50 Le gazon du CHIO d’Aix-la-Chapelle une richese C omme de fins flocons de neige fraîche, la terre s’engraine à travers ses doigts et tombe sur le sol. Brun sur vert. Un vert pur. Ses yeux sont rivés sur la paume de sa main où reposent de petits tas de terre. Son pouce dégage soigneusement les racines du gazon pour l’examiner de plus près. « Pour la compétition, le sol doit être parfait à 100% », explique Frank Kemperman qui n’est prêt à aucun compromis à ce sujet. C’est d’ailleurs pour cette raison que le directeur du Concours d’Aix-la- Chapelle vérifie lui-même régulièrement la qualité du gazon dans le stade principal. Frappe, élasticité et résistance : de nombreux facteurs font la qualité d’un terrain de saut d’obstacles. Frank Kemperman est attentif à chacun d’entre eux. Un véritable défi journalier qui se renouvelle chaque année. « La piste en herbe existe depuis 1925 à Aix-la- Chapelle et elle se doit de perdurer. Au fil des ans, de nombreux organisateurs ont choisi de se mettre au sable car plus facile d’entretien », confie le Néerlandais tandis qu’un tracteur entre dans le stade derrière lui. « Nous voulons respecter la tradition. Aix-la-Chapelle doit rester vert, pour nous c’est primordial ! » Une grande équipe a été constituée. Le responsable de la piste du CHIO d’Aix-la-Chapelle possède une expérience longue de 40 ans. Même s’il se trouve à l’autre bout du monde, il peut piloter le système d’arrosage avec son téléphone portable si la météo change brusquement sur le complexe de la Soers. Une entreprise néerlandaise renommée et spécialisée dans les sols équestres fait également partie de cette équipe. Elle analyse le terrain à la recherche perpétuelle de nouvelles méthodes permettant d’optimiser la composition précise du sol ou encore le placement idéal des obstacles. En ce moment, elle teste un gazon spécial qu’elle a planté sur la place d’entraînement. Peut-être est-ce là l’avenir du CHIO d’Aix-la-Chapelle. Aujourd’hui, l’attention est portée sur le terrain actuel et il faut s’intéresser à ce qui se trouve sous la surface, car c’est là que se cache le véritable chef d’oeuvre du stade d’Aix-la-Chapelle. Couche après couche. La parfaite combinaison du gazon, de la lave en plusieurs textures, du gravier, du sable pour le drainage et du mélange spécifique « Geomix » de la société spécialisée dans les sols équestres fait la qualité du sol, assure son étanchéité, sa stabilité et en même temps évite qu’il ne soit trop dur. Il s’agit de la base. L’entretien est quant à lui redéfini quotidiennement pour chaque Grand Prix Rolex, année après année. S’enraciner Dès la fin du Concours, les organisateurs d’Aix-la-Chapelle préparent le terrain pour l’année suivante : arroser, boucher les trous, semer pour que le gazon pousse à nouveau rapidement. La longueur idéale des racines au CHIO d’Aix-la-Chapelle se situe entre dix et douze centimètres assurant ainsi un terrain stable et permettant d’éviter les glissades dans les virages en cas de pluie. Après avoir semé, il faut tondre, parfois jusqu’à décembre, avant « l’hibernation » jusqu’à mi-mars, lorsque le printemps pointe le bout de son nez. A cette période là, il faut recommencer et un collaborateur faisant partie de l’équipe de spécialistes s’occupe chaque jour du bien-être de la piste en herbe jusqu’au Grand Prix Rolex. C’est le cas maintenant. Les tracteurs s’affairent sur le terrain du stade principal. Derrière eux, ils tirent une herse aux dents acérées comme des sabres qui creusent des sillons dans la pelouse. Tel un prédateur avec un pouls de 120 battements par minute. Si la méthode peut paraître brutale, elle est pourtant essentielle pour l’entretien du sol comme l’explique Frank Kemperman : « Ces sillons ne le rendent pas seulement plus élastique, ils permettent aussi à l’oxygène et à l’eau d’atteindre plus facilement les racines. Celles-ci en ont besoin pour se renforcer et grandir ». Ce travail dure dix heures et doit être réitéré toutes les six semaines. A côté de cela, la tonte qui prend trois heures apparaît comme un jeu d’enfant. En fonction de la météo, il faut parfois tondre plusieurs fois par semaine afin de conserver la longueur optimale des brins d’herbe qui est de quatre centimètres. Semer, herser, tondre, fertiliser, arroser, nettoyer : les experts se soucient constamment des besoins du gazon aachen: THE TURF / DER RASEN / LE GAZON Rolex grand slam magazine
Rolex Grand Slam magazine Number 3
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