Credits : Andreas Steindl/CHIO Aachen
Credits : CHIO Aachen archive
Du 27 juin au 6 juillet 2025, devant 360 000 passionnés, le CHIO d’Aix-la-Chapelle (l’équivalent du Wimbledon du saut d’obstacles) accueillera une fois encore les meilleurs duos de la discipline dans le fabuleux écrin du parc sportif Soers en Allemagne. L’une des pierres angulaires du Rolex Grand Slam of Show Jumping est un Majeur de renommée mondiale qui réunit prestige et tradition dans une ambiance sans pareille.
L’histoire du CHIO d’Aix-la-Chapelle remonte très loin : en 1898, un groupe d’amateurs de chevaux de la région composé d’écuyers, d’industriels et d’éleveurs de bétail forme l’association Laurensberger Rennverein, dont le but est de faire venir les courses hippiques dont ils sont friands dans la ville d’Aix-la-Chapelle. En 1924, cette association (rebaptisée Aachen-Laurensberger Rennverein ou ALRV) élargit ses objectifs et organise son premier « tournoi pour chevaux de selle et d’attelage », qui attire 20 000 spectateurs. En 1927 a lieu le premier événement international, puis en 1929, le tout premier concours de la Coupe des Nations : un moment charnière qui marque la naissance des Concours Hippiques Internationaux Officiels (CHIO).
Dans les années trente, l’événement gagne encore en importance, jusqu’à accueillir 120 000 visiteurs en 1938. L’année suivante, l’arrivée de la Première Guerre mondiale signale l’arrêt provisoire de la compétition. Une fois la paix revenue, le CHIO d’Aix-la-Chapelle reprend pourtant ses marques et dès 1947 reçoit de nouveau les concurrents de nombreux pays comme le Royaume-Uni, les États-Unis ou les Pays-Bas. Dans les décennies qui suivent, le concours continue de croître et accueille les plus grands noms du saut d’obstacles, comme Hans Günter Winkler, Nick Skelton ou Isabell Werth, ainsi que des visiteurs du monde entier.
Au début des années 2000, le parc sportif Soers est entièrement remis à neuf en vue des Jeux équestres mondiaux de la FEI 2006, qui regroupent sept disciplines : saut d’obstacles, dressage, attelage, concours complet, voltige, endurance et reining. Le succès de l’événement contribue à asseoir la renommée d’Aix-la-Chapelle. En 2015, la ville accueille les Championnats d’Europe FEI, qui réunissent cinq disciplines. Enfin, l’an prochain (2026), elle recevra les Championnats du monde FEI.
Rolex s’engage auprès du CHIO d’Aix-la-Chapelle dès 1999, quatorze ans avant de lancer le Rolex Grand Slam of Show Jumping qui rassemblera quatre des CSO les plus renommés au monde. Ces événements, baptisés Majeurs, comprennent le CHIO d’Aix-la-Chapelle en Allemagne, le CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ au Canada, le CHI de Genève en Suisse et depuis 2018, le Dutch Masters aux Pays-Bas. Pour décrocher le Rolex Grand Slam of Show Jumping, un cavalier doit remporter trois de ces Majeurs d’affilée, un exploit particulièrement rare et important. Tout comme le Grand Chelem au tennis ou au golf, le Rolex Grand Slam of Show Jumping est considéré comme la plus grande récompense de l’univers des sports équestres.
Jusqu’ici, Scott Brash a été le seul cavalier ayant réussi à concrétiser. Le cavalier britannique et témoignage Rolex grave son nom dans les annales en 2015, quand en selle sur Hello Sanctos, il s’adjuge le CHIO d’Aix-la-Chapelle puis le CPKC International présenté par Rolex au CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ en 2015, ayant d’abord remporté le CHI de Genève en 2014.
Au cours de son existence, le CHIO d’Aix-la-Chapelle a été le théâtre de nombreux moments inoubliables, des débuts marquants aux adieux emprunts d’émotion. En 2023 par exemple, Ludger Beerbaum, légendaire cavalier allemand et quadruple médaillé d’or olympique, y tire sa révérence sous les acclamations d’un public averti. Avec l’arrivée imminente de l’été, les meilleurs cavaliers au monde commencent à préparer leur départ pour le parc sportif Soers. Tous auront à cœur de signer une performance mémorable sur la célèbre piste en herbe, aidant ainsi le CSIO dans son objectif : une célébration de la tradition, de l'excellence sportive, et du lien immuable entre le cheval et le cavalier.
Credit : Rolex Grand Slam
Pourriez-vous d’abord vous présenter et nous dire quel est votre métier, et comment votre carrière a commencé ?
Bonjour, je m’appelle Marine et je suis originaire du Sud-Ouest de la France. Les chevaux ont toujours fait partie de ma vie, j’ai grandi parmi eux. Dès mon plus jeune âge, je montais au club équestre du coin et j’ai même travaillé un peu avec de jeunes chevaux. J’ai réalisé assez tôt que j’aimais davantage m’occuper des chevaux que de les monter, et l’idée de devenir groom a fait son chemin.
Ma mère voulait que j’aie un diplôme, je suis donc allée à l’université pour étudier l’histoire de l’art. C’était un sujet qui m’intéressait, mais je n’avais pas l’impression de suivre le bon parcours professionnel. Les chevaux me manquaient trop... Je me suis donc redirigée vers une filière agricole sur le terrain, plus pratique. J’ai suivi une formation de deux ans, pendant lesquelles nous avions accès à des écuries. Bizarrement, j’y ai passé plus de temps que prévu !
Je suis allée au bout de ma formation puis j’ai commencé à envoyer des candidatures ouvertes à plusieurs écuries de renom. Je leur ai expliqué que j’avais grandi avec les chevaux, que je parlais anglais, que j’avais déjà aidé des cavaliers en concours et que j’avais soif d’apprendre. J’ai eu la chance de recevoir plusieurs réponses, donc celle de Stephex Stables. On m’a demandé de passer des entretiens d’embauche pour des postes en République Tchèque et au Mexique, mais ma mère s’est dit que la Belgique, c’était quand même plus raisonnable.
Engagée pour un essai à Stephex Stables, je suis arrivée en juillet 2018. Au départ, je devais travailler pour un cavalier français basé là-bas, mais celui-ci a décidé de monter sa propre écurie. Au même moment, le groom maison de Daniel Deusser s’apprêtait à partir. On m’a donc offert la chance de faire mes armes avec un cavalier national avant de transitionner vers l’équipe de Daniel. C’était vraiment une question de chance et de timing. J’ai officiellement commencé à travailler avec Daniel en août 2018 et ne l’ai plus quitté depuis.
Vous avez travaillé avec certains des meilleurs chevaux au monde. Comment établissez-vous des liens avec chaque cheval du piquet de Daniel ?
Nous avons la chance d’avoir des chevaux qui restent longtemps avec nous, ce qui nous donne l’opportunité de bien les connaître. Quand je suis arrivée, Daniel avait encore Cornet 39 et Cornet d’Amour, deux chevaux de grand renom. Je me souviens avoir vu Cornet d’Amour à Lyon en 2014 et m’être dit : « C’est ça que je veux faire ». Du coup, c’était un peu étrange au début de me retrouver à travailler tous les jours avec lui.
Chaque cheval a sa propre personnalité. Certains sont timides, d’autres sûrs d’eux, certains d’humeur taquine ou plus sérieuse. C’est pareil qu’avec nous autres humains : on se lie davantage avec certains chevaux, en fonction de leurs personnalités. Par exemple, Bingo Ste Hermelle est un entier adorable, très gentil mais aussi très espiègle. Otello de Guldenboom est plus sensible et réservé, Scuderia 1918 Tobago Z lui aussi est très doux. Mais on a aussi certaines juments avec des idées bien arrêtées, comme Killer Queen VDM. Elle, elle sait exactement ce qu’elle veut, et elle vous le fait savoir ! Sean [Lynch] et moi faisions toujours remarquer en rigolant qu’entre nous deux, c’était lui le chouchou : elle hennissait toujours en le voyant arriver.
Tous les chevaux ont leurs singularités, c’est ça qui fait que ce métier est aussi intéressant. Nous passons tellement de temps avec eux et ils sont tellement différents que les liens se créent naturellement au fil du temps.
À quoi ressemble une journée lambda dans la vie d’un groom chez vous par rapport à une journée en concours, par exemple au CHIO d’Aix-la-Chapelle ?
J’essaie de toujours garder la même routine où que nous nous trouvions. Les chevaux n’aiment pas le changement, cela peut les stresser. Inutile de compliquer les choses sans motif valable. Si les chevaux sont habitués à une certaine routine, je tente de la reproduire au concours, par exemple en passant un moment à les faire brouter à la main, pour leur donner le temps de se détendre.
En concours, on a aussi plus de temps à passer en tête-à-tête avec eux, ce qui est sympa. On a davantage le temps de s’occuper d’eux, de leur état d’esprit, de leur bien-être, que lorsqu’on est à la maison.
Vous vous déplacez énormément et sur de longues distances. Quels gestes avez-vous adoptés pour garantir le confort physique et psychologique des chevaux pendant le transport ?
Les trajets font tellement partie de notre vie que la plupart de nos chevaux y sont maintenant habitués. Nous essayons de faire en sorte que le trajet soit agréable et de ne pas changer nos habitudes. Si un cheval aime bien voyager en compagnie d’un autre, nous les mettons ensemble dans le camion. Si au contraire ils ne s’entendent pas, nous les séparons. L’important, c’est de réduire les sources de stress.
Lorsqu’ils doivent voyager en avion, tout est toujours très confortable et bien organisé. Dans les concours, les boxes sont de première qualité : tranquilles, spacieux et bien aménagés. Cela fait aussi la différence : des installations de qualité aident les chevaux à se poser et à rester détendus.
On qualifie souvent le CHIO d’Aix-la-Chapelle le « Wimbledon du saut d’obstacles ». Qu’est-ce qui fait de ce concours un événement à part, de votre point de vue ?
Je suis venue à Aix-la-Chapelle pour la première fois l’an passé, et je ne vous mens pas, j’en ai eu des frissons. La foule, l’atmosphère, l’histoire du concours, tout cela est très intense. Et quand on travaille pour un cavalier allemand comme Daniel, on a le public derrière soi. Bref, on vit de très forts moments.
J’étais complètement époustouflée par l’ambiance et la taille de l’événement. Je me souviens avoir pleuré et crié de joie par le passé, en regardant Killer Queen VDM gagner à la télévision. Alors être là en vrai, c’était le rêve. L’atmosphère est électrique, tout le monde ressent des émotions intenses : c’est une expérience inoubliable.
Qu’est-ce qui fait la particularité des Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping par rapport à d’autres concours du circuit ?
L’ambiance, l’organisation, la qualité générale : tout est extra. Qu’ils soient indoor comme au Dutch Masters ou outdoor comme Calgary ou Aix, chacun de ces concours est spectaculaire.
Je travaille désormais en binôme avec Isabella, et j’ai eu la chance d’être sur place quand Daniel a signé des performances extraordinaires, comme par exemple lorsqu’il a gagné le Rolex Grand Prix au Dutch Masters 2022 sur Scuderia 1918 Tobago. J’étais très tendue, mais le public dégageait une énergie folle. Calgary l’an passé était aussi inoubliable : l’équipe a remporté la Coupe des Nations BMO et tous nos chevaux ont fait des prouesses. Les Majeurs ont vraiment quelque chose de spécial.
Vous travaillez au sein d’une grosse équipe à Stephex Stables. Comment est-ce que ses membres s’entraident mutuellement ?
Le travail d’équipe, c’est essentiel dans notre métier. Avec les chevaux, on n’a jamais fini d’apprendre, on ne sait jamais tout sur un sujet. Dans l’équipe, on pose toujours des questions, on se conseille les uns les autres, on participe tous à la résolution des problèmes.
Si un cheval doit aller en concours avec un autre groom, on se passe des notes : qu’est-ce qu’il aime ou pas, quelles sont ses petites habitudes ? Par exemple, Killer Queen VDM aime faire la sieste le matin, et on s’organise en fonction ! Tout est une question de communication et d’observation. Il est essentiel de rester ouvert aux nouvelles informations.
Vous jouez un rôle fondamental dans la réussite de Daniel. Quel aspect de votre travail trouvez-vous le plus gratifiant ?
Pour moi, c’est sans doute de voir que les chevaux sont en bonne santé, qu’ils sont heureux et qu’ils réussissent. Quand ils sont bien dans leur corps et qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes sur un parcours, c’est très gratifiant. Et quand Daniel est content, tout le monde partage sa joie.
Même quand je ne venais pas encore en concours, j’étais très fière de voir nos chevaux réussir. C’est le résultat d’un gros travail d’équipe dont nous sommes tous conscients.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui rêverait de devenir groom de haut niveau et de participer à un concours du Rolex Grand Slam ?
N’hésitez pas, allez-y ! Soyez ouvert(e) et disposé(e) à apprendre, et ne vous découragez pas si les choses sont un peu difficiles pour commencer. Restez à l’écoute : chaque personne à quelque chose à vous apprendre. Il peut arriver de penser qu’on connaît son sujet, mais il suffit d’aller ailleurs pour découvrir que les choses y sont faites complètement autrement. Avec chaque nouvelle expérience, on grandit un peu. C’est important de continuer à avancer, car c’est un parcours qui en vaut la peine.
Ces dernières années, dans les sports tels que le golf ou le tennis, nous avons assisté à une exploitation des données disponibles dans le but d’obtenir de meilleures performances et d’attirer davantage de spectateurs. Toujours à l’affût d’innovation, les organisateurs de la plus grande récompense du saut d’obstacles ont décidé d’en prendre de la graine. C’est ainsi que le Rolex Grand Slam of Show Jumping a décidé de proposer des statistiques live et a créé son « second écran ». Il tient en effet à apporter à son public des informations pertinentes, en temps réel, qui permettent de vivre au plus près les performances des athlètes lors des Majeurs mais également entre les événements.
Cette démarche axée sur les données permet non seulement de moderniser la vision du saut d’obstacles, mais elle vient aussi soutenir la stratégie à long terme du Rolex Grand Slam qui vise à toucher un nouveau public. L’objectif ? Fournir des informations claires, intéressantes et pertinentes qui permettent de mieux comprendre et apprécier l’univers du saut d’obstacles de haut niveau. En 2025, les quatre Majeurs du Rolex Grand Slam of Show Jumping ont joint leurs efforts pour peaufiner leur présentation des statistiques disponibles et proposer un format uniformisé, facilement reconnaissable, lors de chaque concours. Cette expérience plus homogène sera sans doute plus agréable pour le spectateur et elle permettra à chaque Majeur de faire ressortir ses caractéristiques uniques. En associant ainsi innovation et tradition, les organisateurs du Rolex Grand Slam espèrent renforcer la relation entre notre sport et son public international.
L’un des principales innovations est le « second écran » du Rolex Grand Slam, une plateforme en ligne spécialement conçue par Alogo, une société suisse développant des solutions technologiques pour l’équitation. Lancé juste avant le Dutch Masters 2021, le second écran propose des données en temps réel aux amateurs de sport équestre durant chaque Majeur. Grâce à lui, les passionnés peuvent suivre leurs couples préférés tout au long du concours : heures de passage en direct, données du barrage, points de pénalité et même quels obstacles ont posé le plus de difficultés aux compétiteurs. Parfaitement intégrée au service de streaming en direct du Rolex Grand Slam, cette plateforme archive également toutes les données de performance et permet aux visiteurs de revoir le détail des données liées aux épreuves passées. Gratuit d’utilisation, le second écran accompagne le public tout au long des emblématiques Majeurs pour permettre de comprendre leur fonctionnement dans le détail.
D’autres sources, telles que Jumpr, une application grand public développée par Nayel Nassar, cavalier olympique, proposent des informations supplémentaires sur l’évolution du saut d’obstacles. Sa base de données mondiale révèle par exemple qu’au cours des 12 dernières années, depuis l’inauguration du Rolex Grand Slam of Show Jumping, 494 cavaliers et 2 144 montures de 42 pays différents ont participé aux concours du Grand Slam (épreuves de qualification et Grand Prix).
Selon les statistiques, la moyenne d’âge des chevaux participants était de 12,13 ans et de 12,59 ans pour les vainqueurs. Au total, trente chevaux différents ont décroché un titre aux Majeurs, un chiffre qui vient confirmer le niveau élevé et l’étendue du talent qui existe dans ce sport.
Parmi les cavaliers ayant inscrit leur nom dans les annales, on trouve notamment Richard Vogel, qui à 26 ans était le plus jeune vainqueur d’un Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping quand il a décroché le Rolex Grand Prix du CHI de Genève en 2023. Par contraste, le cavalier le plus âgé à s’imposer dans un Majeur est Ian Millar, qui avait 67 ans en 2014 lorsqu’il a remporté le CPKC ‘International’ Grand Prix présenté par Rolex lors du CSIO Spruce Meadows ‘Masters’.
À mesure que le Rolex Grand Slam of Show Jumping évolue, il intègre de plus en plus de données et de technologies pour continuer à inspirer les générations futures.
Restez informé de toutes les dernières actualités du Rolex Grand Slam