Rolex Grand Slam of Show Jumping

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Dans les coulisses du CHIO d'Aix-la-Chapelle: mercredi 15 septembre

Max Kühner and Elektric Blue P (Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof) Max Kühner and Elektric Blue P (Photo: Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof)

Max Kühner et Elektric Blue P remportent le Grand Prix Turkish Airlines von Europa

Une fois la cérémonie d’ouverture du mardi soir terminée, le CHIO d’Aix-la-Chapelle 2021 a pu commencer, avec en préliminaire au Rolex Grand Prix de dimanche l’épreuve du Turkish Airlines-Prize of Europe. Ce parcours en deux manches et 14 obstacles imaginé par Frank Rothenberger a eu lieu dans l’enceinte du Hauptstadion, l’emblématique stade de 40 000 places. Sur la ligne de départ : 48 couples cheval-cavalier représentant 16 pays différents.

Philipp Schulze Topphoff et sa jument Concordess NRW donnent vite le ton dans la première manche avec un sans-faute en 84,86 secondes. Mais le chrono de l’Allemand ne tiendra pas face aux attaques de l’Irlandais Darragh Kenny aux rênes de VDL Cartello et du Belge Pieter Devos, accompagné de Mom's Isaura, qui finissent le parcours de 17 obstacles sans pénalité en 84,37 et 84,77 secondes respectivement.

Le quart des participants ayant bouclé la première manche se qualifiant pour la deuxième, neuf autres couples d’exception les y rejoindront : l’Allemand Daniel Deusser (Bingo Ste Hermelle), actuel numéro un mondial, Jérôme Guery (Eras Ste Hermelle) et Gregory Wathelet (Full House Ter Linden Z), médaillés de bronze par équipes aux Jeux de Tokyo 2020, les Néerlandais Bart Bles (Gin D) et Marc Houtzager (Sterrehof's Dante N.O.P.), la Portugaise Luciana Diniz (Vertigo du Desert), le Mexicain Patricio Pasquel (Babel), l’Israélien Daniel Bluman (Gemma W) et l’Autrichien Max Kühner (Elektric Blue P).

Déjà vainqueur du Rolex Grand Prix au Dutch Masters en avril, Max Kühner est le premier à s’élancer sur la piste, et boucle le second parcours (plus court que le premier avec ses neuf obstacles) sans aucune pénalité et en un temps record de 56,36 secondes. L’un après l’autre, les compétiteurs essayent alors de battre son chrono, en vain. Daniel Deusser en semble un instant capable, mais fait tomber une barre à l’avant-dernier obstacle, tandis que Grégory Wathelet est pris en défaut au dernier. Pour finir, Jérôme Guéry terminera moins d’une demi-seconde après l’Autrichien, et Luciana Diniz passera encore plus près du but avec seulement 0,19 seconde de retard. Et c’est avec la chute de trois barres lors du passage de l’Irlandais Darragh Kenny, pourtant en forme récemment, que Kühner remporte la victoire. Une préparation parfaite, semblerait-il, pour le Rolex Grand Prix de dimanche.

Interrogé sur sa stratégie pour aborder le Majeur avec Elektric Blue P, son hongre de 10 ans, Kühner explique : « Demain, je vais le laisser se reposer, je le monterai sur le plat un petit moment. Je verrai au feeling, c’est lui qui me dira comment procéder. Soit je continue de travailler avec lui jusqu’à dimanche sans compétition, soit je lui fais faire une autre petite épreuve, pour maintenir la cadence. Comme les obstacles seront très imposants dimanche, et que c’est un cheval très respectueux, si je ne le fais pas sauter d’ici là, ça risque de l’impressionner. Je pense que je vais l’inscrire à une autre épreuve plus modeste pour ne pas qu’il perde le rythme. »

Ludovic Escure (Photo: Rolex Grand Slam / Peggy Schröder) Ludovic Escure (Photo: Rolex Grand Slam / Peggy Schröder)

Confidences de groom avec:

Ludovic Escure, groom de Kevin Staut

 

Parlez-nous des chevaux qui sont ici avec vous au CHIO d’Aix-la-Chapelle...

On a d’abord Emir De Moens Harcour, qui à sept ans n’a pas encore de très gros moyens et a parfois du mal à rester concentré, mais qui je pense pourrait être un crack à l’avenir. Il y aussi Tolede De Mescam Harcour, une jument qui va sûrement participer à l’épreuve de ce soir [le Turkish Airlines-Prix d’Europe] et au Rolex Grand Prix de dimanche. Elle a un tempérament calme, elle préfère être toute seule dans le pré chez nous. Elle peut être inégale, gagner un jour et faire trois fautes la semaine d’après, sans raison particulière.

Ensuite, on a Visconti Du Telman, une jument de 12 ans qui est trop mignonne. On se demande parfois avec elle si les chevaux peuvent avoir des mêmes troubles du développement comme l’autisme : elle est un peu dans la lune, dans son monde. Cela fait deux ans que Kevin la monte, et les débuts n’ont pas été faciles. À une époque, on n’avait pas assez de chevaux, car Viking [Scuderia 1918 Viking D'la Rousserie] était boiteuse. Visconti est donc devenue notre cheval principal, et a fait pas mal de Coupes des Nations et de Grands Prix, pour lesquels elle n’était peut-être pas tout à fait prête, avec le recul. Mais elle fait tout ce qu’elle peut pour faire plaisir à son cavalier. Elle a beaucoup appris aux récents Championnats d’Europe, et elle participera à la Coupe des nations Mercedes-Benz à Aix-La-Chapelle.

Enfin, on a une jument, Lubie de l'Elan, qui appartient à des amis proches de Kevin. Kevin l’essaie sur quatre concours pour cerner son potentiel. Il l’a montée à Valkenswaard puis au Stephex Masters de Bruxelles, et enfin à Riesenbeck, où elle a fait un sans-faute dans un Grand Prix 3*. Elle n’est pas particulièrement puissante ou explosive, mais elle fait tout pour ne pas faire de faute à l’obstacle.

Comment est-ce de travailler pour Kevin [Staut] ?

C’est un gars exceptionnel, qui connaît très bien ses chevaux. Il lit constamment des articles et étudie les autres cavaliers pour améliorer ses connaissances et son rapport avec les chevaux. Quand il fait une mauvaise performance, il peut être dur avec lui-même. Il est très exigeant envers lui-même comme envers moi. J’aime beaucoup travailler avec lui, car on fonctionne vraiment en équipe, on essaie sans cesse de trouver comment s’améliorer. Il est très matinal, à tel point que je me demande parfois s’il dort ! C’est le contraire de moi. Tout le monde m’a dit qu’en travaillant pour Kevin, je deviendrai matinal, mais ça fait quatre ans et je ne le suis toujours pas ! Kevin prend soin de moi et m’aide pendant les concours où je dois m’occuper de beaucoup de chevaux, comme cette semaine à Aix-la-Chapelle. C’est mon patron avant tout, mais nous sommes très proches. On comprend tous les deux quand il faut être sérieux, mais on sait aussi se détendre et profiter de la vie.

Qu’est-ce qui fait du CHIO d’Aix-la-Chapelle une compétition à part ?

Je le regarde à la télévision depuis les Championnats du Monde de 2006, auxquels participaient de supers chevaux comme Shutterfly. Même à la télé, on comprend que ce concours est comme nulle part ailleurs : l’atmosphère, le stade, la foule... Si vous demandez aux grooms et aux cavaliers quel concours ils ne veulent absolument pas rater, c’est celui-là. Quand je suis venu pour la première fois, je n’ai pas été déçu. Un vacarme incroyable se faisait entendre. J’ai cru que c’était le stade de foot à côté, et puis j’ai compris que c’était la cérémonie d’inauguration ici-même. Les gradins étaient pleins à craquer tous les jours. C’est un très grand concours en Allemagne, qui attire aussi des gens de tous les coins du monde. Pour un groom comme moi, aller à un événement du Rolex Grand Slam comme Aix-la-Chapelle, c’est un tout autre niveau. Travailler à Genève, Calgary, Aix-la-Chapelle, ou au The Dutch Masters, c’est un rêve devenu réalité.

Qu’est-ce que vous préférez dans votre métier de groom ?

Gagner, évidemment, ça reste la motivation première. Peu importe si c’est une épreuve à 1,40 m ou un Grand Prix 5*, j’adore quand on gagne. Quand Kevin se qualifie pour le barrage, c’est toujours un moment très exaltant. Il y a des jours où les choses ne vont pas comme on veut, et c’est vital d’entretenir une bonne relation avec son patron dans ces cas-là.

Qu’est-ce que vous aimez moins dans votre métier de groom ?

Me lever le matin ! Et faire les écuries, encore que ça ne me dérange pas trop. En général, il faut faire pas mal de sacrifices. La famille et les amis d’école vous manquent, mais on a tellement de copains sur le circuit que ça compense. Il y aussi beaucoup de conduite à faire, mais j’aime assez être tout seul dans le camion à rêvasser.

Michael Mronz (photo: Rolex Grand Slam / Kit Houghton) Michael Mronz (photo: Rolex Grand Slam / Kit Houghton)

Le mot des organisateurs avec:

Michael Mronz, General Manager de Aachener Reitturnier GmbH

Vous avez dû être extrêmement déçu lorsque le CHIO d’Aix-la-Chapelle a été annulé pour cause de coronavirus l’an dernier, puis reporté cette année. J’imagine que vous êtes ravi qu’il ait enfin lieu ?

Tout à fait ! En raison des circonstances actuelles, ce sera une édition pas comme les autres. D’un côté, il a enfin lieu, pour le plus grand plaisir de l’équipe, des spectateurs et des cavaliers d’Aix-la-Chapelle. Mais de l’autre côté, il va falloir composer avec une capacité d’accueil limitée. Nous opérons d’habitude à guichet fermé, alors les spectateurs, les cavaliers, les médias, mais aussi nous les organisateurs n’avons pas l’habitude de voir des sièges vides. Il faut garder à l’esprit que la pandémie n’est pas terminée. Cela étant, nous sommes très heureux de pouvoir ouvrir nos portes cette années.

Pourriez-vous nous parler des difficultés que vous avez dû surmonter pour que le CHIO d’Aix-la-Chapelle puisse cette fois se dérouler sans encombre ?

Les plus grosses difficultés ne sont pas survenues dans les 18 derniers mois, mais plutôt de mars à septembre, bref depuis le moment où nous avons décidé de repousser le concours. Ce report de date a entraîné des complications, qui ont exigé de prendre beaucoup de décisions difficiles et ont eu un impact important sur nos finances. Par exemple, il a fallu décider de lancer l’installation, sans savoir si nous aurions le feu vert pour ouvrir au public. Du côté financier, les risques ont été beaucoup plus élevés en 2021 que l’année d’avant, quand l’annulation était inévitable. Cette fois-ci, nous avons décidé d’avancer en espérant de toutes nos forces que le concours aurait lieu, et de faire une proposition de qualité qui attirerait les meilleurs couples cheval-cavalier. Heureusement, nos vœux ont été exaucés. J’ai plutôt tendance à positiver et à regarder vers l’avenir, je préfère donc désormais aller de l’avant plutôt que de méditer sur les 18 derniers mois.

Quels efforts avez-vous dû faire avec votre équipe pour rendre cet événement possible ?

Je ne sais pas si je parlerais d’efforts, j’ai le privilège de travailler avec une équipe extraordinaire pour un événement mondialement connu. Le club a été fondé en 1898, et le premier concours a eu lieu en 1924. La première manifestation internationale, elle, a été organisée en 1927. En tant que responsables du concours, nous nous devons de respecter cette longue et riche histoire. L’équipe a fait preuve d’un enthousiasme formidable dans le but de préparer une manifestation mémorable, j’ai été très touché.

Le CHIO d’Aix-la-Chapelle est-il fier d’accueillir un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping ?

Avant toute chose, je souhaite féliciter Steve [Guerdat] pour sa victoire à Spruce Meadows, nous sommes ravis qu’il ait décidé de concourir à Aix-la-Chapelle. Le Rolex Grand Slam of Show Jumping est un fantastique concept : c’est la Ligue des Champions du monde équestre ! Scott [Brash] est la seule personne à l’avoir remporté, ce qui montre à quel point c’est difficile, mais c’est ce qui fait de cette victoire un véritable exploit. Si on regarde un autre sport comme le tennis, il suffit de regarder la défaite de Djokovic la semaine dernière dans sa quête pour remporter le Grand Chelem. Ici, chacun des Majeurs a son histoire. Ce n’est pas que la dotation qui est intéressante : c’est le parcours des chevaux et cavaliers, associé aux lieux mythiques dans lesquels ils vont concourir, qui fait la spécificité et l’intérêt du Rolex Grand Slam.

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