusieurs compétitions motivent énormément les cavaliers.

 

Quelle importance revêt le travail de votre équipe en coulisses de l’événement dans votre réussite ?

 

C’est très simple : sans eux, je n’aurais jamais eu un tel succès. Les grooms qui s’occupent des chevaux comme s’il s’agissait de leurs propres enfants, les maréchaux-ferrants, les vétérinaires, les kinés, les personnes qui nous aident à l’organisation quotidienne... c’est le travail de toute une équipe. Et c’est cette équipe qui permet au cavalier de faire la meilleure performance possible. Sans mon équipe, je ne serais pas ici.

 

Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof

Entretien avec Frank Rothenberger

Directeur du CHIO d'Aix-La-Chapelle

 

Qu’est-ce qui fait selon vous la particularité du CHIO d’Aix-la-Chapelle ?

 

C’est tout simplement le concours le plus important de l’année. Cela fait déjà vingt ans que j’ai été invité à concevoir le parcours du CHIO d’Aix-la-Chapelle, et pourtant j’ai toujours aussi hâte aujourd’hui de voir se dérouler le Rolex Grand Prix, la plus prestigieuse des épreuves de cet événement. L’an dernier, nous avons assisté à des prestations extraordinaires, dont un barrage aux chronos impressionnants.

 

Quels sentiments ressentez-vous en tant que chef de piste du CHIO d’Aix-la-Chapelle, et qui plus est chez vous en Allemagne ?

 

C’est une joie sans nom. Les épreuves se préparent des mois à l’avance, et sur une piste aussi grande que celle-ci, il faut beaucoup de temps et une planification considérable. Ces derniers jours, nous avons pu assister à plusieurs épreuves tout à la fois difficiles et exaltantes et à des barrages très rapides. Le CHIO d’Aix-la-Chapelle offre un cadre idéal, des pistes aux écuries en passant par les parcours et l’organisation en général. C’est d’ailleurs pour cela que les meilleurs cavaliers au monde se retrouvent ici.

 

Parlez-nous un peu du parcours que vous avez créé pour le Rolex Grand Prix ce dimanche...

 

Oui, bien sûr. Le Rolex Grand Prix se déroulera en deux manches, avec un barrage final. Il y aura bien sûr une rivière, et plusieurs combinaisons doubles et triples. La grande taille de la piste fait qu’il est parfois difficile de créer un parcours intéressant. Il ne faut pas oublier d’ajouter des tracés et combinaisons un peu techniques en plus de penser aux distances entre les obstacles. Les meilleurs parcours utilisent divers éléments de parcours modernes inspirés de différentes sources.

 

Comment êtes-vous devenu chef de piste ?

 

C’est très simple : il y a quarante ans, quand j’étais jeune cavalier, je n’avais pas d’obstacles à la maison. J’ai donc décidé de m’en construire. Peu après, d’autres cavaliers ont commencé à venir monter sur mon terrain, car j’étais le seul à proposer différents types d’obstacles, dont des rivières, des talus et des haies. J’ai alors commencé à créer des parcours pour ces cavaliers qui venaient s’entraîner régulièrement chez moi. J’ai arrêté de monter en compétition à l’âge de 22 ans et j’ai lancé une entreprise spécialisée dans la fabrication d’obstacles. Peu à peu, cela a fini par me mener au métier de chef de piste.

 

Quel a été votre premier parcours de compétition en tant que chef de piste ?

 

J’avais 21 ans quand j’ai conçu mon premier parcours pour un concours, c’est-à-dire il y a 44 ans. Je travaille toujours aujourd’hui, mais j’ai arrêté de me rendre en compétition tous les week-ends. Je concentre mon énergie sur 12 à 14 concours de renom par an, dont le CHIO d’Aix-la-Chapelle.

 

 

En dehors de votre métier, quelles sont vos passions ?

 

Ma famille avant tout, et en deuxième place, la voile. Je suis skippeur, et je reviens cette semaine seulement d’affréter un catamaran en Italie. Je dois repartir en septembre puis en novembre. Je suis aussi fan de ski depuis mon enfance.

 

Si vous deviez prédire le vainqueur du Rolex Grand Prix de dimanche, qui choisiriez-vous ?

 

C’est une question très difficile ! Le niveau des couples en lice est tellement élevé et la marge entre chacun d’entre eux tellement fine qu’il serait trop difficile de n’en choisir qu’un.

 

Le premier Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping a eu lieu au CHIO d’Aix-la-Chapelle il y a dix ans de cela. Qu’est-ce qui a changé pendant cette période, et quel impact le Grand Slam a-t-il eu à vos yeux ?

 

Le saut d’obstacles est de plus en plus connu. On parle de plus en plus du Rolex Grand Slam et de ses quatre concours annuels : Calgary, Bois-le-Duc, Genève et Aix-la-Chapelle. Et l’événement promet d’être plein de suspens cette année, avec la présence à Aix-la-Chapelle de McLain Ward, vainqueur de deux Grand Prix Rolex consécutifs, Genève et le Dutch Masters. Il viendra dans l’espoir de gagner le Rolex Grand Prix de dimanche afin de décrocher la plus grande récompense qui existe dans le monde du saut d’obstacles : le Rolex Grand Slam.

 

Quel est votre souvenir préféré des dix dernières années du Rolex Grand Slam ?

 

Je regarde tous les Rolex Grands Prix, y compris ceux des trois autres Majeurs du Rolex Grand Slam. Le dernier en date, à Bois-le-Duc, nous a fait frissonné. Les nombreux sans faute ont donné lieu à un barrage inoubliable. Je suis très fier d’avoir été choisi comme chef de piste du Rolex Grand Prix de l’un des plus grands concours au monde.

 

(Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof) (Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof)

Gagnant du Turkish Airlines-Prize of Europe: Yuri Mansur

 

C’est sous les feux éblouissants du Haupstadion d’Aix-la-Chapelle que les meilleurs couples du monde du saut d’obstacles se sont livré bataille, à l’occasion du Turkish Airlines-Prize of Europe, la première épreuve 5* du CHIO 2023. Dans cette compétition en deux manches à 1,55 m, seuls les parcours sans faute donnaient droit à participer au barrage. Et une concurrence féroce s’annonçait, avec 53 cavaliers en lice dont Ben Maher, médaillé d’or olympique, et Martin Fuchs, numéro 5 mondial.

Le parcours pensé par Frank Rothenberger comprenait 14 obstacles lors de la première manche et huit à la seconde : un défi à la hauteur des participants de renom visant tous une qualification anticipée pour le prestigieux Rolex Grand Prix de dimanche.

Et c’est au Néerlandais Marc Houtzager de faire le premier sans faute. Mais la joie laisse place à la déception lorsque sont annoncées deux pénalités de temps. Et c’est le jeune suisse Edouard Schmitz, huitième au départ, qui finit par dompter le parcours technique sur l’impressionnant Gamin Van’t Naastveldhof, son hongre de 11 ans. L’emblématique piste verra tomber bien d’autres barres, mais pour le plus grand bonheur du public, trois cavaliers allemands signent le sans faute sous les applaudissements nourris du public. Parmi ces cavaliers se trouve notamment Gerrit Nieberg, vainqueur du Rolex Grand Prix l’année dernière.

Pour finir, seuls sept cavaliers sur 53 se qualifient pour le barrage. Et c’est dans le même ordre qu’ils se présenteront à la phase finale : Schmitz prend les devants et signe un parcours exemplaire en 42,43 secondes, le temps à battre. Mais le Brésilien Yuri Mansur lui vole sa place en passant la ligne d’arrivée moins de deux dixièmes de secondes plus tôt. Et si la foule retient son souffle pour voir passer ses trois représentants, Richard Vogel, Philipp Weishaupt et Gerrit Nieberg, aucun d’entre eux n’est finalement en mesure de faire la performance souhaitée, tous trois laissant des barres au sol. Il ne reste donc plus qu’un seul couple encore capable de battre le temps de Mansur : Martin Fuchs et Conner Jei. Et un léger dérapage en amont du deuxième obstacle fera que le gagnant de la finale de la Coupe du monde FEI de saut d’obstacles ne pourra pas battre le chrono du Brésilien qui décroche ainsi sa première victoire au CHIO d’Aix-la-Chapelle.

Rempli d’émotions, Mansur a déclaré : « C’est une victoire très spéciale à mes yeux. Je suis venu à Aix-la-Chapelle pour la première fois en 2018, mais après avoir fait un sans faute à la première manche, les choses m’avaient échappé à la deuxième. J’ai redoublé d’efforts, je voulais être le meilleur. Je suis revenu à Aix chaque année, j’ai amélioré ma performance chaque année. Et aujourd’hui, j’ai remporté une épreuve. C’est indéniablement la plus grande victoire de ma carrière. »

Mansur a aussi félicité sa monture : « [Miss Blue-Saint Blue Farm] est une jument hors pair. Elle n’a que neuf ans et concourait encore dans des épreuves à 1,30 m il y a seulement un an. Mais en dépit de son manque d’expérience, elle a réussi à gagner ce soir. Au début de ma carrière, j’étais l’un des premiers cavaliers à importer des chevaux d’Europe au Brésil. Et aujourd’hui, je vante la qualité des chevaux élevés au Brésil. Ma jument en est l’exemple parfait ! »

 

David Honnet Photo : Tiffany Van Halle

Entretien avec David Honnet

Pourriez-vous s’il vous plaît vous présenter à nos lecteurs ? Dites-nous par exemple pour qui vous travaillez et en quoi consiste votre métier. 

 

Je m’appelle David Honnet, j’ai 35 ans, et je travaille pour Scott Brash depuis sept ans maintenant. Avant cela, j’étais le groom de Cameron Hanley. Je suis arrivé ici dimanche avec les chevaux de Scott. Je vais m’en occuper toute la semaine, j’espère que la chance nous sourira !  

 

Parlez-nous un peu de votre trajet jusqu’au CHIO d’Aix-la-Chapelle...  

 

Je suis arrivé dimanche matin avec les chevaux. Après avoir quitté les écuries, nous avons pris le bateau. Le trajet a duré dix heures au total. Tout s’est bien passé, mais c’est vrai que depuis le Brexit, le passage en douane prend un peu plus de temps. Je suis donc arrivé assez tard dans la journée, et les vétérinaires présents sur place ont été d’une grande aide. Tous les chevaux ont fait bon voyage, ils sont habitués à voyager : Hello Jefferson en particulier est déjà allé aux quatre coins du monde. Les trajets n’ont plus de secrets pour lui. Hello Mango n’est pas du tout affectée par le trajet non plus. Elle était en Espagne au début de l’année, elle a donc dû faire plusieurs longs trajets. Et Hello Valentino ne pose pas non plus de problème particulier. 

 

Que faites-vous lorsque vous accompagnez un cheval sensible au transport ? 

 

J’évite de les faire voyager trop longtemps, je fais des étapes plus courtes et plus d’arrêts. En gros, je ne fais jamais plus de 600 km avec un cheval sensible. Si possible, c’est bien aussi de voyager la nuit : la circulation est beaucoup plus fluide et le transport plus agréable. Nous risquons moins d’être coincé dans les embouteillages ou d’avancer par à-coups. Conduire la nuit, c’est la solution idéale si on s’y sent prêt et que ça colle avec le planning.  

  

Parlez-nous des chevaux que vous avez emmenés avec vous et de leurs personnalités… 

 

Hello Jefferson, qui est en top forme actuellement, participera au Rolex Grand Prix. Il a déjà décroché la deuxième place l’an dernier. Avec un peu de chance, il fera encore mieux cette année ! Gagner le Rolex Grand Prix n’est pas une mince affaire. Rien que d’y participer est une expérience extraordinaire.  

 

À neuf ans, Hello Valentino est là pour gagner en expérience. Il a beaucoup de potentiel et de qualités, mais il est encore trop jeune à mon sens pour faire une performance éblouissante. En participant à ce stade de sa carrière, il acquerra une précieuse expérience et dans quelques années, qui sait, il sera peut-être capable de gagner le Rolex Grand Prix !  

 

Hello Mano a huit ans et c’est une future super star ! Elle a fait des débuts remarqués en Espagne, puis a eu droit à un repos bien mérité durant lequel nous avons essayé de prélever un embryon, mais cela n’a pas marché. Elle est donc revenue à la compétition et fait de bonnes performances. Elle n’a que huit ans, mais elle est pleine de promesses. 

  

Comment trouvez-vous les installations destinés aux chevaux et aux grooms au CHIO d’Aix-la-Chapelle ?  

 

C’est idéal ! Ma principale préoccupation en concours est la sécurité des chevaux, et ici, tout est parfaitement sécurisé et confortable pour les chevaux. Je suis déjà venu à Aix-la-Chapelle plusieurs fois, et à chaque fois, je découvre une amélioration. Je suis époustouflé par l’attention qui est portée aux chevaux. Par exemple, ce matin, j’ai remarqué la présence d’une nouvelle aire de douche. C’est ce genre de petit détail qui fait le caractère de ce concours.  

 

Est-ce que vous aimez venir aux Majeurs (The Dutch Masters, CHIO d’Aix-la-Chapelle, Spruce Meadows ‘Masters’, CHI de Genève) ? En quoi diffèrent-ils des autres compétitions ? 

 

Je dois avouer que les plus vives émotions me viennent le dimanche après-midi, à Calgary comme à Aix-la-Chapelle. Là, tout sans faute de votre cavalier produit des sensations inouïes. J’ai l’impression que ces quelques heures durent une éternité. Il n’existe rien de pareil ! Les Grands Prix de Spruce Meadows et d’Aix-la- Chapelle comprennent deux manches et un barrage chacun, et donnent pour cette raison des sensations uniques.  

 

Les Grand Prix de Bois-le-Duc et de Genève sont eux aussi formidables. Et au CHI de Genève, dernier grand événement de l’année, tous les cavaliers veulent finir sur une bonne performance. La finale du TOP 10 Rolex IJRC rend ce concours encore plus prestigieux.   

 

Scott ayant remporté le Rolex Grand Slam of Show Jumping en 2015, qu’avez-vous ressenti à votre arrivée dans ses écuries ?  

 

Je me souviens parfaitement du jour où Scott a gagné le Rolex Grand Slam of Show Jumping : je regardais le concours à la télé avec ma copine, assis sur le canapé, croisant les doigts pour qu’il gagne. À l’époque, je ne me doutais pas que je travaillerai un jour pour lui. Mais l’année suivant sa victoire à Spruce Meadows, c’est bien ce qui est arrivé. En 2016, quand il a remporté le CP ‘International’ présenté par Rolex à Calgary pour la seconde fois, sa mère et moi avons explosé de joie devant la télévision. Scott et moi avons tous deux un tempérament calme, et il n’y a presque jamais de tension entre nous. Nos chevaux sont extrêmement réactifs, et il vaut mieux être imperturbable pour ne pas les stresser davantage.  

 

À votre avis, quelles sont les qualités de l’équipe qui aident vraiment Scott à réussir ? 

 

La confiance, avant tout. Nous nous faisons mutuellement confiance, c’est la force de notre équipe. Tous les membres de l’équipe, que ce soit moi, Scott ou le personnel d’écurie, ont des qualités et compétences différentes. Mais nous nous faisons tous entièrement confiance, et c’est peut-être là ce qui fait notre différence.  

 

Quel est l’objet ou équipement qui vous est indispensable en compétition ? 

 

Facile ! Tous les grooms que je connais ont des friandises dans la poche au moment où les chevaux sortent de piste. Personnellement, j’en ai toujours dans mon sac. Ce n’est pas une superstition, les chevaux ont vraiment besoin d’une friandise à leur sortie !  

 

Les grooms forment-ils une vraie communauté où ils se soutiennent mutuellement ? 

 

Absolument. C’est une petite communauté très unie. C’est évidemment impossible de s’entendre avec tout le monde. Les grooms ont tendance à avoir beaucoup de caractère, et ces fortes personnalités ne sont pas toujours compatibles. Mais une fois que vous avez trouvé des amis, ceux-ci seront prêts à tout pour vous aider. Si vous avez un doute sur quelque chose ou que rencontrez des difficultés, vous pouvez leur demander comment résoudre tel ou tel problème. Cela fait des années que je fais ce métier, mais aujourd’hui encore il m’arrive d’avoir besoin d’aide : au début de l’année par exemple, j’ai demandé conseil à un autre groom au sujet d’un cheval difficile.  

(Photo: Rolex Grand Slam / Kit Houghton) (Photo: Rolex Grand Slam / Kit Houghton)

Entretien avec Michael Mronz

Directeur du CHIO d'Aix-La-Chapelle

 

Comment s’est passée l’organisation de l’édition de cette année ? 

 

Nous avons hâte que ça commence ! Cette édition va être formidable. Et puis nous avons un fantastique pays partenaire, la Grande-Bretagne. Dans ce contexte, nous sommes ravis d’accueillir la Princesse royale, qui se joindra à nous pour la cérémonie d’ouverture. Ce partenariat est important pour le saut d’obstacles et pour les fans d’Aix-la-Chapelle, d’Europe et du reste du monde. Nous avons hâte de voir ce que nous réservent les prochains jours.  

 

Le CHIO d’Aix-la-Chapelle a établi un partenariat avec la Grande-Bretagne. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce que cela signifie pour les spectateurs ? 

 

Nous avions toujours rêvé de créer un partenariat avec la Grande-Bretagne, un pays de férus d’équitation, famille royale inclue. Lors de la cérémonie d’inauguration, nous avons pu assister à la reprise en musique de la Household Cavalry, et nous avons demandé aux spectateurs de s’habiller « à l’anglaise ». Nous avons également fait participer à cette cérémonie tout un groupe de cavaliers britanniques de talent, dont Nick Skelton, premier vainqueur d’un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping, à Aix-la-Chapelle il y a dix ans. Un talentueux contingent de cavaliers de dressage viendront également du Royaume-Uni, comme Charlotte Dujardin ou Lottie Fry, championne du monde FEI actuelle. La semaine s’annonce bien.   

 

Le CHIO d’Aix-la-Chapelle nous réserve-t-il des surprises cette année ? Y aura-t-il des événements spéciaux pour fêter le dixième anniversaire du Rolex Grand Slam of Show Jumping ? 

 

C’est vrai que 2023 marque le dixième anniversaire du Rolex Grand Slam of Show Jumping, et McLain Ward aura une chance d’être la deuxième personne de l’histoire, après Scott Brash en 2015, à gagner ce prix légendaire. Et quelle merveilleuse surprise ce serait de le voir gagner le Grand Slam l’année du dixième anniversaire du concours ! Pour cela, Mclain Ward va devoir affronter un groupe d’adversaires redoutables, qui feront tout pour remporter le trophée - mais s’ils n’y arrivent pas, ils seront heureux de voir McLain Ward gagner. Toutes les épreuves seront vivement disputées, en particulier le Rolex Grand Prix de dimanche.  

 

En dehors des épreuves elles-mêmes, nous avons focalisé nos efforts sur l’innovation numérique et les nouveaux produits. Cette année, nous avons lancé une application proposant de nombreux nouveaux services aux spectateurs. Ces derniers pourront planifier leur journée au CHIO d’Aix-la-Chapelle selon leurs envies, sélectionner les épreuves à ne pas manquer, accéder aux listes des couples en lice et suivre les cavaliers tout au long du parcours, par exemple lors de la SAP Cup du samedi. La communication avec le public est l’un des points de mire de l’équipe pour cette édition. L’application en particulier enrichira l’expérience des spectateurs.  

 

Le premier Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping a eu lieu au CHIO d’Aix-la-Chapelle il y a dix ans de cela. Cette initiative a-t-elle eu un effet positif sur le concours en général ? 

 

Bien sûr ! Nous sommes très fiers et heureux d’avoir établi une relation aussi solide avec Rolex. Et le saut d’obstacles a le privilège de recevoir un soutien indéfectible de la marque. Le CHIO d’Aix-la-Chapelle a également la chance de bénéficier du soutien d’autres grandes entreprises, comme Allianz ou Turkish Airlines. Le Rolex Grand Slam of Show Jumping a offert au CHIO d’Aix-la-Chapelle l’opportunité formidable de faire partie d’un groupe d’élite rassemblant quatre des plus grandes épreuves au monde, les autres étant Spruce Meadows, Genève et Bois-le-Duc : le nec plus ultra du saut d’obstacles.  

 

Il existe désormais plus d’une centaine de concours 5* dans le calendrier. Et les spectateurs qui ne sont pas habitués ne comprennent pas toujours quelles sont les meilleures épreuves. Le Rolex Grand Slam of Show Jumping permet d’identifier les quatre meilleurs événements de l’année, semblables aux tournois du Grand Chelem au tennis ou au golf, un concept facile à comprendre pour les néophytes. De plus, il permet aux meilleurs cavaliers au monde de planifier leur calendrier pour se retrouver à l’occasion de ces quatre Majeurs. Par conséquent, le Rolex Grand Slam a eu un impact très important sur le monde du saut d’obstacles.  

 

Quel a été pour vous le moment le plus marquant de ces 10 premières années du Rolex Grand Slam of Show Jumping ? 

 

Nous avons profité de la conférence de presse tenue à Göteborg en 2013 pour présenter le Rolex Grand Slam of Show Jumping, du concept initial au lancement. Cela a été une vraie surprise pour le monde de l’équitation et un moment historique. 

Lorsque Scott Brash a remporté le Rolex Grand Slam of Show Jumping à Spruce Meadows, la foule était survoltée. Autre moment mémorable : la victoire de Nick Skelton sur Big Star lors du premier Majeur en 2013. Mais chacun des Majeurs offre des surprises incroyables. Par exemple, à Aix-la-Chapelle l’an dernier, Gerrit Nieberg a fait une performance inoubliable au barrage, et tout le monde a été surpris quand il a gagné. Personne n’avait décelé son vrai talent auparavant. Il a ensuite pris la cinquième place à Spruce Meadows, sur un parcours ultra difficile. Le Rolex Grand Slam of Show Jumping permet de découvrir de nouveaux talents et nouvelles stars du saut d’obstacles.  

 

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut se lancer dans le secteur des événements sportifs ? 

 

Cela dépend, mais notre équipe à Aix-la-Chapelle est un bon mélange entre les passionnés d’équitation et les spécialistes en marketing et communication. Il faut avant tout décider dans quelle direction aller avant de se lancer dans le secteur. Voulez-vous travailler dans le côté sportif ou marketing ? En effet, il serait trop difficile de se focaliser sur les deux domaines à la fois. Il faut donc décider en début de carrière quel aspect est plus important à vos yeux. Si je devais donner un conseil, ce serait de décider ce qu’on veut faire et d’être soi-même. Le reste coulera tout seul.  

 

Pour vous et l’équipe du CHIO d’Aix-la-Chapelle, quels sont les éléments primordiaux d’un événement ou d’une épreuve réussi(e) ?  

 

En premier lieu, les cavaliers et les chevaux. En deuxième lieu, l’infrastructure, qui doit être impeccable pour permettre aux meilleurs couples cavalier-cheval du monde de produire une performance optimale. Ensuite, l’atmosphère : il faut s’assurer que les spectateurs aient tout ce dont ils ont besoin et que les installations soient de qualité. Pour accueillir un sport au niveau professionnel, l’infrastructure se doit d’être professionnelle. Pour cela, il faut avant tout une présentation multimédia impeccable, mais aussi un cadre de qualité et une foule importante. Enfin, il faut proposer au public des attractions en dehors des épreuves sportives, comme des boutiques et des lieux de restauration.  

 

Les légendes du tennis telles que Nadal, Federer ou Djokovic, gagnent des titres de Majeurs de tennis à répétition. Pour vous, est-ce important de voir les meilleurs cavaliers mondiaux concourir à Aix-la-Chapelle ? 

 

Évidemment, il est très important de voir participer les meilleurs chevaux et cavaliers, mais il faut aussi savoir que les meilleurs athlètes sont parfois blessés. Aix-la-Chapelle a la chance de voir concourir des couples de renom dans les cinq disciplines.  

 

Ceci dit, le saut d’obstacles est différent des autres sports comme le tennis ou la Formule 1, où certains participants règnent en maîtres pendant plusieurs années, avant d’être remplacés par la génération suivante. Aux plus hauts rangs de l’équitation, on trouve des cavaliers d’une soixantaine d’années. Nos compétiteurs passent plus d’années à concourir, et on a donc une liste de participants de renom plus longue que dans d’autres sports.  

 

Aix-la-Chapelle est parfois appelée le Wimbledon du monde équestre. Comment continuez-vous à innover et à vous adapter pour entretenir cette renommée ? 

 

C’est un vrai privilège de travailler pour le CHIO d’Aix-la-Chapelle. Nous sommes fiers de poursuivre le travail entamé par nos prédécesseurs et de faire partie de l’histoire de cet événement historique. Le club a été fondé il y a 125 ans, et nous fêterons l’an prochain le centenaire des épreuves de saut d’obstacles.  

 

Nous sommes chargés de développer l’événement, et nous cherchons toujours à améliorer ou à innover. Par exemple, lors des Championnats du monde de la FEI de 2006, nous avons installé des mâts d’éclairage. En effet, quatre jours sur six proposent actuellement des épreuves nocturnes, qui sont davantage regardées à la télévision que les épreuves de l’après-midi. Nous avons également élargi notre infrastructure, augmenté le nombre d’installation, fait croître le nombre de spectateurs, etc.  

 

Nous avons beaucoup investi par le passé et nous avons de nombreuses idées en tête pour le futur. Nous avons lancé le Aachen CAMPUS pendant la crise sanitaire du Covid-19, pour enseigner et former les personnes du secteur équestre ou qui souhaite y travailler par le biais de cours et de plus de cent journées de formation dans l’année.  

 

Nous aimerions à l’avenir inclure des épreuves de para-équestre et autres à Aix-la-Chapelle. Nous avons de nombreuses idées que nous espérons concrétiser pour passer encore au niveau suivant. Nous devons continuer de faire en sorte qu’Aix-la-Chapelle reste au top, c’est une grande responsabilité. Heureusement, le concours bénéficie de conseillers et d’un personnel technique très ouverts d’esprit.  

 

Les organisateurs du CHI d’Aix-la-Chapelle et vous-même vous inspirez-vous de grandes compétitions d’autres sports, comme le tennis ou le golf ? 

 

Personnellement, je pense que tout événement sportif, quelle que soit sa taille et quel que soit le sport, peut nous apprendre quelque chose. Ce serait très arrogant de penser tout savoir sur le fonctionnement d’un événement. J’assiste régulièrement à des manifestations de taille modeste où je me dis, « Tiens quelle bonne idée ! ». Je ne copie pas directement ces idées, mais elles viennent en rejoindre d’autres dans mon esprit pour développer un concept que nous pouvons mettre en œuvre à Aix-la-Chapelle. J’aime beaucoup assister à d’autres manifestations sportives, comme celles du Grand Chelem de tennis ou les grands tournois de golf, mais aussi à des concours équestres plus modestes. On n’arrête jamais d’apprendre ! 

 

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