Pieter Devos and Candy
Il est le premier cavalier à pouvoir écrire une nouvelle page de l’histoire du sport équestre : après son succès aux « Masters » de Spruce Meadows, le Belge Pieter Devos aura – en tant que premier cavalier d’obstacle – l’opportunité de remporter une bonification au Rolex Grand Slam of Show Jumping lors du CHI Genève qui débute demain. Une victoire au Grand Prix Rolex lui ferait décrocher la somme de 500.000 euros en plus de la récompense remise au vainqueur ; avec une nouvelle consécration l’année prochaine au Grand Prix Rolex du CHIO Aachen, il remporterait un total d’un million. Mais surtout, il entrerait ainsi dans la légende du sport. Nous nous sommes entretenus avec lui au sujet de Calgary, Genève et ses sentiments.
Quelle sensation cela vous a-t-il fait de battre Steve Guerdat et Pénélope Leprévost à l’une des épreuves de saut les plus difficiles du monde, le CN International Grand Prix présenté par Rolex des `Masters´ de Spruce Meadows ? Fantastique. Je ne pouvais pas le croire jusqu’au dernier moment ; Steve est champion olympique, l’un des meilleurs cavaliers du monde. C’est seulement quand j’ai vu Steve à côté de moi lors de la remise des prix que j’ai su : c’est bien vrai. Pour moi, ça a été naturellement le jour le plus grandiose de ma carrière sportive jusqu’ici.
Comment le succès a-t-il changé votre vie ? Beaucoup de portes se sont ouvertes, j’ai maintenant des invitations à des concours où je ne pouvais pas prendre le départ si facilement, avant. Les médias s’intéressent plus à moi, cela a fait faire à ma carrière un véritable bond en avant.
Vous avez célébré l’événement, chez vous ? Oui, nous avons effectivement fait une petite fête, pour la toute première fois après une victoire en Grand Prix. Normalement, tu es directement concentré sur le prochain concours, sur le prochain départ, la vie continue. Mais cette fois-ci, la Terre pouvait vraiment s’arrêter de tourner quelques instants et certains de mes amis ont dit : cette fois-ci, on fait la fête. Ils ont eu raison (rires).
Comment avez-vous ressenti l’atmosphère à Calgary ? C’était la première fois que je prenais le départ là-bas. La première fois que je suis entré à cheval sur ce site a été incroyable, impossible à décrire. Ce n’est pas une carrière, c’est un parc immense. Une expérience incroyable. Pendant le Grand Prix, les spectateurs m’ont ensuite soutenu de manière sensationnelle. Déjà avant, tous disaient que c’est incroyable, et je répondais toujours oui-oui (rires). Et maintenant ? Je vous le dis : c’est incroyable (rires). Pour moi, ça a d’ailleurs été quelque chose de particulier de gagner là-bas pour une autre raison encore : j’ai formé ma jument « Candy » moi-même et beaucoup n’ont pas cru que nous pourrions aussi gagner un Grand Prix difficile. Mais on leur a bien montré le contraire (rires).
Parlez-nous un peu de Candy. Elle est super claire dans sa tête et elle s’est développée à une vitesse fulgurante. En un laps de temps éclair, nous avons pu passer de sauts de 1,20 mètres à 1,40 mètres. Et elle est incroyablement attentive et prudente et veut toujours tout donner pour moi – c’est le plus important.
Allez-vous prendre le départ du CHI de Genève avec elle également ? Je pense. Je me trouve dans l’heureuse situation d’avoir avec « Dream of India Greenfield » encore un autre cheval qui peut prendre le départ des plus grands concours, mais pour Genève je vais sûrement miser sur Candy.
Quels sont les arguments en faveur de Candy ? La salle à Genève est très grande et la jument a besoin de beaucoup de place, ça lui convient très bien. C’est pour cela qu’elle sera sûrement le premier choix pour le CHI de Genève.
Comment estimez-vous vos chances ? Ça ne va pas être facile (rires). Sérieusement : les meilleurs cavaliers du monde prennent le départ et tous veulent gagner – moi, à côté, je suis encore relativement jeune, j’ai peu d’expérience dans les concours indoor de cette envergure. Mais c’était pareil avant Spruce Meadows aussi, alors pourquoi cela ne devrait-il pas fonctionner une nouvelle fois ? On peut bien être un peu optimiste.
Vous pouvez écrire une nouvelle page de l’histoire… …et être le premier cavalier à gagner le Rolex Grand Slam. Une super histoire, mais qui ne rend pas la chose plus aisée. Je ne serai sûrement pas totalement détendu dans ma selle, car je sais que beaucoup de regards supplémentaires vont se tourner vers moi. Mais ça donne une bonne dose de motivation en plus.
Y réfléchissez-vous beaucoup ? J’essaie un peu de ne pas y penser. C’est l’une des histoires, peut-être même l’histoire la plus excitante du sport équestre actuellement. Le Rolex Grand Slam, ce n’est pas uniquement l’opportunité de gagner de très grosses sommes. On peut également entrer dans l’histoire. Bien sûr, c’est formidable que j’aie cette chance. Mais aucun doute là-dessus : la pression est gigantesque aussi.
Comment évaluez-vous le Rolex Grand Slam ? Il fait beaucoup de bien au sport. Pour nous les cavaliers, il représente une puissante motivation supplémentaire, mais le Rolex Grand Slam est bien plus que cela, étant donné qu’il génère beaucoup d’attention. Auprès des fans, des médias, chez tous ceux qui accompagnent le sport.
Vous êtes cavalier professionnel, mais vous ne dépendez pas uniquement du sport… Je travaille encore dans l’entreprise de mes parents, nous produisons et exportons des fruits de notre exploitation à Beekkevoort en Belgique…
…où vous vous entraînez aussi ? Oui, nous venons d’emménager dans nos écuries nouvellement construites. Il s’agit d’un complexe neuf avec une grande carrière, un manège et 40 boxes. Ce sont des conditions top. Un autre point important pour moi est du reste que mon amie travaille là et s’occupe de la gestion des écuries. Mon frère et ma belle-sœur sont également cavaliers, nous sommes une vraie équipe familiale. Et l’entreprise nous rend un peu indépendants aussi, de sorte que nous pouvons également nous permettre de garder de bons chevaux.
Équitation au niveau top, construction de nouvelles écuries, coopération dans la société de vos parents… …Les derniers mois et les dernières années n’ont pas vraiment été ennuyeux. Mais soyons honnêtes : je suis jeune et j’ai de super possibilités. Il faut les saisir et les mettre à profit, et c’est exactement ce que je fais.
Comment êtes-vous venu à l’équitation ? Mes parents déjà avaient des chevaux, c’était donc logique. Mon premier poney s’appelait Moonjump, il n’avait pas vraiment un caractère agréable. Je ne sais plus combien de fois je suis tombé, si bien que mes parents voulaient le vendre. Mais je ne voulais en aucun cas. À la fin, j’ai certainement beaucoup appris grâce à Moonjump.
Est-ce qu’il était clair, déjà avec Moonjump, que vous vouliez devenir cavalier d’obstacle ? Oh oui, je voulais passer mon temps à sauter ; dès la première seconde que j’ai passée en selle, je l’ai su. Mes parents sont eux aussi des cavaliers d’obstacle, la question ne s’est jamais posée.
Vous vous développez de manière très continue, vous gravissez sans cesse les échelons. Y a-t-il un objectif phare précis ou un grand plan dans votre vie ? Laisser simplement venir les choses à moi, ce n’est définitivement pas ma stratégie. Quand j’entre sur le parcours, mon plan est tout simple : je veux gagner. Si tu n’essaies pas toujours de gagner, ça ne marche pas non plus. Un objectif phare ? Participer aux Jeux Olympiques, ce serait super.
Quelle est votre grande qualité ? Je n’ai jamais eu de cheval fin prêt sur lequel je n’avais plus qu’à m’asseoir. En parlant de voitures, on dirait ici : je n’ai jamais conduit une automatique. J’ai toujours formé tous les chevaux moi-même. Si vous me demandez une grande qualité, je dirais que c’est certainement le fait que je m’en sors avec les chevaux les plus différents – en m’adaptant au cheval et non pas l’inverse. Je n’ai pas un système unique avec lequel soit ça colle soit ça ne colle pas ; au contraire, je reconnais la qualité d’un cheval et je la peaufine. C’est comme ça que j’ai déjà pu amener plusieurs chevaux au sport de haut niveau.
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