McLain Ward et HH Azur remportent la Tourmaline Oil Cup
Pas moins de 49 couples cavalier-cheval, dont quatre des dix meilleurs cavaliers au monde, se sont affrontés dans l'épreuve phare de la deuxième journée des Masters CSIO5* de Spruce Meadows, la Tourmaline Oil Cup de 1,60 m. Le chef de piste vénézuélien Leopoldo Palacios semble avoir mis en place une tâche difficile, car plusieurs des meilleurs cavaliers du monde n’ont pas pu négocier le parcours de 12 obstacles sans faute et passer au barrage. Cependant, à la grande joie du public du site international, une petite série de partenariats a renversé la tendance vers la fin de l'épreuve, donnant lieu à un barrage de six chevaux, réduit ensuite à quatre après que l'israélien Daniel Bluman et Ladriano Z, et le troisième du Rolex Grand Prix au CHIO d'Aix-la-Chapelle, Nicola Philippaerts et Katanga v/h Dingeshof, aient décidé de ne pas participer.
Les quatre duos en lice pour la confrontation finale comprenaient l'américain McLain Ward et HH Azur, le champion du Rolex Grand Slam de saut d'obstacles et Témoignage Rolex, Scott Brash et Hello Jefferson, un autre Témoignage Rolex, l'allemand Daniel Deusser et son étalon de 11 ans, Bingo Ste Hermelle, et Harrie Smolders et son étalon superstar Darry Lou, qui connaît cette arène mieux que quiconque, puisqu'il a triomphé ici dans le CP 'International', présenté par Rolex en 2019 avec son ancienne partenaire Beezie Madden.
Un barrage de huit efforts attendait les quatre paires, Scott Brash étant le premier à partir, avec un double sans faute en 45,92 secondes. Il était suivi par McLain Ward, qui a fait le tour du parcours sans faute, battant le temps de Scott Brash de plus de 5 secondes. Il ne restait plus que Daniel Deusser et Harrie Smolders, qui ont tous deux réussi un sans faute, mais aucun d'entre eux n'a été capable d'améliorer l'avance inattaquable de l'américain. L'allemand a pris la deuxième place et le néerlandais la troisième.
Ravi de sa victoire et de sa jument de 16 ans, McLain Ward a commenté : « Les chevaux comprennent l'importance et l'énergie d’une manière différente de la notre. Je pense que ces grands champions sentent l'atmosphère et veulent bien faire, nous faire plaisir et se montrer à la hauteur. Elle s'est approchée de la barrière aujourd'hui et elle a levé la tête, ses yeux étaient dirigés vers l'arène, ses oreilles étaient dressées, ce cheval me poussait à y aller et faire le job. D'une certaine manière, elle le comprenait, c'est sûr. »
En ce qui concerne le CP 'International', presenté par Rolex de dimanche, et la façon dont il va se préparer, McLain Ward a déclaré : « J'ai suffisamment d'expérience maintenant. J'essaie juste de me concentrer sur mon parcours, d’avoir confiance en notre préparation et de croire en mon cheval. Il faut aussi un peu de chance. »
Interview cavalier:
Matthew Sampson
Vous avez connu de magnifiques succès à Spruce Meadows, qu’est-ce qui rend la compétition si spéciale ici ?
Je suis venu ici pour la première fois l’année dernière et de nouveau cette année pour les Summer Series, qui ont été fantastiques. J’ai eu la chance de gagner deux Grands Prix 5* avec deux chevaux différents. Les chevaux donnent le meilleur d’eux mêmes ici et les installations sont les meilleures qui existent, je suis donc très reconnaissant de pouvoir monter dans cette compétition.
Quels chevaux montez-vous cette semaine aux Spruce Meadows ‘Masters’ ?
Pour le 5*, j’ai deux chevaux, dont Ebolensky, qui a gagné le 5* ici la semaine dernière, et puis j’ai Fabrice DN qui va concourir dans le Grand Prix [CP International, présenté par Rolex], donc voilà, c’est ce qui est prévu. Ce sont deux excellents chevaux, très différents. L’un des deux appartient au mexicain Luis Alejandro Plascencia, et l’autre m’appartient ainsi qu’à la famille anglaise, Evison. Tous les deux sont très bons et je suis sûr que nous allons passer une bonne semaine.
Avec Fabrice DN, vous avez gagné le Grand Prix 5* RBC du Canada en juin et vous avez rendu hommage à votre équipe. Parlez-nous de l’importance de votre équipe dans vos succès...
Je ne pourrais rien faire sans eux, Kate, Brad, mon amie Kara et tous les autres, chez nous. Et avec tous ces gens, je ne peux pas oublier mes propriétaires, et mes parents qui m’ont permis d’arriver jusqu’ici. Bien souvent on n’en parle pas assez mais il y a une grande équipe derrière moi qui s’occupe des chevaux pour qu’ils soient dans la meilleure forme possible pour la journée.
Avez-vous de jeunes chevaux qui ont selon vous le potentiel pour devenir des gagnants de Grands Prix 5* ?
J’ai un cheval qui s’appelle King Lepatino, qui a déjà sauté ici et qui appartient à Cumberland Acres, une écurie américaine. Il a 7 ans et il a fait ses débuts internationaux ici sur l’International Ring avec un joli sans-faute, ce qui me donne de grands espoirs pour lui.
Qui est votre plus grande source d’inspiration ?
Tout d’abord mes parents, qui m’ont toujours encouragé et qui ont toujours eu confiance en moi. En ce qui concerne les cavaliers, je dirais John et Michael Whitaker, parce que j’ai grandi en les admirant. Mon ami Scott Brash, qui a bien-sûr connu un succès fantastique ici. Nous avons beaucoup travaillé ensemble quand nous étions plus jeunes et il est toujours là pour me conseiller. Il y en a beaucoup d’autres, comme Duncan Ingles pour qui j’ai travaillé étant plus jeune et qui m’a beaucoup aidé.
Qu’est-ce que vous aimez faire en dehors des concours hippiques, qu’est-ce qui vous passionne ?
N’importe quel type de compétition. La plupart du temps, nous n’avons pas beaucoup d’occasions de faire autre chose, donc juste profiter de ma famille, c’est la chose la plus importante quand je ne suis pas en compétition.
Quel est votre plus grand moment de fierté professionnelle jusqu’ici ?
Je pense que c’est quand j’ai gagné mon premier Grand Prix 5* ici à Spruce Meadows, c’était pour moi l’ambition de toute une vie, c’est ce que tout cavalier souhaite accomplir, c’était donc vraiment spécial.
Selon vous, le Rolex Grand Slam est-il une bonne chose pour le saut d’obstacles ?
C’est tout simplement incroyable. Ce sont les meilleurs événements de notre discipline. Il y a tellement de Grands Prix, mais ceux-là sont sans aucun doute les meilleurs. Pouvoir concourir dans ces lieux exceptionnels pour ces Grands Prix, c’est vraiment fantastique pour notre sport, donc merci à Rolex pour ça.
Reconnaissance de parcours avec:
Leopoldo Palacios
À quoi ressemble une journée typique pour vous aux Spruce Meadows ‘Masters’ ?
En général je me lève à 6 h, et j’arrive sur le terrain à 7 h. Je vais finir la journée assez tard ce soir, vers minuit, car je dois attendre la fin de l’épreuve ATCO Six Barres pour aller ensuite installer le parcours de demain matin. Je viendrai ensuite demain matin de bonne heure pour mettre la touche finale au parcours, ce qui fait partie de mon travail.
En dehors de la création de parcours, quelles sont vos passions ?
Les chevaux sont ma grande passion. J’adore les chevaux. J’aime aussi la pêche au marlin et au thon en haute mer, une passion que je partageais avec mon père. Mais juste pour les pêcher, pas pour nager avec eux ! Ma famille possédait un bateau de pêche spécial que mon père utilisait pour les compétitions au Venezuela. Vers la fin de sa vie, après avoir arrêté l’agriculture, mon père allait à la pêche et je l’accompagnais, c’est ainsi qu’est né mon amour de la pêche. Mon pays d’origine, le Venezuela, est un vrai paradis de la pêche au marlin, et les Caraïbes également. Cet aspect de ma vie se déroule en parallèle de ma carrière de chef de piste.
Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui voudrait devenir chef de piste professionnel ?
Le premier conseil que je donnerais serait que vous devez adorer les chevaux. Je leur dirais aussi que vous devez être animé par la passion et non par l’argent, ce n’est pas un métier qu’on fait pour l’argent. Vous pouvez en vivre, bien-sûr, et je vis bien, mais ce métier est fondé sur l’amour des chevaux et sur la passion du sport équestre. Pour l’aspect technique, je recommanderais à un jeune chef de piste d’apprendre la géométrie et d’avoir des compétences en dessin, de façon à être bien conscient de l’échelle et pour élaborer des plans de qualité. Il est aussi essentiel de bien comprendre les chevaux et de les connaître, et plus particulièrement d’être capable de lire leurs expressions pour savoir s’ils sont heureux ou tristes. Quelqu’un qui veut devenir chef de piste doit donc avoir un bon équilibre entre les compétences techniques et le ressenti. Enfin, vous devez créer les meilleurs parcours possibles, de façon à faire concourir les cavaliers les uns contre les autres et non contre vous et votre parcours.
Quel est le souvenir le plus marquant de votre carrière de chef de piste ?
C’est une question très difficile, mais un jour j’ai vraiment été heureux et mon cœur a battu la chamade, quand Scott Brash a gagné le Rolex Grand Slam of Show Jumping ici même. Ce jour-là, le stade était plein et le silence était total sur l’International Ring, on n’entendait que Hello Sanctos. À mon avis, ce que fait Rolex pour ce sport est fantastique. Un autre moment très émouvant pour moi a été les Jeux Olympiques de Sydney en 2000. Jamais dans l’histoire des Jeux Olympiques le barrage individuel n’a eu que trois chevaux qualifiés pour déterminer les trois médailles. C’était un rêve pour moi, quelque chose que j’avais toujours voulu. Et c’est arrivé. Sur le moment j’ai perdu la tête et j’ai commencé à sauter dans tous les sens. Et ça n’est pas arrivé avec des doubles sans-fautes, c’est arrivé avec des fautes dans les deux passages.
En tant que chef de piste principal, où et quand avez-vous créé votre premier parcours ?
J’ai conçu mon premier parcours en tant que chef de piste principal au Venezuela en 1976. Ensuite, j’ai conçu mon premier parcours international pour la North and South American League en 1977.
Qui est votre plus grande source d’inspiration ?
Mes principales sources d’inspiration ont été Arno Gego et Pamela Carruthers, qui ont tous deux été mes mentors. J’ai travaillé avec eux pendant de très nombreuses années. Pendant trois ans, j’ai été l’assistant de Arno Gego et j’ai énormément appris avec lui, il est devenu comme un second père pour moi après ça.
Et maintenant parlez-nous du parcours que vous avez conçu pour l’épreuve du CP International, présenté par Rolex qui aura lieu dimanche, et de qui selon vous remportera la compétition...
Je n’ai jamais aimé construire des parcours qui manquent d’équilibre, je veillerai donc pour dimanche à inclure une longue distance, une distance courte et une distance moyenne. De cette manière, le parcours conviendra à tous les chevaux et à tous les cavaliers.
Cette année je pense que nous avons une superbe palette de chevaux et le niveau est très élevé, les meilleurs des meilleurs. D’habitude, quand je regarde la liste des concurrents pour le CP International, présenté par Rolex et que je vois comment les chevaux ont sauté pendant la semaine, je peux voir entre 15 et 20 chevaux capables de l’emporter. Mais cette année, je pense que nous avons près de 30 couples qui ont une bonne chance de gagner. Je crois que les cavaliers ont commencé à comprendre la signification du Rolex Grand Slam et qu’ils réservent leurs chevaux pour qu’ils soient prêts pour cette formidable opportunité.