Dans les coulisses du CHIO Aachen 2024 : Dimanche 7 Juillet 2024

ANDRÉ THIEME REMPORTE LE ROLEX GRAND PRIX AU CHIO AACHEN

Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof

Deuxième Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping de l’année, le CHIO d’Aix-la-Chapelle s’est terminé par un énième sensationnel Rolex Grand Prix devant une foule de 45 000 spectateurs. L’année 2024 a marqué un certain nombre de fêtes-anniversaires importantes pour ce lieu emblématique du sport équestre, qui a non seulement fêté son centenaire, mais aussi 25 années de sponsoring Rolex.

Après s’être qualifiés pour le Rolex Grand Prix ces derniers jours, ce sont quarante des meilleurs couples cheval-cavalier au monde qui se sont présentés au départ du parcours pensé par Frank Rothenberger cette après-midi. Tous espéraient bien sûr ajouter leur nom à l’illustre liste des cavaliers ayant réussi à décrocher le Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle, « Wimbledon du monde équestre ». Il est intéressant de noter que six des dix derniers vainqueurs en date du Rolex Grand Prix sont allemands, tout comme le quart des cavaliers au départ de ce jour. Le public avait donc bon espoir de voir l’un de ses citoyens gagner.

Avec ses deux manches et son barrage éventuel en cas d’égalité de pénalités, le Rolex Grand Prix met à l’épreuve l’endurance, les moyens et le talent des participants, ainsi que le lien unissant cheval et cavalier.

Troisième sur la piste, l’Argentin José María Larocca montre la voie à ses concurrents avec un sans faute fluide. Devant les siens et pour leur plus grand plaisir, le champion en titre allemand Marcus Ehning laisse lui aussi toutes les barres sur leurs taquets. Willem Greve, Prétendant actuel au Rolex Grand Slam of Show Jumping, part alors aux rênes de la monture sur laquelle il avait remporté la victoire au Rolex Grand Prix du Dutch Masters, dans l’espoir de réaliser une prouesse réservée jusqu’ici à deux cavaliers seulement : remporter deux Majeurs du Rolex Grand Slam de suite. Malheureusement, la forme exceptionnelle qu’il avait affichée aux Pays-Bas n’était pas au rendez-vous.

La deuxième manche ne laissant la porte ouverte qu’aux dix-huit cavaliers ayant fait preuve des meilleurs résultats à la première, ceux capables de produire un parcours rapide pénalisé de quatre points seulement ont encore une chance de remporter l’un des prix les plus convoités du saut d’obstacles. Au total, seuls neuf cavaliers signent le sans faute à la première manche, dont l’Italien Lorenzo de Luca et Martin Fuchs, Témoignage Rolex et vainqueur à trois reprises d’un Majeur du Grand Slam, ainsi que Richard Vogel, chouchou du public et vainqueur du Rolex Grand Prix au CHI de Genève en décembre dernier.

Les départs suivant l’ordre inverse des résultats de la première manche, le dixième à s’élancer, l’Américain McLain Ward, fera le premier double sans faute de l’épreuve, mettant ainsi la pression aux huit concurrents restants de la deuxième manche. Sur ceux-ci, seul le Suisse Martin Fuchs, l’Allemand André Thieme (champion d’Europe FEI en individuel 2021) et Richard Vogel, numéro 10 mondial, rejoignent l’Américain au barrage.

Pleine d’anticipation, la foule présente sur les tribunes pleines à craquer du parc sportif Soers salue alors l’entrée de McLain Ward, premier au barrage. Ayant déjà remporté deux Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping, celui-ci utilise toute son expérience pour boucler le parcours raccourci en 41,02 secondes. Fuchs rogne ensuite presque deux secondes sur le chrono de l’Américain, mais laisse une barre au sol à l’avant-dernier obstacle. Prochain à passer, Thieme prend la tête du classement sous les clameurs de la foule en délire, en franchissant la ligne d’arrivée en 39,77 secondes. Dernier à partir, Vogel franchit l’obstacle final avec une seconde d’avance sur son compatriote, pensant un bref instant décrocher son deuxième Majeur. Malheureusement pour le jeune cavalier allemand, la barre supérieure du vertical Rolex se détache, et Thieme est déclaré gagnant de l’épreuve.

Ravi, celui-ci déclare : « Remporter le Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle est le rêve de tout cavalier. C’est une sensation incroyable que d’ajouter mon nom au palmarès de cet événement exceptionnel, qui se tient de plus en Allemagne. Il a deux ans, je signais ici une victoire en équipe à la Coupe des nations, un objectif de longue date. Je crois que je vais arrêter de venir, tous mes rêves sont comblés ! Le public d’Aix-la-Chapelle et l’atmosphère qui y règne font de ce CHIO un concours à part. »

Thieme nous explique également sa stratégie pour le barrage : « J’ai fait des foulées en plus entre les deux premiers obstacles. Je sais que ma jument n’a pas une amplitude extraordinaire, mais elle est très rapide au sol. J’ai pu faire un virage très serré avant l’avant-dernier oxer, puis j’ai pris tous les risques sur le dernier obstacle. Ma jument [DSP Chakaria] est incroyable, c’est une vraie tornade ! »

CHIO AACHEN CAMPUS, SYNONYME D’EXPERTISE ÉQUESTRE

Photo credits : Rolex / Landry Basile Photo credits : Rolex / Landry Basile

Le CHIO d’Aix-la-Chapelle, l’une des Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping, il a lieu chaque année durant dix jours consécutifs. Ce n’est cependant pas la seule fois que ce lieu accueille un programme chargé d’activités passionnantes. Pendant l’année, il est en collaboration avec Rolex le décor du CHIO Aachen CAMPUS, « synonyme d’excellence équestre ».

Les cours dispensés dans le cadre du CHIO Aachen CAMPUS sont axés sur cinq thématiques : formation, numérique, jeunesse, éducation et excellence. Au sein de ces catégories, on enseigne les connaissances et compétences nécessaires pour assurer le développement durable des sports équestres. Pour cela, l’objectif est d’utiliser un transfert de connaissances proche de la pratique, une formation exclusive haut de gamme et une infrastructure de qualité, le tout autour d’un lieu de formation central et accessible.

Les cours sont proposés toute l’année, comme par exemple la formation de management d’écurie, un cursus international reconnu mené en collaboration avec l’Université d’Aix-la-Chapelle. Le programme d’études a été pensé pour développer des méthodes de travail efficaces et innovantes afin de répondre aux défis actuels du secteur équestre, lors de cours dispensés par des spécialistes équins de renommée internationale et des professeurs de gestion réputés. La prochaine promotion, qui a commencé les cours début avril de cette année, a des origines géographiques très diverses, avec 20 étudiants issus de 11 pays différents.

À travers son « Programme d’excellence », le CHIO Aachen CAMPUS vise également à inspirer la prochaine génération d’athlètes de haut niveau dans les sports équestres. Il s’agit là d’un programme de formation exceptionnel pour les jeunes cavaliers de talent venus des quatre coins du monde. Le CHIO Aachen CAMPUS a pour objectif de proposer une formation spécialisée pour aider les jeunes cavaliers ambitieux à atteindre le plus haut niveau. Les formateurs de dressage et de saut d’obstacles, les domaines ciblés actuellement, ne sont autres que Isabell Werth et Jos Lansik.

Le bien-être des chevaux étant l’un des enjeux fondamentaux pour le CHIO d’Aix-la-Chapelle, le CHIO Aachen CAMPUS examine actuellement le ressenti des chevaux en compétition sur le site et ce qu’il est possible de faire pour assurer leur confort et leur bien-être. Dans ce but, il utilise des méthodes innovantes et vise à définir de nouvelles normes de bien-être pour les chevaux.

Le CHIO Aachen CAMPUS propose également des cours et activités à la journée tout âge et tout niveau aux jeunes enfants des clubs équestres de la région comme aux futures stars. Pour en savoir plus sur le CHIO Aachen CAMPUS, cliquez ici ou allez le suivre sur les réseaux sociaux.

INTERVIEW AVEC MARGO THOMAS

Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof Rolex Grand Slam / Ashley Neuhof

Pourriez-vous d’abord vous présenter et nous dire quel est votre rôle ?

Je m’appelle Margo Thomas et je travaille comme groom auprès de Laura Kraut depuis cinq ans.

 

Qu’est-ce qui vous a poussée à faire carrière dans le milieu équestre ?

Je monte à cheval depuis mon enfance. J’ai commencé par le concours complet, mais au bout d’un moment, je me suis dit que ce serait mieux de gagner de l’argent plutôt que de le dépenser, et qu’une option serait de devenir groom. Il y a neuf ans, j’ai commencé par accompagner des cavaliers de saut d’obstacles, et tout est parti de là. En chemin, j’ai eu de merveilleuses opportunités, dont la plus belle a été de travailler pour Laura.

Cela va faire cinq ans cet automne que je travaille pour elle. Quand j’ai démarré, je ne m’attendais pas à être la groom de Laura immédiatement : je pensais juste intégrer l’équipe. Mais à mon arrivée, on m’a dit que si je faisais du bon boulot les premiers jours, j’irai à St Tropez. Après cela, les concours se sont enchaînés.

Laura et moi nous entendons très bien. Les cinq dernières années ont été magiques. Dès les six premiers mois, on avait intégré l’équipe gagnante de la Coupe des nations à Wellington. Malheureusement, le Covid est arrivé dans la foulée. À l’approche des Jeux de Tokyo, j’ai accompagné Laura et Baloutine dans leur préparation puis durant les épreuves, et l’an passé nous nous sommes rendues aux Jeux Panaméricains avec Dorado 212. J’ai eu un parcours très réussi jusqu’ici aux côtés de Laura et de ses chvaux. Je profite de chaque instant passé à m’occuper de ces incroyables animaux et à travailler avec une super équipe.

 

Qu’est-ce qui fait selon vous la particularité du CHIO d’Aix-la-Chapelle ?

C’est le meilleur concours au monde : l’ambiance y est électrique, et le nombre de gens présents qui comprennent les chevaux et l’équitation est phénoménal. Les spectateurs sont toujours un poil derrière les cavaliers, ils comprennent le parcours, comptent les foulées en même temps que nous... C’est plutôt rare, et merveilleux, de se produire devant un public aussi averti ! Dans un concours aussi prestigieux, chaque épreuve est si mémorable que l’on se souvient qui l’a remportée l’année précédente. C’est formidable pour moi de pouvoir être présente une fois de plus dans ce lieu empreint d’histoire.

 

Parlez-nous des installations qui sont proposées aux chevaux et aux grooms...

Les écuries sont superbes ! Il a fait assez froid dehors cette semaine, mais les écuries, avec leurs murs en ciment et leurs plafonds bas, protègent bien contre les températures en baisse et sont restées bien chaudes. On a aussi accès à de grandes pelouses où les cavaliers peuvent échauffer les chevaux et où ces derniers peuvent paître. Il y a beaucoup de place pour sortir les chevaux des boxes, contrairement à beaucoup d’autres concours où il n’y a nulle part en dehors des pistes où délier ou faire marcher les chevaux.

C’est bien sûr très agréable (et très pratique quand on a beaucoup à faire) d’avoir accès au foyer pour les grooms, qui peuvent aller y manger un bout à quasi toute heure de la journée.

 

En tant que groom de concours international, vous voyagez tout autour du monde. Comment veillez-vous à ce que vos chevaux soient à leur aise et prêts à l’action ?

Il faut être conscient de leur personnalité propre. Il n’y a pas vraiment de pratiques standard pour tous les chevaux. Il faut par exemple remarquer si un cheval n’a pas assez bu d’eau, et dans ce cas ajouter un peu de mash dans l’eau pour l’inciter à se désaltérer. Lorsqu’on connaît bien ses animaux, on sait lesquels n’ont pas de difficultés particulières à voyager. 

En Europe, on s’arrête plus souvent sur les longs trajets qu’en Amérique, où on a tendance à favoriser les aménagements en boxes pour que les chevaux aient davantage de place pour bouger. En général, où qu’aillent les chevaux, je voyage avec eux, que ce soit dans l’avion ou dans mon hamac à l’arrière du camion. Pour bien s’occuper des chevaux, les soins doivent être personnalisés aux besoins de chacun. Il faut prêter attention à chaque cheval et à son comportement durant le trajet.

 

Quelles sont les qualités de Laura qui en font une si bonne cavalière ?

Laura sait très bien communiquer ce dont a besoin chaque cheval, mais sa principale qualité est de faire confiance à son équipe et en la capacité de celle-ci à communiquer. Elle sait que nous sommes là pour l’assister, elle et ses montures. Elle est toujours là si j’ai besoin de conseils, mais ne va pas pour autant me suivre partout, car elle me fait confiance. C’est super de travailler pour quelqu’un comme ça.

 

Que représente le Rolex Grand Slam of Show Jumping pour un groom tel que vous ?

Le Rolex Grand Slam of Show Jumping est extrêmement prestigieux, et j’ai eu la chance de pouvoir aller à chacun des quatre Majeurs. J’adore ces concours, mais je m’oblige à les envisager comme n’importe quelle autre compétition.

 

Mon rôle est de rendre service à Laura dès que possible, et de m’occuper des chevaux du mieux que je peux. Le moment qui précède l’entrée en piste est tout de même un peu angoissant, mais une fois que le cheval est parti, les dés sont joués. Je ne peux qu’espérer avoir bien fait mon travail et soutenir Laura. J’essaie d’être calme autour des chevaux, car on peut leur transmettre notre anxiété. Je respire un grand coup et je me concentre sur ce que j’ai à faire pour les aider à réussir.

 

Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu ?

La clé, pour tout groom, c’est de s’assurer que les chevaux soient la priorité numéro une. Après tout, les chevaux sont des animaux aux instincts très vifs. Nous demandons aux chevaux de travailler une heure par jour, mais le reste du temps, ils doivent être libres de se comporter comme des chevaux et d’être bien. Nous sommes convaincus de l’importance de les mettre au pré pendant de longues périodes et de la marche en main durant les concours. En concours ou à domicile, la priorité doit toujours être le cheval.