Credit: Rolex Grand Slam - Ashley Neuhof
Le Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle, deuxième Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping de l’année, est considéré par beaucoup comme l’épreuve de saut d’obstacles la plus renommée et prestigieuse au monde. Représentant la quintessence-même du sport équestre, elle a lieu dans l’emblématique stade de 45 000 places d’Aix-la-Chapelle et rassemble les plus grands couples cheval-cavalier de la planète.
Quarante des meilleurs cavaliers et cavalières s’étant pour certains qualifiés pour le Rolex Grand Prix dans les jours ayant précédé l’épreuve, ont affronté le parcours de Frank Rothenberger dans l’espoir d’ajouter leur nom à la liste des lauréats du Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle. Avec ses deux manches et son barrage éventuel en cas d’égalité de pénalités, le Rolex Grand Prix met à l’épreuve l’endurance, les moyens et le talent des participants, ainsi que le lien unissant cheval et cavalier.
Il est intéressant de noter que quatre des cinq derniers vainqueurs en date du Rolex Grand Prix sont allemands, comme plus du quart des cavaliers en lice aujourd’hui. Le public avait donc bon espoir de voir l’un de ses compatriotes gagner.
André Thieme, champion en titre, sera le premier à entrer en piste, mais concède malheureusement quatre points. Deuxième au départ, l’ancienne cavalière de complet Sandra Auffarth laisse toutes les barres sur leurs taquets mais écope d’une malheureuse pénalité de temps. Martin Fuchs, Témoignage Rolex et déjà lauréat de quatre Majeurs, est le premier à signer un sans faute aux rênes de l’ultra fiable Leone Jei. Puis c’est Nicola Philippaerts qui ajoute son nom à la liste, suivie de Steve Guerdat. À mi-course, seuls quatre duos ont fait le sans-faute.
Le règlement dictant que les 18 premiers cavaliers de la première manche se qualifient pour la suivante, les concurrents capables de produire un rapide parcours à quatre points ont encore une chance de remporter l’ultime récompense : une clause qui profitera à Ben Maher, triple médaillé olympique, ainsi qu’au Belge Grégory Wathelet. Onze cavaliers supplémentaires réussissent ensuite le sans faute pour se qualifier pour la deuxième manche. Parmi eux, le chouchou du public, Richard Vogel, les prometteuses Emilie Conter et Sophie Hinners, ainsi que Kent Farrington, numéro un mondial.
Les départs suivant l’ordre inverse des résultats de la première manche, c’est Olivier Robert (cinquième à s’élancer) qui sera l’auteur du premier double sans-faute, bientôt suivi de l’Allemand Christian Kukuk. Le barrage est assuré. Sous la pluie du milieu d’après-midi, les concurrents continuent de montrer tout leur talent et les parcours sans fautes se succèdent. Au total, ce sont onze cavaliers qui se qualifient pour la phase finale.
Pleine d’anticipation, la foule présente sur les tribunes pleines à craquer du parc sportif Soers salue chaleureusement l’entrée d’Olivier Robert, premier au barrage. Ce ne sera pas suffisant : le Français écope de quatre pénalités qui l’empêcheront de monter sur la plus haute marche du podium. Le Brésilien Stephan de Freitas Barcha monte la barre avec un sans-faute en 54,33 secondes, mais Steve Guerdat, Témoignage Rolex, lui vole bientôt la vedette avec 1,74 seconde d’avance. La pression est à son comble pour les cavaliers encore en lice. Le compatriote de Guerdat, Martin Fuchs, tire parti de la grande expérience de Leone Jei pour prendre le haut du classement provisoire, alors qu’il ne reste que quatre cavaliers.
Richard Vogel sur United Touch S, sa monture à la foulée légendaire, et Nina Mallevaey semblent tous les deux sur le point de prendre la tête de l’épreuve, mais tous deux fautent sur l’avant-dernier obstacle, le difficile double doré.
Seule l’Américaine Laura Kraut a encore une chance de s’interposer entre Fuchs et sa première victoire au Rolex Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle (et la première victoire suisse depuis que celle de l’oncle de celui-ci, Markus Fuchs, en 2004). Kraut domine le chronomètre sur la première partie du parcours, mais après avoir fait preuve de beaucoup de prudence à l’approche de l’épineux double, elle finit avec plus de deux secondes de retard sur Fuchs. La victoire du cavalier suisse est sa cinquième à un majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping.
À sa sortie, le nouveau prétendant au titre du Rolex Grand Slam of Show Jumping s’est confié à nous : « Leone Jei est un cheval extraordinairement talentueux, avec une énorme foulée. Dans les barrages comme celui-ci, il se dépasse encore. L’an passé, il avait fait une très bonne dernière manche, mais de mon côté, j’avais fait une grossière erreur. Aujourd’hui, j’étais très concentré toute la journée : je voulais vraiment faire mieux que l’année dernière et lui faire honneur.
C’est merveilleux de gagner ici. J’ai déjà hâte de revenir à Aix-la-Chapelle l’an prochain et de voir mon nom au célèbre tableau d’honneur. Je dois remercier Leone Jei, un cheval à l’incroyable coup de saut et qui se montre toujours à la hauteur de l’événement. J’ai énormément de chance de l’avoir. »
Credit : Rolex Grand Slam - Ashley Neuhof
Nous voilà au CHIO d’Aix-la-Chapelle, deuxième Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping de l’année. Qu’est-ce que ce concours a de particulier pour vous ?
Le CHIO d’Aix-la-Chapelle est le concours le plus prestigieux au monde ; c’est toujours un privilège de pouvoir y participer. Les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping occupent une place très importante dans l’univers du saut d’obstacles et attirent le nec plus ultra des compétiteurs. Pour venir au CHIO d’Aix-la-Chapelle, il faut avoir le bon cheval et il faut que celui-ci soit en pleine forme. J’ai eu la chance de monter plusieurs fois ici, et à chaque fois l’expérience est inoubliable. On y voit évoluer les meilleurs chevaux et cavaliers de la planète sur des parcours formidablement techniques. C’est tout simplement le top !
Parmi les personnes ayant eu une influence sur votre parcours professionnel, lesquelles ont compté le plus ? Et quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné ?
Ce n’est pas une question facile, car j’ai eu la chance de travailler avec de nombreux hommes et femmes de cheval, qui m’ont guidé tout au long de ma carrière. À l’heure actuelle, je peux compter sur mon ami et conseiller Hans Horn, qui non seulement est un homme de cheval extraordinaire, mais aussi quelqu’un à qui je voue le plus grand respect.
Parmi les conseils qui m’ont marqué, je dirais que l’un des plus mémorables est de ne pas oublier de profiter du quotidien qu’on passe en compagnie des chevaux. C’est quand même extraordinaire de pouvoir vivre cette vie-là, dans laquelle on se réveille chaque matin avec pour objectif de bâtir ou renforcer les liens avec son cheval. Rester conscient de cette chance que l’on a, c’est l’essence-même d’un bon cavalier.
Comment bâtissez-vous ces liens avec vos chevaux, et à quel point compte cette relation lorsque l’on participe à une épreuve telle que le Rolex Grand Prix ?
Je ne peux que me reposer sur ma propre expérience, mais pour moi il est crucial d’avoir développé une belle relation avec son cheval. J’aime que les chevaux restent longtemps dans mes écuries. J’essaie de les produire moi-même dès leur plus jeune âge, pour pouvoir évoluer et grandir ensemble et développer une relation de confiance. Ainsi, quand il est temps de se rendre à un concours tel que celui d’Aix-la-Chapelle, on forme une équipe soudée.
Si l’on fait attention, on remarque que les chevaux qui remportent les grosses épreuves aujourd’hui sont souvent chez leur cavalier depuis longtemps. Le cavalier doit connaître sa monture sur le bout des doigts et être sûr que le cheval lui voue une confiance totale. Ce genre de relation va bien au-delà du cadre sportif. C’est une question de respect et de compréhension mutuelle. Pour dire vrai, cette relation est tout aussi gratifiante, ou même plus, que la compétition.
Vous avez déjà parlé par le passé de l’importance d’être un véritable homme de cheval, et de placer le cheval avant toute autre chose. À votre avis, comment peut-on veiller à ce que la prochaine génération continuer de se préoccuper avant tout du bien-être des chevaux ?
Beaucoup de cavaliers comme moi, d’entraîneurs et d’autres acteurs du monde du saut d’obstacles font des efforts délibérés pour sensibiliser la jeune génération et continuent eux mêmes leur apprentissage sur le sujet. L’amélioration constante des conditions de vie des chevaux est notre responsabilité à tous.
Pour moi, être un homme de cheval ne relève pas de la théorie : je me suis donné pour mission de le devenir. Je fais tout pour être aussi précis et réfléchi que possible dans toutes mes interactions avec les chevaux. Leur bien-être vient avant toute chose. C’est ainsi qu’ils pourront réaliser leur plein potentiel, quel que soit le niveau ou la discipline pratiquée.
Un bon cheval, c’est un cheval qui fait la joie de son propriétaire, quel que soit leur niveau. Cet état d’esprit qui consiste à donner la priorité au cheval devrait guider tous nos choix.
Selon vous, quelle importance a revêtu le Rolex Grand Slam of Show Jumping dans le développement du saut d’obstacles, et quelle importance revêt-il pour vous personnellement ?
Le Rolex Grand Slam of Show Jumping a joué un rôle vital dans les efforts effectués pour faire connaître notre sport. Il existe aujourd’hui beaucoup de concours 5 étoiles, et il était crucial d’avoir un événement qui rassemble les meilleurs couples au monde dans un cadre homogène.
Le calendrier des meilleurs cavaliers est tellement chargé qu’ils finissent souvent aux quatre coins du monde et n’ont donc pas l’occasion de s’affronter. Le Rolex Grand Slam of Show Jumping offre des occasions très spéciales de se réunir et de se mesurer aux autres.
Ce sont les concours auxquels, plus jeune, je rêvais de participer. Lorsqu’on débute, on espère qu’un jour on pourra y participer. Je suis donc très honoré d’être là pour faire face à des cavaliers que j’ai admirés toute ma vie. C’est déjà une source de fierté immense d’être appelé à y participer.
Credit : Rolex Grand Slam - Helen Cruden
Vous êtes Présidente du Jumping Owners Club (club des propriétaires de chevaux de saut d’obstacles, ndlr) depuis maintenant plus d’un an : parmi les réussites du club depuis votre prise de fonctions, de laquelle êtes-vous la plus fière ?
Je suis très heureuse de voir que le nombre de nos adhérents a augmenté, car c’était l’un des mes principaux objectifs. Nous souhaitons faire du club une organisation véritablement internationale, qui rassemble des propriétaires de chevaux du monde entier. À l’heure actuelle, nos propriétaires viennent déjà de divers pays, comme le Brésil, le Mexique, les États-Unis, la Suède, la Suisse et l’Allemagne. Le club propose de formidables opportunités de partage mutuel d’informations. Nous servons aussi de porte-paroles aux chevaux, et dans ce rôle, nous avons participé à des réunions très importantes de la FEI, qui ont été une source d’informations très utiles pour moi comme pour les autres membres du club à qui je fais part de ces développements.
Le club a aussi pour objectif d’expliquer aux propriétaires ce qu’ils doivent faire lors de leur arrivée au concours. On pourrait penser qu’ils ont l’habitude, mais ce n’est pas toujours si facile que cela ! Nous les aidons à obtenir leur laissez-passer, leur montrons où ils peuvent s’asseoir, dans quelles zones ils peuvent aller et ce qu’ils pourront voir. Nous les encourageons à aller voir concourir leurs chevaux et les guidons dans ce but.
Il a toujours été crucial à mes yeux de souligner à quel point les propriétaires sont les bienvenus aux concours. Après tout, ils sont ici chez eux, car ils sont les plus grands supporters de leurs chevaux !
Racontez-nous comment vous en êtes venu à être propriétaire de chevaux ?
En tant que propriétaire, on évolue au fur et à mesure que le cheval passe d’un niveau à l’autre, jusqu’à arriver aux épreuves 5 étoiles. C’est là qu’on se rend compte que les enjeux sont différents et qu’on a vraiment atteint le top niveau. Le saut d’obstacles est un sport fascinant, surtout au très haut niveau où il faut faire preuve de stratégie en plus de soigner le pedigree. C’est cela ce que je trouve particulièrement intéressant, et c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de devenir propriétaire. De plus, le propriétaire doit être en mesure de se faire entendre quand cela est nécessaire. Il doit à tout moment promouvoir le bien-être du cheval, connaître ses conditions de transport, participer au choix des concours adaptés...
En tant que propriétaire, qu’est-ce qui constitue un partenariat réussi entre cheval et cavalier ?
C’est avant tout une question de communication et de dialogue avec les cavaliers. Ceux-ci n’ont pas besoin qu’on vienne lui poser des questions élémentaires : en tant que propriétaire, je suis capable de trouver l’ordre de passage par moi-même. Je réserve les questions de fond à mon cavalier. Il est aussi très crucial d’entretenir une relation et de passer du temps avec le cheval comme le cavalier. J’aime passer du temps dans les écuries, donner quelques carottes aux chevaux ou bien aller manger au restaurant avec le cavalier. C’est en faisant cet effort qu’on arrive à former des liens. J’essaie d’apprendre à connaître les cavaliers et de comprendre leurs objectifs. Avant de s’associer avec quelqu’un, il est fondamental d’identifier les objectifs et ambitions de chacun pour s’assurer qu’ils correspondent.
Qu’est-ce qui fait la différence entre les Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping et un autre concours, du point de vue d’un propriétaire ?
Il faut d’abord souligner le fait que tout le monde rêve de participer à un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping. Lorsqu’un propriétaire cherche à acheter un cheval de compétition et examine ses qualités, il devrait se demander si ce cheval pourrait un jour concourir dans un Majeur du Grand Slam.
Je trouve que Rolex a très bien intégré les propriétaires. J’ai eu la chance de voir un de mes chevaux remporter le Rolex Grand Prix du CHI de Genève et du CHIO d’Aix-la-Chapelle (dans les deux cas Gazelle). J’ai donc aujourd’hui deux magnifiques plateaux en argent chez moi ! Laissez-moi vous dire que l’on ne sait jamais à coup sûr où en arrivera son cheval ; mais avec beaucoup de chance, il gagnera peut-être un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping, la récompense ultime de l’univers du CSO.
Comment collaborez-vous avec vos cavaliers pour sélectionner le cheval adapté ? Arrive-t-il que les cavaliers vous suggèrent un cheval ? Comment se passe ce premier contact ?
Le propriétaire et le cavalier doivent œuvrer à l’unisson. Pour commencer, il faut comprendre à quoi aspire les cavaliers : souhaitent-ils concourir au plus haut niveau, ou sont-ils encore en train de monter les échelons ? Il m’arrive de soutenir de jeunes cavaliers en les aidant à passer au niveau supérieur dans les concours trois ou quatre étoiles.
Si vous souhaitez confier un cheval à un cavalier dans le top 20, il va falloir que le cheval ait d’énormes capacités. Il faut réfléchir aux qualités qu’il doit avoir à ce niveau-là, et comment trouver ce type de monture. J’aime passer du temps chez les éleveurs et les entraîneurs, pour savoir ce qu’ils recherchent et apprécient chez les différents chevaux. J’ai eu la chance de côtoyer certains grands professionnels du métier, et j’en ai profité pour leur poser des questions, ce qui m’a permis d’apprendre énormément de choses.
Vous avez fait un parcours très réussi en tant que propriétaire. Quel est votre plus beau souvenir ?
L’important, c’est d’être présent. La première fois que Blue Angel a participé au CHIO d’Aix-la-Chapelle, j’étais aux anges. J’étais venu à Aix pour les Championnats du monde FEI de 1986, quand j’étais toute jeune, et c’était un plaisir immense de revenir avec Blue Angel toutes ces années plus tard. J’ai vraiment été fière également quand Gazelle est venue à Aix-la-Chapelle. Je me rends encore aujourd’hui devant le tableau d’honneur situé à l’entrée de la piste principale pour y voir son nom. C’est un souvenir inoubliable.
Je prends énormément de plaisir à regarder mes chevaux concourir, en particulier Minute Man, mon jeune étalon, monté actuellement par Henrik von Eckermann. Il est promis à un grand avenir. Il a fait un sans faute récemment au Rolex Grand Prix du Jumping International de la Baule, qui fait partie de la Rolex Series. J’étais ravi ! J’ai des frissons à chaque fois que l’un de mes chevaux fait des progrès, ou quand je les vois atteindre le niveau qu’ils méritent. Le CSO est un sport formidable. Je passe beaucoup de temps avec mes supers cavaliers et leurs grooms.
J’ai commencé à acheter des chevaux quand j’étais plus jeune, mais je ne m’y suis mis sérieusement que lorsqu’un ami à moi a vu à quel point cela me passionnait et m’a conseillé de m’y consacrer entièrement. Il est parfois difficile d’être propriétaire quand on a une vie à côté, mais en focalisant ses efforts pendant quelques années, cela porte ses fruits. En tout cas, ça a été le cas pour moi !
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