Ben Maher remporte la 20e Finale du Top 10 Rolex IJRC
Dix des meilleurs athlètes de saut d’obstacles au monde se sont affrontés dans cette épreuve de niveau mondial en ce deuxième jour du CHI de Genève 2021. Chaque couple a lutté pour être couronné champion de la finale du Top 10 Rolex IJRC lors de la 20e édition de cet événement épique. Disputé en deux manches, le parcours conçu par Gérard Lachat et Louis Konickx était l’épreuve ultime d’équitation, nécessitant un équilibre idéal entre la vitesse, la précision et l’harmonie entre le cheval et son cavalier.
Premiers à passer, le français Kevin Staut et sa jument de 14 ans, Tolede de Mescam Harcour, ont eu la malchance de faire tomber un obstacle. Ensuite, le numéro huit mondial actuel, Jérôme Guery et son étalon, Quel Homme de Hus, a franchi la ligne d’arrivée avec un parcours sans-faute, pour la plus grande joie du Belge. Le Britannique Ben Maher et son hongre exceptionnel Explosion W ont suivi l’exemple de Guery en effectuant un parcours sans-faute lors de l’épreuve de 12 obstacles. Puis s’ensuivit une série de cinq cavaliers, Henrik von Eckermann et les Témoignages Rolex Steve Guerdat, Scott Brash, Kent Farrington et Martin Fuchs, qui n’ont pas réussi à effectuer un parcours sans-faute. Les deux derniers cavaliers sur les dix de départ, l’Allemand Daniel Deusser et le Suédois Peder Fredricson, ont démontré leur talent en effectuant avec aisance un parcours sans-faute.
Une seconde manche légèrement plus courte, constituée de neuf obstacles, attendait les concurrents le soir. Tandis que la pause laissait le temps aux volontaires de modifier le parcours, les spectateurs de l’arène de Genève ont pu écouter le discours du légendaire cavalier canadien Eric Lamaze, à propos de la retraite de sa jument de 18 ans, Fine Lady 5. Lamaze et Fine Lady ont gagné la finale du Top 10 IJRC Rolex en 2016, c’était donc l’endroit idéal pour ses adieux.
Le favori du public Martin Fuchs, premier à passer la seconde épreuve, fit une nouvelle faute, tandis que son compatriote Steve Guerdat et son partenaire Victorio Des Frotards ont également été incapables d’effectuer un parcours sans-faute. Scott Brash, seul vainqueur du Rolex Grand Slam of Show Jumping, a rattrapé la pénalité de la première épreuve et le temps en effectuant un parcours sans-faute, mais a toutefois cumulé un total de cinq pénalités. Champion de la finale du Top 10 IJRC Rolex de 2017, Kevin Staut et son incroyable hongre à robe grise ont reçu un tonnerre d’applaudissements de la foule ravie lors de leur parcours sans-faute. Peder Fredricson, actuel numéro un mondial, n’a pas eu autant de chance en effectuant une seconde faute, qui l’a fait terminé avec huit pénalités. Un parcours incroyable et plein d’assurance de Henrik von Eckermann et King Edward a suffi pour qu’ils prennent la tête du classement. La monture de Deusser, Killer Queen VDM, a refusé de sauter le deuxième obstacle, ce qui les a éliminés de la compétition. Le champion olympique en titre en individuel, Ben Maher et Explosion W, ont effectué un parcours sans-faute, battant von Eckermann avec presque deux secondes de moins. Tous les regards étaient donc rivés sur Jérôme Guery, dans l’attente d’un revirement de situation de dernière minute. Toutefois, la chute d’un obstacle et un temps plus lent le positionnèrent troisième, faisant de Maher le champion de la finale du Top 10 IJRC Rolex de 2021, concluant ainsi une année absolument mémorable.
Concernant le rôle qu’a joué son équipe dans sa victoire, Maher a répondu : « Mon équipe joue un grand rôle. Mes propriétaires sont là pour me regarder ce soir, et sans eux, je n’aurais pas pu monter Explosion W ces dernières années. Cormac, mon groom, m’accompagne depuis qu’il a 16 ans. On a donc grandi ensemble, et c’est très spécial pour moi de le voir vivre de grands moments comme celui-ci, car ce n’aurait pas pu être possible sans lui. »
Interview cavalier avec:
Peder Fredricson
Vous avez eu une année exceptionnelle malgré le COVID-19. Qu’avez-vous prévu de faire en 2022 ?
Je n’ai pas encore terminé 2021. Je profite encore de mes réussites de cette année, et je n’ai pas encore établi de nouveaux objectifs pour l’année prochaine.
Si vous pouviez revivre un moment de votre carrière, quel serait-il ?
Ce serait la médaille d’or en équipe aux Jeux olympiques de Tokyo. C’était incroyable de gagner avec mon équipe, et c’est un souvenir que je chérirai toute ma vie.
Pour vous, qu’est-ce qu’une bonne équipe ?
Je pense qu’on ne peut jamais réussir si on est seul. Il faut s’entourer d’une bonne équipe, qui souhaite atteindre vos objectifs autant que vous. C’est la seule manière de concrétiser de grandes ambitions.
Quels autres sports aimez-vous regarder ?
J’ai un fils de 14 ans qui joue au football. Je n’étais pas très fan de ce sport auparavant, mais désormais, je m’y intéresse davantage.
Qui est votre plus grande source d’inspiration ?
Tous les cavaliers les plus talentueux m’inspirent. On peut apprendre énormément rien qu’en les observant.
Qu’est-ce qui vous donne envie de réussir et de gagner ?
J’aime beaucoup m’améliorer. S’il existe une nouvelle façon de faire les choses mieux, ça m’intéresse de l’apprendre.
Parlez-nous des chevaux que vous avez amenés au CHI de Genève cette semaine.
J’ai amené H&M Christian K et Catch Me Not (Catch Me Not S). Ce sont deux chevaux incroyables et ils se ressemblent beaucoup, d’ailleurs. Ils sont tous deux très positifs et très talentueux.
Avez-vous un jeune cheval qui, d’après vous, pourrait être un futur prétendant au Rolex Grand Prix ?
J’ai un nouveau jeune cheval chez moi qui s’appelle Extra. J’ai beaucoup d’espoir en lui. J’adore le parcours effectué avec un jeune cheval. Il n’y a rien de tel que d’avoir un jeune cheval talentueux dans l’écurie.
Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait jamais donné ?
Ayez des objectifs ambitieux.
Que représente le Rolex Grand Slam of Show Jumping pour vous ?
Je trouve ça fantastique que nous ayons un Grand Slam de saut d’obstacles. C’est toujours très exaltant de regarder ces quatre compétitions, et celles-ci sont très importantes pour la communauté de saut d’obstacles.
Si vous vous retrouviez seul sur une île déserte, quels seraient les trois objets que vous emporteriez avec vous ?
Un cheval, une selle et une bride.
Reconaissance de parcours avec:
Gérard Lachat, Chef de piste au CHI de Genève
Vous devez être ravi de voir le CHI de Genève se dérouler normalement après son annulation à cause du COVID-19 l’an dernier...
Tout à fait ! L’an passé était inhabituel à plusieurs points de vue. Nous n’avons pas vu les chevaux concourir aussi régulièrement que d’habitude, et nous avons pris cela en compte lors de la conception des parcours. Nous sommes enchantés de les voir de nouveau ici à Genève.
Pourquoi le CHI de Genève est-il aussi spécial ?
Pour moi, sa particularité réside dans le fait que c’est l’un des plus grands concours en intérieur au monde. Et nous sommes terriblement fiers et heureux qu’il ait lieu ici, en Suisse. C’est un événement très bien organisé. Et il a pour avantage que les chevaux puissent arriver directement par avion et les spectateurs à pied depuis la ville. Beaucoup des membres du personnel employé ici sont des experts dans leur domaine. C’est un vrai plaisir de travailler avec eux. C’est vraiment l’une des grandes dates du calendrier équestre.
Pouvez-vous nous expliquer un peu ce que vous nous réservez pour le Rolex Grand Prix (quatrième Majeur du Rolex Grand Slam) de dimanche ?
Comme toujours, le Grand Prix comprendra quelques défis pour les chevaux et cavaliers, qui sont après tout les meilleurs au monde. Le CHI de Genève et The Dutch Masters suivent le même format, tandis que Spruce Meadows et Aix-la-Chapelle reposent sur un autre système. Dans ces deux derniers, les chevaux et cavaliers doivent effectuer deux parcours, en extérieur, comprenant beaucoup plus d’obstacles. Ici, il n’y a qu’une seule manche. Nous mettons donc sur pied un parcours plus long que la normale, qui comprend 14 obstacles pour 17 ou 18 efforts. Nous devons prendre en compte de nombreux facteurs, tout en nous évertuant à proposer un parcours agréable pour nos couples cheval-cavalier. Il se doit d’être suffisamment technique, et les obstacles doivent être d’une hauteur conséquente, dans ce cas juste supérieure à 1,60 m. Nous n’élargirons pas les oxers cette année, et dans l’ensemble nous avons essayé de faire preuve d’une certaine modération. L’idée, c’est que le parcours soit relativement semblable à celui de 2019, qui était plutôt classique. Les chevaux devront faire un petit effort supplémentaire cette année, car les obstacles favorisent une certaine rapidité, mais dans l’ensemble, le style sera semblable à ce qu’on a déjà vu. Ce n’est pas le moment de réinventer la roue, mais de rester classique.
Combien de sans-faute pensez-vous voir ?
C’est toujours une question délicate. À mes yeux, le nombre de couples idéal au barrage, tant pour le public que pour les concurrents et les sponsors, est de huit environ. Sur ce parcours, et étant donné le niveau des cavaliers, tout le monde pourrait avoir sa chance. On verra bien !
Avez-vous un favori pour le Grand Prix Rolex ?
Avec 40 cavaliers parmi les meilleurs du monde, qui ont tous une chance de gagner, ça va être difficile pour moi de choisir. Il y a bien évidemment certains facteurs à prendre en compte, comme la relation entre le cheval et le cavalier, et puis le hasard est parfois capricieux. Tout ce que l’on peut espérer, c’est que le cavalier qui sera le plus en forme ce jour-là l’emporte.
Beaucoup de scénarios seront possibles au Grand Prix Rolex ce dimanche, et j’aurais du mal à parier sur un vainqueur parmi tous les chevaux et cavaliers de talent qui y participeront. C’est la même chose chaque année, le suspens est total.
Pouvez-vous nous raconter ce qui vous a poussé vers la carrière de chef de piste ?
J’ai commencé comme cavalier, puis mon patron m’a très vite dit que je devrais devenir chef de piste, car cela m’aiderait à progresser. J’ai conçu mon premier parcours, et hop ! Je suis immédiatement devenu accro. À l’âge de 18 ans, j’ai imaginé mon premier parcours aux championnats nationaux. Ensuite, j’ai eu l’opportunité de venir à Palexpo avec mon patron, Hermann von Siebenthal, qui était le chef de piste principal et qui m’a aidé à concevoir mon premier parcours ici-même. Par la suite, j’ai eu la chance de travailler avec les meilleurs chefs de piste au monde, comme Leopoldo Palacios ou Rolf Lüdi qui a été mon mentor et m’a laissé l’assister aux Championnats du monde. Il a joué un rôle crucial dans ma carrière. C’est grâce à lui que je suis ici aujourd’hui. Je dois aussi mentionner les organisateurs, qui ont cru en moi. Je leur en suis très reconnaissant. La quatrième année, j’ai travaillé avec Louis Konickx, un très bon ami à moi, qui est également un excellent chef de piste et qui a beaucoup plus d’années d’expérience que moi. Il est présent cette année, et ne manque jamais de me donner des conseils et encouragements, ce qui m’aide beaucoup, surtout quand je suis sous pression. Au fil des ans, j’ai appris à apprécier de plus en plus le soutien d’autrui.
Qu’aimez-vous le plus dans votre métier ?
Tout d’abord, le côté créatif, que j’aime beaucoup. C’est un vrai plaisir de voir ses idées prendre forme. J’aime aussi réfléchir aux difficultés d’un parcours et de trouver le bon équilibre. Évidemment, j’adore regarder les chevaux concourir. Pour faire ce métier, il faut absolument savoir travailler en équipe, sans qui rien ne serait possible. Sans mes assistants, les chefs d’équipes, les responsables des aménagements paysagers, et bien d’autres, je ne pourrais rien faire. C’est le contact avec les autres, collègues et cavaliers, qui est agréable. Nous sommes en contact permanent avec les cavaliers, qui nous offrent leurs retours. Ils ne savent pas toujours nous décrire exactement ce qui cloche sur un parcours, mais leurs retours nous permettent d’éviter de répéter la même erreur. Ce type de relation se met progressivement en place avec d’autres passionnés des chevaux, c’est l’un des avantages de ce métier.
Si vous n’étiez pas chef de piste, quel métier feriez-vous ?
Je travaillerais dans tous les cas avec les chevaux, car c’est ma première passion. Je monterais sûrement davantage, dans des compétitions nationales. Je travaillerais probablement avec de jeunes chevaux, j’ai toujours rêvé d’en entraîner. Mon épouse et moi-même gérons une activité de chez nous, où résident une centaine de chevaux. C’est grâce à mon épouse que je suis en mesure de faire ce métier, car elle s’occupe de tout pendant les deux ou trois mois de l’année où je suis absent. J’ai toujours été passionné d’équitation, donc si je n’étais pas chef de piste, je passerais tout mon temps avec mes jeunes chevaux.
Que pensez-vous du Rolex Grand Slam ?
Le fait de devoir gagner plusieurs Majeurs du Grand Slam est une idée fantastique, qui motive énormément les cavaliers. Le Rolex Grand Slam réunit tous les meilleurs cavaliers mondiaux, car il propose les meilleurs lieux et les meilleurs parcours de la planète.